Projet d’arrêté fixant les plafonds départementaux dans les limites desquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant les grands cormorans (Phalacrocorax carbo sinensis) pour la période 2022-2025

Consultation du 25/07/2022 au 15/08/2022 - 2385 contributions

Contexte

Le Grand Cormoran est un oiseau protégé au niveau européen : au-delà de la protection nationale, il bénéficie du régime général de la protection de toutes les espèces d’oiseaux visées à l’article 1er de la Directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009 relative à la conservation des oiseaux sauvages. Toutefois, afin de contrôler l’impact du grand cormoran sur les espèces de poissons protégées dans les cours d’eau et plans d’eau et sur les piscicultures en étang, un système dérogatoire à la protection stricte permet de mener des opérations de destruction si les conditions de la dérogation sont réunies. Ces dérogations ne visent pas à réguler l’espèce mais à réduire la prédation dans des zones déterminées.
L’arrêté ministériel cadre du 26 novembre 2010 (en annexe) fixe ainsi les conditions et limites dans lesquelles les dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées. Il est complété par un arrêté pris tous les 3 ans, qui fixe les plafonds départementaux dans les limites desquelles les dérogations peuvent être accordées. L’arrêté en vigueur pour la période 2019-2022 est celui du 27 août 2019. Il est lui-même décliné en arrêtés préfectoraux annuels ou triennaux qui doivent définir les personnes habilitées, les périodes, les zones de tir autorisées, en justifiant des dommages et de l’impact du grand cormoran sur les piscicultures d’une part et les cours d’eau et plans d’eau d’autre part, ainsi que de la mise en œuvre de solutions alternatives.

Choix opérés s’agissant de la définition des plafonds

Afin de préparer l’élaboration du prochain arrêté triennal et d’étudier les pistes d’évolution des plafonds, le Groupe National Cormorans (GNC), composé de l’ensemble des acteurs concernés (représentants des pisciculteurs et pêcheurs, associations de protection de la nature, experts, administration) a été réuni à 2 reprises (les 20 mai et 15 juin 2022). Dans le même temps, l’ensemble des DDT(M) a été consulté par mail (production d’un dossier de demande de plafonds) : les réponses montrent que la plupart du temps, les partenaires ont été consultés localement, afin de proposer des plafonds.

A) Le cas des cours d’eau et plans d’eau

Compte tenu des nombreux recours contentieux formés à des fins d’annulation des arrêtés préfectoraux pris sur les cours d’eau et plans d’eau, tous perdus par l’État (15 ont été jugés depuis 2019 et environ 5 sont en cours), la méthodologie d’attribution des plafonds départementaux pour le prochain arrêté triennal a été révisée. En effet, il ressort des contentieux jugés par les différents tribunaux administratifs que les justifications nécessaires à l’octroi des dérogations (liste d’espèces de poissons menacées dans le département, assortie de données sur l’état de conservation des espèces de poisson impactées, délimitation des lieux exacts où les tirs sont autorisés, démonstration de l’inefficacité des mesures mises en place au préalable) ne sont généralement pas suffisantes dans les arrêtés préfectoraux. Les données relatives aux espèces protégées sont en effet mal connues et ne suffisent généralement pas à justifier les destructions de l’espèce Grand Cormoran.
Aussi, au terme de la période de consultation préalable à l’élaboration du projet d’arrêté, face au constat de la grande difficulté à justifier de la nécessité d’octroi de dérogations sur les cours d’eau et plans d’eau, il a été décidé de ne pas établir dans le projet d’arrêté de plafonds pour les cours d’eau et plans d’eau (seuls sont accordés des plafonds pour la prévention des dommages aux piscicultures). En effet, en l’état, les éléments disponibles ne permettent pas de remplir les conditions nécessaires pour définir des plafonds sur les cours d’eau et plans d’eau. Le cas échéant, si des études étaient produites localement et démontraient l’impact de l’espèce sur l’état de conservation des espèces de poissons protégées et/ou menacées, l’arrêté à paraître pourrait être complété ultérieurement, dans la période triennale, afin de mettre en place des plafonds sur les cours d’eau et plans d’eau concernés dans les départements.

