Décret relatif aux conservatoires botaniques nationaux

Consultation du 10/12/2019 au 31/12/2019 - 7 contributions

1. Objet

L’article L.414-10 du Code de l’environnement, relatif aux conservatoires botaniques nationaux, dans son dernier alinéa, prévoit qu’un décret en Conseil d’État précise ses modalités d’application. Dans la nouvelle rédaction de cet article, issue du 4° de l’article 3 de la loi n° 2019-773 du 24 juillet 2019 portant création de l’Office français de la biodiversité, il est stipulé que le décret en question « précise en particulier les missions d’intérêt général qui sont confiées par l’État aux conservatoires botaniques nationaux ».

Le présent décret est pris en application de l’article L.414-10, dans sa nouvelle rédaction. Il comporte 4 articles :

  • L’article 1er modifie le chapitre VI du Titre Ier du Livre IV de la partie réglementaire du Code de l’environnement, relatif aux conservatoires botaniques nationaux (CBN), principalement pour préciser leurs missions d’intérêt général. Il adapte également les dispositions en vigueur relatives à leur agrément, afin de tenir compte des recommandations d’une mission du Conseil général de l’environnement et du développement durable sur les CBN dont le rapport a été publié en novembre 2019.
  • Les articles 2 et 3 modifient des dispositions pour simplifier les modalités de délivrance aux CBN de dérogations au titre de la législation sur les espèces protégées, lorsqu’elles concernent des opérations réalisées dans le cadre de leurs missions d’intérêt général.
  • L’article 4 contient des dispositions transitoires.

2. Contenu

Article 1
Cet article remplace les 6 articles du chapitre VI du Titre Ier du Livre IV de la partie réglementaire du Code de l’environnement par 5 nouveaux articles, portant les numéros suivants :

R. 416-1
Cet article précise les missions d’intérêt général des CBN, en les énonçant d’une manière plus détaillée que ne le fait l’actuel article D. 416-1, et en les regroupant en cinq blocs.

R. 416-2
Cet article prévoit que les modalités d’agrément des CBN seront établies par un arrêté du ministre chargé de la protection de la nature, fixant un cahier des charges. Il précise la rédaction des actuels articles D. 416-2 et D. 416-3, en indiquant ce sur quoi portera le cahier des charges.

R. 416-3
Cet article établit la notion de territoire d’agrément du CBN, en la précisant par rapport à la rédaction de l’actuel article D. 416-4.

R. 416-4
Cet article, qui remplace l’actuel article R. 416-5, précise la durée de l’agrément (en la portant à dix ans contre cinq actuellement), le statut juridique des organismes pouvant solliciter cet agrément ainsi que les modalités de retrait de l’agrément.

R. 416-5
Cet article précise les modalités d’utilisation de la dénomination « Conservatoire botanique national » et de son identité graphique, en simplifiant la rédaction de l’actuel article D. 416-6.

Article 2
L’article 2 amende l’article R. 411-7 du code de l’environnement par l’ajout d’un alinéa supplémentaire, visant à ce que les dérogations définies au 4° de l’article L. 411-2 (dites dérogations « espèces protégées ») soient délivrées par le ministre chargé de la protection de la nature, lorsqu’elles concernent les opérations réalisées par les CBN dans le cadre de leurs missions d’intérêt général, à l’exception d’opérations de transport en vue de l’introduction de végétaux dans le milieu naturel.

Les CBN ont exprimé de longue date le souhait d’une simplification des modalités de délivrance des dérogations qu’ils sont amenés à solliciter au titre des espèces protégées pour leurs activités courantes, pouvant conduire à des opérations de prélèvement de flore protégée pour la connaissance, la recherche, la conservation.

L’article R. 411-7, dans sa rédaction actuelle, permet une simplification de procédure pour les établissements publics de l’État comme l’ONCFS ou le MNHN lorsque leurs demandes concernent des opérations conduites sur le territoire de plus de dix départements, à des fins de recherche et d’éducation : le fait que la décision soit prise par le ministre et non par le préfet de département réduit le nombre d’actes administratifs à solliciter. Or, la plupart des CBN ne sont pas éligibles à cette simplification car leur territoire d’agrément s’étend sur deux à neuf départements.

Il s’agit donc d’étendre la disposition de l’article R. 411-7 à l’ensemble des opérations courantes menées par les CBN, en excluant les opérations de transport en vue de l’introduction de végétaux dans le milieu naturel.

Cette mesure permettra de remplacer à terme une cinquantaine d’actes administratifs pris à l’échelle départementale à moins d’une dizaine d’actes.

