Projet de décret modifiant l’article R921-84 du Code Rural et de la Pêche Maritime réglementant la pêche maritime de loisir
Consultation du 04/04/2025 au 24/04/2025 - 151 contributions
Objectifs et contexte du décret :
La réglementation actuelle de la pêche de loisir a suscité des complexités d’interprétation dans son articulation avec le droit européen et nécessite un ajustement. La pratique de la pêche du bar depuis le bord en zone Nord a révélé cette difficulté depuis 2023. L’arrêté du 30 novembre 2021 relatif à l’interdiction de la pêche à pied professionnelle du bar dans les zones CIEM 4c et 7d-h s’applique également à la pêche maritime de loisir conformément à l’article R. 921-84 du code rural et de la pêche maritime (CRPM). Ce dernier prévoit que la pêche maritime de loisir est soumise aux dispositions réglementaires internationales, européennes ou nationales applicables aux pêcheurs professionnels en ce qui concerne la taille minimale des captures autorisées, les caractéristiques et conditions d’emploi des engins de pêche, les modes et procédés ainsi que les zones, périodes, interdictions et arrêtés de pêche.
Dans le même temps, le règlement européen n° 2023/194 du 30 janvier 2023 qui prévoit les totaux admissibles de captures (TAC) et quotas autorise explicitement la pêche de loisir du bar nord dans les divisions CIEM 4b, 4c, 6a et 7a à 7k, y compris depuis le bord (cette mesure a été reconduite en 2024). Cette contradiction a créé une incompréhension parmi les pêcheurs de loisir et a fait l’objet, à plusieurs reprises, de revendications de la part des représentants d’associations de la pêche maritime de loisir au niveau national et local.
Afin de mieux articuler le droit européen et le droit national, un groupe de travail du Conseil National de la Mer et des littoraux dédié à la pêche de loisir maritime, a été constitué le 14 décembre 2023. Il inclut notamment les représentants associatifs et professionnels de la pêche, des représentants de l’industrie de la pêche de loisir et des ONG, pour trouver des solutions à cette problématique. Ce groupe de travail est coprésidé par les sénateurs Alain Cadec et Pierre Médevielle.
La DGAMPA a soumis à ce groupe de travail une proposition de modification de l’article R. 921-84 du CRPM afin de permettre une dérogation dans le cas d’une mention spécifique de la pêche maritime de loisir dans le droit européen. Cette modification permettrait ainsi dans des cas précis et prévus par le droit européen de déroger à l’application du strict alignement des règles applicables à la pêche professionnelle à la pêche de loisir, au coup par coup et par arrêté du ministre en charge des pêches. Le groupe de travail s’est exprimé favorablement sur cette proposition.
Ce projet de décret sera examiné par le Conseil d’Etat en vertu de l’article L. 922-2 du code rural et de la pêche maritime, après la présente consultation du public.
Commentaires
Je soussigné, Jean-François THOMAS, membre de l’association A3PL à Noirmoutier , 68ans et 63 ans d’expérience de pêche récréative en mer , m’oppose fermement au projet de modification de l’article R921-84 règlementant la pêche maritime de loisir .
Les produits de la pêche en mer sont " res nullius " donc ne pouvant pas être privatisés par quelconque organisation .Ils sont un bien commun devant être partagé de façon équitable et responsable.
La pêche de loisir en mer est pour un nombre très important de citoyens un loisir indispensable que l on peut considérer comme une nécessité sociale en même temps qu’un volume économique conséquent ( matériel, bateau,hébergements etc )de plusieurs milliards d euros.
je constate depuis plusieurs années que la pêche de loisir est prise pour cible ( zones interdites , nombre de prises autorisées dérisoire ) alors que son prélèvement est très faible contrairement a ce qui est pensé et affirmé par certains .
Le lobbying de la pêche professionnel est pesant intransigeant et fermé et considère que la ressource lui appartient complètement
Je suis donc contre la privatisation des ressources marines au profit de ce lobby
Je demande la reconsidération de la pêche de loisir comme nécessaire à l’équilibre social
Je refuse les règlementations croissantes et de plus en plus étouffantes pour la pêche de loisir .
Je refuse le système de quotas pour les pêcheurs de loisir alors que la baisse de la ressource est due quasi exclusivement a la pêche professionnelle
Je demande une meilleure représentation de la pêche de loisir dans les instances décisionnelles
Je demande une harmonisation des tailles et périodes de pêche ( fraie ) pour toutes utilisateurs du milieu marin
Je soussigné, Dominique Delage, membre du COPERE, émets un avis défavorable pour la modification de l’article R921-84 du code rural et de la pêche maritime pour les raisons suivantes :
1. Un cadre juridique flou et potentiellement instable
Ce projet prétend clarifier l’articulation entre droit national et droit européen, mais il introduit une logique de « dérogation au cas par cas » via des futurs arrêtés ministériels. Cela va créer une insécurité juridique permanente pour les pêcheurs de loisir, qui devront se tenir informés en permanence de règles changeantes, potentiellement différentes selon les espèces, les zones et les périodes. Une telle instabilité réglementaire est incompatible avec une pratique populaire, souvent occasionnelle, pratiquée par des pêcheurs amateurs.