B) Le cas des piscicultures

En piscicultures, la méthodologie ayant permis la définition des plafonds pour l’arrêté triennal 2019/2022 a été appliquée. Les plafonds proposés dans le projet d’arrêté sont fondés sur le croisement des données suivantes : l’évolution de la population (à partir des rapports des recensements coordonnés par M. Loïc Marion, en annexes), le bilan des tirs, et la demande formulée et justifiée par les services. L’utilisation de cette méthodologie est justifiée par les termes de l’arrêté du 26 novembre 2010 qui prévoit la prévention des dommages aux piscicultures. Il est par ailleurs en plein accord avec le plan aquaculture et notamment son volet 4.5 qui traite du sujet de la prédation en pisciculture.

C) Le cas de la sous-espèce carbo carbo

Dans les départements normands et bretons, est présente la sous-espèce Phalacrocorax carbo carbo (distincte de carbo sinensis), qui est strictement protégée. Dans la mesure où les deux sous-espèces ne peuvent se distinguer à l’œil nu, et où la sous-espèce carbo carbo, côtière, s’aventure cependant dans les terres, les destructions de Grands Cormorans, même en dehors des seules zones côtières normandes et bretonnes, sont problématiques et font également l’objet de contentieux. Aussi, en complément de la suppression des plafonds hors piscicultures dans l’ensemble des départements métropolitains, aucun plafond n’est maintenu en pisciculture pour les départements bretons et normands, pour éviter tout risque de destruction de la sous-espèce.

Présentation du projet d’arrêté

Le projet d’arrêté ministériel (figurant en annexe), à l’instar des 2 précédents, est triennal. Il s’agit d’un arrêté cadre qui doit être décliné localement par les préfets pour mise en œuvre. Le terme « quotas » antérieurement utilisé a été remplacé par « plafonds » afin de mieux signifier que le nombre de grands cormorans autorisés à la destruction est un maximum et non un objectif à atteindre.
L’article 1 précise l’objet de l’arrêté. Il rappelle que seule la sous-espèce sinensis est concernée. Il définit la période d’application (2022/2025, soit 3 saisons).
L’article 2 indique les personnes chargées de l’exécution du présent arrêté. En dehors du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT) et du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA), sont listés les préfets et l’Office français de la biodiversité (en raison de son rôle dans la mise en œuvre des campagnes de destruction).
L’annexe présente les plafonds définis annuellement par département pour les piscicultures, ainsi que leur somme au terme des 3 années. Ce sont 58 départements qui sont concernés. Pour chaque année de la période 2022/2025, le plafond proposé d’individus autorisés à la destruction est le suivant : 27 892 (soit 83 676 grands cormorans sur l’ensemble de la période triennale).
A noter que la version du projet d’arrêté soumise à la consultation du public diffère de celle présentée au CNPN en 2 points :

  • La mise en forme a été modifiée : seuls sont présentés les plafonds départementaux relatifs aux piscicultures (ainsi que leur total au terme des 3 années). Les mentions de plafonds en cours d’eau et plans d’eau ont ainsi été retirées du projet de texte, ces plafonds étaient tous nuls ;
  • Une erreur a été corrigée s’agissant du plafond accordé au département des Vosges (100 cormorans autorisés à la destruction annuellement et non 60), entraînant par conséquent une modification des totaux.

Consultations obligatoires :
• Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a été consulté le 5 juillet et s’est prononcé favorablement (avis joint).
• La consultation du public est ouverte du 25 juillet au 15 août 2022. En application du dernier alinéa du II. de l’article L.123-19-1 du code de l’environnement, les observations du public pour cette consultation sont rendues accessibles au fur et à mesure de leur réception. Elles pourront faire l’objet d’une modération a posteriori en cas d’avis jugés hors de propos (injurieux, haineux…).

