Projet d’arrêté modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus)
La présente consultation, fondée sur l’article L. 123-19-1 du code de l’environnement, porte sur un projet d’arrêté modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus).
Consultation du 22/12/2024 au 17/01/2025 - 11827 contributions
1. Contexte
L’arrêté du 21 février 2024 fixe les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus). Il établit à ce titre le cadre d’intervention des opérations de tirs ainsi que les conditions et modalités de mise en œuvre de ces opérations.
Il n’existe dans cet arrêté aucune distinction entre les différents types d’élevages (ovins, caprins, bovins, équins). Or, à la différence des ovins et des caprins, il n’existe pas à ce stade de schéma de protection des troupeaux bovins et équins valide techniquement. Du fait de l’absence d’un référentiel de protection ayant fait ses preuves pour ces troupeaux, est apparu le besoin de définir des dispositions particulières pour les bovins et équins en matière de dérogation aux interdictions de destruction, sans reconnaître pour autant une non-protégeabilité générale pour ces troupeaux.
Dans le cadre des opérations de tir définies par ce même arrêté, la prise en charge de la dépouille après un tir effectif est confiée aux seuls agents de l’OFB. Or, du fait des lieux de mise en œuvre des tirs par les louvetiers, parfois en estive difficilement voire non-accessible en véhicule, durant la nuit, des difficultés sont apparues pour conserver et surveiller la dépouille sur place avant son enlèvement par un agent de l’OFB. Une disposition est ainsi introduite pour accorder aux louvetiers la possibilité d’appuyer l’OFB dans la prise en charge de la dépouille.
2. Présentation du projet d’arrêté
L’arrêté modificatif répond notamment à la nécessité d’apporter un cadre adapté aux exploitations d’élevage comportant un troupeau de bovins ou équins soumises à une pression de prédation, en l’absence de schéma de protection techniquement validé pour ce type d’élevage. Il procède également à une modification permettant aux lieutenants de louveterie réalisant un tir de transporter la dépouille jusqu’à l’OFB. Ainsi :
L’article 5 est modifié pour permettre aux lieutenants de louveterie bénéficiaires d’une autorisation de tirs de transporter, suite à un tir effectif, la dépouille d’un loup afin de la remettre à l’OFB, par dérogation à l’article L. 411-1 du code de l’environnement.
À l’article 6, est introduite la possibilité de fonder une décision préfectorale autorisant un tir de défense d’un troupeau bovin ou équin :
- d’une part, sur une exploitation dont le troupeau bovin ou équin a subi une prédation dans la dernière année, à condition que l’éleveur ait mis en œuvre des moyens de réduction de la vulnérabilité de son troupeau attestés par le préfet (en matière de mode de conduite, de protection, d’effarouchement) ;
- et, d’autre part, dans des cas de territoires particuliers soumis à un risque avéré de prédation, sur la base :
• d’une analyse territoriale sur la vulnérabilité des exploitations, validée par le préfet coordonnateur, et portant sur un territoire homogène, tant en termes géographiques qu’en termes de productions et de mode de conduite des exploitations.
• d’une justification au cas par cas, auprès du préfet de département, par les demandeurs, de leur situation au regard de cette analyse et des mesures de réduction de la vulnérabilité de leurs troupeaux mises en œuvre face à la prédation lupine.
En cas de réalisation d’une telle analyse territoriale, est introduite l’obligation pour le préfet de département de réaliser :
- un bilan comportant une analyse des mesures de réduction de la vulnérabilité et, le cas échéant, de protection mises en œuvre ;
- une analyse des tirs de défense autorisés et réalisés dans le territoire concerné ;
- le cas échéant, une mise à jour de l’analyse technico-économique territoriale au regard de l’évolution des modes de production et de conduite du troupeau et de l’évolution des connaissances sur les mesures de réduction de la vulnérabilité et de protection.
L’article est également modifié en son I. pour préciser les bénéficiaires potentiels auxquels une dérogation peut être accordée, et ainsi rectifier une approximation de l’arrêté en vigueur.
