Projet d’arrêté relatif à la définition du bon état écologique des eaux marines et aux normes méthodologiques d’évaluation
Consultation du 15/07/2025 au 16/10/2025 - 7 contributions
En application de l’art. R. 219-6 du code de l’environnement, la définition du bon état écologique (BEE) fait l’objet d’un arrêté du ministre chargé de l’environnement. L’arrêté actuellement en vigueur date du 9 septembre 2019.
Le présent projet d’arrêté vise donc à établir une mise à jour de la définition du bon état écologique en abrogeant l’arrêté du 9 septembre 2019. Ce document :
- Intègre les progrès méthodologiques réalisés depuis six ans, concrétisés au niveau national avec l’appui de nombreux organismes scientifiques et techniques ;
- A été simplifié par rapport à l’arrêté précédent : il recense uniquement les éléments – règles d’intégration, valeurs seuils, indicateurs - adoptés et validés ;
- S’accompagne d’un guide détaillé précisant les méthodologies utilisées pour l’évaluation.
Structure du projet d’arrêté et principales évolutions par rapport à l’arrêté de 2019 :
Le corps du projet d’arrêté est composé de quatre articles. Deux annexes précisent les caractéristiques du bon état écologique relatives aux pressions exercées sur le milieu marin et à l’état du milieu marin. Ces annexes comprennent notamment les critères, indicateurs et valeurs seuil à considérer pour évaluer l’état des eaux marines. Elles ont été simplifiées par rapport à l’arrêté de 2019 pour contenir uniquement les éléments validés et adoptés. Les détails méthodologiques sont disponibles dans le guide accompagnant l’arrêté.
Le projet d’arrêté présente une définition du BEE qui tient compte des développements méthodologiques réalisés aussi bien au niveau européen que national mais aussi dans le cadre d’autres directives européennes (comme la Directive Cadre sur l’Eau) ou des conventions de mers régionales OSPAR et Barcelone. Ces développements méthodologiques ont permis de pouvoir conclure de manière quantitative sur l’état d’un nombre important d’éléments par rapport aux méthodes décrites dans l’arrêté précédent, comme par exemple l’état des herbiers de posidonies, l’abondance des tortues caouannes en Méditerranée ou encore la quantité de déchets sur le littoral.
Adoption de l’arrêté ministériel et intégration dans les documents stratégiques de façade :
A l’issue de cette consultation du public, l’arrêté relatif à la définition du bon état écologique est pris par le ministre en charge de l’environnement. Un lien permettant d’accéder à l’arrêté sera également intégré aux annexes des documents stratégique de façade.
L’arrêté entrera en vigueur au lendemain de sa publication.
Commentaires
BON ETAT ECOLOGIQUE : D’UNE CONCEPTION TRES GENERALE ET FIGEE A UNE APPROCHE EVOLUTIVE MULTI-SPATIALE ET MULTI-TEMPORELLE
document complet ICI : https://sathoan.fr/wp-content/uploads/2025/09/Reponse-Sathoan-a-consultation-BEE_vf-2-sept-25.pdf
L’Organisation de Producteurs SATHOAN, basée en Méditerranée française et regroupant plus de 120 navires de pêche professionnelle, est engagée depuis plus de dix ans dans des programmes scientifiques de sélectivité, réduction des captures accidentelles et protection de la biodiversité. Elle participe à ce titre activement à la réflexion sur la définition du Bon État Écologique (BEE).
Elle considère que l’approche actuelle est trop générale, figée et insuffisamment adaptée aux spécificités de la Méditerranée. Deux dimensions clés sont mises en avant :
• La multi-temporalité : les dynamiques marines reposent sur des cycles (frai, migrations, blooms, canicules marines), rarement intégrés dans les indicateurs qui privilégient des références chronologiques arbitraires. Or, l’état écologique doit être compris comme une trajectoire évolutive, et non comme un état fixe.
• La multi-spatialité : les écosystèmes marins fonctionnent à différentes échelles, du biogéofaciès aux systèmes socio-écologiques complexes. L’évaluation du BEE doit refléter cette hiérarchie d’échelles, plutôt que des zonages trop vagues (« zone côtière », « large »).
SATHOAN reconnaît des atouts (harmonisation européenne, prise en compte du climat, approche précautionneuse), mais pointe de fortes limites : manque de données, indicateurs incomplets ou inadaptés, logique binaire du principe « One Out All Out » (OOAO), absence d’intégration des pressions croisées (eutrophisation, espèces invasives, climat) et d’une vision dynamique. L’OP propose de repenser le cadre autour de concepts écologiques mieux adaptés :
• Hétérostasie : autrement dit la capacité d’un milieu marin à rester en équilibre dynamique grâce à la diversité et aux connexions entre ses habitats (plus il y a de variété et de liens, plus il résiste).
• Allostasie : la faculté du milieu à s’adapter rapidement aux changements à court terme (par exemple une canicule marine ou une tempête).
• Homéorhèse : la manière dont un écosystème suit une trajectoire d’évolution à moyen ou long terme, en gardant ses grandes fonctions malgré les perturbations et transformations.
SATHOAN suggère de définir des Enveloppes de Variabilité Écologique Fonctionnelle (EVEF) pour caractériser la stabilité dynamique plutôt que des seuils figés, et d’intégrer de nouveaux indicateurs (diversité fonctionnelle, connectivité, redondance). Elle recommande aussi d’ajouter un descripteur D12 sur les perturbations électromagnétiques liées aux câbles et infrastructures offshore.
Enfin, SATHOAN appelle à remplacer le principe OOAO (« One Out, All Out » / « un critère non conforme, tout est non conforme ») par une intégration pondérée des indicateurs, à co-construire la méthode avec les parties prenantes locales, et à lancer un programme R&D dédié. L’objectif n’est pas d’ajouter des critères, mais de sélectionner des indicateurs réellement écologiques (au sens des relations entre les différentes unités écologiques), sensibles et lisibles, pour un BEE fondé sur la résilience, la fonctionnalité et la gestion adaptative des socio-écosystèmes marins.
document complet ICI : https://sathoan.fr/wp-content/uploads/2025/04/TRIBUNE-SATHOAN-avril-25-West-Med.pdf
Certains indicateurs sont dépendant des tempêtes alors que d’autre sont dépendant de la température des eaux, de la profondeur d’eau (évolution de l’ordre de 4,2 mm par actuellement), fortement influencée par le changement climatique. Exemple :
- l’extension des herbiers et leurs densité est dépendante des tempêtes avec une régression notamment marquée lors fortes houles (dégats)
- la quantité d’oxygène dissout est notamment dépendante de la température des eau, en lien avec les évolutions climatiques et météorologiques.
La présence de facteurs exogènes aux activités humaines locales ou à l’échelle du bassin pour qualifier la qualité des eaux est-elle un souhait ? si oui,quel est le sens ?
La perte physique par modification permanente des fonds marins peut aussi être due à des facteurs naturels (migration de dune marine, modification des courants marins liée au changement climatique, augmentation des emprises d’apports de sédiments dus à l’intensification des des épisodes pluviaux intenses) et non a des activités. De même pour les bruits de fonds liés à l’activité sismique. Elle influence donc aussi le bon état écologique des eaux si on veut être cohérent mais n’est pas retenue, ce qui interroge sur la cohérente entre des paramètres qui sont non exclusivement dépendant des activités anthropiques et d’autres où le hors anthropique est exclus.
L’abondance des oiseaux peut être liée à des épidémies telles que la grippe aviaire. Dans quelle mesure l’activité anthropique en est-elle responsable?