Pièces jointes :

  • le projet d’arrêté fixant les plafonds départementaux dans les limites desquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant les grands cormorans (Phalacrocorax carbo sinensis) pour la période 2022/2025 ;
  • l’avis du CNPN en date du 5 juillet portant sur le projet d’arrêté triennal 2022/2025 ;
  • le rapport « Recensement national des grands cormorans nicheurs en France en 2021 - complété mars 2022 » ;
  • le rapport « Recensement national des grands cormorans hivernant en France durant l’hiver 2020-2021 – rapport final, bilan corrigé au 28 février 2022 » ;
  • l’arrêté du 26 novembre 2010 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant les grands cormorans (Phalacrocorax carbo sinensis).

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Commentaires

  •  Réguler Réguler …. , le 11 août 2022 à 16h59

    Est-ce que le problème sera réglé définitivement ? Est-ce que la pollution de nos rivières disparaitra ? Est-ce les périodes de sécheresse auront disparues ? Est-ce que les produits médicamenteux dans nos cours d’eau ne seront qu’un souvenir ? Bien sûr que non . Même si les cormorans venaient à être éradiqués cela ne changerait pas grand chose au problème le mal est beaucoup plus profond que le prélèvement de quelques poissons par des cormorans …. Aussi Pourquoi ne pas imposer le no-kil complet à tous les pêcheurs ? Pourquoi laisse t’ on tous les pollueurs en liberté etc ….Aprèes ce sera qui le coupable ? les martins pêcheurs , les hérons ? NON les coupables c’est nous et pas une bande d’oiseaux qui se nourrissent ou ils le peuvent ( je ne suis pas écolo dans l’âme j’essaye juste de comprendre

  •  Léger progrès dans l’arrêté concernant les grands cormorans (Phalacrocorax carbo sinensis) , le 11 août 2022 à 16h57

    A l’aube de la 6ème extinction, il est grand temps de stopper définitivement les méthodes létales et que les professionnelles mettent en place les systèmes d’effarouchements existants sur leurs exploitations.
    Aucunes étude sérieuse sur l’impact des cormorans n’a été réalisé pour justifier le massacre.
    Les déclins des poissons d’eau douce dans les rivières et dans les élevages viennent de la non qualité de l’eau, des pesticides reversés dans les rivières et de l’eau chaude des centrales nucléaires. Rien n’est fait dans ce sens pour protéger les rivières.
    De nos jours, il est urgent de sauver l’eau des pesticides, des rejets d’eau chaude des centrales nucléaire et d

  •  Bonjour, le 11 août 2022 à 16h45

    Il serait bon de se remémorer le pourquoi du comment cette bestiole venue du Nord ou ailleurs a été classée de la sorte … aujourd’hui les données de base de sa protection ne tiennent plus et tout le monde s’en moque … c’est comme rouler à 80 kmh en toute légalité mais avec des pneus crevés, vous terminez où ?

  •  Avis défavorable , le 11 août 2022 à 16h43

    Considérant la vulnérabilité des plans d’eau et cours d’eau à la prédation de ces oiseaux exclusivement piscivores, les risques d’atteintes graves aux populations piscicoles et par conséquence à la pratique de la pêche sont réelles et considérables.

  •  AVIS DEFAVORABLE, le 11 août 2022 à 16h41

    Avis défavorable à ce projet

  •  grand cormoran, le 11 août 2022 à 16h30

    Comme pour tout, les écolos veulent n’importe quoi ! Si la régulation des cormorans n’est pas faite, il n’y aura plus de poissons donc plus de pêcheurs. Les pisciculteurs et les fournisseurs de tout ce qui concerne la pêche pourront fermer leurs entreprises.

    Je suis CONTRE. C. Vassard

  •  Véritable fléau , le 11 août 2022 à 16h28

    Le cormoran est un véritable fléau en particulier sur les petits plans d’eau et rivières qui finissent par vidé de nos poissons.Il faut donc le réguler.