L’article 13 est modifié en cohérence avec la modification de l’article 6.
L’article 14 est modifié en cohérence avec la modification de l’article 6, en ajoutant une durée maximale d’un an pour les tirs autorisés en défense des troupeaux bovins et équins, sous réserve de satisfaire les mesures de réduction de vulnérabilité décrites à l’article 6.
La consultation est ouverte du 22 décembre 2024 au 17 janvier 2025 inclus.
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24 septembre 2025
Commentaires
1. Dresser un bilan des effets des arrêtés précédents sur la conservation du loup et sur les dommages aux troupeaux.
2.Réaliser une synthèse des études et des expérimentations sur les moyens de protection des élevages adaptés aux différents cas de figure.
3. Renforcer les moyens de protection éprouvés, comme la présence humaine (éleveurs, bergers, bénévoles), les clôtures et la présence de chiens de protection, soutenus par une aide financière adaptée.
4. Privilégier les solutions non létales, telles que l’effarouchement, avant toute autorisation de destruction
J’émets un avis défavorable à la modification de l’arrêté du 21 février 2024 concernant des dérogations sur les tirs de loups.
L’intérêt écologique des grands prédateurs pour le maintien des équilibres des écosystèmes n’est plus à démontrer (cas du Yellostone pour ne citer que le plus emblématique qui concerne directement le loup et cas du décès en 2018 d’une centaine d’ongulés pour cause de sous - alimentation dans la région d’Arve-Giffre où le loup était absent.)
Les études scientifiques, éthologiques ainsi que les observations des naturalistes de ceux qui vivent au plus près des loups depuis des décennies, s’accordent également sur le fait que les communautés de loups ne pullulent pas, mais se régulent par dispersions des groupes et par prédation inter-espèces.
Les dégâts des individus de loups sur les troupeaux, moindre que ceux des chiens divaguant aux débuts des années 2000 (mais qui ne sont malheureusement plus comptabilisés ce jour) peuvent être dommageables selon les cas et ce problème est à prendre en considération. Le pastoralisme et les prédateurs doivent et ont de tout temps dû cohabiter.
Nous avons autour de nous en Europe et dans certaines régions françaises des exemples de méthodes mise en place pour prévenir les attaques de loups et qui montrent leur efficacité, comme le fait d’utiliser un nombre élevé de chiens de berger ou encore de mettre des individus de vaches d’Hérens, connue pour leur caractère combatif.
Une tribune de Animal Cross, ASPAS, Ferus, FNE AuRA, LPO AuRA et One Voice sur la protection des loups en France publiée le 7 octobre 2020 en fait un état des lieux.
Visible sur le site de l’Aspas.
Il est pour moi dommageable et dangereux que les lieutenants de louveterie puissent transporter les cadavres de loups ou chercher des loups blessés. Cette autorisation risque de fragiliser les contrôles des tirs et leurs modalités d’exécution. Ces autorisations jusqu’alors dédiée à l’Office français de la biodiversité (OFB) risque d’accroître les abus et non-respects de la réglementation, abus déjà constatés en 2024 et par le passé.
Nous savons collectivement que l’homme a toujours mis en place ce qui était dans son pouvoir pour éradiquer les grands prédateurs de la planète. Le loup souffre encore d’une mauvaise image alors que sa présence dans les écosystèmes est comme dit plus haut, capitale.
Nous savons que s’il y a une possibilité de détourner certaines informations pouvant aller dans le sens d’une destruction plus importante des communautés de loup, cela sera fait.
Il est évident que l’Office de la Biodiversité et les lieutenant de louveterie n’ont pas les mêmes enjeux vis à vis du loup.
Le seuil de déclenchement des tirs du loup à une seule attaque sur 12 mois sans évaluation des dommages qui est proposé par l’arrêté et qui suffirait à justifier une autorisation de tir est trop bas. La réglementation prévoit pourtant que les autorisations de tir du loup ne peuvent être accordées que pour des dommages importants ou récurrents.
