Projet d’arrêté réglementant la pêche de loisir du thon germon (Thunnus alalunga) et de l’espadon (Xiphias gladius) en Méditerranée.
Consultation du 28/05/2025 au 17/06/2025 - 332 contributions
Le présent projet d’arrêté vise à réglementer la pêche de loisir du thon germon et de l’espadon en méditerranée.
Le thon germon est une espèce de large répartition que l’on retrouve dans tous les océans et en mer Méditerranée. L’évaluation du stock réalisée en 2021 par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a conclu que le stock de thon germon en Méditerranée était surexploité. Il recommande un niveau de capture de 2.500 tonnes afin d’atteindre l’objectif de gestion de la Convention afin de permettre à la biomasse de se rétablir au niveau de B PME (estimation de biomasse du stock en production maximale équilibrée) avec une probabilité de 60% d’ici 2034. La CICTA recommande également ne de pas augmenter l’effort de pêche sur ce stock. Actuellement la pêche de loisir sur le thon germon est autorisée.
L’espadon est pêché avec le thon rouge et le thon germon dans un contexte de pêcherie mixte. L’évaluation de 2020 de la CICTA de l’espadon en Méditerranée indique que le stock est surexploité depuis le début des années 1990 en raison des prises élevées réalisées dans les années 1980 et du schéma de sélection qui capture de nombreux poissons immatures. En outre, le recrutement estimé est en baisse depuis 10 ans. Actuellement, seul le pêcher-relâcher est autorisé pour cette espèce pour la pêche de loisir .
Au niveau européen, le règlement (UE) 2025/202 du 30 janvier 2025 dispose que les captures mortes de la pêche de loisir doivent donc être imputées sur le quota national d’espadon et de thon germon en Méditerranée et sont déclarées séparément .
Au vu des quotas alloués aux pêcheurs professionnels, déjà fortement restreints pour ces deux stocks avec des mesures de gestion rigoureuses, et de l’état de la ressource, le présent projet d’arrêté vise à mener un moratoire la pêche de l’espadon et du thon germon en Méditerranée pour que la France soit en pleine conformité avec les obligations CICTA et afin de mieux contribuer à la reconstitution des stocks en allégeant la pression de pêche.
Dans le cas d’une capture accidentelle de ces deux espèces, un formulaire de déclaration (CERFA) devra être complété et transmis sous 48h à la direction de la Mer et du Littoral la plus proche.
Commentaires
Le COPERE exprime sa ferme opposition au projet d’arrêté qui vise à interdire la conservation du thon germon (Thunnus alalunga) et de l’espadon (Xiphias gladius) en Méditerranée en pêche récréative.
Cette mesure, présentée comme une réponse à des obligations internationales et à l’état des stocks halieutiques, masque en réalité une politique de gestion de la ressource volontairement discriminatoire et arbitraire, fondée sur une exclusion injustifiée des pêcheurs récréatifs au profit exclusif des intérêts des pêcheries professionnelles.
Une mesure disproportionnée, sans fondement scientifique appliqué uniquement à la pêche de loisir
Aucun élément contenu dans les recommandations de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) ne désigne la pêche de loisir comme un facteur significatif de la surexploitation du thon germon ou de l’espadon en Méditerranée. La CICTA évoque la nécessité de ne pas augmenter l’effort de pêche global, sans cibler spécifiquement la pêche récréative, dont les prélèvements sont marginaux.
Il est donc injustifiable d’imposer un moratoire absolu à la pêche de loisir sur ces espèces, alors même que :
les captures des pêcheurs plaisanciers sont faibles et souvent relâchées volontairement ;
les pêcheurs récréatifs ne commercialisent pas leurs captures ;
aucune étude scientifique spécifique n’a été produite pour évaluer l’impact réel de la pêche récréative sur les stocks de thon germon ou d’espadon.
Le COPERE rappelle que l’article 17 du règlement (UE) n°1380/2013 sur la politique commune de la pêche impose que les critères d’attribution des possibilités de pêche soient objectifs, transparents et non discriminatoires, tenant compte notamment de l’impact sur l’environnement et des contributions sociétales des différentes formes de pêche.
Le présent projet d’arrêté bafoue ces principes : il écarte sans raison les pêcheurs récréatifs, alors que leur impact est négligeable comparé à celui des flottes professionnelles, en particulier celles utilisant des engins non sélectifs.