Projet de décret fixant les modalités des procédures de déclaration et d’autorisation préalables dans le cadre du régime de protection des allées et alignements d’arbres bordant les voies ouvertes à la circulation publique et portant création d’une contravention réprimant la violation de ce régime
Consultation du 17/10/2022 au 06/11/2022 - 455 contributions
La présente consultation porte sur un projet de décret en Conseil d’État pris pour l’application de l’article L. 350-3 du code de l’environnement, relatif au régime de protection des allées et alignements d’arbres bordant les voies ouvertes à la circulation publique, tel que modifié par la loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale (dite loi 3DS).
Cette consultation publique est réalisée en application de l’article L. 123-19-1 du code de l’environnement pour la mise en œuvre du principe de participation du public aux décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement prévu à l’article 7 de la Charte de l’environnement.
Commentaires
Je ne comprends pas cette procédure.
Elle est contre la protection de l’environnement et les aléas climatiques.
De ce fait je suis absolument contre ce projet de décret.
C’est véritablement honteux.
Les allées d’arbres et les alignements d’arbres bordant nos voies de communication jouent un rôle important pour la biodiversité et procurent toute une série d’autres aménités. Les arbres sont des organismes vivants fragiles, qui accueillent aussi plusieurs espèces d’insectes, d’oiseaux ou de mammifères. Or, dans sa rédaction actuelle, il est à craindre que le projet de décret puisse permettre l’obtention de dérogations soit par manque de personnel pour les traiter (accord tacite par non réponse de l’administration dans les délais), soit par manque de compétence pour comprendre les enjeux environnementaux des allées d’arbres. Il est essentiel que la demande d’autorisation d’intervention sur les alignements d’arbres soit assortie d’un diagnostic écologique. Par ailleurs, il est regrettable que le décret puisse permettre au demandeur de prétendre que l’évitement est impossible sans avoir à le prouver et que le préfet accepte ce préalable sans avoir étudié de solutions alternatives d’évitement.
Le texte présente d’autres lacunes.
Les allées sont un motif paysager particulier, riche de sa complexité (patrimoine culturel, jouant un rôle pour la biodiversité et procurant toute une série d’autres aménités). Les arbres sont des organismes vivants fragiles, et eux aussi complexes.
Le premier constat est que les préfectures qui vont instruire les dossiers ne disposent pas nécessairement aujourd’hui de personnels compétents pour apprécier conjointement les différentes valeurs des allées de ni pour juger de la bonne gestion des arbres.
Les délais d’instruction prévus sont par ailleurs trop courts par rapport aux capacités des services de l’Etat et pour permettre un travail sérieux (un mois pour les déclarations), entraînant le risque d’accord tacite par absence de réponse de l’administration dans les délais.
Le risque est donc de voir des dossiers inacceptables approuvés, ce qui affaiblirait la loi. Une catastrophe pour notre patrimoine, nos paysages, notre bien-être, la biodiversité
Propositions :
Il est important que, dans tous les cas, la préfecture puisse demander des pièces complémentaires si les dossiers déposés sont insuffisants (actuellement, ce n’est pas prévu pour les déclarations)
que dans tous les cas, le délai d’instruction soit au minimum de 2 mois voire 3 mois (1 mois, actuellement, pour la déclaration, c’est trop court)
et que l’instruction se fasse collégialement par une équipe interdisciplinaire, avec un expert en arboriculture ornementale, et la participation de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites
Les éléments à fournir dans les dossiers sont insuffisants, en particulier pour juger de la perte esthétique de la composition (rien n’est prévu actuellement), ou pour s’assurer que, dans le cas de travaux ou d’aménagements impliquant des abattages, d’autres arbres ne seront pas endommagés. Ceci ouvre la porte aux abus potentiels.
De même, il est important que les dossiers comportent des éléments concernant la valeur historique et la valeur environnementale de l’alignement et des arbres concernés, mais aussi des abords, l’état des arbres.
que les dossiers comportent des éléments garantissant la protection des arbres qui ne seront pas abattus lors des travaux, et nécessité de les protéger des pelleteuses avec des planches sur les troncs
Il est à noter également que la séquence Eviter, Réduire, Compenser, c’est-à-dire éviter au maximum les atteintes à un patrimoine, minimiser les atteintes qui ne peuvent pas être évitées et compenser les atteintes résiduelles, n’est pas suffisamment prise en compte.
