Projet d’arrêté modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus) - (Consultation expriée)
La présente consultation, fondée sur l’article L. 123-19-1 du code de l’environnement, porte sur un projet d’arrêté modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus).
Consultation du 20/05/2025 au 10/06/2025 - 5134 contributions
Le projet d’arrêté modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus) :
• S’inscrit dans le prolongement de l’arrêté du 7 février 2025, qui avait été soumis à la consultation publique du 22 décembre 2024 au 17 janvier 2025 ;
• Est pris en application du IV de l’article 47 de la loi n° 2025-268 du 24 mars 2025 d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture.
- 1. Contexte
L’arrêté modificatif proposé à l’avis du public répond notamment à la nécessité de prendre les mesures d’application de la loi n° 2025-268 du 24 mars 2025 d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture.
En effet, le IV de l’article 47 de la loi du 24 mars 2025 prévoit :
• D’une part, que dans le cadre de la gestion des risques de la prédation sur les troupeaux, compte tenu de l’absence de moyens de prévention efficaces disponibles, des tirs contre les loups peuvent être autorisés pour la protection des troupeaux de bovins, d’équins et d’asins, sous réserve que des démarches en matière de réduction de la vulnérabilité de ces troupeaux aient été engagées par les éleveurs ;
• D’autre part, qu’un arrêté conjoint des ministres chargés de l’agriculture et de l’écologie définit les conditions dans lesquelles les élevages concernés peuvent bénéficier de telles autorisations de tirs, notamment les démarches pouvant être engagées en matière de réduction de la vulnérabilité des troupeaux.
Cette modification permettra d’apporter un cadre adapté aux exploitations d’élevage comportant un troupeau de bovins ou équins soumises à une pression de prédation, en l’absence de schéma de protection techniquement validé pour ce type d’élevage conformément à la volonté du législateur.
- 2. Présentation du projet d’arrêté modificatif
Dans le cadre de ce projet d’arrêté soumis à l’avis du public, seul l’article 6 de l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus) est modifié.
Les modifications sont les suivantes :
1. L’avant-dernier alinéa du IV de l’article 6 de l’arrêté du 21 février 2024 est supprimé. Cet alinéa prévoit actuellement que « le préfet coordonnateur définit les mesures de réduction de la vulnérabilité visées dans le présent article ». Or, cet alinéa n’est plus conforme au IV de l’article 47 de la loi du 24 mars 2025 qui donne au seul pouvoir réglementaire le soin de définir ces mesures (Un arrêté conjoint des ministres chargés de l’agriculture et de l’écologie définit les conditions dans lesquelles les élevages concernés peuvent bénéficier de telles autorisations de tirs, notamment les démarches pouvant être engagées en matière de réduction de la vulnérabilité des troupeaux.)
2. Le V de l’article 6 de l’arrêté du 21 février 2024 devient un VI. Le V actuel dispose que « l’on entend par « mise en œuvre » des tirs de défense simple ou de défense renforcée, la réalisation d’opérations consécutives à des attaques consignées dans le registre prévu à l’article 12. ».
3. Enfin, un V est créé afin d’encadrer sur le plan réglementaire les mesures de réduction de la vulnérabilité des troupeaux.
Le dispositif retenu est le suivant :
Pour les troupeaux de bovins et d’équins, on entend par « mesure de réduction de la vulnérabilité » la mise en œuvre, pour chaque lot d’animaux, d’au moins une des mesures suivantes :
- Vêlages en bâtiment ou en parcs renforcés, ou à proximité immédiate ;
- Élevage d’animaux de moins de 12 mois en parcs renforcés proches des bâtiments d’exploitation ou en bâtiment ;
- Mélange d’âges et de types de bovins et équins (pas d’animaux de moins de 12 mois seuls) ;
- Présence de bovins à cornes dans le lot concerné ;
- Regroupement des lots pour constituer des troupeaux plus importants en nombre ;
- Utilisation d’un système d’alerte et intervention humaine : colliers GPS connectés sur les animaux ou utilisation des pièges photos GSM disposés sur les zones de pâturage qui peuvent alerter de la présence des loups ;
- Regroupement nocturne dans une enceinte protégée (en bâtiment ou par une clôture électrique) ;
- Mise en défens (clôtures) des zones dangereuses comme les barres rocheuses ;
- Une des mesures de protection au sens de l’arrêté du 30 décembre 2022 susvisé parmi : gardiennage renforcé ou surveillance renforcée, chiens de protection des troupeaux, parcs électrifiés ;
- Renforcement du rythme d’inspection des animaux pour atteindre au moins une visite quotidienne pour les lots qui ne seraient pas déjà soumis à cette obligation au titre de l’arrêté du 25 octobre 1982 modifié ;
- Toute autre mesure découlant d’une analyse technico-économique territoriale validée par le préfet coordonnateur ;
Dans la mise en œuvre de chacune de ces mesures, une attention particulière est portée aux troupeaux les plus vulnérables (animaux de moins de 12 mois, animaux soumis à un risque de dérochement).