  •  Défavorable, la protection des espèces piscicoles en danger doit être une priorité, le 11 août 2022 à 16h14

    Soumises à de grosses pressions (canicule, manque d’eau, pollutions diverses, eutrophisation), les espèces piscicoles classées menacées par l’UICN ou par la Convention de Berne (ombre, truite, brochet, saumon, truite de mer, chabot, apron, loche, etc) ont tout autant le droit que le grand cormoran à être protégées, d’autant plus qu’elles sont dans bien des cas autochtones, contrairement au grand cormoran qui “déborde” largement sur les terres.
    Il semble que les populations de grands cormorans ne soient pas menacées, contrairement aux espèces piscicoles citées plus haut dont certaines sont classées en danger d’extinction.
    Ces mesures sont donc injustes et infondées.
    Il est facile de prouver la perte de biomasse généralisée dans la plupart des cours d’eau (par tous facteurs dont prédation cormoran)par les pêches d’inventaire réalisées par l’OFB et par les fédération départementales de pêcheurs.

  •  Défavorable, le 11 août 2022 à 16h06

    En l’absence de prédateur le cormoran doit être régulé au risque d’entraîner la disparition des activités piscicoles. Il impacte visiblement les populations de poissons sauvages et d’élevage sur un territoire étendu. Sa régulation s’impose !

  •  Trés défavorable à ce projet, le 11 août 2022 à 16h06

    Très défavorable à ce projet, la population de cormoran est jugée en augmentation. Bientôt plus de poissons en rivières et étangs, déjà le climat n’arrange pas.

  •  grand cormoran, le 11 août 2022 à 15h46

    Nous devons protéger le grand cormoran.

  •  Très favorable à la régulation du grand cormoran, le 11 août 2022 à 14h15

    Je suis garde-pêche particulier sur les AAPPMA de Grandrieu et Langogne en Lozère, ce qui correspond au bassin versant du haut Allier.
    Je ne reviendrai pas sur l’excellente analyse de madame Prouha (de la fédération départementale de pêche de la Lozère) mais je voudrais alerter sur la situation particulière concernant le déficit hydrique dans le secteur.
    Nombre de ruisseaux pépinières du secteur sont complètement à sec. L’ensemble de la faune de ces ruisseaux a complètement disparu.
    Cela fait plus de 40 ans que je pêche sur le secteur et une dizaine d’années que je suis garde et c’est la première fois que je constate une catastrophe halieutique d’une telle ampleur.
    La pêche en rivière est fermée depuis le 1er août en Lozère (pas pour les cormorans font remarquer certains…).
    Les petites rivières locales (Chapeauroux, Ance, Grandrieu, haut Allier, Langouyrou, Clamouse…) ont gardé un très faible débit permettant la sauvegarde de quelques poissons dans les fosses.
    Il serait dommage que ce patrimoine génétique particulier (ombre commun, saumon, truite (et liées à aux truites, les moules perlières)) disparaisse en raison d’une forte prédation des cormorans.
    Je demande donc pour les années à venir, non seulement que la régulation du grand cormoran se poursuive, mais que les quotas en soient augmentés afin de permettre aux poissons présents dans les rivières d’être sauvés et ainsi de recoloniser les ruisseaux.

  •  Arrêté cormorans., le 11 août 2022 à 14h10

    Avis très défavorable.
    Ce prédateur piscivore, devenu sédentaire, n’a pas lieu d’être présent dans nos rivières.
    Pourquoi protéger un oiseau devenu envahissant qui est en train d’exterminer les espèces de poissons inscrites sur la liste rouges des espèces menacées en France.

  •  Défavorable , le 11 août 2022 à 14h09

    Considérant la vulnérabilité des plans d’eau et cours d’eau à la prédation de ces oiseaux exclusivement piscivores, les risques d’atteintes graves aux populations piscicoles et par conséquence à la pratique de la pêche sont réelles et considérables.

