Projet de plan d’action pour prévenir l’introduction et la propagation d’espèces exotiques envahissantes
Consultation du 13/01/2022 au 04/02/2022 - 50 contributions
Contexte
Les espèces exotiques envahissantes sont des espèces végétales ou animales, transportées par l’Homme hors de leur aire de répartition naturelle et introduites volontairement ou involontairement sur le territoire national.
Une petite partie seulement des espèces exotiques sont considérées comme envahissantes, lorsque non seulement elles parviennent à survivre et à se reproduire dans ce nouveau milieu, mais elles prolifèrent et perturbent l’écosystème au détriment des espèces naturellement présentes.
Les perturbations peuvent être très diverses : prédation (ex : rats qui dévorent les œufs d’oiseaux) ; concurrence pour la nourriture ou les lieux de reproduction pour les animaux, l’espace et l’accès au soleil pour les végétaux ; propagation de maladies auxquelles les espèces locales sont sensibles ; jusqu’à la modification du milieu (ex : dégradation des rives par les ragondins).
D’autres problèmes peuvent s’y ajouter : effets sur la santé humaine, effets sur les animaux d’élevage ou les végétaux de culture (ex : les frelons asiatiques s’attaquent aux abeilles domestiques) ou nuisance aux activités (ex : proliférations de plantes aquatiques qui perturbent la pêche ou la navigation sur les cours d’eau).
Les espèces exotiques envahissantes sont reconnues comme l’un des principaux facteurs d’appauvrissement de la biodiversité mondiale [1] et ce problème s’aggrave car l’introduction d’espèces est favorisée par l’accroissement des transports et le réchauffement planétaire, ce qui peut faciliter l’installation ou la prolifération de certaines espèces.
La France est particulièrement vulnérable aux invasions biologiques. D’une part, les territoires ultra-marins abritent une très grande biodiversité, avec un endémisme important lié à leur insularité. D’autre part, le territoire métropolitain est au carrefour de 4 régions biogéographiques, présente 3 façades maritimes et accueille des transports internationaux importants.
Compte tenu de leurs impacts sur la santé environnementale, humaine et animale, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes est un défi qui s’inscrit parfaitement dans le concept « One Health, Une seule santé », et qui donc nécessite des mesures globales et coordonnées pour être relevé.
Objectifs
Dès lors qu’une espèce exotique envahissante est répandue, sa gestion s’avère complexe et coûteuse. Il est très difficile d’arriver à l’éradiquer et la contenir nécessite un effort important dans la durée. Prévenir l’introduction de nouvelles espèces ou leur propagation sur le territoire national constitue ainsi un volet essentiel de l’action entreprise par l’Etat.
C’est pourquoi le présent plan d’action développe et renforce le volet relatif à la prévention de la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes [2] adoptée en mars 2017.
Il répond par ailleurs à l’exigence du règlement (UE) n° 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 sur la prévention et la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes [3].
Il pose les bases d’une action collective plus efficace pour prévenir le plus en amont possible l’invasion biologique, en s’attaquant à l’introduction et à la propagation des espèces les plus préoccupantes au niveau européen ou national et en renforçant l’alerte et l’action précoce sur de nouvelles menaces.
Ce plan d’action s’appuie sur les réglementations existantes, qu’il complète, par des mesures volontaires d’information du public, de vigilance collective et d’engagement volontaire des acteurs professionnels.
Le plan d’action est constitué :
- D’un socle de mesures pour structurer la mobilisation collective et assurer une large sensibilisation ;
- D’un volet transversal à toutes les voies et espèces, visant à renforcer la vigilance dans des secteurs-clés (contrôle aux frontières, commerce en ligne, Outre-mer…) ;
- D’un volet relatif aux espèces végétales dans le cadre des « usages ornementaux et horticoles » ;
- D’un volet relatif aux espèces animales dans le cadre des « élevages, repeuplements et détentions domestiques » ;
- D’un volet propre aux « corridors et transports ».