Merci de préciser, en intitulé de vos observations, votre positionnement sur le texte (FAVORABLE ou DÉFAVORABLE).
La consultation est ouverte du 20 mai au 10 juin 2025 inclus.
Commentaires
AVIS DEFAVORABLE
A quoi ça sert de réintroduire le Loup si c’est pour lui tirer dessus ? Vous n’avez donc pas compris qu’il y avait un équilibre dans la Nature et que l’Homme n’a en aucun cas besoin d’intervenir ? Et les écosystèmes ? Et la biodiversité ? De quel droit est-ce que l’Humain favoriserait une espèce au détriment d’une autre ?
Il faut bien que les loups se nourrissent, et quand ils le font, ils chassent POUR SE NOURRIR ! pas pour détruire stupidement des vies animales, comme le font les chasseurs DEPUIS BIEN TROP LONTEMPS ET DANS TOUS LES MILIEUX !!!
Et lorsque les loups chassent, ils vont chercher une proie plus faible dans le troupeau, un animal malade ou vieillissant, participant ainsi au bon maintien du troupeau.
En outre, les éleveurs n’ont-ils pas obligation de protéger leurs troupeaux avec des chiens par exemple, ou des clôtures ? En tout cas ils sont dédommagés
Alors dans ce contexte, tirer sur les loups N’EST PAS JUSTIFIE !!!
JE VOUS REPOSE LA QUESTION : A QUOI CA SERT DE REINTRODUIRE LE LOUP SI C’EST POUR L’ELIMINER ???
Protéger le loup pour une biodiversité équilibrée et un patrimoine vivant :
Je suis fermement en faveur de la préservation du loup en France, non seulement pour défendre une biodiversité saine, mais aussi pour protéger un patrimoine vivant qui nous appartient à tous. Plutôt que d’opter pour des mesures létales, il est impératif de prioriser des solutions de protection des troupeaux qui ont prouvé leur efficacité.
1.Des solutions concrètes pour une coexistence durable :
Avant d’envisager des tirs, une batterie de mesures préventives devrait être systématiquement mise en œuvre :
Clôtures adaptées : Installer des enclos robustes et efficaces autour des pâturages.
Moyens d’effarouchement : Utiliser des dispositifs sonores et lumineux pour éloigner les loups.
Protection nocturne des animaux : Mettre les troupeaux à l’abri pendant la nuit, période où les attaques sont les plus fréquentes.
Chiens de protection éduqués : Déployer des chiens de berger spécialement formés pour la défense des troupeaux.
2.L’inefficacité des tirs et leur impact négatif
Il est essentiel de comprendre que les tirs aléatoires sont contre-productifs. De nombreuses études ont démontré que la désorganisation d’une meute de loups, souvent causée par des tirs, peut paradoxalement entraîner une augmentation des attaques sur les troupeaux. Une meute désorganisée perd ses stratégies de chasse naturelles et peut se tourner plus facilement vers des proies faciles.
3.Par ailleurs, il convient de souligner que, factuellement, le loup est responsable d’un faible pourcentage des décès d’animaux en alpage. Les pertes dues à des maladies, des accidents ou d’autres prédateurs sont souvent bien plus importantes.
4.Valoriser économiquement la présence du loup
Pour contrebalancer les investissements financiers dans les mesures de protection, il serait pertinent d’explorer des pistes de valorisation économique de la présence du loup. À l’image de ce qui se fait avec succès dans certaines régions d’Italie, notamment par l’observation en forêt, il est possible de développer un écotourisme autour du loup. Cela générerait des revenus locaux et sensibiliserait le public à l’importance de ce prédateur dans nos écosystèmes.
En adoptant une approche plus proactive et réfléchie, basée sur la prévention et la valorisation, nous pouvons favoriser une coexistence harmonieuse entre l’activité pastorale et la présence du loup, au bénéfice de tous.