    Compte-tenu de la fragilisation des milieux encore accentuée par la sécheresse en cours, la période d’hivernage d’une multitude d’oiseaux dont les populations sont en croissance constante risque d’anéantir des années de travail de soutien aux populations piscicoles et d’aménagements en faveur de l’ichtyofaune et des milieux aquatiques effectués par le réseau de la pêche de loisir et les pêcheurs.

    Il est de notre devoir d’alerter sur la nécessité, si ce n’est de limiter les populations du grand cormoran, de réaliser des tirs permettant l’effarouchement et la dispersion des colonies d’oiseaux

  •  Avis Défavorable. POUR la régulation renforcée !, le 11 août 2022 à 13h54

    Il faut continuer de réguler la population de ces prédateurs invasifs.
    Les avis hostiles à la régulation émanent :<br class="manualbr" />soit de personnes qui ne connaissent pas la nature et argumentent avec des poncifs vagues et déconnectés du genre "Laissons faire la Nature, elle sait ce qu’elle fait, l’homme est responsable de tout…"<br class="manualbr" />soit de parties partisanes (Ecologistes, LPO) qui attendent des mesures "scientifiques" sur l’impact "réel" sur les populations de poissons, populations très difficiles à évaluer. Il suffit pourtant de multiplier le nombre croissant de ces oiseaux (sans prédateur) par le grammage quotidien de poissons ingurgités (sans compter ceux blessés qui vont mourir sans profit pour personne) pour avoir une idée assez nette de l’impact de cette prédation.
    Pour ces (soit-disant) écologistes et LPO, la fameuse biodiversité qu’ils brandissent sans cesse s’arrête à la surface de l’eau. Tous les acteurs de terrain sont pour la régulation et ce n’est pas en laissant cette population d’oiseaux croître sans cesse que le dérèglement climatique sera stoppé.

  •  Tir du cormoran , le 11 août 2022 à 13h46

    Je suis pour la régulation de cette espèce qui cause d’importants dégâts sur la biodiversité sur les couvées d’oiseaux migrateurs tels que les canards et oies. Mais aussi sur les piscicultures qui pour eux est un vrai fléau ainsi que les hérons.

  •  régulation du grand cormoran : une véritable nécessité, le 11 août 2022 à 13h37

    la Fédération pour la pêche et la protection du milieu aquatique des Alpes Maritimes, désire attitrer cotre attention sur le contexte particulier de ce département. En octobre 2020 , les vallées de la Roya, Vésubie et Tinée, ont été largement impactées voire totalement détruites par la tempête Alex. les populations piscicoles dans ce contexte sont très faible et la reconstruction de nos populations va être longue et compliquée. Si dans ce contexte il n’est pas possible à minima de protéger les surfaces de frayères et les géniteurs, nous n’arriveront jamais à retrouver une population piscicole durable. En dehors de toute l’argumentation technique et biologique que long peut lire sur les posts précédents, le contexte Alpes maritimes suite à la tempête Alex et véritablement déjà au plus mal en ce qui concerne les populations piscicoles.

  •  Un choix entre cormorans et filière piscicole aquacole - Le SYPOVE éclaire les débats - AVIS TRÈS DE FAVORABLE, le 11 août 2022 à 13h08

    Mesdames, Messieurs,

    Vous souhaitez collecter les observations du public dans le cadre d’un projet de décret fixant les plafonds départementaux dans les limites desquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant les grands cormorans (phalocrocorax carbo sinensis) pour la période 2022-2025 et le SYPOVE répond à cette requête.

    Cette démarche apporte plusieurs insatisfactions majeures.

    A Tout d’abord sur la forme :

    Il faut impérativement noter que
    1 La consultation se déroule en période estivale pour limiter au maximum les remontées envers les pouvoirs publics à l’initiative de la manœuvre. Ce n’est pas raisonnable pour une activité démocratique digne de ce nom et respectueuse des citoyens,

    2 Le rapport Marion qui sert de base, ne s’avère pas exhaustif car il ne prend pas en compte les grands cormorans migrateurs apportant, également, des impacts très significatifs sur le sanitaire des élevages aviaires.

