Projet d’arrêté relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion

Consultation du 29/04/2020 au 21/05/2020 - 224 contributions

Les espèces exotiques envahissantes sont reconnues par la Convention sur la diversité biologique (CDB) comme la troisième cause de l’appauvrissement de la biodiversité mondiale. Elles sont favorisées par les perturbations et les pressions anthropiques (dégradation environnementale, commerce international, changement climatique…). Par leurs multiples impacts, elles menacent les espèces indigènes, les habitats naturels et les services rendus par les écosystèmes, mais également les activités économiques et la santé humaine.
Le droit applicable à ces espèces a connu ces dernières années des évolutions majeures.
Ainsi, le règlement (UE) n°1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes oblige, dans son article 6 § 2, les États-membres comptant des régions ultrapériphériques à adopter une « liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes dans chacune de ces régions ».
La France compte six régions ultrapériphériques, toutes situées dans les outre-mer : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, La Réunion et Saint-Martin.
Les espèces exotiques envahissantes « préoccupantes » feront l’objet des mesures prévues à l’article 7 du règlement, c’est-à-dire que leur introduction dans le milieu naturel et éventuellement, plus strictement encore, leur introduction sur le territoire national, leur transit sous surveillance douanière, leur détention, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur échange, leur mise en vente, leur vente et leur achat seront interdits.
Pour la mise en œuvre de cet article en droit français, et conformément aux articles L. 411-5 et L. 411-6 du code de l’environnement, les listes d’espèces exotiques envahissantes « préoccupantes » sont fixées par arrêté interministériel.
Ce projet de liste (espèces animales) a été élaboré par la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion, en lien étroit avec les acteurs locaux concernés. Cette démarche s’est inscrite dans le cadre des actions déjà engagées dans ce territoire pour lutter contre la présence d’espèces exotiques envahissantes : détermination des méthodes et sites de lutte, animation d’acteurs. Ce projet de liste a, avant d’être transmis au Ministère, été soumis au conseil scientifique régional du patrimoine naturel.
La présente liste concerne les espèces réglementées au titre de l’article L.411-6 du code de l’environnement, à savoir celles qui sont interdites d’introduction dans le milieu naturel, d’importation sur le territoire de La Réunion, de détention, de transport, d’utilisation, d’achat, de vente, d’échange.

