Lancement de la consultation du public sur le projet de décret modifiant la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement
Consultation du 08/09/2025 au 29/09/2025 - 22325 contributions
Le texte proposé vise à modifier la nomenclature des installations classées pour les rubriques 2101, 2120 et 3660, en application des lois n° 2025-268 du 24 mars 2025 d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture et n° 2025-794 du 11 août 2025 visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur.
Prenant en compte les dispositions du I. de l’article 47 de la loi n° 2025-268 du 24 mars 2025 d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture, ainsi que celles du I.2°), du II. et du III. de l’article 3 de la loi n° 2025-794 du 11 août 2025 visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, le décret modifie la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) par un décret en Conseil d’Etat.
Le décret introduit un régime ICPE d’enregistrement pour les élevages de volailles et de porc relevant du champ d’application de la directive sur les émissions industrielles modifiée en 2024 (rubrique 3660), et modifie les seuils de cette rubrique afin de soumettre à autorisation les seuls élevages relevant de la directive sur l’évaluation environnementale systématique des projets.
Par ailleurs, le décret relève les seuils applicables aux élevages bovins afin de soumettre au régime ICPE de déclaration des élevages précédemment soumis au régime de l’enregistrement.
En outre, le décret modifie la rubrique ICPE relative aux élevages de chiens pour exclure du décompte définissant le régime de police applicable à cette rubrique les chiens en action de protection de troupeau détenus par des opérateurs détenant des bovins, ovins, caprins, porcins au sens de l’arrêté du 30 juillet 2014 relatif à l’enregistrement des exploitations et des détenteurs.
Le décret prévoit des dates d’entrée en vigueur spécifiques pour certaines de ces dispositions.
Commentaires
Ce décret est absurde, tant du point de vue des enjeux de notre époque, que du processus anti démocratique dans lequel il s’inscrit et que de l’accroissement des inégalités qu’il induit.
La biodiversité s’érode (et nous allons le payer avec la forte baisse des rendements agricoles déjà entamée) et vous proposez d’abaisser encore le niveau d’exigences sur les grands élevages.
Votre décret favorise les exploitations animales gigantesques, mais les consommateurs ne souhaitent plus consommer ces productions, voyez la baisse massive des achats d’œufs en batterie dans les supermarchés. Finalement qui souhaite cela et va en profiter ? Les quelques gros industriels forts en lobbying, qui vont mettre en péril le reste de la filière avec une concurrence écrasante.
Les français sont contre cette loi pour toutes ces raisons et bien d’autres (souffrance animale, consommation d’eau, pollution induite etc.), cela est indéniable. Dans une démocratie, quand une loi va à l’encontre du peuple et du pays, et qu’elle a été adoptée de manière quasi autoritaire, on l’abroge.
Je m’oppose fermement au projet de décret relevant les seuils ICPE pour les élevages de volailles, porcs et bovins, et allégeant les procédures d’information du public. Ce texte aggrave des risques climatiques, sanitaires, hydriques et sociaux documentés, tout en fragilisant le débat démocratique.
1) Des impacts climatiques majeurs et évitables
• Poids climatique de l’agriculture : en 2022, l’agriculture représente 19 % des émissions nationales de GES, 70 % du méthane (CH₄) et 87 % du protoxyde d’azote (N₂O) — deux gaz à très fort pouvoir de réchauffement. Faciliter l’agrandissement des élevages intensifs (sources de CH₄ et N₂O) va à rebours de nos objectifs climatiques.
• La France a réduit ses émissions en 2023 ; cette baisse doit être consolidée, non annulée par des relèvements de seuils qui accroîtront les flux de CH₄/N₂O issus des cheptels et des effluents.
2) Pollution de l’air : l’ammoniac et les particules fines
• L’agriculture est la source ultra-majoritaire d’ammoniac (NH₃) en Europe ( 93 %), principalement via l’élevage et la gestion des déjections. Le NH₃ contribue massivement aux PM2,5, nocives pour la santé respiratoire et cardiovasculaire. L’agrandissement d’élevages intensifs augmentera ces émissions.
3) Eau, nitrates et algues vertes : des coûts déjà exorbitants
• Les effluents d’élevage sont une source majeure d’azote/nitrates qui alimente les proliférations d’algues vertes. La Cour des comptes a souligné la persistance du problème et l’insuffisance des politiques menées en Bretagne. Relever les seuils ICPE créera mécaniquement plus d’effluents, donc plus de pressions sur les bassins versants.
4) Santé publique : antibiorésistance et zoonoses
• Les ventes d’antimicrobiens vétérinaires restent élevées en France (rapport ANSES 2022). Toute dynamique de concentration et d’agrandissement des troupeaux accroît la pression infectieuse et le recours aux antibiotiques, nourrissant l’antibiorésistance, enjeu sanitaire majeur.
5) Équité et cohésion du monde agricole
• La montée en puissance des « méga-exploitations » concentre animaux et valeur ajoutée, fragilise la viabilité économique des élevages à taille humaine et accélère la disparition d’exploitations. Le relèvement des seuils avantage une minorité d’acteurs industrialisés, au détriment du tissu agricole majoritaire et des territoires. (Voir analyses ONG/think-tanks et presse pro).