    3 Le monde de la pisciculture réagit sur la prédation dévastatrice des grands cormorans sur les productions piscicoles qui se sont réduites de 50 % en 20 ans alors que corrélativement les importations actuelles se montent à 80 % des besoins de consommation française. Aucune évolution perceptible n’apparaît puisque les pouvoirs publics se contentent de faire des décomptes loufoques en oubliant les priorités de salubrité et de souveraineté alimentaire de la filière piscicole alors que l’appareil productif existe.

    4 La nouvelle logique démontre l’imagination démesurée des services centraux du ministère de la transition écologique et ceux de l’agriculture pourtant porteur de la souveraineté alimentaire pour accroître les pertes d’exploitation des étangs piscicoles vu qu’un grand cormoran engloutit aux environs de 600 gr de poissons par jour. Parallèlement, le système organise la création du garde-manger des grands cormorans aux détriments des pisciculteurs professionnels et patrimoniaux. Le tout se fait sans la moindre indemnité compensatrice.

    B Ensuite sur le Fond :

    A ce niveau, l’analyse apporte de multiples questionnements de cohérence de l’application des politiques publiques nationales et européennes.

    1 La portée de la réduction des dérogations de prélèvements :
    L’avis du CNPN du 05 juillet 2022 ne manque pas de surprendre mais, malgré tout, sert de justificatif à la régression drastique issue de critères dogmatiques des prélèvements de grands cormorans.

    Les dérogations réglementaires passeraient de 50 283 unités à seulement 27 892 unités soit une baisse de 22 391 unités cad une minoration de 44, 5 %.

    L’impact en pertes directes de productivité se calcule très rapidement à savoir 0,6 kg x 22 391 x 365 jours soit 4 903 629 kg soit 4 903 tonnes pour une perte sèche avec un prix moyen de 5 euros/ kg de 24 518 145 donc d’environ 24, 5 millions d’euros par an.

    Mais ce décompte ponctuel se limite aux grands cormorans nicheurs et exclut toute la migration significative depuis les pays nordiques pour rejoindre l’Afrique. Le préjudice global de cette règle envisagée des plafonds doit au minimum connaître une réévaluation minimale à hauteur de 50 millions d’euros par an.

    Toutefois, ce bref récapitulatif susmentionné se rattache exclusivement à la portée du différentiel décrié en matière de régulation des grands cormorans pour une espèce dont la survie n’est plus d’actualité depuis le retrait du grand cormoran de la liste 1 par la directive du 29 juillet 1997.

    En effet, une confusion de vocabulaire ou d’objectifs s’installe depuis trop longtemps. Organiser une protection pour la pérennité d’une espèce sauvage aviaire, dans le cas présent, ne peut pas s’apparenter à la création d’un fléau environnemental d’une espèce animale sauvage surreprésentée totalement hors de contrôle en France et d’ailleurs comme en Europe.

    2 Les orientations européennes :
    Cette dernière par l’intermédiaire de son parlement a ouvert une réflexion globale européenne pour endiguer cette population endémique dévastatrice de grands cormorans dont on évalue aujourd’hui une prédation minimale de 1000 tonnes par jour (source FEAP 2019) soit une perte de souveraineté alimentaire de plus de 365 000 tonnes d’une valeur marchande approximative moyenne et minimale de 1, 825 milliards d’euros par an.

    Parallèlement, l’Europe a adopté un règlement d’application directe dans chaque état membre de l’Union Européenne dit FEAMP n° 508/2014 du parlement européen et du conseil du 15 mai 2014 (cf article 5) visant à promouvoir l’aquaculture maritime et continentale qui ne peut pas être tenu en échec par les sordides décomptes de grands cormorans en France sous l’impulsion du Ministère de la Transition Écologique (MTE) – Direction de l’Eau et de la Biodiversité (DEB).