Protéger le loup pour une biodiversité équilibrée et un patrimoine vivant
Je suis fermement en faveur de la préservation du loup en France, non seulement pour défendre une biodiversité saine, mais aussi pour protéger un patrimoine vivant qui nous appartient à tous. Plutôt que d’opter pour des mesures létales, il est impératif de prioriser des solutions de protection des troupeaux qui ont prouvé leur efficacité.
Des solutions concrètes pour une coexistence durable
Avant d’envisager des tirs, une batterie de mesures préventives devrait être systématiquement mise en œuvre :
Clôtures adaptées : Installer des enclos robustes et efficaces autour des pâturages.
Moyens d’effarouchement : Utiliser des dispositifs sonores et lumineux pour éloigner les loups.
Protection nocturne des animaux : Mettre les troupeaux à l’abri pendant la nuit, période où les attaques sont les plus fréquentes.
Chiens de protection éduqués : Déployer des chiens de berger spécialement formés pour la défense des troupeaux.
L’inefficacité des tirs et leur impact négatif
Il est essentiel de comprendre que les tirs aléatoires sont contre-productifs. De nombreuses études ont démontré que la désorganisation d’une meute de loups, souvent causée par des tirs, peut paradoxalement entraîner une augmentation des attaques sur les troupeaux. Une meute désorganisée perd ses stratégies de chasse naturelles et peut se tourner plus facilement vers des proies faciles.
Par ailleurs, il convient de souligner que, factuellement, le loup est responsable d’un faible pourcentage des décès d’animaux en alpage. Les pertes dues à des maladies, des accidents ou d’autres prédateurs sont souvent bien plus importantes.
Valoriser économiquement la présence du loup
Pour contrebalancer les investissements financiers dans les mesures de protection, il serait pertinent d’explorer des pistes de valorisation économique de la présence du loup. À l’image de ce qui se fait avec succès dans certaines régions d’Italie, notamment par l’observation en forêt, il est possible de développer un écotourisme autour du loup. Cela générerait des revenus locaux et sensibiliserait le public à l’importance de ce prédateur dans nos écosystèmes.
En adoptant une approche plus proactive et réfléchie, basée sur la prévention et la valorisation, nous pouvons favoriser une coexistence harmonieuse entre l’activité pastorale et la présence du loup, au bénéfice de tous.
Vous affirmez qu’il n’existe pas de « référentiel de protection pour les troupeaux bovins-équins », alors qu’une étude de parangonnage sur la politique publique du loup conduite
par les inspections IGEDD/CGAAER (publication en 09/2023) met précisément en évidence que des moyens de protection des troupeaux bovins utilisés dans
d’autres pays européens sont absolument efficaces. (Il va de soi que ces mesures de protection sont à adapter en fonction des caractéristiques locales et des types de
conduites des troupeaux). En outre, dans ce rapport IGEDD/CGAAER, la 6 e recommandation préconise justement l’abandon de la notion de non-protégeabilité pour les bovins en ces termes :« AUX MINISTÈRES CHARGÉS DE L’AGRICULTURE ET DE L’ÉCOLOGIE :
ABANDONNER LA DISPOSITION RELATIVE À LA « NON-PROTÉGEABILITÉ » DES BOVINS DANS LE PROCHAIN PLAN LOUP ».
C’est tout de même étonnant que l’État prétend ignorer les recommandations de ses
propres services. Il est évident qu’en toute bonne foi, le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche ne peut pas faire reposer une évolution réglementaire sur des affirmations qui n’ont aucun fondement scientifique, ni technique et sans se donner la peine d’argumenter sur un tel revirement, alors que le CNPN a émis à l’unanimité - 20 votants - son avis défavorable.
Vous n’êtes certainement pas sans savoir que, à échelle régionale, comme par exemple en
Bourgogne Franche Comté, des expérimentations sont en cours qui nécessitent un temps long pour pouvoir être ajustées et améliorées.
A titre d’exemple, je recommande notamment le travail effectué par l’association VIGIE JURA, qui propose aux éleveurs de surveiller leur troupeau pendant les nuits d’été, voire plus longtemps. https://www.francebleu.fr/emissions/c-est-ma-nature/l-association-vigie-jura-pour-effaroucher-le-loup-et-proteger-les-troupeaux-de-bovins-1421346
Comme le dit le fondateur : IL SUFFIT DE FAIRE DU BRUIT AVEC UNE CORNE
DE BRUME, EN CRIANT, pour le faire fuir. Par ailleurs, une lampe à forte intensité
lumineuse braquée sur le loup le dissuade définitivement.
