Projet de décret relatif à la stratégie pour la réduction, la réutilisation, le réemploi, et le recyclage des emballages en plastique à usage unique
Consultation du 05/02/2022 au 25/02/2022 - 70 contributions
Vous pouvez consulter le projet de texte et la stratégie et faire part de vos observations, via le lien « déposer votre commentaire » en bas de page, du 5 février 2022 au 25 février 2022. La rédaction finale tiendra compte de l’avis du public.
Contexte et objectifs :
L’élaboration d’une stratégie pour la réduction, la réutilisation, le réemploi et le recyclage des emballages en plastique à usage unique (dite « stratégie 3R pour les emballages en plastique ») est prévue dans la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (dite loi AGEC), qui stipule dans son article 7 :
La France se donne pour objectif d’atteindre la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040.
Un objectif de réduction, un objectif de réutilisation et de réemploi et un objectif de recyclage sont fixés par décret pour la période 2021-2025, puis pour chaque période consécutive de cinq ans.
Une stratégie nationale pour la réduction, la réutilisation, le réemploi et le recyclage des emballages en plastique à usage unique est définie par voie réglementaire avant le 1er janvier 2022. Cette stratégie détermine les mesures sectorielles ou de portée générale nécessaires pour atteindre les objectifs mentionnés au deuxième alinéa. Ces mesures peuvent prévoir notamment la mobilisation des filières à responsabilité élargie du producteur et de leurs éco-modulations, l’adaptation des règles de mise sur le marché et de distribution des emballages ainsi que le recours à d’éventuels outils économiques.
Cette stratégie nationale est élaborée et révisée en concertation avec les filières industrielles concernées, les collectivités territoriales et les associations de consommateurs et de protection de l’environnement. »
Le premier décret quinquennal fixant des objectifs à horizon 2025 a été publié le 29 avril 2021.
Le projet de stratégie 3R pour les emballages en plastique qui est soumis à consultation publique est le résultat d’une large concertation avec les parties prenantes (filières industrielles concernées, collectivités territoriales, associations de consommateurs et de protection de l’environnement) qui ont été associées à son élaboration dès le début des travaux, à travers plus de 120 entretiens individuels réalisés entre septembre 2021 et janvier 2022 ; ainsi que d’une concertation interministérielle (un comité de pilotage interministériel de la stratégie 3R a été constitué lors du lancement des travaux).
Structure de la stratégie :
La stratégie 3R pour les emballages plastiques est structurée en trois volets :
• Volet 1, consacré à une synthèse des enjeux environnementaux, économiques et sociaux associés aux emballages en plastique à usage unique, une description des outils réglementaires, dispositifs d’accompagnement, et initiatives existantes, ainsi qu’une introduction des éléments de cadrage et de définitions clefs.
• Volet 2, effectuant un état des lieux synthétique de la mise en marché d’emballages en plastique à usage unique, décrivant les alternatives contribuant aux objectifs du décret et leurs principaux enjeux de déploiement, proposant des potentiels de trajectoires 2025 et des perspectives 2040 déclinées par secteur, et abordant un certain nombre de sujets spécifiques tels que l’évaluation des impacts environnementaux des alternatives, les besoins d’investissement, et l’articulation des objectifs 2025 et de l’ambition 2040.
• Volet 3, proposant un plan d’actions, de portée générale et sectorielle, permettant l’atteinte des objectifs 2025 et la perspective 2040.
Elle comporte par ailleurs un résumé exécutif.
Commentaires
Préambule
Boissons Rafraîchissantes de France est un syndicat professionnel créé en 1963 qui regroupe les principaux acteurs de la catégorie des boissons rafraîchissantes sans alcool (BRSA) opérant sur le territoire national. Nous souhaitons souligner en préambule que les entreprises de notre secteur sont, de longue date, engagées dans l’amélioration des caractéristiques environnementales des produits qu’elles mettent sur le marché. Cet engagement se traduit au quotidien par d’importants efforts industriels, avec notamment la réduction du poids et l’optimisation des formats des emballages, l’intégration croissante de matière recyclée ou biosourcée, et la recherche de solutions innovantes afin que leurs emballages ne deviennent plus des déchets mais intègrent tous une filière circulaire et vertueuse.
Ambitieux sur ces sujets, le secteur européen des BRSA adoptait il y a un an de nouveaux engagements, à travers la Circular Packaging Vision de l’Unesda . Cette stratégie prévoit :
- En 2025 : la réincorporation de 50% de matière plastique recyclée et 100% d’emballages recyclables ;
- En 2030 : la collecte de 90% des emballages, 100% de PET recyclé ou de PET renouvelable et l’augmentation des emballages réutilisables.