Le plan d’action couvre les milieux terrestre, dulçaquicole et marin, sur l’ensemble du territoire national, métropole et collectivités ultra-marines. Ces dernières font l’objet d’une attention particulière, tant dans le domaine réglementaire que pour les actions volontaristes, du fait de leur richesse particulière en matière de biodiversité et du fort taux d’endémisme dû à leur caractère insulaire.
Procédure
Suite à la concertation avec les différentes administrations concernées et les représentants des principales filières socio-professionnelles, le projet de plan d’action a été examiné le 26 octobre 2021 par le Conseil National de la Conservation de la Nature, qui a rendu un avis favorable, assorti de recommandations [4].
Il fait actuellement l’objet d’un examen par le Conseil National de la Biodiversité.
[1] https://www.fondationbiodiversite.fr/wp-content/uploads/2019/11/IPBES-Depliant-Rapport-2019.pdf
[2] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/17039_Strategie-nationale-especes-exotiques-invahissantes.pdf
[3] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014R1143
[4] http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021_24_avis_cnpn__projet_plan_d_action_eee.pdf
Plus d’informations
www.ipbes.int
www.ecologie.gouv.fr/especes-exotiques-envahissantes
http://especes-exotiques-envahissantes.fr/
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Commentaires
Le chat est la principale espèce exotique envahissante, c’est un super prédateur, il est responsable de milliers d’animaux morts chaque année oiseaux, lézards, serpents… un seul chat tue 113 proies par an.
je ne vois pas le chat dans la liste 🤔
Bonjour,
je suis pour ce projet, il y a matière à intervenir à présent.
Bonjour ,
Pour quelles raisons importées des espèces extérieures à notre biodiversité , surement dans des buts lucratifs
Nous avons déjà assez de difficultés de garder un équilibre viable de nos espèces indigènes .
Je suis pour la prise en amont de mesures a limiter et interdire les introductions d’E.E.E , au cas ou certaines passeraient a travers les mailles , la regulation , le piégeage restera le seul remède .
Cordialement
Bonjour,
Voici mes remarques sur le projet de plan proposé :
P.6 – « Prévention de l’introduction et de la propagation involontaires des EEE » -> « Objet principal du présent plan d’action. »
P.6 - Extension bienvenue du champ d’action « aux espèces d’EEE pour lesquelles un risque important d’introduction sur le territoire national pourrait être identifié ». Nécessité impérieuse d’anticipation des futures invasions pour être d’avantage efficace. Renvoi à la liste du centre de ressources EEE ??? incohérence.
P.7 – Temporalité du plan d’action : pas d’indication de durée. Calqué sur la stratégie EEE de mars 2017 ? Pas d’échéance d’évaluation de la mise en œuvre du plan.
P.10 – Focus outre-mer bienvenu. Prise en compte particularisme outre-mer dans l’ensemble du document.
P.11 – « Outil d’application » ! = définir des actions, des échéances, des porteurs, des objectifs chiffrés, des moyens alloués.
P.11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22 – « Cadre stratégique et réglementaire » redondant avec l’état des lieux faire par la stratégie nationale et non opérationnel.
P.23 – « l’intentionnalité n’est volontairement pas considérée dans l’analyse des voies et dans les actions du plan ». Si dans l’analyse et de l’identification des voies d’introduction réalisées par l’OFB l’intentionnalité importe peu, dans le plan d’action au contraire elle doit être prise en compte pour adapter les mesures. La sensibilisation est par exemple inopérante sur une infraction intentionnelle.
Stratégie de prévention : De manière prioritaire, la suppression, lorsque celle-ci est acceptable par tous, de voies d’introduction est la mesure la plus efficace en termes de biosécurité. La réglementation peut permettre de supprimer certaines voies d’introduction (Lutte contre l’érosion/ stabilisation des dunes, production de fourrure, plantations publiques ornementales, transport de terres, …). Ensuite s’attacher à solutionner techniquement les voies restantes (solutions plus onéreuses à mettre en œuvre). Pour le moment, aucune action en ce sens ne figure au plan d’action.
En accord avec les recommandations du CNPN, recourir à l’analyse de risque pour prioriser l’action. Mais non pas en ciblant les espèces (travail titanesque compte tenu de la diversité du vivant sur terre et de la difficulté d’évaluation des probabilités d’invasion biologique inféodées à chacune d’elles) mais en évaluant les niveaux de risques représentés par les voies d’introduction identifiées (cf. travaux OFB).