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Commentaires

  •  SREPEN-RNE favorable à l’arrêté, le 19 mai 2020 à 09h55

    Concernant l’Arrêté relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion – interdiction de toutes activités portant sur des spécimens vivants
    L’année 2020. Marquera une étape importante dans la préservation de notre patrimoine naturel, enfin. Un arrêté attendu depuis de nombreuses années par tous ceux qui se préoccupent de la préservation des espèces animales qui se sont installées naturellement à La Réunion (indigènes et endémiques) mais qui au fil des ans ont pratiquement disparu.
    Ce monde est fragile et des menaces permanentes pèsent régulièrement avec la transformation des milieux, la pression anthropique, les effets du changement climatique. En remplaçant les espèces indigènes et endémiques par des espèces introduites nous provoquons une perte considérable de la biodiversité.
    Un début : le 12 Mai 1671. Une ordonnance royale vise à protéger les tortues terrestres. Que reste-t-il aujourd’hui de tous ces animaux qui vivaient sur l’île au XVIIè siècle ? Comment était réellement le Solitaire ? Car nous n’avons pas eu de DODO à La Réunion !!!
    Les arrêtés spécifiques de protection n’ont pas empêché la disparition ou la menace d’extinction de nombreuses espèces animales. Toutefois les étapes de lutte pour la conservation de la biodiversité à La Réunion se sont appuyées pour la protection des biotopes, essentiels à la survie de certaines espèces animales et végétales sur des arrêtés nationaux et locaux dont les arrêtés préfectoraux : arrêtés de protection des biotopes (APPB).
    Art/R 411-15/code de l’environnement, les APPB ont été des éléments fondamentaux de la politique de protection des espèces et des habitats à la Réunion.
    Il s’agit de :
    •l’APPB de Petite-Ile (commune Petit-Ile), 1986 : préserver l’habitat des espèces d’oiseaux marins nichant sur cet îlot (action SREPEN Harry Gruchet)
    •l’APPB du Bras de la Plaine (commune du Tampon), 2006 : préserver l’habitat du Pétrel noir de Bourbon (Pseudobulweria aterrima) ;
    •l’APPB de la Pandanaie (commune de la Plaine des Palmistes et de Saint-Benoit), (action SREPEN), 2011 : protéger une zone humide dominée par le Vacoas des Hauts (Pandanus montanus) endémique de La Réunion. Habitat unique au monde, cette spécificité confère à La Réunion une responsabilité particulière.
    L’outre-mer français dont La Réunion est référencée parmi les 34 points chauds de la biodiversité mondiale. Pour autant, La Réunion n’avait jamais fait l’objet jusqu’en 2009-2010 d’une évaluation en propre de ses espèces menacées.
    En France, depuis 2007, l’UICN s’est associée avec le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) pour réviser la « liste rouge des espèces menacées ». Cette démarche valable pour l’outremer, a débuté par La Réunion.
    Rappelons que la SREPEN est membre de l’UICN international depuis sa création en 1971 et qu’elle a fait appel à l’UICN pour la mise en réserve de nos forêts (réservoir de biodiversité) et l’arrêt de la commercialisation de la tortue verte (chélonia mydas).
    L’UICN et le MNHN, des experts nationaux et locaux ont élaboré en 2009 et en 2010 à La Réunion la liste rouge des espèces menacées.
    •La liste rouge des espèces végétales menacées (format pdf - 1.8 Mo - 05/02/2013)
    •La liste rouge des espèces animales menacées (format pdf - 1.5 Mo - 05/02/2013)
    Cf. http://www.uicn.fr/-Especes-menacees-.html
    Constatons que la route est longue avant que ne soient entendus et écoutés, face aux lobbies, les scientifiques, les naturalistes, les passionnés de nature engagés dans la sauvegarde d’un patrimoine unique qui ne nous appartient pas.
    Malgré la classification de l’UICN, les menaces perdurent. Parmi les animaux naturalisés certains sont redoutables pour la survie d’espèces endémiques sans défense (Tuit-tuit, Pétrels).
    Des espèces exotiques de vertébrés inscrites sur la liste établie par l’UICN des 100 espèces figurant parmi les plus envahissants au monde ont été observées en semi-liberté ou en milieu naturel par des scientifiques et des naturalistes réunionnais confirmés (NOI, SEOR, ONCFS, ARDA) et ceci malgré l’affirmation des détenteurs d’espèces exotiques de leur capacité de gestion.
    Les espèces introduites peuvent causer de graves préjudices aux écosystèmes comme aux cultures et au bétail, perturber l’écologie locale, porter atteinte à la santé humaine (animal porteur de virus, zoonoses) et avoir des répercussions économiques importantes (ver blanc).
    En 1989, il a été proposé d’introduire plus de 2000 Travailleurs khéléas (oiseaux d’Afrique, plus terrible que l’oiseau bellier) car certains regrettaient la pauvreté de La Réunion en population d’oiseaux !!
    En 1970. Des touristes en provenance de l’île Maurice ont introduit le bulbul orphée (merle Maurice) !!
    Remercions l’Europe qui impose enfin par cet arrêté une protection majeure au niveau des RUP, soulignons que La Réunion est une des régions au monde où le taux d’extinction des espèces animales est des plus importants.
    Ainsi, le règlement (UE) n°1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes oblige, dans son article 6 § 2, les États-membres comptant des régions ultrapériphériques à adopter une « liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes dans chacune de ces régions ».
    Le principe de précaution instauré par cet arrêté est de rigueur, nous devons rester vigilants.
    Cet arrêté permettra de conforter les mesures ponctuelles de protection (PNA, APPB, réserves naturelles) à La Réunion et d’envisager, enfin, une gestion globale par un contrôle efficace aux entrées sur le territoire de La Réunion (information et réel contrôle des passagers et des marchandises, formation des intervenants, douane, Aéroport, Grand port Maritime)
    Aujourd’hui il existe encore des introductions non contrôlées à l’aéroport et au port. Pourquoi n’appliquerions-nous pas les mêmes règles strictes que nos voisins anglo-saxons de la Zone intertropicale (Australie, Nouvelle-Zélande) ???
    Les principales voies d’introduction des EE sont directement ou indirectement associées au commerce. Le développement rapide des activités commerciales et des transports augmente le risque d’introduction d’EE, tandis que les contraintes exercées sur l’environnement et notamment l’augmentation des concentrations de CO2, la hausse des températures, le dépôt accru d’azote, la modification des régimes de perturbation et la dégradation des habitats favorisent leur propagation.
    Comment enrayer l’érosion de la biodiversité à La Réunion sinon prendre un arrêté interministériel spécifique au Territoire réunionnais et imposé par une directive de l’Europe qui apporte une reconnaissance à la richesse de la Biodiversité de La Réunion, d’un DOM faisant partie de l’ensemble communautaire - DOM/RUP/EUROPE.
    Cet arrêté vient en outre conforter les engagements locaux comme la Stratégie Réunionnaise pour la Biodiversité dont le programme 2013-2020 est en pleine exécution. En particulier l’Axe 5
    Axe 5 - Mise en œuvre de la stratégie de lutte contre les espèces invasives
    A titre d’information :
    Ces travaux rassemblent de manière collégiale institutions et représentants des citoyens de La Réunion, et ne s’inscrivent pas dans « un imaginaire débridé… ». C‘est le travail des réunionnais (des bénévoles) pour leur île
    « Une plaquette de synthèse présentant succinctement la Stratégie Réunionnaise pour la Biodiversité 2013-2020, à destination du grand public, est disponible : Plaquette_SRB_2013-2020_-_juin_2015 (format pdf - 2 Mo - 05/08/2015) Cf site. DEAL Réunion
    Toutes ces stratégies réunionnaises trouveront leur aboutissement dans cet arrêté initié par l’Europe suite au règlement européen n° 1143/2014 du 22 octobre 2014, relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, qui a été transcrit en droit français par : la loi Biodiversité du 8 août 2016.
    La SREPEN aura attendu près d’un demi-siècle (2020-1971/49 ans de combat de bénévole) pour enfin voir aboutir une demande sans cesse renouvelée auprès de l’Etat. Ne ratons pas cette opportunité.
    En conclusion, la SREPEN est favorable à cet arrêté qui constitue une avancée juridique considérable pour la protection de la biodiversité réunionnaise tout en restant vigilants sur les accompagnements nécessaires des acteurs chargés de l’application de cette réglementation.

  •  Avis défavorable , le 19 mai 2020 à 09h43

    Sur quelles études ornithologique vs basez vs pour vouloir nous imposer de telles restrictions??
    En tant que passionnée d’oiseaux et non éleveuse, je n’adhère pas du tt à ce projet.
    Le plus choquant cest que nous devrions exterminer nos petites boules de plumes si ds l’espace d1 ans nous ne trouvons pas de capactaire pour le reprendre car selon ce texte il est plus apte que nous a sen occuper et est le seul a pouvoir en détenir faute de pouvoir les expédier hors reunion
    arrêtez de pondre des textes merdiques à tt bout champ , il y a dautres pblèmes plus important sur lile a prendre en considération

    Texte absurde, interdiction pour 1 seul département NOUS REUIONNAIS.