A contrario, dans votre arrêté, vous alignez 10 mesures « valant réduction de la
vulnérabilité des troupeaux bovins et équins », et vous prévoyez que L’APPLICATION D’UNE SEULE D’ENTRE ELLES PERMET L’AUTORISATION DE TIR PAR LE PRÉFET DE DÉPARTEMENT. Alors que seulement 5 d’entre-elles sont à prendre au sérieux et permettraient effectivement de réduire la vulnérabilité voire d’assurer la protection des troupeaux. Les 5 autres sont totalement inutiles en terme d’efficacité. Ainsi est-il proposé aux éleveurs de faire une « visite quotidienne des lots concernés »… Le jour ? La nuit ? Ainsi, des tirs pourraient être autorisés si un éleveur est allé voir son troupeau 1 fois dans la journée ?
Ou s’il a installé des pièges-photos, une initiative assez inutile en cas d’attaque d’un prédateur… A moins d’ « identifier » le loup en cas d’attaque ?
Aussi, votre projet d’arrêté prévoit que vous pouvez octroyer des tirs si le troupeau
a subi UNE SEULE prédation au cours des 12 derniers mois. Un seuil de déclenchement
extrêmement bas pour autoriser des tirs et qui ne répond absolument pas à la condition « DE DOMMAGES IMPORTANTS AUX TROUPEAUX DOMESTIQUES » JUSTIFIANT UN TIR. LE CRITÈRE DE « DOMMAGES IMPORTANTS » PRÉVU PAR LE CADRE JURIDIQUE DOIT ÊTRE RESPECTÉ. Je tiens à vous rappeler qu’à l’heure actuelle, le loup est toujours un
animal protégé !
Bref, l’Etat devrait se pencher réellement sur la question du loup (et la cohabitation des espèces sauvages et d’élevage) et élaborer un « schéma de protection techniquement validé » pour les élevages bovins et équins, EN TENANT COMPTE DES EXPÉRIENCES ET DES PRATIQUES DANS D’AUTRES PAYS, en lien avec les professionnels et les parties prenantes, comme cela a déjà été fait pour l’élevage ovin depuis des années, avec des résultats plutôt positifs.
Je vous réitère donc mon AVIS DÉFAVORABLE
Respectueusement,
C. Mittelsteiner
Tout d’abord, il n’est pas négligeable que l’on sache que je réside dans le Sud de la France, les Bouches-du-Rhône précisément, là où le loup s’est récemment installé, notamment dans le parc des Calanques. Et je n’ignore pas que sa présence est de plus en plus visible dans les départements voisins, y compris en Camargue où des attaques du prédateur suscitent une forte préoccupation auprès des éleveurs de taureaux.
Que l’on sache aussi qu’il n’est pas incompatible pour un défenseur, un protecteur du loup, ainsi que je me revendique, de se soucier également de la vie pastorale, des difficultés rencontrées par bergers et éleveurs. Parce que je suis convaincue que la cohabitation Loups/Eleveurs est possible si on apporte à ces derniers toute l’aide nécessaire au travers de mesures adéquates. Ma certitude s’appuie sur le succès des mesures de protections « Plans-loup », sur plusieurs décennies, lorsque le triptyque : bergers-chiens-clôtures ont été correctement appliquées. J’en veux pour preuve l’exemple de ces mesures dans les Alpes-de-Haute-Provence ainsi que chez nos proches voisins européens.
Certes, je suis consciente que la progression du loup de la montagne jusqu’en plaine avec des prédations désormais sur les bovins, équins, asins, représente un nouveau défi, tant pour l’Etat que pour les principaux concernés, je veux parler des agriculteurs et éleveurs de ces animaux de rente, ou d’agrément.
Mme la ministre de l’Agriculture a affirmé vouloir défendre prioritairement les éleveurs contre le loup mais, tout en trouvant sa position vertueuse, je me permets de récuser le fait qu’il faille éradiquer le loup pour faire perdurer un mode d’élevage en liberté.
En effet les dernières mesures proposées par l’Etat, sont toutes au détriment de l’espèce lupine. Ces mesures, hélas, sont en réalité un blanc-seing à la « chasse au loup », un tragique retour en arrière, retour qui annulerait les efforts entrepris depuis plus de 20 ans pour permettre une coexistence entre le prédateur et les éleveurs.
En outre, ce projet de l’Etat, cet arrêté, prend le risque de démobiliser les éleveurs les plus investis dans la mise en place de protections ambitieuses. Ils y verraient un manque de reconnaissance, d’équité ou de soutien concret à leur égard pour les efforts pérennes fournis pendant des années pour s’assurer une protection efficace contre le loup et leur cohabitation, possible désormais, avec l’animal.
