Projet de décret relatif au droit de préemption pour la préservation des ressources en eau destinées à la consommation humaine
Consultation du 20/06/2022 au 11/07/2022 - 34 contributions
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Les dispositions proposées permettent à l’autorité administrative, représentée par le Préfet de département, d’instaurer, au bénéfice de la personne publique en charge du service d’eau potable, un droit de préemption des surfaces agricoles sises dans les aires d’alimentation des captages d’eau potable.
Le droit de préemption représentant une prérogative particulièrement forte, il convient de s’assurer que l’attribution de ce droit ait été rendue nécessaire pour assurer la protection de la ressource en eau.
En effet, des démarches volontaires relatives aux pratiques agricoles peuvent avoir déjà été mises en place, et il convient que celles-ci soient prises en compte dans l’attribution du droit de préemption. Ainsi, le projet de décret exige dans la demande d’institution du droit de préemption un certain nombre de documents (étude hydrogéologique relative à l’aire d’alimentation des captages ; note présentant le territoire, ses pratiques agricoles, les démarches d’animation et les actions mises en œuvre ; argumentaire précisant les motifs qui conduisent à solliciter l’instauration du droit de préemption).
Ces dispositions nous semblent pertinentes afin de justifier le caractère nécessaire de l’institution d’un droit de préemption au profit d’une collectivité. Néanmoins, il pourrait être également exigé que l’argumentaire précité doive également justifier de l’échec des démarches volontaires mises en place sur le périmètre visé.
En outre, nous accueillons favorablement le fait que l’avis des chambres départementales et régionales d’agriculture concernées doive être recueilli afin d’instruire la demande, tout comme l’avis d’autres acteurs du secteur agricole.
Enfin, nous tenons à rappeler que la souveraineté alimentaire est un enjeu de premier plan dans le contexte actuel. Ainsi, nous soulignons l’importance du maintien de la production agricole sur les parcelles qui pourraient être préemptées, comme le prescrit l’article L 218-13 du code de l’urbanisme.
Vendée Eau, Syndicat Mixte en charge du Service public de l’eau potable en Vendée émet un avis favorable concernant le projet de décret proposant l’extension du droit de préemption aux collectivités à compétence eau potable, permettant ainsi de compléter les outils de préservation de la ressource.
Il nous paraît essentiel que ce décret fixe des obligations concernant les différents usages du bien acquis :
- recours à un bail à clauses environnementales si le bien est mis en location
- recours systématique à une Obligation Réelle Environnementale (ORE) en cas de revente du bien par le titulaire ou le délégataire du droit de préemption
Toutefois, ce projet amène notamment les quelques remarques ou questionnements suivants :
- Nous nous interrogeons sur la définition exacte des « surfaces agricoles » mentionnées dans le paragraphe intitulé « Institution du droit de préemption » ou l’Art 218-1. S’agira-t-il des surfaces agricoles classées A aux documents d’urbanisme ou des surfaces dont l’usage réel est agricole ? La prise en compte de l’usage réel agricole en sus du classement au PLU permettrait aux collectivités de pouvoir se positionner sur les zones vulnérables à protéger situées près des retenues, des cours d’eau. Celles-ci peuvent être classées dans d’autres rubriques du règlement d’urbanisme que la classement A. Par ailleurs cela permettrait également aux collectivités de faciliter la mise en œuvre des travaux prescrits par les arrêtés de DUP instaurant des périmètres de protection parfois situés en zone urbaine (ex : décanteurs deshuileurs, bassin de rétention des eaux de voiries), en zone naturelle (ex : rétablissement d’une ripisylve), en zone agricole (ex : étanchéification de RD…)… Si le décret cible uniquement les parcelles classées A, ce nouveau droit de préemption peut-il être élargi à d’autres parcelles classées N, U…? Nous souhaiterions donc que le décret puisse permettre de réaliser les objectifs de protection de la ressource et notamment ceux déjà adoptés par arrêté préfectoral de DUP.
- Nous souhaiterions également que le décret permette de rendre possible à terme un autre usage de destination que celui « agricole ». En effet, afin de protéger la ressource contre les pollutions accidentelles et ponctuelles dans le cadre de la mise en œuvre des périmètres de protection (dont les arrêtés préfectoraux ont été obtenus après enquête publique), ou diffuses dans le cadre des contrats de territoire, un panel d’actions à mettre en œuvre s’offre au maitre d’ouvrage. Ainsi, les usages des biens acquis par droit de préemption devraient pouvoir être élargis à des destinations telles que : le boisement (taillis, futaies), l’agroforesterie, la création de zones tampons (mares,…)… Nous souhaiterions que l’usage de destination puisse être élargi à d’autres usages pour ces surfaces agricoles préemptées ou autres.
- Enfin, le cahier des charges indiqué dans le décret à l’article 218-20 ne nous est pas connu à ce jour et pourrait permettre de mettre en place tous les usages, contraintes ou servitudes déjà préconisées localement dans le cadre des outils de protection de la ressource cités ci-dessus. Il devrait permettre assez de souplesse pour intégrer des contraintes permettant localement la reconquête de la qualité des eaux et donc de remplir les objectifs poursuivis par le décret lui-même.
M Jean-François PEROCHEAU, Vice-Président de Vendée Eau, Délégué aux Périmètres de Protection et Usages
Bonjour,
Je suis favorable à ce projet de décret.
La 6e limite planétaire vient d’être dépassée, et il s’agit de celle concernant l’eau et son cycle. Compte tenu de la qualité chimique/écologique des nappes souterraines, des cours d’eau et donc de l’eau potable, il devient urgent d’agir de façon concrète et efficace. L’eau potable présente de seuils de polluants importants et il est important de faire quelque chose. Les actions commencées depuis des dizaines d’années ne montrent pas de résultats.
Un droit de préemption autour des captages d’eau potable pour obliger l’installation d’agriculture bio me semble donc indispensable.