  •  OUI à la réglementation, le 19 mai 2020 à 09h15

    Enfin une avancée positive dans la lutte contre la diffusion des espèces
    exotiques
    envahissantes qui constitue un risque de destruction majeure des espèces dans
    les écosystèmes insulaires (particulièrement ceux des îles océaniques),
    infiniment plus sensibles aux invasions biologiques. C’est pourquoi ils doivent
    faire l’objet d’une
    législation appropriée en matière d’importations d’espèces. Si
    l’outre-mer français (à l’exception de la Guyane) est de loin beaucoup
    plus touché par ce problème que la Métropole, la Réunion arrive en
    tête des DOM-TOM, devant la Polynésie, et loin devant la Nlle-Calédonie
    ou les Antilles, quant à la gravité du problème.
    Je ne parlerai pas des espèces invasives animales introduites de longue
    date alors que l’on méconnaissait leur impact sur la biodiversité. Ne
    mentionnons que les animaux qui se sont acclimatés ces 2 ou 3 dernières
    décennies alors que l’on avait déjà une bonne appréciation de ces
    dangers : Travailleur à bec rouge, tortue de Floride, Pleco (poisson
    nettoyeur), Pomacea (escargot aquatique considéré comme une des espèces
    les plus invasives au Monde) et je ne parle que des plus nocives. Sans
    compter les nombreux oiseaux et autres animaux que l’on rencontre çà et
    là depuis une vingtaine d’année et qui fort heureusement n’ont pas
    réussi, pour l’instant à s’acclimater (furets, écureuils, divers
    reptiles…). Les éleveurs "sérieux" ne s’amusent pas bien sûr à
    relâcher volontairement dans la nature les animaux qu’ils possèdent, mais
    sont-ils pour autant à l’abri d’un accident. J’ai durant 20 ans habité
    près d’un parc et y ai observé une bonne douzaine d’espèces de perruches
    et perroquets échappés de cage, dont un ara bleu foncé (s.d. un ara
    hyacinthe) ; je doute fort que le propriétaire d’un tel oiseau, d’un prix
    fort élevé (protégé d’ailleurs), l’ait laissé volontairement
    s’échapper.
    J’ajouterai que cet arrêté résulte d’un travail de longue durée, élaboré par des
    acteurs locaux, possédant une bonne
    connaissance des milieux naturels de la Réunion, des menaces qui pèsent dessus
    et des enjeux de leur conservation.
    La Nlle-Zélande et l’Australie, pays énormément confrontés au problème des
    espèces invasives, ont depuis longtemps édicté des lois selon
    lesquelles tout est interdit à l’importation sauf ce qui est permis.
    Je précise par ailleurs qu’il faut savoir parfois, non pas renoncer à sa
    passion, mais la limiter, quand la conservation de la biodiversité est en
    jeu.
    Les commentaires que je peux lire sur l’opposition à cet arrêté dénotent de la
    par de leurs auteurs, soit l’ignorance, mais bien souvent
    la mauvaise foi ou l’égoïsme.

    La république française ne peut garantir les libertés publiques que si elle est
    en mesure de les contrôler.

  •  On fait erreur, le 19 mai 2020 à 09h06

    Je pense qu’on réalise pas à quel point c’est absurde. C’est à chaque éleveur de prendre ses responsabilités c’est tout. Bagues obligatoire. Et créer 1 organisation capable de s’occuper de sa.

  •  Très favorable !, le 19 mai 2020 à 08h50

    Il y a longtemps qu’un tel arrêté aurait dû être pris. À quand la même chose pour les plantes de jardinerie qui envahissent nos forêts et étouffent les plantes locales?

  •  Pour ce projet d’arrêté, le 19 mai 2020 à 08h49

    Certes, il y a bien d’autres actions à mener pour protéger les écosystèmes, lutter contre les espèces invasives, etc., mais l’argument du "laissez nous vivre notre passion" et "ça va plomber l’économie de cette filière", ce ne sont pas des arguments recevables car ces passions et cette économie sont un problème.
    On peut dire ce qu’on veut, les amateurs d’oiseaux en cage, de reptiles, les aquariophiles etc., malgré leur passion sincère, restent des passionnés qui alimentent un marché lucratif, et in fine, néfaste pour la protection des biotopes. Qu’il y ait des élevages ne change rien, car il y aura toujours une partie de ces passionnés qui sera prête à tout pour obtenir l’espèce rare, la variété sauvage. Ces passions alimentent le braconnage, point. Et peu importe que les malhonnêtes ou égoïstes soient minoritaires, c’est déjà de trop pour des espèces menacées. Mon pays la Nouvelle-Calédonie se fait régulièrement piller par des collectionneurs d’espèces menacées, et je considère que tous ceux qui participent à l’engouement pour ces passions sont des complices égoïstes. Si vous aimez vraiment ces animaux étudiez les mais arrêtez de vouloir les posséder de façon égoïste. La biodiversité ne se possède pas.

  •  Favorable, le 19 mai 2020 à 08h42

    Pour préserver la biodiversité

  •  Avis Défavorable , le 19 mai 2020 à 08h33

    La liste des espèce concernés est injustifiée et vraiment trop restrictive. Il y a beaucoup de passionné qui font évoluer leur aquarium ou autre espace au fur et a mesure des moyen et du temps.Cette liste est énorme , le problème c’est l’homme et non ces espèces, trouvé autre chose que cette énorme liste restrictive.

  •  Avis favorable, le 19 mai 2020 à 08h26

    Aucune liste n’est parfaite. Mais c’est un premier pas important. Arrêtons d’introduire des espèces exotiques sur un territoire déjà extrêmement fragilisé par les EEE. On a déjà fort à faire dans la lutte contre celles-ci !

  •  Avis défavorable, le 19 mai 2020 à 08h25

    Bonjour,
    Je suis très sensible à la préservation des écosystèmes exceptionnels de La Réunion. Face au déclin des espaces "naturels" et au développement des espèces invasives, les rivières réunionnaises montrent un appauvrissement marqué de leur diversité animale et végétale.
    Dans ce contexte, des mesures visant à limiter l’impact des EEE (espèces exotiques envahissantes) est une priorité.
    Dans ce contexte, limiter l’introduction d’espèces animales aquatiques est tout à fait légitime.
    Pour autant, il existe suffisamment de données scientifiques robustes quant aux potentialités invasives des espèces aquatiques. Or, le choix délibéré d’interdire des familles pose problème sur la méthodologie utilisée.
    En tant que vétérinaire et biologiste des populations, je propose une évaluation du risque espèce par espèce, d’évaluer la probabilité d’introduction, d’établissement, d’expansion et d’impacts biologiques. Cela permettrait de hiérarchiser les risques inhérents et ainsi de pouvoir facilement justifier le choix des espèces à interdir.
    Enfin, dans ce type de travaux de hiérarchisation des risques il ne faut jamais exclure les impacts sociologiques. En effet, l’aquariophilie est un hobby très apprécié des réunionnais, soit pour des raisons esthétiques (aquascaping) ou encore des passionnés de biologie qui essayent de maintenir des espèces plutôt rares dans les meilleures conditions possibles.
    C’est pourquoi je ne suis pas d’accord avec la proposition qui est actuellement faite et qui doit être rediscutée très rapidement.
    Cordialement,

  •  Contre , le 19 mai 2020 à 08h05

    Un arrêté qui semble totalement dénué de sens. Les espèces ciblées interdites d’importation sont pour beaucoup domestiques, et aucune étude, aucun rapport scientifique pour justifier ceci.
    Les intervenants à l’origine du projet de cet arrêté manquent assurément de discernement et se trouvent bien éloignés de la réalité du terrain insulaire de La Réunion.