Car, je constate que les mesures d’effarouchement ne sont mentionnées nulle part. Qu’il suffirait d’une suspicion d’attaque pour autoriser des tirs létaux, pire même, qu’aucune attaque ne serait nécessaire pour permettre ces tirs… Bref, une politique de tirs accrus, au motif que la viabilité du loup serait bonne et, partant de cette affirmation, de prendre des dispositions pour un affaiblissement renforcé de sa protection… Or, cette position est non seulement scientifiquement infondée mais dangereuse pour la biodiversité, les dernières statistiques le prouvent.
D’une part, à propos d’une suspicion d’attaque, le CNPN déclare : "Le seuil de déclenchement des autorisations de tir (une attaque dans les douze derniers mois donnant lieu à au moins une victime indemnisable) est très bas et ne suffit pas à répondre à la condition de « dommages importants aux troupeaux domestiques » justifiant une dérogation."
D’autre part, en ce qui concerne le « bon état de conservation » supposé de la population lupine et, contrairement à l’affirmation du ministère : , « la population de loups en France a connu une baisse en 2023, passant de 1 104 à 1 003 individus, depuis ce nombre s’est stabilisé. Cette diminution récente est alarmante, d’autant plus que le seuil de viabilité pour la population de loups est estimé entre 2 500 et 5 000 individus adultes pour garantir 500 reproducteurs potentiels, et nous sommes encore très loin du compte ». Cf. études scientifiques et Association Férus.
Bref, la population lupine accuse un déclin préoccupant. Mais, en dépit de cette réalité l’Etat s’obstine dans les mesures létales. L’expérience sur plusieurs années prouve pourtant qu’elles s’avèrent inefficaces et contre-productives !
En effet, ces pratiques, telles que les tirs de prélèvement, loin d’être une solution, désorganisent les meutes et, par ricochet, augmentent les prédations sur les troupeaux. En somme l’opposé du but recherché… En revanche, des mesures de coexistence non létales : chiens de protection, clôtures électriques et la surveillance, ont prouvé leur efficacité dans la diminution des risques de prédation. Par conséquent, il est impératif d’investir dans ces solutions plutôt que de céder à des mesures radicales sans fondement scientifique.
Hélas, pour l’Etat il n’existe apparemment pas de moyens de prévention vraiment efficaces pour certains troupeaux (bovins, équins) et ce constat justifierait l’autorisation des tirs de loups pour les protéger… Pourtant, les moyens de protection efficaces pour les troupeaux bovins et équins existent ailleurs en Europe et fonctionnent très bien, comme le montre l’étude « Parangonnage sur la politique publique du loup ».
Des mesures de protection des bovins, dont celles mises en œuvre à titre expérimental ou d’autres natures sont réclamées. D’ores et déjà, à échelle régionale, comme en Bourgogne - Franche Comté, des expérimentations sont en cours, qui nécessitent du recul pour pouvoir être ajustées et améliorées.
La politique du loup implique du courage et une perspective sur le long terme. Il est évident qu’en raison de l’extension des populations de loup depuis nos voisins européens, notre avenir ne pourra pas être indépendant de celui de ces pays. La coopération internationale est indispensable dans les plans loup. Une gestion commune du loup est souhaitable, ne serait-ce qu’à titre de comparaison. Il est incontestable que l’on peut tirer des leçons profitables de mesures qui fonctionnent dans un pays voisin et d’envisager leur application pour notre propre compte, notamment pour ce qui touche les nouvelles zones de prédations sur des troupeaux autres que les ovins.
Dans l’immédiat, les associations de défense du loup, telle que Férus, dont les efforts pour aider les éleveurs à cohabiter avec le loup ne sont plus à démontrer, ainsi que d’autres associations oeuvrant pour la biodiversité, s’en oublier de nombreux scientifiques, demandent à l’Etat : « de construire un cadre clair et exigeant, en élaborant un référentiel national spécifique à la protection des bovins et équins, fondé sur les retours d’expérience et les réussites déjà observées en France et en Europe ! Il est impératif de combiner plusieurs mesures complémentaires, choisies en fonction des contextes d’élevage, pour garantir leur efficacité. Un accompagnement technique et financier adapté doit aussi être mis à disposition des éleveurs. Enfin, les analyses territoriales doivent être confiées à des structures neutres et qualifiées, et non à des acteurs hostiles à la mise en place de protections, pour garantir leur objectivité ».
