Plan national d’actions en faveur du Gypaète barbu (2025-2034)
Consultation du 07/10/2025 au 31/10/2025 - 1944 contributions
Dans le cadre de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030, la France consacre un effort
particulier à la préservation des espèces de faune et de flore les plus menacées de son territoire
pour lesquelles notre pays a une responsabilité patrimoniale.
Pour ces espèces, le Ministère de la Transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la
mer et de la pêche met en place des plans nationaux d’actions, qui sont complémentaires au
cadre législatif et réglementaire. Ces plans visent à coordonner les actions de sauvegarde des
espèces végétales et animales les plus vulnérables.
C’est le cas du Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) qui est un très grand rapace inféodé aux
massifs montagneux de notre pays. Les effectifs sont en croissance mais avec une population
de moins de 100 couples à l’échelle nationale, l’espèce reste encore très vulnérable.
Les efforts de sauvegarde de cette espèce méritent donc d’être poursuivis et renforcés dans le
cadre d’un nouveau plan national d’actions en sa faveur.
C’est ainsi que le Plan national d’actions en faveur du Gypaète barbu 2025-2034 a été élaboré
avec le concours d’un comité constitué des différents partenaires impliqués dans la
conservation de cette espèce, sous la coordination de la Direction régionale de
l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Nouvelle-Aquitaine.
Ce plan d’actions a pour principale ambition de consolider les populations de gypaètes dans
les différents massifs français en limitant les menaces qui affectent l’espèce et en augmentant
ses effectifs par des opérations de renforcement. Il permettra d’animer un réseau d’acteurs
concernés par la sauvegarde de cette espèce et de son habitat et d’organiser la mise en place
de mesures qui seront déclinées sur les territoires à fort enjeu de conservation pour le gypaète.
Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a donné un avis favorable à ce projet
de PNA.
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Contexte et bilan du premier PNA (2010-2020)
Après un premier PNA (Plan National d’Action) en faveur du gypaète barbu sur la période 2010-2020 qui a permis un début de restauration de ses populations dans les Pyrénées et un début de recolonisation du massif alpin via sa réintroduction, un second est actuellement ouvert à la consultation publique pour la période 2025-2034.
Implication de l’ANA-CEN Ariège
L’ANA-CEN – Ariège est investi depuis 1999 dans la prospection et depuis 2001 dans le suivi et la protection des sites de reproduction du gypaète barbu sur le territoire ariègeois à travers le réseau de suivi Pyrénéen « Casseurs d’Os ». Aujourd’hui, l’ANA-CEN Ariège est responsable ou co-responsable du suivi de 9 sites de reproduction de l’espèce : 8 sur les 12 sites ariégeois et 1 aux confins de la Haute-Garonne et de l’Ariège, tout cela grâce au travail réalisé en majeure partie par nos bénévoles.
Ainsi, l’ANA-CEN Ariège constitue aujourd’hui un acteur incontournable du réseau pyrénéen. Ses données et retours de terrain contribuent directement à l’évaluation des mesures de conservation
État actuel des populations
Malgré l’augmentation du nombre de couple au cours du dernier PNA (de 35 couples en 2011 pour les Pyrénées françaises dont 7 en Ariège à 52-54 en 2021 dont 11 pour l’Ariège, et aujourd’hui, en 2025, 57 couples sur le massif pyrénéen dont 12 en Ariège) l’espèce demeure fragile. Elle demeure exposée à de nombreuses menaces mettant en péril sa conservation à moyen ou long terme : dérangement pendant la période de reproduction, empoisonnement ou intoxication, collisions ou électrocutions. Pour garantir sa protection et sa conservation, le travail engagé par l’ensemble des acteurs institutionnels, privés et associatifs - tant au niveau local que régional ou national - doit être poursuivi et consolidé.
Appréciation du projet de second PNA (2025-2034)
Le plan présenté reconduit des actions déjà mises en place mais dont la continuité est indispensables, tout en ajoutant de nouvelles qui sont pertinentes pour pérenniser la présence de l’espèce : animer le réseau de suivi de manière à adapter au niveau local les actions de conservations, viabiliser la population en reconnectant les différents noyaux de population (ou en les renforçant dans le cas de la population menacée en Corse), garantir une meilleur prise en compte de l’espèce dans le cadre d’aménagement ou d’utilisation de l’espace (avec l’outil des ZSM notamment pour limiter les causes de dérangement), organiser une veille sur les intoxications (analyse post-mortem, poison, travail sur les déchets cynégétiques), favoriser le développement d’une faune sauvage et domestique diversifiée assurant une ressource alimentaire tout au long de l’année et bien sûr sensibiliser tous les usagers de la montagne à l’importance du gypaète barbu comme espèce clef des écosystèmes montagnards et emblème du patrimoine naturel des Pyrénées.
Position et recommandations
Cet ensemble d’actions nous semble cohérent pour le maintien et la conservation de l’espèce, aussi bien au niveau national que local, permettant de répondre aux objectifs fixer par ce même PNA : une augmentation de 42% des couples reproducteurs pour atteindre 130 couples sur le territoire (au lieu de 92 aujourd’hui) et étendre la distribution de l’espèce sur les 4 massifs.
De plus, nous appelons également à :
- un renforcement du suivi local et des moyens dédiés : afin de garantir l’efficacité des actions du PNA sur le terrain, il serait souhaitable de consolider les moyens humains et financiers alloués aux structures locales impliquées dans le suivi du Gypaète barbu. Le maintien d’un suivi régulier et de qualité repose sur un réseau d’observateurs expérimentés, en grande partie bénévoles, dont la mobilisation doit être soutenue par un accompagnement technique, logistique et financier pérenne ;
- une amélioration de la prévention des dérangements et des risques anthropiques : il est recommandé de renforcer la coordination entre acteurs publics, associations et usagers de la montagne afin de réduire les causes de dérangement et de mortalité. En particulier, une meilleure prise en compte du Gypaète barbu dans la planification des activités de loisirs, d’aménagement et de travaux en montagne (via les Zones de Sensibilité Majeure et les chartes locales) permettrait de limiter efficacement les perturbations en période de reproduction.
Aussi, au nom de notre implication dans la conservation de la biodiversité et en particulier du Gypaète barbu et des connaissances qu’elle nous a apporté sur l’importance de cette espèce au sein des écosystèmes montagnards et dans le patrimoine naturel national, nous nous prononçons de manière très favorable à la mise en place de ce second PNA pour la période 2025-2034 en faveur du gypaète barbu.
C’est pourquoi, nous soutenons pleinement la mise en œuvre de ce second PNA et réaffirmons notre engagement à contribuer activement à sa réussite, au service de la préservation durable du Gypaète barbu et des écosystèmes montagnards dont il est l’un des emblèmes.