  •  Avis très favorable, le 19 mai 2020 à 07h51

    Très favorable au renfort de la réglementation sur l’introduction des espèces exotiques envahissantes sur le territoire de la Réunion.
    L’aspect préventif de cet arrêté permettra de diminuer les risques d’introduction de nouvelles espèces et de limiter les actions de lutte qui y seront liées. Une fois naturalisées, les espèces exotiques envahissantes nécessitent la mise en place de moyens colossaux pour stopper leur propagation et rétablir écologiquement le milieu.

  •  Favorable, le 19 mai 2020 à 07h24

    Les animaux introduits et naturalisés peuvent faire beaucoup de dégâts dans la nature, et mettre en péril les espèces endémiques de la Réunion. Il est très difficile d’éradiquer des animaux une fois qu’ils sont installés dans le milieu naturel : évitons l’introduction d’espèces potentiellement envahissantes.

  •  favorable, le 19 mai 2020 à 07h00

    je trouve qu’il est dejà presque trop tard pour notre biodiversité à la Réunion !
    impossible maintenant d’éradiquer les précedentes espèces introduites…

  •  Défavorable, le 19 mai 2020 à 06h20

    "le règlement (UE) n° 1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes oblige, dans son article 6 § 2, les États-membres comptant des régions ultrapériphériques à adopter une liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes dans chacune de ces régions."
    Ce qui est fondamental à retenir d’un point de vue juridique, c’est que selon article 288 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, le règlement présente des caractéristiques qui lui sont propres et qui sont différentes des autres actes (directives, décisions, recommandations ou avis / classification issue du traité de Lisbonne de 2007) : Il est une norme précise qui se suffit à̀ elle-même.
    Le règlement est, en particulier, très différent de la directive qui lie tout Etat membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à̀ la forme et aux moyens.
    Ce projet n’est donc absolument pas conforme au règlement n° 1143/2014 du 22 octobre 2014. En effet, dans le projet actuel, on évoque quasi-systématiquement des classes, des ordres, des familles ou genres et non une liste précise d’espèces comme stipulé expressément dans le règlement européen. Si on inverse les choses, cela revient, dans les faits, à faire une liste positive avec le peu d’espèces restantes. Il nous semble que ça n’est pas ce qui est demandé.
    Même si le règlement n° 1143/2014 considère que « les espèces faisant partie d’un même groupe taxinomique ont souvent des exigences écologiques similaires et peuvent présenter des risques similaires, il convient, le cas échéant, d’autoriser l’inscription de groupes taxinomiques d’espèces sur la liste de l’Union. », ce principe ne peut pas s’appliquer au niveau de la classe ou de l’ordre, très rarement au niveau de la famille et rarement au niveau du genre qui regroupe des espèces qui ont souvent des besoins très différents.
    Prenons l’exemple de l’ordre des squamates ou squamata (10 078 espèces !), nous avons des espèces de lézards ou de serpents qui vivent dans des milieux désertiques, humides ou tempérées. En terme alimentaire, certaines sont herbivores, d’autres insectivores (certains serpents le sont) ou carnivores, là aussi avec des préférences alimentaires très différentes (petits mammifères, oiseaux, lézards, escargots, grenouilles ou autres serpents pour les espèces ophiophages). En matière de reproduction, les besoins peuvent aussi être très différents avec une hydrométrique ou des températures très variables pour des espèces ovovivipares ou ovipares. Le seul critère du « espèces grimpant aux arbres » évoqué dans l’avis du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ne suffit pas à déterminer si une espèce est invasive et préoccupante ou pas et l’impact qu’elle peut avoir : est-elle diurne ou nocturne ? Préfère-t-elle des températures fraiches ou chaudes ? Quel est son régime alimentaire ? Est-ce une espèce prédatrice ? Que mange-t-elle ? Bien d’autres questions peuvent se poser.
    C’est pourquoi le règlement précise que : « Les critères régissant l’inscription sur la liste de l’Union constituent le principal instrument de mise en application du présent règlement. Pour garantir une utilisation efficace des ressources, ces critères devraient également garantir que, parmi les espèces exotiques envahissantes potentielles connues à ce jour, celles dont les effets néfastes sont les plus importants figureront sur la liste. La Commission devrait présenter au comité institué par le présent règlement une proposition de liste de l’Union fondée sur ces critères dans l’année suivant l’entrée en vigueur du présent règlement. Lorsqu’elle propose la liste de l’Union, la Commission devrait informer ledit comité de la manière dont elle a pris en compte ces critères. Il convient que lesdits critères comportent une évaluation des risques, conformément aux dispositions applicables en vertu des accords pertinents de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs aux restrictions touchant au commerce des espèces. »
    Autre constat, les conditions géographiques. Avec une telle diversité de biotopes et une grande différence de températures, de pluviométrie ou d’hydrométrie, il est forcément nécessaire d’être précis sur les espèces réellement envahissantes avec un caractère préoccupant et exclure les autres.
    Nous avons donc deux questions : A-t-on retenu les espèces dont les effets néfastes sont les plus importants pour la Réunion ? Sur quelle évaluation des risques s’est-on appuyé pour retenir les classes, ordres, familles et genres à interdire pour notre île ?
    Ensuite, il faut également être précis sur la définition même d’une espèce exotique envahissante préoccupante.
    Il ne faut donc par faire les choses par idéologie, mais bien en s’appuyant objectivement sur la définition claire « des espèces exotiques envahissantes préoccupantes » du règlement. A ce sujet, nous nous interrogeons : sur quelles études scientifiques propre à l’île de la Réunion s’est-on appuyé pour placer ces ordres, classes, familles ou genres entiers dans la catégorie des invasifs préoccupants ?
    Sur ce point précisément, et en effectuant des recherches sur les « espèces » mentionnées dans ce projet (base de données sur les espèces exotiques envahissantes en Outre-Mer de l’UICN / liste du Centre de ressources espèces exotiques envahissantes dont la coordination et l’animation sont assurées par l’UICN France et l’Office français de la biodiversité / site internet du GEIR (Groupe Espèces Invasives de La Réunion) / liste rouge des espèces menacées en France de l’UICN et du MNHN - faune de La Réunion / etc.), nous avons des interrogations.
    Cela confirme qu’il y a un vrai problème de fond avec ce projet qui ne s’appuie pas sur des données factuelles pourtant abondantes sur le sujet.