Aussi, cette disposition fixant le seuil à une prédation n’est pas conforme et ne doit pas être validée.
La non-protégeabilité des troupeaux bovins et équins qui sert de base à la construction de ce projet d’arrêté est démentie par vos propres services dans l’étude de parangonnage sur la politique publique du loup conduite par les inspections IGEDD/CGAAER (sept 2024), que vous avez missionné. Cette étude indique justement que des moyens de protection des troupeaux bovins sont utilisés dans d’autres pays européens et sont efficaces. Ce rapport préconise dans sa 6e recommandation l’abandon de la notion de non-protégeabilité pour les bovins. Il semble incohrent de faire reposer une évolution réglementaire sur des affirmations non étayées, et ignorer les recommandations de vos propres services.
Le projet inclut des dispositions insuffisamment précises pour déterminer la « non-protégeabilité » des troupeaux bovins et équins. Les analyses au cas par cas doivent être détaillées et soumises pour avis au préfet coordonnateur pour remplir la condition obligatoire d’ « absence d’autre solution satisfaisante » prévue par le régime dérogatoire à la protection du loup.
Étant donné qu’il n’y a dans le projet d’arrêté aucune définition de la nature des « mesures de réductions de vulnérabilité » prévues à l’article 6 du projet d’arrêté, le risque d’interprétations « libérales » par les préfets serait réel, sans compter l’impossibilité de contrôle de ces « démarches engagées en matière de réduction de vulnérabilité », dont on ne sait sur quoi elles reposent : un écrit, un contrat, une déclaration sur l’honneur ?
L’évolution projetée dans ce projet d’arrêté doit être refusée et je renouvelle pour celle ci mon avis défavorable
Les perceptions humaines du loup, Canis lupus, ont évolué au fil du temps. À la Préhistoire, ils étaient vénérés, mais avec la domestication des animaux, des conflits ont émergé. Les récits historiques et la littérature médiévale ont souvent décrit les loups de manière négative, tout comme la presse et les médias, exacerbant les peurs. Historiquement, le loup a été considéré comme une menace pour les communautés rurales, conduisant à des campagnes d’éradication, ce qui revient sur le devant de la scène aujourd’hui. Ce n’est qu’à partir du XXe siècle que des études scientifiques et des ouvrages plus positifs ont commencé à changer cette perception en présentant des vues plus positives sur les loups.
La simple présence du loup peut être considérée à elle-seule comme une source du conflit plus particulièrement avec les éleveurs/agriculteurs, parmi lesquels certains sont aussi chasseurs. Ces groupes, par nature, ne soutiennent pas, d’une façon générale (même s’il existe certainement des exceptions) la présence du loup et semblent bénéficier d’un soutien notable des autorités publiques. Les attaques, ou plus généralement les suspicions d’attaques de loup, surtout sur les troupeaux d’ovins, sont à l’origine des tensions entre humains et loups.
Il convient de noter que cette problématique est récente pour les éleveurs, qui n’ont pas été confrontés à des prédateurs naturels depuis plusieurs générations.
De ce fait, ce sujet englobe des dimensions fortement axées sur les défis rencontrés par le pastoralisme, avec des tensions économiques, écologiques, philosophiques, ainsi que politiques.
1. Retour du loup et confrontation à l’élevage
Les bovins ne représentent qu’une faible part des proies des loups : moins de 3 % des attaques mortelles en 2021 d’après les données de la Dreal. Aussi, les dispositions relatives aux bovins et aux chevaux demeurent très contestables au regard du peu d’attaques des loups sur ces animaux. Un texte doit être pris dans un objectif d’intérêt général, aussi, en l’état c’est à peine 200 bêtes (même si c’est bien entendu malheureux pour ces animaux) qui sont prises en compte et ne constitue qu’un micro problème sur le territoire. Concernant les chevaux, il ne semble y avoir que des cas isolés et pas de réelles études sur les éventuelles attaques de loups contre des chevaux qui seraient d’ailleurs plus des poneys ou des poulains, le loup ne s’attaquant pas véritablement à ces grands animaux une fois adultes. Quelles études ont été réellement menées pour élaborer un tel projet d’arrêté concernant les bovins et les équins ? Avez-vous réellement étudier le comportement du loup et son régime alimentaire avant de rédiger de telles dispositions plus que juridiquement contestables ?