Déjà fortement engagés dans la transition pour une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, nous accueillons positivement les initiatives du Gouvernement autour de la Stratégie Nationale 3R visant à favoriser le développement durable et ne pouvons que nous satisfaire d’avoir été intégrés à la concertation sur la construction de cette Stratégie en tant que représentants du secteur des BRSA. Nous considérons que pour être efficaces, ces initiatives doivent nécessairement être adossées à des méthodologies et des définitions claires, alignées au niveau européen afin de garantir le bon fonctionnement du marché intérieur de l’UE, et reposer sur des justifications scientifiques permettant de garantir un bénéfice environnemental.
De ce fait, nous souhaitons souligner un certain nombre de points visant à améliorer la mise en œuvre effective de cette Stratégie, dans le but de garantir l’atteinte de ses objectifs tout en préservant les investissements qui seront réalisés par l’ensemble de la chaine de valeur dans les années à venir.
La nécessaire reconnaissance du rôle de l’emballage circulaire pour l’atteinte des objectifs d’AGEC
BRF souhaite saluer la prise en compte des enjeux, problématiques, leviers et potentiels de chaque secteur par la rédaction de fiches sectorielles sur lesquelles repose la Stratégie Nationale 3R. Ces fiches déclinent par secteur une première ébauche sur l’état des lieux, l’évaluation des potentiels 3R à l’horizon 2025 et l’identification d’actions à conduire et les perspectives à horizon à 2040.
Il nous semble donc tout à fait pertinent d’inclure la notion d’emballage circulaire (emballage recyclable et réincorporant un maximum de matière recyclée) au sein de la fiche BRSA, cette notion s’inscrivant en parfaite adéquation avec :
- la poursuite des objectifs de la loi AGEC et de la Directive SUP ;
- les trajectoires de décarbonation françaises et européennes ;
- la dynamique du plan France 2030 qui va consacrer la moitié de son budget aux projets de décarbonation et qui place le développement du recyclage dans ses priorités.
Loin d’être propre au seul secteur des BRSA, la prise en compte de cette notion nous semble toutefois nécessiter son inclusion dans la Stratégie globale, afin d’en définir les fondements et de confirmer son intérêt pour la poursuite des objectifs globaux de cette Stratégie. De ce fait, il nous semble opportun de l’inclure :
- partie 2.2.4.2, page 136 : au sein du paragraphe « inciter à l’incorporation de matière recyclée » ;
- au niveau du résumé exécutif, page 10 ;
- dans le tableau récapitulatif repris pages 16 et 178, ainsi qu’en Annexe II (ligne recyclage, colonne 2030-2040).
Compte tenu du potentiel de ce levier en termes de décarbonation et de réduction de l’utilisation de ressources fossiles, nous plébiscitons également la réintégration de cette notion aux perspectives 2040 de la fiche sectorielle des BRSA, comme c’était le cas initialement.
Chaque solution matériau - usage (unique ou réemploi) ayant ses avantages et ses inconvénients environnementaux, il convient dans cette perspective de privilégier, pour chaque situation, la solution la plus vertueuse. Le plastique, dès lors qu’il est bien trié et bien recyclé, et qu’il satisfait donc une fonction d’emballage circulaire, a toute sa place dans ce mix (matériau fonctionnel et léger, permettant le recyclage en boucle fermé…). La bonne prise en compte de la notion d’emballage circulaire est donc clé et a toute sa place dans cette Stratégie, au-delà des objectifs 2025. De plus, la reconnaissance de l’utilité de ce levier ne remet pas en cause les ambitions en termes de réduction et de réemploi, sur lesquelles notre secteur prend toute sa part.
Enfin, si nous saluons la prise en compte du potentiel du plastique biosourcé dans la Partie 2.2.3.2 de la Stratégie, la place qui lui est donnée post 2040 nous semble là aussi poser question. En effet, les solutions basées sur du plastique biosourcé en cours de développement présentent un intérêt certain à la fois en termes de fonctionnalité mais aussi environnemental (en évitant le recours aux ressources pétrochimiques, en donnant une nouvelle vie à des résidus de matières végétales qui en temps normal auraient été jetés ou brûlés). Il est regrettable que ces solutions, qui par ailleurs nécessitent des investissements conséquents, de la part des industriels, ne puissent être reconnues comme potentiel de réduction ou substitution à la matière plastique (fossile) dans le cadre de cette stratégie.
Une meilleure prise en compte de la problématique liée aux injonctions réglementaires contradictoires
La problématique posée par l’existence d’injonctions réglementaires contradictoires est soulevée point 1.3.2, dernier paragraphe page 59 et point 2.5.2, page 175, paragraphe « La perspective de la fin de mise en marché des emballages en plastique à usage unique : un facteur de risque pour certains investissements ? ». Néanmoins :
- Si l’objectif de fin de mise sur le marché d’emballage en plastique à usage unique en 2040 est bien rappelé, il est également nécessaire de prendre en compte l’objectif de réduction de 50% de la mise en marché de bouteilles en plastique à usage unique pour boisson à l’horizon 2030, risque supplémentaire et à plus court terme pour la pérennité des investissements en vue de l’amélioration du recyclage et de l’incorporation de matière recyclée.