    Si le règlement européen oblige à établir une liste d’espèces invasives et préoccupantes avec, préférentiellement, ce niveau de détail (c’est-à-dire l’espèce), c’est qu’il y a une bonne raison. Les regroupements par classe, ordre, famille ou genre sont l’exception et non la norme. Cette raison a été comprise en France métropolitaine. Pourquoi ne le serait-elle pas dans les RUP et, plus particulièrement, à la Réunion dans le cas présent.
    Nous demandons d’éviter les surenchères inutiles, sans pour autant se jeter dans l’insouciance ou l’irresponsabilité. Comme toujours pour légiférer, il s’agit d’avoir le ton juste.
    Concrètement, il faut être plus précis et respecter le règlement européen en précisant les espèces et ne pas céder à la facilité en englobant des classes, ordre ou famille entière dont les espèces ont très peu de choses en commun.
    La sagesse voudrait que l’on retienne uniquement les espèces effectivement envahissantes comme celle-ci. Evitons d’inscrire ou de retranscrire dans ce projet une crainte hypothétique ou la peur collective pour une classe ou une famille (les reptiles, les araignées, etc.).
    En effet, le certificat de capacité peut être utilisé dans le cadre de l’application de ce règlement qui prévoit que « Grâce aux mesures prises en vertu du présent règlement, les États membres peuvent imposer des obligations aux détenteurs ou aux utilisateurs d’espèces exotiques ».
    A l’autre bout de la chaine, il nous appartient aussi d’organiser une filière de récupération de ces animaux pour éviter qu’ils ne finissent dans nos espaces naturels, même en petit nombre. Les membres du collectif Réunion biodiversité vont s’organiser en ce sens : Kensy Aquarium récupérera les poissons (poissons rouges, « pleco », cichlidés divers, etc.) auprès des particuliers qui souhaitent s’en séparer, les association Reptiles 974 et Rept’île de Bourbon se chargerons des reptiles. Il existe déjà des associations qui ont les structures adaptées pour récupérer les oiseaux exotiques.
    Nous souhaitons également mettre en avant l’une des particularités de la population réunionnaise. Celle d’avoir toujours aimé s’occuper des animaux. Cette tradition ne disparaîtra pas parce qu’on aura interdit toutes les importations d’animaux exotiques. Nous souhaitons vous alerter sur ce point car nombreux seront ceux qui irons prélever dans la nature les animaux qu’ils ne pourront plus se procurer autrement, peu importe l’espèce avec les conséquences que l’on peut imaginer sur le milieu. Pour d’autres, se sera simplement le recours au marché noir et aux trafics en tout genre. Si on veut garder un contrôle sur la vente d’animaux, il faut que l’acquisition d’espèces non invasives reste légale.
    D’un point de vue économique, le règlement européen indique, comme précisé plus haut, que « celles (les espèces) dont les effets néfastes sont les plus importants figureront sur la liste » et « Il convient que lesdits critères (de sélection des espèces) comportent une évaluation des risques, conformément aux dispositions applicables en vertu des accords pertinents de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs aux restrictions touchant au commerce des espèces ». En apportant cette précision le règlement reconnait qu’il y a toute une activité commerciale autour de la vente d’animaux de compagnie (poissons d’aquarium, oiseaux, rongeurs et reptiles), dont font partie les animaux exotiques. Nous regrettons que ce point ait été ignoré dans le projet d’arrêté concernant l’île de la Réunion. Nous ne sommes pas opposés à interdire de la vente les espèces réellement invasives avec un caractère préoccupant. Néanmoins, le choix de ces espèces doit se faire dans le cadre d’une réelle concertation et en s’appuyant sur une véritable évaluation des risques.
    Cette RUP est déjà fortement touchées par le chômage avec un taux proche de 25% et tout interdire, sans discernement, entrainerait inévitablement des fermetures d’animaleries et de grossistes avec d’importantes suppressions d’emplois. Au vu de la crise post-covid19 qui s’annonce dans tout le pays, c’est aussi un élément à prendre en compte.
    Le secteur des animaux de compagnie représente sur notre île :
    <span class="puce">- Une trentaine d’établissements (animaleries, jardineries, importateurs, grossistes et éleveurs) employant plus de 200 personnes, sans compter les emplois indirects liés à cette activité (transitaires, transporteurs, compagnies aériennes, etc.),
    <span class="puce">- Un chiffre d’affaires annuel entre 150 et 200 millions d’euros,
    <span class="puce">- Une TVA collectée pour l’Etat entre 13 et 17 millions d’euros,
    <span class="puce">- Une somme estimée entre 3 et 5 millions au titre de l’octroi de mer réinjectée dans notre économie locale.
    Nous tenons également à préciser que les grossistes et animaleries de l’île de la Réunion n’ont pas tous officiellement été conviés à participer à la phase amont de consultation du projet. De plus, le peu de professionnels présents ont fait des remarques qui n’ont pas été prises en compte. Il n’y a donc pas eu de réelle concertation globale sur le projet.
    POUR CONCLURE :
    La liste des espèces envahissantes doit être précise et porter uniquement sur des espèces clairement identifiées (aspect juridique incontournable et obligatoire). Le principe de précaution propre à la France devrait être traité par l’obligation du certificat de capacité (l’outil doit être appliqué convenablement à la Réunion).
    L’esprit de cet arrêté nous semble verser dans une mode de la peur aveugle à l’égard d’une catégorie de personnes en culpabilisant non pas les auteurs de lâchers d’espèces invasives (problématique déjà traitée par l’arrêté́ du 9 février 2018 relatif à̀ la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion), mais les possesseurs d’animaux exotiques ou de Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) dans leur ensemble. C’est omettre que la très grande majorité des possesseurs de ce type d’animaux ne sont pas des irresponsables face aux impératifs écologiques et surtout négliger que tous ne sont pas réductibles à n’être que des possesseurs de nouveaux animaux dits de compagnie, mais pour un nombre non négligeable des passionnés qui contribuent à élever des espèces rares et à accumuler des informations très importantes sur les conditions d’élevage et de maintenance. Grâce à ces passionnés des espèces peuvent être sauvées de l’oubli ou sauvées tout court (car considérées comme peu sympathique par beaucoup) et continuer d’exister autrement que dans les seuls ouvrages spécialisés.
    La conservation ex situ s’accompagne d’une participation croissante à la protection des espèces rencontrées en terrariophilie. Certains de ces éleveurs sont regroupés dans le monde associatif, par exemple au sein de l’European Studbook Foundation, la Deutsche Gesellschaft für Herpetologie und Terrarienkunde (DGHT) ou la Fédération francophone pour l’élevage et la protection des tortues (FFEPT).
    Dans l’état actuel, nous formulons un avis défavorable au texte présenté car réalisé sans concertation, ne respectant pas le cadre juridique du règlement européen,trop réducteur (simplification abusive) et inexacte quant aux espèces invasives et réellement préoccupantes
    F.R.