    La thèse de vouloir admettre l’absence d’impacts du grand cormoran sur la pisciculture extensive continentale en eau douce s’apparente à un leurre corroboré par les études universitaires ou de chercheurs comme le rapport BOBE de 2010 conduite par une étudiante chercheuse de Sciences Politiques Paris avec le patronage de l’ITAVI et de l’INRA.

    A cela, il importe d’ajouter les dommages indirects comme les pertes de cheptel de reproducteurs sélectionnés à chaque pêche et les temps de vigilances pour les tirs de régulation et d’effarouchements sans parler des financements de cartouches sans aucune compensation financière des pouvoirs publics.

    De surcroît, il faut observer que les annulations contentieuses d’arrêté de dérogations spécifiques de tirs résultent des maladresses administratives des services des DDT/DDTM qui furent incapables de motiver correctement les décisions parfaitement justifiées sur le plan technique.

    3 Le grand cormoran est une espèce invasive :
    En effet, le SYPOVE doit noter, en préliminaires, que le grand cormoran comme le signale le CNPN est détecté au cours de l’année 1981 en zone continentale française ce qui correspond avec le régime administratif de protection mené par les instances européennes au travers de la directive du 02 avril 1979. La chronologie des faits marque un lien de causalité incontestable. Il s’agit bien de l’articulation portant fait générateur de l’arrivée du grand cormoran et de ses conséquences dramatiques pour la filière piscicole continentale en France.

    Simultanément, la production piscicole métropolitaine s’étiole au fil des ans avec une réduction spectaculaire et négative de 12 000 tonnes à 6000 tonnes en 20 ans comme le note la Fédération Française de l’Aquaculture.

    Au lieu de tendre vers la souveraineté alimentaire initiée par les politiques publiques, se dégage, au contraire, une dépendance dangereuse au niveau de l’économie nationale.

    Ensuite, ce même document de l’instance consultative apporte son lot de contradiction majeure sur les effectifs réels de grands cormorans en distinguant les deux sous espèces « carbo sinensis en zone continentale » et « carbo carbo en zone maritime » tout en reconnaissant l’impossibilité de différenciation à l’œil nu sauf avec une mensuration technique de certains organes dans la main avec un animal mort.

    Ce constat démontre la supercherie de la distinction affichée qui ne présente aucune preuve sérieuse objective des effectifs en question.

    Toutefois, il importe de noter que le grand cormoran demeure un animal maritime à l’origine qui a envahi les zones piscicoles continentales extensives pour assurer sa survie en raison de la raréfaction des ressources vivrières maritime liées à la croissance rapide de la population aviaire « phalocrocorax ». Le grand cormoran n’a rien à faire à l’intérieur des terres et doit recevoir la qualification d’espèce invasive en milieu terrestre.

    D’ailleurs, en Deux Sèvres, le Groupe Ornithologique des Deux Sèvres affilé à la LPO , ne recense aucun grand cormoran dans son atlas de 1995. En 2022 et depuis plusieurs années, en Poitou-Charentes Vendée, nous sommes en présence d’une véritable pandémie qui pénalise la filière piscicole extensive qui produit, et il faut le mentionner ostensiblement, un poisson de qualité sans émission de gaz à effet de serre (cf rapport 2008 de Mme Hélène Tanguy députée du Finistère). De surcroît, les étangs piscicoles constituent des puits à carbone qui luttent contre le réchauffement climatique. Tous les voyants sont donc au vert mais le dogmatisme forme un aveuglement inadmissible.

    Mais, ce contexte déplorable pose la question : Pour combien de temps encore ? Aucune entreprise économique ne peut survivre avec un coulage environnemental organisé par les pouvoirs publics de ses recettes à hauteur de plus de 50 à 60 % de la valeur marchande brute de création de richesses économiques en proximité de surcroît non délocalisable. De plus, si la pisciculture disparaît, le grand cormoran en fera autant en suivant la même voie.