S’agissant de l’analyse "technico-économique" territoriale, le CNPN s’inquiète : "il n’est pas précisé là encore à qui sera confiée la réalisation de cette analyse ». Le CNPN réitère sa recommandation qu’elle ne soit pas confiée aux seules organisations agricoles qui affichent par principe la non-protégéabilité des troupeaux de bovins sans fondement technique ou scientifique."
Les citoyens sont majoritairement favorables à la présence du loup en France et à sa préservation, pour tout dire sont hostiles aux tirs létaux. Démocratiquement, en dépit de sa controverse, l’Etat devrait tenir compte de cette volonté en respectant des mesures qui ont fait leurs preuves, à savoir, notamment, le recours à l’effarouchement, reconnu comme méthode non létale de dissuasion, avant d’autoriser un tir létal.
On s’effraie à la lecture du projet de l’Etat, à savoir :
. qu’une seule prédation au cours des 12 derniers mois suffise pour des autorisations de tirs, sans que l’efficacité des tirs pour réduire les prédations soit démontrée à ce jour, est contestable, voire inacceptable ;
. L’appréciation de l’état de conservation de l’espèce repose uniquement sur les effectifs nationaux, ce qui ne reflète pas la réalité écologique locale ;
. Bien que le texte affirme vouloir encadrer les tirs par des mesures de prévention, il ne prévoit pas l’obligation de mettre en place plusieurs dispositifs efficaces. Une seule mesure, même marginale, peut suffire pour obtenir une autorisation de tir, sans contrôle ni évaluation de son efficacité ;
. Aucune différenciation n’est faite entre les dispositifs encore à l’essai et ceux dont l’efficacité est déjà prouvée, ce qui rend l’ensemble confus et peu opérationnel ;
. Le texte ne prévoit ni accompagnement humain, ni appui financier pour les éleveurs afin de mettre en place ces mesures, ce qui compromet leur réelle application sur le terrain.
Il ressort hélas de cette observation que, selon une vieille habitude, l’Etat est volontairement sourd à l’avis des associations de défense animale y compris à celui des experts scientifiques dont les études sont favorables aux loups, pour privilégier les demandes des syndicats agricoles. Tout étant que ce choix est fait au mépris de la biodiversité et donc de l’intérêt général.
J’exhorte donc l’Etat à remettre sa position en question. Il me semble que s’il est prudent à l’égard des associations il devrait accorder sans réserve sa confiance à l’avis consensuel des scientifiques sur le loup.
Il y a plus de 70 ans les Américains ont éradiqué l’ours et le loup du parc naturel du Yellowstone. Sans grands prédateurs pour les réguler, les ongulés ont proliféré au point d’arraser le sol jusqu’à le rendre stérile… Le parc sans végétation se mourrait, tous les écosystèmes avaient disparus… Ce constat a amené les décideurs à reconsidérer leurs positions à l’égard du loup. Ils ont compris à temps que l’animal était le seul à pouvoir sauver le parc naturel. Une meute, issue du Canada, puis d’autres, ont été réintroduites et, en peu d’année, grâce au retour du loup, le parc a retrouvé non seulement sa végétation mais tous les écosystèmes indispensables à un parc viable !
Que l’Etat français ne commette pas l’erreur des Américains ! Ce projet d’arrêté n’est ni plus ni moins qu’un signal attendu par les chasseurs et les ennemis du prédateur pour de futures chasses aux loups.
A propos de chasseurs, j’ajoute un mot. Ce n’est un secret pour personne, les sangliers pullulent et qui ne s’en plaint, chasseurs compris ? !… Mais, voilà qu’en peu d’années, grâce au retour du loup dans notre pays, la population des sangliers a diminué… Or, quels sont ceux qui se plaignent le plus de la baisse de population de sangliers ? Les chasseurs ! Et ils souhaitent plus que tout que ce concurrent soit éliminé…
En conclusion, le loup est toujours fautif en France, même quand il rend le signalé service de réduire la population de sangliers !
A l’opposé de la revendication des chasseurs, je propose que leurs chasses au gros gibier, chevreuils, etc, soient réduites dans la durée afin de laisser ses proies aux prédateurs, comme la Nature l’a prévue. Ainsi, les loups ne seront pas amenés à s’attaquer aux troupeaux, faute de nourriture.
Merci de prendre en considération, ainsi que suggéré, l’avis des scientifiques et associations favorables au loup, et mes arguments personnels.