  •  Défavorable., le 19 mai 2020 à 05h31

    http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-relatif-a-la-prevention-de-l-a2147.html?id_rubrique=2

    Bonjour a tous amis reptiliens, j’ai eu l’infos par un contact concernant le projet d’arreté sur les especes invasives.
    Il vous suffit de cliquer sur le lien et de

    "le règlement (UE) n° 1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes oblige, dans son article 6 § 2, les États-membres comptant des régions ultrapériphériques à adopter une liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes dans chacune de ces régions."
    Ce qui est fondamental à retenir d’un point de vue juridique, c’est que selon article 288 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, le règlement présente des caractéristiques qui lui sont propres et qui sont différentes des autres actes (directives, décisions, recommandations ou avis / classification issue du traité de Lisbonne de 2007) : Il est une norme précise qui se suffit à̀ elle-même.
    Le règlement est, en particulier, très différent de la directive qui lie tout Etat membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à̀ la forme et aux moyens.

    Ce projet n’est donc absolument pas conforme au règlement n° 1143/2014 du 22 octobre 2014. En effet, dans le projet actuel, on évoque quasi-systématiquement des classes, des ordres, des familles ou genres et non une liste précise d’espèces comme stipulé expressément dans le règlement européen. Si on inverse les choses, cela revient, dans les faits, à faire une liste positive avec le peu d’espèces restantes. Il nous semble que ça n’est pas ce qui est demandé.

    Même si le règlement n° 1143/2014 considère que « les espèces faisant partie d’un même groupe taxinomique ont souvent des exigences écologiques similaires et peuvent présenter des risques similaires, il convient, le cas échéant, d’autoriser l’inscription de groupes taxinomiques d’espèces sur la liste de l’Union. », ce principe ne peut pas s’appliquer au niveau de la classe ou de l’ordre, très rarement au niveau de la famille et rarement au niveau du genre qui regroupe des espèces qui ont souvent des besoins très différents.

    Prenons l’exemple de l’ordre des squamates ou squamata (10 078 espèces !), nous avons des espèces de lézards ou de serpents qui vivent dans des milieux désertiques, humides ou tempérées. En terme alimentaire, certaines sont herbivores, d’autres insectivores (certains serpents le sont) ou carnivores, là aussi avec des préférences alimentaires très différentes (petits mammifères, oiseaux, lézards, escargots, grenouilles ou autres serpents pour les espèces ophiophages). En matière de reproduction, les besoins peuvent aussi être très différents avec une hydrométrique ou des températures très variables pour des espèces ovovivipares ou ovipares. Le seul critère du « espèces grimpant aux arbres » évoqué dans l’avis du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ne suffit pas à déterminer si une espèce est invasive et préoccupante ou pas et l’impact qu’elle peut avoir : est-elle diurne ou nocturne ? Préfère-t-elle des températures fraiches ou chaudes ? Quel est son régime alimentaire ? Est-ce une espèce prédatrice ? Que mange-t-elle ? Bien d’autres questions peuvent se poser.

    C’est pourquoi le règlement précise que : « Les critères régissant l’inscription sur la liste de l’Union constituent le principal instrument de mise en application du présent règlement. Pour garantir une utilisation efficace des ressources, ces critères devraient également garantir que, parmi les espèces exotiques envahissantes potentielles connues à ce jour, celles dont les effets néfastes sont les plus importants figureront sur la liste. La Commission devrait présenter au comité institué par le présent règlement une proposition de liste de l’Union fondée sur ces critères dans l’année suivant l’entrée en vigueur du présent règlement. Lorsqu’elle propose la liste de l’Union, la Commission devrait informer ledit comité de la manière dont elle a pris en compte ces critères. Il convient que lesdits critères comportent une évaluation des risques, conformément aux dispositions applicables en vertu des accords pertinents de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs aux restrictions touchant au commerce des espèces. »

    Autre constat, les conditions géographiques (multitude de milieux différents en fonction de l’altitude), climatiques (été chaud et hiver plus froid qu’en région équatoriale avec des remontées froides de l’antarctique), hydrologiques (quasi-totalité des rivières à sec durant l’année sauf durant les cyclones ou le débit peut être très violant) et physicochimiques de l’eau de l’île de la Réunion (étangs en bord de mer avec des remontées salines rendant l’eau fortement minéralisée) ne permettent pas à l’ensembles des espèces des classes, ordres, familles et genres mentionnés dans le projet d’arrêté de pouvoir prospérer sur ce territoire. Avec une telle diversité de biotopes et une grande différence de températures, de pluviométrie ou d’hydrométrie, il est forcément nécessaire d’être précis sur les espèces réellement envahissantes avec un caractère préoccupant et exclure les autres.

    Nous avons donc deux questions : A-t-on retenu les espèces dont les effets néfastes sont les plus importants pour la Réunion ? Sur quelle évaluation des risques s’est-on appuyé pour retenir les classes, ordres, familles et genres à interdire pour notre île ?

    Il est à noter que dans l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain, il est fait mention, en annexe, d’une liste d’espèces clairement identifiées. Les seules exceptions portent sur les genres de tortue Chrysemys spp, Clemmys spp, Graptemys spp, Pseudemys spp et Trachemys spp, même si on mentionne aussi l’espèce Trachemys scripta, et la famille des Sciuridae. Ces regroupements sont sans doute justifiés par des études scientifiques (elles sont nombreuses pour les tortues dites « de Floride »). Pour le reste, il faudrait procéder selon le même principe pour le projet concernant l’île de la Réunion. La règle reste l’espèce et les regroupements taxonomiques l’exception.

    Ensuite, il faut également être précis sur la définition même d’une espèce exotique envahissante préoccupante.

    Selon la définition du règlement n° 1143/2014 qui a une valeur normative, une espèce exotique envahissante préoccupante pour un État membre est « une espèce exotique envahissante autre que les espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union, pour laquelle un État membre considère, en s’appuyant sur des données scientifiques, que les effets néfastes de sa libération et de sa propagation, même s’ils ne sont pas pleinement démontrés, sont lourds de conséquences pour son territoire, ou une partie de celui-ci, et requièrent une action au niveau de l’État membre concerné ».