    4 La population du grand cormoran hors de la maîtrise publique :
    L’avis du CNPN apporte une vérité à savoir que les tirs seraient inefficaces pour une véritable régulation sérieuse mais cet aveu fait naître une réelle confusion générale.

    Donc, en poursuivant dans ce sens, si les tirs de régulation manquent de pertinence les pouvoirs publics ne versent pas des moyens techniques réalisables pour arriver à une maîtrise des populations aviaires hors de tous contrôles sous les coups de boutoirs inconsidérés de l’administration et son incurie.

    Parallèlement, la régulation des grands cormorans se fait de manière discriminatoire par un financement privé des pisciculteurs alors que pour le loup et l’ours les pouvoirs publics managent les prélèvements grâce aux deniers publics.

    L’examen des crédits investis pour la régulation du loup mérite une attention particulière car l’engagement annuel de l’État se monte à hauteur de 30 millions d’euros pour seulement le loup soit un coût de 56 250 euros par bête prélevée comprenant une indemnisation directe de l’éleveur en général ovin.

    En résumé, vouloir préconiser une réduction des régulations ou autres procédés aboutit à un suicide collectif des faunes piscicoles et végétations terrestres et aquatiques facteur de biodiversité doublée des étangs (cf rapport SMIDAP) et des cours d’eau non domaniaux.

    Paradoxalement, l’Administration et les acteurs de l’écologie dogmatique apportent des critiques mais restent au pied du mur de la collaboration constructive pour un résultat concret et effectif.

    5 Les préoccupations sanitaires :
    Aujourd’hui, la combinaison de la présence invasive du grand cormoran avec les enjeux sanitaires de la grippe aviaire de cet animal ne fait plus de doutes car les études scientifiques internationales et les récentes catastrophes en France notamment dans l’Ouest, accompagnées d’abatage massif d’élevages avicoles de souveraineté alimentaire de la population française.

    Ces sinistres à répétition décriés, depuis trop longtemps, par le SYPOVE et restés sans approfondissement causal induisent une pénurie d’approvisionnement dans la chaîne alimentaire humaine et doivent constituer une alerte et un sérieux rappel à l’ordre des services de l’État.

    Ces derniers jours, une nouvelle infection se retrouve aux abords d’un étang piscicole deux sévrien avec une mortalité aviaire (H5N1) prouvée par l’ANSE à propos de cygnes et de hérons.

    En conclusion, il importe de formuler les revendications du SYPOVE argumentées à savoir
    • le triplement des dérogations en les portant sur les eaux closes et les eaux libres avec un pouvoir de fongibilité départemental et national
    • le soutien technique et financier de l’État avec la création d’une mission spécialisée paritaire associant les pisciculteurs professionnels et patrimoniaux
    • le décompte contradictoire des effectifs qui demeurent actuellement sous la coupe des organisations écologistes et financées par les pouvoirs publics et qui se permettent de contester l’administration elle même en dehors de toute déontologie de gestion des deniers publics,
    • une prophylaxie sanitaire afin de maîtriser les épidémies de grippe aviaire destructrice de la souveraineté alimentaire.

    C’est pourquoi, le SYPOVE émet un avis très défavorable appuyé à ce projet de décret.

    SYPOVE

  •  Arrêter idiot, le 11 août 2022 à 13h02

    Un arrêté qui condamne nos rivières
    J’espère qu’il ne passera pas !!!

  •  avis défavorable à l’arrêté , le 11 août 2022 à 12h42

    l’apron et le brochet sont des espèces protégées en danger d’extinction .Les populations de truites ,ombres et autres poissons autochtones sont en difficulté de part la situation climatique et hydrologique de ces dernières années ,ainsi qu’à cause des pollutions et des prélèvements de la ressource en eau par l’activité humaine .ainsi la régulation du grand cormoran parait être une nécessité ,de part sa très forte prédation sur les poissons , afin de conserver un certain équilibre et de protéger la biodiversité .notre rôle est peut-être de protéger ce qui peut encore l’être. bien cordialement

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