Je conteste par conséquent ce projet d’arrêté et l ’arrêté du 21 février 2024 dans son ensemble en prenant plus particulièrement en compte les ovins et le pastoralisme.
Le retour du loup (qui n’a pas été réintroduit pas l’humain) notamment depuis 2020 coïncide également le recul de la production ovine française amorcé en 2020 s’accentuant en 2023, avec une baisse de 6,4 % sur un an, après une baisse de 1,3 % en 2022. La production atteint 4, 01 millions de têtes, soit une perte de 275 000 têtes sur un an.
Que ce soit au niveau départemental ou national, le pastoralisme est confronté à des défis majeurs. Cette filière est affectée par trois principaux obstacles : la crise générale de l’agriculture en France, en particulier dans le secteur de l’élevage ; les difficultés inhérentes à l’agriculture de montagne ; et les problèmes spécifiques à la filière ovine, qui offre peu de rentabilité par rapport au travail qu’elle nécessite.
Jusqu’à cette demande de déclassement, le loup était une espèce strictement protégée par plusieurs conventions et directives européennes, notamment la Convention de Berne de 1979, la directive « Habitats » et la Convention de Washington (CITES). Ces régulations imposent aux pays signataires de prendre des mesures pour la conservation du loup, interdisant sa détention, capture, mise à mort intentionnelle et perturbation intentionnelle. Toutefois, des dérogations peuvent être accordées dans certaines circonstances.
Le retour du loup et sa protection sont perçus par la plupart des éleveurs comme une menace pour leur profession et leur existence. Ils estiment que les autorités privilégient la protection des espèces animales au détriment de l’activité agricole.
En France, en 2021, 6 992 000 millions d’ovins ont été élevés. Cette même année, 11 616 ovins ont été victimes des loups, soit 0,16 % du cheptel français, tandis qu’environ 500 000 ovins sont envoyés à l’équarrissage chaque année concernant des moutons qui n’entrent pas dans le circuit de consommation et 5 millions ont été conduits à l’abattoir, soit 71 % du cheptel français.
2. Des propositions de résolution de conflit mises en œuvre de façon insuffisante
Les mesures de protection des troupeaux, lorsqu’elles sont correctement mises en œuvre et complètes (clôture, chiens et berger), sont efficaces. Si elles n’éliminent pas complètement le risque d’attaque, elles en réduisent fortement le nombre.
Les troupeaux qui ne sont pas ou insuffisamment protégés concentrent la plupart des attaques et des dommages. Certains de ces troupeaux sont attaqués régulièrement. L’effet de surprise de l’installation de loups sur de nouveaux territoires a sans doute pris de court certains éleveurs. S’il est relativement facile de se procurer des clôtures électriques, il est plus difficile de trouver de bons chiens de protection et surtout un berger compétent et stable pour les troupeaux d’ovins.
Le retour nocturne des troupeaux à l’enclos, l’utilisation de chiens de garde et la présence de bergers sur les estives sont des mesures efficaces pour réduire les attaques de loups. Cependant, leur mise en œuvre souffre encore de réticences et de lourdeurs administratives. La préférence pour l’abattage des loups persiste malgré les compensations financières versées.