6) Ce que change concrètement le décret
• Alignement sur les seuils européens d’évaluation systématique de l’impact environnemental : ≥ 85 000 poulets de chair, ≥ 60 000 poules pondeuses, ≥ 3 000 porcs de production, ≥ 900 truies. Le projet relève parallèlement des seuils de procédure en droit français (ICPE), permettant à des élevages très importants d’échapper à une autorisation complète ou de passer sous un régime allégé.
• Pour les bovins, le plafond du régime simplifié est relevé (par ex. de 400 à 500 animaux pour l’engraissement ; de 100 à 200 pour les vaches laitières), ce qui repousse l’entrée dans un régime plus exigeant.
• En parallèle, le second décret allège la participation du public (remplacement de réunions publiques par une permanence, consultation raccourcie), diminuant la transparence et la qualité du débat local.
En clair : on permet l’extension de sites déjà très grands avec moins de contrôles, alors que leurs impacts cumulatifs sur l’eau, l’air et le climat sont bien documentés.
7) Démocratie et État de droit
• La modification de la nomenclature ICPE par décret et l’allègement des modalités de consultation affaiblissent la vigilance citoyenne prévue par le droit. Les pages officielles de consultation confirment l’objet des textes : relever des seuils et alléger la procédure — précisément ce qui est contesté par de nombreux avis.
Demandes
1. Retrait du projet de décret relevant les seuils ICPE en élevage intensif.
2. Évaluations d’impact indépendantes et cumulées (air, eau, climat, santé) avant toute modification de seuils, avec publication intégrale des données.
3. Renforcement – non affaiblissement – des procédures de participation du public (durées, réunions d’ouverture et de clôture maintenues, accès aux pièces, réponses motivées).
4. Soutien prioritaire aux élevages à taille humaine, en circuits courts et bas-intrants, incluant des objectifs chiffrés de réduction des émissions CH₄/N₂O et du NH₃, et un plan antibiorésistance ambitieux (indicateurs par filière, transparence).
Annexes (rappel des principaux chiffres sourcés)
• GES (France 2022) : agriculture = 19 % ; CH₄ : 70 % ; N₂O : 87 %. 
• NH₃ (Europe) : agriculture ≈ 93 % des émissions, liées surtout à l’élevage.
• Algues vertes/nitrates : persistance d’un niveau de nitrates élevé dans plusieurs baies bretonnes et efficacité insuffisante des politiques ; vigilance accrue nécessaire.
• Antibiotiques vétérinaires : volumes encore significatifs et enjeu d’antibiorésistance reconnu par l’ANSES et l’EMA (ESVAC).
• Seuils visés / références européennes : EIE systématique ≥ 85 000 poulets, ≥ 60 000 pondeuses, ≥ 3 000 porcs, ≥ 900 truies.
• Contexte des décrets : relèvement des seuils ICPE (dont bovins) et procédures de consultation allégées.
Conclusion
Au regard des données scientifiques et économiques disponibles, relever les seuils ICPE et alléger la participation du public est contraire à l’intérêt général. Je demande le retrait du décret et l’ouverture d’un travail législatif transparent orienté vers un modèle d’élevage sobre, résilient, juste et compatible avec nos engagements climatiques, sanitaires et hydriques.
Je m’oppose à ce décret qui constitue un déni démocratique et sanitaire. La loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » n’a été adoptée qu’à l’issue d’une procédure inédite et ubuesque empêchant tout débat à l’Assemblée nationale, elle n’a donc aucune légitimité.
Sur le fond, le relèvement des seuils ICPE pour les porcs et volailles et du seuil d’autorisation pour les bovins ne bénéficiera qu’aux plus grands élevages concentrationnaires, conduisant à tirer les prix vers le bas au détriment de 95% des éleveurs français : cette disposition est néfaste au monde paysan. Les agrandissements de fermes-usines auront des conséquences catastrophiques pour la ressource en eau (consommation d’eau localement et pollution massive des cours d’eau afférents et des nappes), les risques sanitaires (ces élevages sont des bouillons de culture bactériens et viraux, créant des résistances et des recombinaisons extrêmement préoccupantes), les conditions de vie des animaux, les nuisances de voisinage, l’aménagement du territoire…
Il n’y a aucune justification à faciliter l’enrichissement de quelques industriels et à court-circuiter les procédures élémentaires de contrôle environnemental, sanitaire et démocratique.
Bonjour, Je m’oppose à ce décret qui constitue un déni démocratique et sanitaire. La loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » n’a été adoptée qu’à l’issue d’une procédure inédite et ubuesque empêchant tout débat à l’Assemblée nationale, elle n’a donc aucune légitimité.
Sur le fond, le relèvement des seuils ICPE pour les porcs et volailles et du seuil d’autorisation pour les bovins ne bénéficiera qu’aux plus grands élevages concentrationnaires, conduisant à tirer les prix vers le bas au détriment de 95% des éleveurs français : cette disposition est néfaste au monde paysan. Les agrandissements de fermes-usines auront des conséquences catastrophiques pour la ressource en eau (consommation d’eau localement et pollution massive des cours d’eau afférents et des nappes), les risques sanitaires (ces élevages sont des bouillons de culture bactériens et viraux, créant des résistances et des recombinaisons extrêmement préoccupantes), les conditions de vie des animaux, les nuisances de voisinage, l’aménagement du territoire…
Il n’y a aucune justification à faciliter l’enrichissement de quelques industriels et à court-circuiter les procédures élémentaires de contrôle environnemental, sanitaire et démocratique.