    Il ne faut donc par faire les choses par idéologie, mais bien en s’appuyant objectivement sur la définition claire « des espèces exotiques envahissantes préoccupantes » du règlement. A ce sujet, nous nous interrogeons : sur quelles études scientifiques propre à l’île de la Réunion s’est-on appuyé pour placer ces ordres, classes, familles ou genres entiers dans la catégorie des invasifs préoccupants ?
    Sur ce point précisément, et en effectuant des recherches sur les « espèces » mentionnées dans ce projet (base de données sur les espèces exotiques envahissantes en Outre-Mer de l’UICN / liste du Centre de ressources espèces exotiques envahissantes dont la coordination et l’animation sont assurées par l’UICN France et l’Office français de la biodiversité / site internet du GEIR (Groupe Espèces Invasives de La Réunion) / liste rouge des espèces menacées en France de l’UICN et du MNHN - faune de La Réunion / etc.), nous avons des interrogations.

    En effet, impossible de trouver une quelconque information sur le caractère invasif et préoccupant à la Réunion d’une famille de poisson d’eau douce comme les Characidae (1 122 espèces dont 300 régulièrement commercialisées et jamais observées dans les eaux réunionnaises) ou les Aplocheilidae. C’est la même chose pour la plupart des autres familles…

    Autre cas incompréhensible pour l’ordre des Pelecaniformes (les pélicans), L’espèce Pelecanus rufescens
    (nous ne savons pas s’il s’agit bien de celle-ci puisque nous n’avons aucune précision dans le projet d’arrêté) a été observée, selon nos sources, de manière exceptionnelle à l’île de la Réunion (au moins une donnée fiable en 1997) (Putelat, Probst & Lépissier, 1998). L’individu repéré est venu par ses propres moyens, probablement à partir de populations naturelles de Madagascar. Dans ce cas, nous ne sommes absolument pas dans le cas d’une espèce invasive introduite par l’homme puisque l’espèce est venue par ses propres moyens, et nous sommes encore moins dans le cas d’une invasion préoccupante car le dernier cas d’observation fiable porte sur un seul individu, il y a 23 ans.

    Cela confirme qu’il y a un vrai problème de fond avec ce projet qui ne s’appuie pas sur des données factuelles pourtant abondantes sur le sujet.

    Si le règlement européen oblige à établir une liste d’espèces invasives et préoccupantes avec, préférentiellement, ce niveau de détail (c’est-à-dire l’espèce), c’est qu’il y a une bonne raison. Les regroupements par classe, ordre, famille ou genre sont l’exception et non la norme. Cette raison a été comprise en France métropolitaine. Pourquoi ne le serait-elle pas dans les RUP et, plus particulièrement, à la Réunion dans le cas présent.

    Nous demandons d’éviter les surenchères inutiles, sans pour autant se jeter dans l’insouciance ou l’irresponsabilité. Comme toujours pour légiférer, il s’agit d’avoir le ton juste.

    Concrètement, il faut être plus précis et respecter le règlement européen en précisant les espèces et ne pas céder à la facilité en englobant des classes, ordre ou famille entière dont les espèces ont très peu de choses en commun.

    Un autre exemple : la crevette Neocaridina heteropoda var. Red a été observée en 2018 dans la Rivière du Mât (l’une des rares rivières en eau toute l’année), ayant probablement été lâchée dans la nature. La population observée était très importante. Dans ce cas, pas de problème car cette espèce correspond bien à la définition. Mais alors, il faut bien mentionner l’espèce « Neocaridina heteropoda » dans l’arrêté et pas autre chose.

    La sagesse voudrait que l’on retienne uniquement les espèces effectivement envahissantes comme celle-ci. Evitons d’inscrire ou de retranscrire dans ce projet une crainte hypothétique ou la peur collective pour une classe ou une famille (les reptiles, les araignées, etc.).

    A l’inverse du cas de Neocaridina heteropoda, le fait de retrouver 4 spécimens de telle espèce, ou pire, de tel genre dans l’année ne constitue pas un caractère envahissant préoccupant même si les médias peuvent s’en émouvoir. Il s’agit souvent d’abandons par des propriétaires dépassés qu’il est possible d’éviter en exigeant le certificat de capacité dans les RUP pour les espèces et genres demandant certaines connaissances particulières. On supprime ainsi les achats impulsifs et irréfléchis d’un animal dont on ignore tout. Il est à noter que beaucoup de dispositions existent déjà dans l’arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non-domestiques. Les choses vont plutôt dans le bon sens. Encore faut-il que ceux qui passent leur certificat de capacité à la Réunion ne soient pas plus limité en termes d’espèces que ceux qui le passent en métropole.

    En effet, le certificat de capacité peut être utilisé dans le cadre de l’application de ce règlement qui prévoit que « Grâce aux mesures prises en vertu du présent règlement, les États membres peuvent imposer des obligations aux détenteurs ou aux utilisateurs d’espèces exotiques ».

    A l’autre bout de la chaine, il nous appartient aussi d’organiser une filière de récupération de ces animaux pour éviter qu’ils ne finissent dans nos espaces naturels, même en petit nombre. Les membres du collectif Réunion biodiversité vont s’organiser en ce sens : Kensy Aquarium récupérera les poissons (poissons rouges, « pleco », cichlidés divers, etc.) auprès des particuliers qui souhaitent s’en séparer, les associations Reptiles 974 et Rept’île de Bourbon se chargeront des reptiles. Il existe déjà des associations qui ont les structures adaptées pour récupérer les oiseaux exotiques.

    Nous souhaitons également mettre en avant l’une des particularités de la population réunionnaise. Celle d’avoir toujours aimé s’occuper des animaux. Cette tradition ne disparaîtra pas parce qu’on aura interdit toutes les importations d’animaux exotiques. Nous souhaitons vous alerter sur ce point car nombreux seront ceux qui irons prélever dans la nature les animaux qu’ils ne pourront plus se procurer autrement, peu importe l’espèce : oiseaux (bec rose, Cardinal, espèces endémiques), poissons (guppy, bouche ronde, etc.) et reptiles (lézards verts/Phelsuma endémiques ou non) avec les conséquences que l’on peut imaginer sur le milieu. Pour d’autres, se sera simplement le recours au marché noir et aux trafics en tout genre. Si on veut garder un contrôle sur la vente d’animaux, il faut que l’acquisition d’espèces non invasives reste légale.