Une étude a été réalisée en 2020 en Haute-Savoie, parmi 17 troupeaux, 5 ont été jugés comme correctement protégés et 12 sans protection ou avec une protection insuffisante. Les troupeaux laitiers, plus petits et nécessitant la présence quotidienne d’un berger, sont mieux protégés, car une brebis tuée affecte directement les revenus de lait. À l’inverse, les troupeaux pour la viande sont moins souvent bien protégés, car les pertes sont indemnisées à leur valeur marchande. Toutefois, l’exemple de Cordon montre qu’il est possible de protéger efficacement de grands troupeaux, même de 500 à 800 bêtes .
Bien que le PNA 2018-2023 préconisait de collaborer avec les éleveurs pour évaluer la vulnérabilité de leurs troupeaux et recommander des solutions pour renforcer leur protection, cette mesure n’a semble-t-il pas été mise en pratique.
L’absence de contrôle sur le terrain, des moyens de protection, leur financement public à 90 %, un confortable barème d’indemnisation et l’absence d’évaluation constituent des réalités qui bloquent l’espoir de mettre un terme à cette situation.
Il est à noter que le plafond de « prélèvements » ou plutôt d’abattage autorisés chaque année en France a augmenté depuis le début de ce PNA (10 % de la population estimée jusqu’à 2019, puis 17 % puis 19 % fin 2020), et corrélativement le nombre de loups décomptés (incluant les prélèvements illégaux) a progressé .
Des arrêtés d’abattage de loups ont de surcroît été annulés par la jurisprudence, ce qui montre que ces textes ne respectent pas le droit en vigueur et que la proposition d’arrêté ici en consultation va trop loin sans exploiter d’autres solutions qui existent pourtant.
Le 3 décembre 2024, un amendement de la Convention de Berne a déclassé la protection des loups de « strictement protégée » à « protégée ». Selon les autorités européennes, cette mesure vise à optimiser l’abattage des loups afin de mieux protéger le bétail face à une population lupine en expansion.
Nous sommes passés progressivement d’un paradigme de protection du loup à un objectif de destruction. Le seuil plafond d’équilibre de l’espèce n’est même pas atteint ! Contrairement à ce qui est souvent avancé, le seuil de viabilité démographique pour une population stable de loups n’est pas de 1 000 individus, mais d’au moins 2 500 loups sexuellement matures. Ce chiffre est crucial pour assurer la diversité génétique et la résilience de la population à long terme.
L’efficacité des tirs létaux n’a fait l’objet d’aucune validation scientifique. Lorsqu’une "meute" ou plutôt une famille est éclatée après la perte de l’un de ses loups, les autres individus se dispersent. Vulnérables, désorganisés et inexpérimentés pour les plus jeunes, ils peuvent s’attaquer davantage aux troupeaux. Il est nécessaire d’insister sur l’impact sur les familles de loups : tuer des loups sans certitude qu’ils sont responsables des attaques sur les moutons peut avoir des conséquences dévastatrices sur leurs familles. Les loups vivent en meutes structurées où chaque membre joue un rôle crucial à l’instar du socle familial humain. La perte d’un ou plusieurs membres peut désorganiser la meute et nuire à sa survie. La cohésion au sein de la famille est essentielle pour leur survie et leur bien-être. C’est un peu comme si on décidait de tuer des personnes au hasard parce que d’autres ont commis des crimes.
La délivrance d’autorisations de tirs dérogatoires létaux encourage aussi les éleveurs tentés par le laisser faire et décourage ceux qui se protègent efficacement. Le braconnage suit par ailleurs la tendance des "quotas" de tirs dérogatoires et a pour conséquence de se développer de manière inquiétante. L’étude de 2020 a également démontré qu’il n’y avait pas de corrélation entre le nombre d’attaques et la demande d’autorisation de tir de défense simple.
Il est à noter que de nombreuses attaques attribuées aux loups ne leur sont pas nécessairement imputables, en raison du système de déclaration peu fiable (autodéclaration), de son ADN pastoral, du fort soutien des autorités publiques et du manque crucial de contrôles.
Malgré toutes ces mesures, il manque des stratégies globales de gestion. Les efforts sont fragmentés et varient en efficacité, et il n’y a pratiquement aucune collaboration entre les pays partageant des populations de loups, la France, la Suisse et l’Italie. Une gestion limitée à des populations individuelles ne garantit pas la conservation à long terme dans les pays voisins.
