Projet de décret fixant les règles et procédures applicables à la destruction de haies
Consultation du 25/11/2025 au 16/12/2025 - 1456 contributions
Ce projet de décret est pris en application de la loi n°2025-268 du 24 mars 2025 d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations futures (dite loi « OSARGA »). L’article 37 de cette loi a introduit dans le code de l’environnement un dispositif de protection et de gestion durable des haies codifié aux articles L. 412-21 à L. 412-27.
Afin de renforcer la préservation des haies et de maintenir le linéaire planté, l’objectif de ce dispositif est de simplifier et unifier les procédures administratives applicables aux projets de destruction de haies, en créant une déclaration unique préalable (ou, le cas échéant, une autorisation unique), avec une compensation systématique et au moins équivalente.
Commentaires
J’ai pris connaissance de vote projet de décret fixant les règles et procédures applicables à la destruction de haies. J’y suis totalement opposé sachant que je réside dans une région (Le Grand Est) où malgré une politique forte en faveur de la replantation, il se détruit encore plus de haie (quasiment le double) qu’il ne s’en replante. Vu les modifications proposées dans ce projet, ce phénomène devrait encore s’amplifier dès sa mise en application annihilant ainsi les efforts et les moyens engagés pour restaurer des milieux favorables à la biodiversité. La note technique qui accompagne ce projet indique d’ailleurs que " la France a perdu annuellement environ 11 500 kilomètres de haies de 2006 à 2014 et 23 500 de 2017 à 2021, et cela malgré la réglementation existante". Le projet propose de "simplifier et unifier les procédures administratives applicables aux projets de destruction de haies". Ce qui parait paradoxal puisqu’on attendrait des pouvoirs publics qu’ils renforcent au contraire la protection des haies en contraignant davantage leur destruction.
Je contexte notamment la manière dont l’évaluation du linéaire telle que proposée et qui exclut de la haie les “trouées” de plus de 5m. En les retirant du linéaire, on réduit artificiellement la longueur reconnue des haies : la protection réglementaire diminue, et la compensation en cas de destruction est plus faible.
Par ailleurs, il est indispensable de prendre en compte les cumuls de projets de destruction pour toutes les réglementations protégeant les haies : projets simultanés de destruction, ou découpage du projet dans le temps, qui permettent de passer sous les seuils réglementaires et détruire une haie par petits bouts.
La réglementation sur les espèces protégées constitue aujourd’hui la seule protection applicable de manière uniforme à toutes les haies, en dehors de périmètres spécifiques (PLU, captages, Natura 2000…). Elle impose d’évaluer les impacts d’une destruction sur les espèces protégées potentiellement abritées par une haie. Or, le projet de décret introduit la possibilité de définir l’impact d’une destruction comme « non caractérisé » en fonction de critères qui semblent scientifiquement fragiles et ouvrent la voie à des erreurs et donc à la destruction d’habitats. Au regard de l’effondrement constatée de la biodiversité, il est impératif de s’appuyer sur une application rigoureuse de la réglementation espèces protégées, au risque de contribuer à l’amplification de cet effondrement et de ne pas atteindre les objectifs de restauration que s’est fixé notre pays. Il est ainsi impératif de supprimer tout seuil de linéaire en dessous duquel la réglementation espèces protégées ne s’appliquerait pas.
Enfin et par souci de simplification et d’acceptation, il serait pertinent de viser à la généralisation de la période d’interdiction d’intervention sur les haies pendant une partie de l’année correspondant à la période sensible de nidification des oiseaux pour les agriculteurs, les particuliers, les entreprises et les collectivités.
Par ailleurs, pour signaler l’étude des peuplements avifaunistiques d’espèces protégées des haies de la région Grand Est réalisée en 2021 et 2022 suivant un protocole validé par le CNRS et qui conclut que "peu importe la qualité d’une haie et du paysage dans lequel elle se trouve elle sera presque toujours un habitat à espèces d’oiseaux protégés". 97,5% des haies échantillonnées abritent au moins une espèce protégée sachant que la prolongation de l’étude aurait permis de corriger certains biais de détection pour conduire à 100% et que l’abondance et la richesse spécifique est plus forte dans les haies hautes, larges et présentant des habitats hétérogènes.
En matière de gestion et d’entretiens courants des haies, le respect des périodes de nidification qui implique de ne pas tailler les haies pendant une partie de l’année est variable, notamment en l’absence de règle clairement définie en dehors du cas particulier des agriculteurs
Ce projet de décret ressemble dans sa philosophie aux innombrables aménagements des taxes et impôts qui permettent d’y échapper : on crée une nouvelle taxe ou impôt ou en modifie un ou une en y incluant tout un dispositif d’exonérations sous conditions complexes permettant aux contributeurs les mieux conseillés d’y échapper.
Ce projet, sous couvert de protéger les haies, inclut dès sa conception les mécanismes pour le rendre inopérant ! Une sorte de Ligne Maginot dont les plans détaillés voire même des clés de certaines portes seraient conçues par l’ennemi !
Une fois de plus, il est clair qu’il est rédigé pour pouvoir continuer la destruction des habitats naturels dans le but de développer une agriculture industrielle toujours plus tournée vers le profit financier, quels qu’en soient les coûts humains (agriculteurs ruinés et empoisonnés ainsi que leurs descendants), sanitaires (eaux polluées), sociaux (désertification des campagnes) et environnementaux (éradication de la faune endémique, destruction des équilibres écologiques et hydrologiques).
On pourrait parler de lobbies. Mais le problème n’est pas les lobbies. Le problème c’est ceux qui choisissent quels lobbies suivre !
On continue sur le chemin de la transformation des espaces ruraux français en une gigantesque usine de production d’où toute autre activité humaine (promenade, randonnée, cueillette, chasse, pêche, ressourcement, tourisme…) est bannie ! Un espace vert et mort à la fois. Comment ne pas penser à John Steinbeck ?
Les trouées font partie de l’écosystème de la haie. Elles sont des corridors servant à diverses espèces. D’ailleurs les photos aériennes ne sont pas un bon moyen pour comptabiliser les haies et les trouées. On peut le constater sur la base de la couche IGN référentiel de haie qui est loin d’être précise. Cette cartographie qui doit rester un outil de connaissance sur les haies et de suivi dans le temps et non un outil de contrôle. Lors de l’élaboration de PGDH les photos aériennes sont un outil utile de préparation mais elles nécessitent toujours une correction.
Malgré la compensation en cas d’arrachage, une jeune haie ne vaudra pas une haie ancienne en terme de potentiel de biodiversité. Il faut donc éviter l’arrachage.
Utiliser l’outil en écologie des paysages construit par l’INRAE "le Grain bocager", disponible nationalement, pour analyser l’impact des destructions sur les habitats et les corridors écologiques.
Supprimer tout seuil de linéaire en dessous duquel la réglementation espèces protégées ne s’appliquerait pas.