    D’un point de vue économique, le règlement européen indique, comme précisé plus haut, que « celles (les espèces) dont les effets néfastes sont les plus importants figureront sur la liste » et « Il convient que lesdits critères (de sélection des espèces) comportent une évaluation des risques, conformément aux dispositions applicables en vertu des accords pertinents de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs aux restrictions touchant au commerce des espèces ». En apportant cette précision le règlement reconnait qu’il y a toute une activité commerciale autour de la vente d’animaux de compagnie (poissons d’aquarium, oiseaux, rongeurs et reptiles), dont font partie les animaux exotiques. Nous regrettons que ce point ait été ignoré dans le projet d’arrêté concernant l’île de la Réunion. Nous ne sommes pas opposés à interdire de la vente les espèces réellement invasives avec un caractère préoccupant. Néanmoins, le choix de ces espèces doit se faire dans le cadre d’une réelle concertation et en s’appuyant sur une véritable évaluation des risques.

    On ne doit pas jeter le bébé avec l’eau du bain sous prétexte de vouloir trop bien faire dans le domaine de la biodiversité. Le trop est parfois l’ennemi du bien.

    Cette RUP est déjà fortement touchées par le chômage avec un taux proche de 25% et tout interdire, sans discernement, entrainerait inévitablement des fermetures d’animaleries et de grossistes avec d’importantes suppressions d’emplois. Au vu de la crise post-covid19 qui s’annonce dans tout le pays, c’est aussi un élément à prendre en compte.
    Le secteur des animaux de compagnie représente sur notre île :
    <span class="puce">- Une trentaine d’établissements (animaleries, jardineries, importateurs, grossistes et éleveurs) employant plus de 200 personnes, sans compter les emplois indirects liés à cette activité (transitaires, transporteurs, compagnies aériennes, etc.),
    <span class="puce">- Un chiffre d’affaires annuel entre 150 et 200 millions d’euros,
    <span class="puce">- Une TVA collectée pour l’Etat entre 13 et 17 millions d’euros,
    <span class="puce">- Une somme estimée entre 3 et 5 millions au titre de l’octroi de mer réinjectée dans notre économie locale.
    Ne nombreux investissements et de lourds emprunts bancaires ont également été réalisés ces dernières années par les professionnels. Ce projet d’arrêté met en péril la totalité de la filière.

    Nous tenons également à préciser que les grossistes et animaleries de l’île de la Réunion n’ont pas tous officiellement été conviés à participer à la phase amont de consultation du projet. De plus, le peu de professionnels présents ont fait des remarques qui n’ont pas été prises en compte. Il n’y a donc pas eu de réelle concertation globale sur le projet.

    POUR CONCLURE :

    La liste des espèces envahissantes doit être précise et porter uniquement sur des espèces clairement identifiées (aspect juridique incontournable et obligatoire). Le principe de précaution propre à la France devrait être traité par l’obligation du certificat de capacité (l’outil doit être appliqué convenablement à la Réunion).

    L’esprit de cet arrêté nous semble verser dans une mode de la peur aveugle à l’égard d’une catégorie de personnes en culpabilisant non pas les auteurs de lâchers d’espèces invasives (problématique déjà traitée par l’arrêté́ du 9 février 2018 relatif à̀ la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion), mais les possesseurs d’animaux exotiques ou de Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) dans leur ensemble. C’est omettre que la très grande majorité des possesseurs de ce type d’animaux ne sont pas des irresponsables face aux impératifs écologiques et surtout négliger que tous ne sont pas réductibles à n’être que des possesseurs de nouveaux animaux dits de compagnie, mais pour un nombre non négligeable des passionnés qui contribuent à élever des espèces rares et à accumuler des informations très importantes sur les conditions d’élevage et de maintenance. Grâce à ces passionnés des espèces peuvent être sauvées de l’oubli ou sauvées tout court (car considérées comme peu sympathique par beaucoup) et continuer d’exister autrement que dans les seuls ouvrages spécialisés.

    La conservation ex situ s’accompagne d’une participation croissante à la protection des espèces rencontrées en terrariophilie. Certains de ces éleveurs sont regroupés dans le monde associatif, par exemple au sein de l’European Studbook Foundation, la Deutsche Gesellschaft für Herpetologie und Terrarienkunde (DGHT) ou la Fédération francophone pour l’élevage et la protection des tortues (FFEPT).

    De même, l’oiseau Spinus cucullatus (Tarin rouge du Venezuela) est classé en annexe A du règlement (CE) n° 338/97 du Conseil relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce depuis 1996 en tant qu’espèce menacée. Un élevage massif par les amateurs a permis de le classer en annexe X (autorisation de commerce et d’élevage) du règlement n° 865/2006 pour les spécimens nés en captivité.

    Dans l’état actuel, nous formulons un avis défavorable au texte présenté car réalisé sans concertation, ne respectant pas le cadre juridique du règlement européen,trop réducteur (simplification abusive) et inexacte quant aux espèces invasives et réellement préoccupantes.

  •  favorable, le 19 mai 2020 à 05h25

    il est plus que temps de nous protéger !tout n’est jamais parfait, mais il faut un début.

  •  Stop au trafic des espèces., le 19 mai 2020 à 03h56

    L’île de La Réunion ne peut pas se permettre de recevoir annuellement des milliers d’animaux venus d’ailleurs ( cf les chiffres de la Douane), transportés par avion ou autre moyen, au détriment de son propre patrimoine.
    Attendu depuis longtemps, cet arrêté est le résultat de nombreuses discussions, débats, publications, expériences vécues. Pour optimiser cet outil réglementaire de préservation de la biodiversité, il est nécessaire de l’accompagner par la formation, l’éducation et la sensibilisation de tous.

    En temps que mère et grand-mère, je demande aux autorités de prendre soin de la Nature. Je suis favorable à ce décret.

  •  Avis défavorable , le 19 mai 2020 à 03h42

    J’ai participé à ces différentes réunions,je vois à ce jour beaucoup de personnes concernées n’ont pas été conviés à ces réunions
    mon souhait ,c est d’annuler tout cela et repartir sur de nouvelles bases.
    Tout le monde sera gagnant

  •  Favorable, le 18 mai 2020 à 22h53

    Protégeons la biodiversité exceptionnelle de notre île.