La connaissance du régime alimentaire des loups est d’un grand intérêt parce que ce qu’ils mangent est au cœur du conflit qui les oppose aux humains. Le loup est opportuniste et construit son régime alimentaire de façon à tirer parti de la vulnérabilité et de l’abondance de différents types de proies : agneaux de mouflon au printemps, chevreuils sur fort manteau neigeux, moutons lorsqu’ils sont à proximité. Lorsque les proies sauvages se raréfient, les loups peuvent intensifier leur chasse au bétail, en particulier si les mesures de protection contre les attaques sont insuffisantes, rendant ainsi les troupeaux plus vulnérables.
Les loups tuent souvent plus de proies domestiques qu’ils ne peuvent en manger, surtout les moutons. Ces animaux, regroupés en grands troupeaux, paniquent facilement, ce qui mène à des morts par suffocation et des morsures excessives causées par l’agitation. Cette surmortalité donne l’impression que les loups tuent pour le plaisir, alimentant les attitudes négatives des éleveurs envers eux.
Sans compter que les moutons ont été génétiquement modifiés et n’ont plus les bonnes réactions face aux attaques. Un exemple inspirant est celui des rennes et des Tozhu, un peuple de chasseurs-cueilleurs nomadisant en Sibérie, qui coexistent avec les loups sans les détruire.
Le loup attaque parfois le bétail car il n’y a peut-être pas assez de proies sauvages, souvent tuées par les chasseurs (entre 25 et 38 millions d’animaux tués chaque année en France), ou qui disparaissent en raison des activités humaines et de la destruction des habitats. Cet état de fait pourrait, si l’on se place dans un champ inter-espèce, constituer un génocide du loup. C’est un peu comme si on disait qu’il y a trop d’humains et qu’on allait en "prélever" donc tuer au hasard parce que certains ont tué des gens. Les familles en seraient détruites, et c’est ce qui arrive au loup.
Il est important de rappeler le rôle écologique : les loups jouent un rôle crucial dans les écosystèmes en régulant les populations de proies, ce qui aide à maintenir l’équilibre écologique. Leur présence peut favoriser la biodiversité et la santé des habitats naturels.
Il est aussi primordial d’insister sur le fait que les loups attaquent très rarement les humains. Les attaques mortelles de loups envers les humains sont extrêmement rares, voire inexistantes. Le loup ne constitue donc pas un danger pour l’homme.
3. Stratégies proposées
- Poursuivre et élargir les mesures de protection initiées des troupeaux :
1) Elargir les mesures de protection telles que les clôtures électrifiées, la présence de chien et de berger, avec retour à l’enclos la nuit qui ont démontré leur efficacité lorsqu’elles sont correctement mises en œuvre et complètes
2) Mettre en place des procédures destinées à réduire la lourdeur administrative
- Changer le message officiel pour reconnaître et valoriser les éleveurs qui protègent leurs troupeaux efficacement et cohabitent avec le loup
1) Valoriser le travail de ces éleveurs notamment via les médias
2) Tenter de faire dialoguer des biologistes, éthologues, avec les médias, les éleveurs en vue de combattre la peur du loup
3) Réduire dans un second temps les subventions pour ceux qui ne prennent pas de mesures
- Interdire les tirs létaux : Bannir ces tirs létaux qui n’ont fait l’objet d’aucune validation scientifique :
1) Consulter les scientifiques et experts
2) Mettre en place si besoin des travaux de recherches
3) Organiser des échanges entre scientifiques et parties prenantes
- Procéder à des tirs d’effarouchement :
1) Réaliser des tirs d’effarouchement en cas de rapprochement trop prononcé des loups aux troupeaux
2) Mettre en place une procédure pour délivrer ce type de permis
- Effectuer un travail de recherche scientifique et de modification sémantique si besoin :
1) Bannir l’utilisation du terme « prélèvement », invention politique et qui porte à confusion dans l’esprit de la population