2. Le maintien d’un alignement problématique avec la pêche professionnelle
Le texte maintient le principe que la pêche de loisir est soumise aux mêmes règles que la pêche professionnelle sauf dérogation explicite, alors que les finalités, les volumes de captures et les enjeux économiques sont radicalement différents. Cet alignement par défaut est injustifié, car il ne repose sur aucun fondement environnemental ou économique démontré, et revient à nier la spécificité de la pêche récréative.
3. Un risque de glissement vers une logique de contrôle continu et une carte de pêche payante
En introduisant une logique de « gestion par dérogation », ce projet ouvre la voie à une réglementation croissante, pilotée par l’administration, qui semble préparer le terrain pour une marchandisation progressive de la pêche de loisir, contraire à sa nature non lucrative et à l’esprit de liberté qui l’anime. Cela pourrait conduire à terme à la mise en place d’une carte de pêche payante assortis d’un système de quotas pour chaque espèce.
4. Une gouvernance déséquilibrée et peu représentative
Le groupe de travail évoqué dans le projet, bien que comprenant des représentants associatifs des pêcheurs récréatifs (désignés par cette même administration), est coprésidé par deux sénateurs et encadré par l’administration, sans réelle garantie d’équilibre entre les différentes parties prenantes et notamment la représentation des pêcheurs de loisirs non fédérés que le COPERE représente. Il est donc légitime de s’interroger sur la capacité de ce groupe à représenter la diversité des pratiquants de la pêche de loisir, notamment ceux qui ne sont pas fédérés.
5. Une réforme pour corriger une erreur administrative
Ce projet tente de corriger une situation absurde : une interdiction française de la pêche à pied du bar là où le droit européen l’autorise, même pour la pêche de loisir. Cela révèle avant tout les mauvaises interprétations du droit par l’administration française, et non un besoin de modifier le code. Plutôt que de modifier le droit national pour couvrir ses erreurs, l’administration devrait remettre en cause ses responsables et il serait plus cohérent d’appliquer correctement le droit européen, qui reconnaît la spécificité de la pêche de loisir.
6. Une consultation biaisée dans sa présentation
La note introductive à la consultation donne l’impression d’un consensus autour de la réforme, en insistant sur l’avis « favorable » du groupe de travail. Cela est de nature à dissuader les citoyens de s’exprimer librement, en créant une impression de fait accompli. Pour garantir un véritable débat démocratique, il est essentiel que les consultations publiques présentent objectivement les avantages mais aussi les risques des projets proposés.
Ce projet modificatif sur la pêche de loisir était attendu depuis un certain temps. Même si on constate qu’il est plus rapide d’interdire que d’autoriser, ce un premier pas encourageant.
Je ne peux qu’être favorable à ce projet.
Patrick Alves
Une gouvernance déséquilibrée et peu représentative
Le groupe de travail évoqué dans le projet, bien que comprenant des représentants associatifs des pêcheurs récréatifs (désignés par cette même administration), est coprésidé par deux sénateurs et encadré par l’administration, sans réelle garantie d’équilibre entre les différentes parties prenantes et notamment la représentation des pêcheurs de loisirs non fédérés que le COPERE représente. Il est donc légitime de s’interroger sur la capacité de ce groupe à représenter la diversité des pratiquants de la pêche de loisir, notamment ceux qui ne sont pas fédérés.
Une réforme pour corriger une erreur administrative
Ce projet tente de corriger une situation absurde : une interdiction française de la pêche à pied du bar là où le droit européen l’autorise, même pour la pêche de loisir. Cela révèle avant tout les mauvaises interprétations du droit par l’administration française, et non un besoin de modifier le code. Plutôt que de modifier le droit national pour couvrir ses erreurs, l’administration devrait remettre en cause ses responsables et il serait plus cohérent d’appliquer correctement le droit européen, qui reconnaît la spécificité de la pêche de loisir.
Une consultation biaisée dans sa présentation
La note introductive à la consultation donne l’impression d’un consensus autour de la réforme, en insistant sur l’avis « favorable » du groupe de travail. Cela est de nature à dissuader les citoyens de s’exprimer librement, en créant une impression de fait accompli. Pour garantir un véritable débat démocratique, il est essentiel que les consultations publiques présentent objectivement les avantages mais aussi les risques des projets proposés.