Projet de décret relatif à l’obligation de présentation à la vente des fruits et légumes frais non transformés sans conditionnement composé pour tout ou partie de matière plastique
Consultation du 15/12/2022 au 12/01/2023 - 1457 contributions
Cette consultation publique est réalisée en application de l’article L. 123-19-1 du code de l’environnement pour la mise en œuvre du principe de participation du public aux décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement prévu à l’article 7 de la Charte de l’environnement.
Le projet de texte peut être consulté sur le site internet du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Des observations peuvent être communiquées via le lien « déposer votre commentaire » en bas de page, du 15 décembre 2022 au 12 janvier 2023.
Contexte et objectifs :
La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020 (loi AGEC) prévoit que les commerces de détail soient tenus, depuis le 1er janvier 2022, de présenter à la vente les fruits et légumes frais non transformés sans conditionnement plastique (article 77 de la loi). La loi précise également que cette obligation n’est pas applicable aux fruits et légumes conditionnés par lots de 1,5 kilogramme ou plus, ainsi qu’aux fruits et légumes présentant un risque de détérioration lors de leur vente en vrac dont la liste est fixée par décret.
Afin d’accompagner les industriels dans la mise en œuvre de cette interdiction, le gouvernement avait adopté un décret n° 2021-1318 du 8 octobre 2021 qui prévoyait une entrée en vigueur progressive entre 2022 et 2026 de ces interdictions pour les fruits et légumes les plus fragiles.
Malgré une large concertation au sein du Conseil National de l’Alimentation qui avait permis d’établir cette liste progressive, un contentieux a été ouvert par certains acteurs.
Le Conseil d’Etat saisi par ce contentieux a annulé ce décret 1. Le Conseil d’Etat a en effet estimé que la loi ne permettait pas au décret d’adopter une trajectoire progressive d’interdiction d’emballage plastique des fruits et légumes, et que la liste d’exemption du décret incluait à tort des fruits et légumes ne présentant pas de risque détérioration lors de leur vente en vrac.
En conséquence, le gouvernement relance la publication d’un nouveau décret pour maintenir l’interdiction d’emballage plastique de fruits et légumes du quotidien pouvant être vendus en vrac sans enjeu de fragilité. Ce projet de décret, proposé à la consultation du public, prévoit des exemptions pour les produits les plus fragiles comme le précise la loi.
Conformément à la décision du Conseil d’Etat, la liste des fruits et légumes exemptés est plus restreinte que celle du décret annulé.
Le Gouvernement réaffirme ainsi l’ambition de la loi AGEC de supprimer un maximum de plastique inutile du quotidien des français mais en restant attentif à l’accompagnement des acteurs économiques afin que des solutions puissent être trouvées.
Son article 1er précise les termes de la loi, notamment les notions de fruits et légumes transformés et de matière plastique.
Il précise également la liste des fruits et légumes présentant un risque de détérioration lors de leur vente en vrac et qui bénéficient, à ce titre, d’une dérogation à l’obligation d’exposer à la vente les fruits et légumes sans emballage plastique.
L’article 2 prévoit, pour certains fruits et légumes, des modalités d’écoulement des stocks d’emballages mis sur le marché pour la seule année 2023.
Ainsi, ce projet de décret conduit à ce que soient notamment concernés par l’obligation de présentation à la vente sans conditionnement plastique les fruits et légumes suivants :
- les abricots | - les mangues | - la salade | - les courges | - les poivrons |
- les ananas | - les melons | - les asperges | - les courgettes | - les pommes de terre primeur |
- les bananes | - les nectarines | - les aubergines | - les haricots verts | - les pommes de terre |
- les cerises | - les oranges | - les brocolis | - les légumes racines | - les radis |
- les citrons | - les pamplemousses | - les carottes primeur | - les navets primeurs | - les tomates à côtes |
- les clémentines | - les pêches | - les carottes | - les navets | - les tomates allongées relevant du segment Cœur |
- les fruits de la passion | - les poires | - les choux de Bruxelles | - les oignons primeurs | - les tomates cerises ou cocktail (variétés miniatures) |
- les kakis | - les pommes | - les choux fleurs | - les oignons | - les tomates rondes |
- les kiwis | - les prunes | - les choux | - les panais | - les topinambours |
- les mandarines | - les raisins | - les concombres | les poireaux |
1. Décisions n° 458440, 459332, 459387, 459398 du 9 décembre 2022.
Commentaires
Les fruits et légumes ont une sensibilité et leurs qualités organoleptiques se dégradent dans le temps. Leur limite de commercialisation est estimée en heures. Cette limite de commercialisation est, par exemple, de l’ordre de 24h pour les radis, petites carottes, endives, navets primeurs ou herbes fraîches. Notre source est le Centre technique interprofessionnel des Fruits et Légumes qui a ainsi étudié objectivement la vulnérabilité de la vente de certains fruits et légumes. Le critère de sensibilité lié à une limite de commercialisation observable en heures semble objectif or tous les légumes ne sont pas traités objectivement dans le projet de décret. Les exemptions prévues par le nouveau projet de décret ne prennent pas en compte certains légumes sensibles ainsi définis.