2) Avoir une meilleure connaissance scientifique de la « meute » qui est surtout au total une famille de loups
- Informer les éleveurs sur le surplus killing et travailler à sa prévention :
1) Atténuer l’incompréhension des éleveurs, souvent issus de générations qui n’ont pas connu le retour du loup, et leur peur face aux massacres non consommés par les loups
- Mieux contrôler les dépenses :
1) Analyser les fonds alloués aux équipements de protection et évaluer leur rapport coût-bénéfice
2) Étudier les coûts des initiatives locales comme les bergers d’appui et leur efficacité
3) Évaluer les formations pour les bergers et l’éducation des chiens de protection
4) Une enquête de la Cour des comptes devrait être réalisée pour mesurer le problème
- Réorienter les financements actuellement consacrés aux tirs :
1) Réorienter les financements vers la recherche en éthologie et des actions de prévention des attaques, en s’appuyant sur des études de plus de 20 ans
2) Comprendre précisément l’éthologie des loups et le comportement des éleveurs reste essentiel pour proposer des solutions adaptées
- Mieux gérer l’habitat : mise en place de corridors :
1) Établir des corridors pour faciliter les déplacements des loups et réduire les conflits avec les activités humaines entre les départements et les pays voisins (Italie et Suisse
2) Permettre au loup la reconquête des territoires
- Mettre en place des zones tampons :
1) Créer des zones tampons entre les habitats des loups et les zones d’élevage intensif.
Les éleveurs, les éthologues, les scientifiques, les élus et la population devraient s’entretenir ensemble afin de vivre avec cet animal fascinant au lieu de le détruire. Il s’agit bien ici de l’abattre et non de le "prélever", un terme qui devrait être à bannir. Il existe des solutions, et nous ne devrions pas nous limiter aux approches typiquement occidentales. Sinon, acceptons qu’il y ait des impondérables. L’animal d’élevage est souvent vu par beaucoup d’éleveurs comme un objet ayant juste un prix. S’il est attaqué, il perd de sa valeur. Cependant, certains éleveurs, même avec de grands troupeaux, parviennent à protéger leur troupeau, prouvant que c’est possible.
Le prisme occidental n’est peut-être pas la seule source d’inspiration qui pourrait entraîner une meilleure cohabitation loup/humains (en particulier éleveurs).
Dans de nombreuses cultures animistes, le loup est souvent perçu comme un guide spirituel et un protecteur.
Conclusion
D’un côté, le loup étant au cœur de préoccupations politiques depuis l’établissement de la première prime en Grèce au VIe siècle avant J.C. par Solon, un changement de paradigme pourrait prendre beaucoup de temps. Mais, l’espèce n’aura pas le temps d’attendre après ces éventuels changements exclusivement humains.
D’un autre côté, le public en général est favorable au loup. Lors de la dernière consultation publique sur le sujet, 95% des participants étaient contre les propositions des politiques visant à faciliter l’abattage des loups. Il est crucial de cesser de prendre en compte le lobbying de certains éleveurs qui cause des dégâts importants. La voix du public et des experts doit être entendue pour trouver des solutions équilibrées et durables.
Enfin, il ne faut pas seulement prendre en compte la lutte pour le climat si médiatisée, mais aussi toute la biodiversité et la Terre dans son ensemble. Si nous rétablissons le climat mais que nous perdons des espèces animales, notamment les loups, les écosystèmes en seront tout de même très affaiblis. La biodiversité est essentielle pour la stabilité et la résilience des écosystèmes.
L’abattage des loups n’est pas la solution, je suis totalement contre ce projet d’arrêté et tous les autres textes de la même veine qui ne font qu’entretenir un climat délétère, de meurtre et de destruction d’une espèce pourtant protégée ! Comment est-il envisageable de protéger une espèce et de la détruire dans le même temps ?
Gaëlle K.