Cet article ne modifie pas le champ de compétence respectif du CNPN et des CSRPN, qui sont consultées avant la décision de dérogation. En pratique toutefois, comme il instaure la possibilité d’une autorisation unique par CBN, dès lors que le périmètre d’un CBN concernera au moins deux régions administratives (cas le plus fréquent), l’avis sera rendu par le CNPN en lieu et place des CSRPN qui étaient concernés par chaque autorisation départementale.

Article 3
La modification apportée par l’article 2 à l’article R. 411-7 entraîne la nécessité de modifier en conséquence le décret n°97-1204 du 19 décembre 1997 pris pour l’application au ministre chargé de l’environnement du premier alinéa de l’article 2 du décret n° 97-34 du 15 janvier 1997 relatif à la déconcentration des décisions administratives individuelles, par l’ajout d’une ligne dans le tableau de l’annexe II du titre Ier de son annexe. C’est l’objet de l’article 3.

Article 4
L’article 4 établit, à titre transitoire, que les nouvelles dispositions concernant à l’agrément des CBN n’entreront en vigueur qu’à compter de la publication de l’arrêté ministériel à venir établissant les modalités d’agrément, et au plus tard le 1er janvier 2021. Les conservatoires botaniques qui ont été agréés en application de l’article R. 416-5 du code de l’environnement dans sa rédaction actuelle conserveront leur agrément jusqu’au terme de sa durée.

3. Consultations

Le CNPN examinera le texte lors de sa séance du 18 décembre 2019.
Le texte est soumis à une consultation publique du 10 au 31 décembre 2019.
Enfin, il fera l’objet d’un avis du Conseil d’État.

En application du dernier alinéa du II. de l’article L.123-19-1 du code de l’environnement, les observations du public pour cette consultation sont rendues accessibles au fur et à mesure de leur réception. Les échanges font l’objet d’une modération a priori, conformément à la Charte des débats.

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Commentaires

  •  Avis favorable à amplifier, le 20 décembre 2019 à 23h26

    Bonjour,
    Les CBNs ont une compétence reconnue dans toute la France, concernant la Flore.
    Pour cette raison, je suis favorable à ce décret qui valorise leurs compétences.
    Je proposerais même d’aller plus loin, dans le cadre de la régionalisation de la CNPN, en donnant un rôle d’expert consultatif indépendant dans chaque région. Chaque CBN couvrirait son territoire d’agrément auprès des préfectures (et de la DREAL/DDTM).
    Afin de préserver la dynamique des écosystèmes, au niveau de chaque région, les CBNs devraient tous être en mesure de soutenir et d’accompagner des filières de développement des semences sauvages et indigènes. Ils devraient également pouvoir conserver et séquencer les génotypes de la flore locale, dans le but de garder une trace de l’évolution.
    Cordialement

  •  Avis favorable - Fédération des Conservatoires d’espaces naturels, le 19 décembre 2019 à 08h04

    Au nom des Conservatoires d’espaces naturels, leur Fédération exprime un avis favorable pour ce décret. Elle souhaite que se poursuive la complémentarité entre les Conservatoires Botaniques nationaux et les conservatoires d’espaces naturels, construite depuis des décennies sur le partage de connaissance et de compétence.

  •  Bonne évolution des CBN, le 17 décembre 2019 à 08h36

    Avis très favorable à ces évolutions et à l’allongement de la durée d’agrément des CBN.

  •  AVIS FAVORABLE, le 16 décembre 2019 à 18h22

    Avis favorable, il est important de conforter le rôle des conservatoires botaniques nationaux !

  •  Protection de l’environnement , le 14 décembre 2019 à 16h40

    Les cbn ont ils leur mot à dire lorsque des chantiers sont envisagés dans un secteur où la biodiversité devrait être protégée ? Si ce n’est pas le cas il faudrait que ça le devienne. Si l’on veut réellement avoir un impact positif, le conservatoire doit pouvoir juger de l’intérêt d’une zone à protéger. Cela dit le fait de réduire les démarches est positif.

  •  Avis favorable, le 13 décembre 2019 à 12h37

    Avis très favorable à cette évolution, renforçant les missions des CBN

  •  une mission d’expertise à développer, le 11 décembre 2019 à 11h36

    Lors de nombreux travaux d’aménagements, des espèces protégées ou intéressantes peuvent être détruites. Des demandes de dérogations à ces destruction doivent être déposées. Elles s’accompagnent d’un inventaire de ces espèces. Il conviendrait notamment parce que la compétence du CNPN vient en partie d’être transférée à des structures régionales que les CBN agréés sur le territoire concerné interviennent en tant qu’expert pour le validation des inventaires d’espèces susceptibles d’être détruites et qui relèvent de leur champ d’intervention.

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