Nous demandons donc que les radis équeutés soient réintégrés dans la liste d’exemption conformément au tableau de sensibilité établi par le CTIFL.
Nous demandons que les liens d’attache permettant la commercialisation des légumes primeurs en botte soient réintégrés dans la liste d’exemption des conditionnements.
Nous demandons que l’usage des plastiques recyclables soient intégrés dans la liste d’exemption.
Nous demandons la mise en place d’un AAP pour trouver une solution française de substitution efficace à l’emballage plastique qui n’existe pas à l’heure actuelle.
L’objectif immédiat est d’éviter le gaspillage de produits alimentaires et de limiter des importations de substitution dommageables à l’économie française.
L’objectif pérenne est de trouver une solution qui pourra satisfaire les producteurs ayant lourdement investi en matériels, les consommateurs exigeant une qualité optimale, les citoyens que nous sommes également favorables à la diminution de l’usage des plastiques en général.
Nous demandons la mise en place d’un observatoire de suivi de la production et des ventes des F&L français en lien avec les objectifs du projet de décret et les injonctions de souveraineté alimentaire.
NB : la plupart des commerces sont dans l’impossibilité de proposer la vente en vrac de fruits et légumes. Les supérettes et supermarchés n’ont pas l’espace suffisant, et n’ont pas d’autre choix que de proposer des produits emballés. Par l’absurde, si on les obligeait à vendre en vrac ils seraient contraints de proposer beaucoup moins de variétés de fruits et légumes, ce qui serait catastrophique pour le consommateur, et pour les producteurs qui seraient exclus de la grande distribution.
La meilleure option pour l’environnement serait :
1) proposer du vrac quand c’est possible (hypermarchés qui ont l’espace pour proposer plusieurs variétés de fruits et légumes en vrac, en plus des marchés qui font déjà du vrac).
2) créer une filière efficace de recyclage des emballages plastique, sur le modèle de nos voisins allemands et suisses, bien meilleurs que nous en écologie, et qui emballent tous leurs fruits et légumes par hygiène et les réutilisent.
NB : le remplacement du plastique par le carton est une aberration écologique. Avec une bonne filière de recyclage du plastique, ces emballages peuvent resservir de nombreuses fois, en protégeant bien les fruits et légumes, à la différence du carton qui est fragile, consomme énormément d’eau, et finalement plus dur à recycler. Cf. outils de Citeo (organe de référence du gouvernement) qui note systématiquement mieux les emballages plastiques que leurs alternatives en carton.
PS : le vrac est quasi impossible pour certains fruits et légumes qui présentent des risques pour la santé si mal manipulés. Par exemple les pommes de terre primeur. Ces produits "immatures" ne doivent pas être exposés à la lumière et à l’air, au risque de provoquer un verdissement très rapide (1h peut suffire), potentiellement nocif selon plusieurs études dont de l’ANSES. Ce produit est distribué sur les marchés en vrac, mais pas en libre service. C’est le commerçant qui les manipulent, en prenant soin de ne pas les laisser à la lumière. Impossible d’en faire autant dans la grande distribution, ce qui impose l’emballage plastique.
Les adhérents de l’AOPn Prune (600 producteurs, 14 Organisations de Producteurs - 10 expéditeurs) sont engagés et mobilisés depuis près de 2 ans sur des alternatives aux emballages plastiques et des évolutions de process d’emballage.
Les deux dernières campagnes ont cependant été très difficiles pour la filière avec deux gels de printemps qui ont impacté très fortement la production occasionnant des pertes de récoltes de plus de 50% asséchant les trésoreries et les capacité d’investissements et reportant des stocks d’emballages plastiques non utilisés. Les conséquences de la guerre en ukraine occasionnent aussi d’importants retard de livraison et notamment de nouvelles machines et ligne d’emballages qui ne pourront être qu’installé et réglées en 2023.
Par ailleurs et surtout, la Prune reste un fruit fragile (2j de durée de vie à maturité optimale à température ambiante en rayon) avec une dégradation rapide de ses qualités (source Ctifl)
Pour l’ensemble de ces précédentes raisons, l’Association nationale des Producteurs de Prune (AOPn Prune) demande à ce que la Prune soit rajoutée à la liste des produits pouvant utiliser leur stock jusqu’au 31/12/2023 figurant à l’art 2 du projet de décret.