P.31 – Coordonnateur du plan d’action – En accord avec l’avis du CNPN, nécessité de création d’un organe de gouvernance inter-ministériel.
P.32-33 – Axes du plan d’action. 4 axes (à numéroter pour plus de clarté) :
• Communication, sensibilisation, formation
Actions non-coercitives. Non prioritaire.
• Elaboration de guides de bonnes pratiques et codes de conduite
Idem axe 1
• Consolidation du cadre réglementaire
« mieux articuler les réglementations existantes » - pas suffisant. Interdictions d’importation ou de vente, pénalisation des fraudes, etc …
• Contrôle et surveillance
Mobilisation de moyens administratifs et judiciaires (lesquels, combien ?)
Aucun axe du plan d’action dédié au renforcement des capacités techniques et humaines (matériel et équipes de détéction/décontamination/nettoyage/piégeage en zones aéroportuaires).
Aucun axe du plan d’action concernant l’accompagnement des filières économiques de substitution (végétaux locaux, élevages d’espèces indigènes,…).
Aucun axe du plan d’action sur la suppression de voies d’introduction.
P.38 et suivantes. ACTIONS
Remarques générales :
Identifier plus précisément les pilotes des actions (quel service du MTE/OFB ?), nécessité de responsabilisé les pilotes sur la mise en œuvre et d’organiser le rapportage.
Remarques spécifiques :
Action 1 – Viser le grand public que les acteurs.
Action 2 – Créer les conditions d’une gestion interministérielle de la thématique EEE. Pilotage niveau ministre.
Action 3 – Nécessité de doter les outre-mer de dispositifs de décontamination du fret (fumigation) et d’interdire l’introduction d’espèces végétales et animales sauf autorisation services compétents.
Action 4 – Renforcer les contrôles et accompagner les fermetures d’établissements.
Action 11 – Introduction par le transport international de passagers. Sur le sujet la règle légale doit être simplifiée pour devenir d’avantage applicable. Interdiction d’introduction de matériel vivant par les particuliers (sur le modèle anglo-saxon). Suppression réglementaire d’une voie d’introduction. Pilote : MTE/MTE/MAA/Douanes ??? qui ?,
Action 12 – Prendre en compte les EEE dans la construction et l’exploitation des infrastructures linéaires. Inclure dans les études d’impact de tous les projets un volet EEE. Pourquoi limiter ça aux infrastructures linéaires ? + réglementer l’entretien (guide de bonnes pratique ici inopérant).
Action 14 – Sensibiliser les professionnels du végétal. Bonne idée mais la stimulation de filières de substitution est plus incitatrice pour les professionnels (marchés publics d’aménagement urbain ou péri-urbain exclusif en végétal local, compensation environnementale obligatoire en replantation d’espèces locales, génie végétal en local etc…).
Création d’un dispositif de biosécurité (mutualisation des moyens interministériel autour d’un organe de gouvernance transversal dédié au pilotage du plan d’action) + Fiches actions avec pilote, objet, indicateur de rapportage et moyens mis à disposition pour solutionner chacune des voies d’introductions identifiées comme prioritaire (cf. résultat de l’analyse de risque à réaliser).
Spots télévisés ! Communication intensive, participation des programmes scolaires, etc…
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En tant que professionnelle dans le domaine de la préservation de la biodiversité, je soutiens ce plan d’action, en appliquant toutes les recommendations du CNPN, très avisé.
Je rajouterai des questions personnelles dans le but de renforcer la dynamique d’introduction des espèces exotiques envahissantes, tout en ayant conscience des sensibilités économiques des démarches citées : Peut-être serait-il pertinent de songer interdire le commerce des espèces végétales exotiques non alimentaires ? L’Etat renforcera-t-il le contrôle du trafic illégal d’espèces sauvages ? L’obtention et l’élevage de NAC devrait également être davantage contrôlé, de nombreux propriétaires d’animaux participant à l’introduction d’EEE par relâchés intentionnels et non intentionnels…