Pour cela il faudrait que les mesures d’évitement soient systématiquement étudiées et présentées dans le dossier, la formulation actuelle « le cas échéant » est ambigüe et pas acceptable.
que le danger ne soit pas apprécié de manière arbitraire mais sur la base d’une étude de risque sérieuse.
que l’action engagée soit proportionnelle au risque, par exemple, il n’est pas admissible d’abattre un arbre si la suppression d’une branche suffit à assurer la sécurité.
que la compensation serve bien, en premier lieu, au « renouvellement » des allées et alignements d’arbres affectés. Si la compensation se fait autrement que par des plantations d’alignements et ailleurs que dans l’alignement d’origine, par des massifs boisés par exemple, comment assurer alors le maintien de ces allées prévu par la loi ? Allées qui sont une structure importante dans le paysage, totalement différent qu’un massif boisé
que les dossiers comportent les éléments indispensables pour mesurer la valeur initiale de l’allée ou de l’alignement d’arbres impacté (valeur paysagère, culturelle, environnementale et sociale), pour quantifier l’impact et pour quantifier la compensation
que la compensation soit effectivement réalisée dans un délai raisonnable, comme prévu par la loi, c’est-à-dire au plus tard lors de la saison de plantation favorable suivant l’achèvement des travaux ou aménagements ou suivant l’atteinte aux arbres (dans le cas où il existe un plan de gestion, le délai raisonnable peut être défini dans le plan)
que des garanties techniques et financières soient apportées pour la réussite de la compensation dans le temps, car il ne s’agit pas seulement de planter, mais d’entretenir les plantations jusqu’au stade de développement des arbres supprimés.
Aspect sanctions
Pour que les contraventions soient efficaces, le constat et l’établissement des procès-verbaux doivent pouvoir être effectués de la manière la plus rapide et la plus directe possible, arbre par arbre, en envoi direct au procureur de la république comme il se doit, c’est à dire sans passer par la voie hiérarchique en particulier par les agents assermentés gestionnaires des routes, mais également et surtout par tous les agents assermentés du ministère de l’environnement inspecteurs de l’environnement ( en DREAL, DDTM) agents de l’office national des forêts, de l’office de la chasse et de la faune sauvage , de l’agence nationale de la biodiversité. Ces services devront prendre l’attache du procureur de la république pour le sensibiliser à cette procédure et à ses enjeux, afin que cela puisse fonctionner.
Aspect information
un affichage des déclarations et des demandes d’autorisation sur site, en mairie, et en ligne doit être obligatoire
Enfin, les citoyens doivent avoir un droit de regard et être informés. C’est une obligation de la Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement, pour les déclarations et les demandes d’autorisation.
Fait à Saint-Julien l’Ars le 4 novembre 2022
Signé D. SAUMET
Dominique SAUMET
( ex inspecteur de sites, référent arbre en DREAL Poitou-Charentes)
Correspondant journaliste Nouvelle République du Centre Ouest
Membre de Vienne Nature, SPPEF, Paysages de France, Prom’Haies.
11 chemin du Pré Neuf
Bois de Gond
86800 SAINT JULIEN L’ARS
06 15 34 62 70
filitis@gmail.com
La situation relative au climat et à la biodiversité doit nous porter à renforcer la protection du patrimoine naturel partout où celui-ci est menacé.
Le projet de décret d’application ne va pas dans le sens d’une plus grande protection mais permet des dérogations plus simples à obtenir.
J’émets donc un avis défavorable à ce décret.
Je peux comprendre que dans certains cas (minoritaires) des arbres doivent être abattus ou élagués, mais il ne s’agit pas de supprimer des alignements complets.
Les alignements d’arbres qui longent les routes sont des éléments de la biodiversité trop importants au vu du changement climatique, de la raréfaction des oiseaux et insectes, pour être abusivement détruits.
Concernant l’étude des dossiers je demande :
Que les délais d’instruction des demandes d’abattage soient rallongées à 3 mois.
Que les Préfets Puissent demander des éléments supplémentaires aux dossiers peu étayés.
Que l’étude des dossiers déposés soit faite par une équipe interdisciplinaire, comprenant des arboriculteurs et spécialistes de l’environnement.
Que des mesures d’évitement soient systématiquement étudiées.
Que la dangerosité soit prouvée par des études techniques et ne puisse être compensée par un élagage.
Je suis contre tout type de compensation qui ne résoudra rien, que ce soit esthétique, paysager, équivalent en captation carbone ou abri pour la biodiversité.
Je suis donc très défavorable au projet tel qu’il est présenté.