- Si nous partageons le constat d’une augmentation des investissements dans le recyclage des bouteilles en PET (Encadré page 176), nous sommes en totale opposition avec la conclusion qui en est faite et qui indique que « cela démontre qu’une perspective de diminution à moyen/long terme ne remet pas nécessairement en cause la pertinence d’investir à court terme et massivement sur le recyclage ». Nous considérons à l’inverse que cette augmentation des investissements démontre plutôt une confiance des acteurs dans la pérennité des emballages en PET et rPET, du fait de leur intérêt économique et environnemental, lorsqu’ils sont bien triés et bien recyclés.
Pour conclure, les éléments avancés pour minimiser le risque qui pèse sur les investissements ne nous semblent pas suffisants pour garantir une visibilité satisfaisante à l’échelle industrielle et à répondre aux inquiétudes quant aux injonctions contradictoires d’AGEC. La compétitivité des filières de recyclage que promeut cette Stratégie et leur rendement est intrinsèquement liée à leur rentabilité et à la rentabilisation sur le long terme des investissements massifs qui y sont et y seront consacrés, ce qui ne pourra être possible si la Stratégie continue d’abonder dans le sens d’une interdiction des emballages circulaires à horizon 2040.
Il nous semble enfin primordial de rester cohérent avec la réglementation européenne afin de ne pas créer de distorsion de concurrence au sein du marché unique, notamment en ce qui concerne les définitions retenues. En ce sens, les bouteilles plastiques supérieures à 3L devraient être exclues des « plastiques à usage unique » conformément à la définition qui en est faite au niveau européen par la Directive (UE) 2019/904.
Une réintroduction du principe d’un meilleur bilan environnemental des solutions de substitution
BRF considère que toute substitution à un emballage en plastique à usage unique devrait être conditionnée à un bilan environnemental supérieur.
La Stratégie évoque les limites liées à la méthodologie ACV. Si nous les reconnaissons également, il convient pour autant de ne pas stigmatiser les emballages en plastique : les problématiques liées à l’abandon des déchets et ses conséquences environnementales, réelles, doivent néanmoins être nuancées compte tenu des ambitions de l’ensemble des parties prenantes en matière d’amélioration de la collecte et du recyclage. La problématique ici n’est pas liée à l’emballage en lui-même, mais à la gestion effective de sa fin de vie, qui devra nécessairement être améliorée pour répondre aux objectifs réglementaires en matière de collecte. Ces améliorations à venir, en termes de collecte et de recyclage, devraient être prises en compte.
Nous partageons le fait que le rôle des secteurs est primordial dans l’étude des solutions de substitution et de leur pertinence environnementale. Néanmoins, la question de la prise en charge financière de la conduite d’études n’est absolument pas soulevée.
Enfin, la question des conséquences en cas de bilan environnemental dégradé pour l’ensemble des solutions de substitutions envisagées n’est absolument pas abordée dans cette Stratégie. Or, c’est une question qui nous semble fondamentale compte tenu des enjeux, et qu’il conviendrait de traiter.
Un besoin d’objectifs mieux définis, reposant sur les futurs travaux de l’Observatoire du réemploi
Les entreprises du secteur des BRSA reconnaissent et s’inscrivent pleinement dans la dimension 3R. Pour une mise en pratique optimale et sécurisée, il est néanmoins nécessaire de faire émerger une méthodologie commune, notamment en ce qui concerne le réemploi. Les définitions actuelles, lues strictement, sont aujourd’hui trop restrictives et mettent à mal certaines solutions, notamment pour des emballages réemployables présentant une très faible part d’éléments restant à usage unique (bouchon, capsule, étiquette, pochon interne des BiB…).
La création de cet Observatoire, initialement prévu en 2021, repoussé au 1er janvier 2022 mais toujours pas effectif, n’est évoquée qu’à une seule reprise dans la Stratégie (page 38). Or, son rôle sera primordial dans la mise en œuvre concrète des objectifs de réemploi et de réduction, si bien qu’il devrait être mis en avant de manière plus affirmée dans la Stratégie.
De plus, sans méthodologie, il nous est impossible de nous positionner sur la possibilité d’atteindre les potentiels de réduction et de réemploi proposés, puisque nous ne savons pas quelles solutions entreront effectivement dans ces notions, ni comment elles seront comptabilisées. Pourtant, la Stratégie affiche à de nombreuses reprises des potentiels chiffrés dont nous ne percevons pas les fondements objectifs (page 13, page 172, pages 241 et suivantes et dans l’ensemble des fiches sectorielles).
En outre, une clarification serait la bienvenue sur les solutions de « refill at home » telles que les bouteilles réemployables et rechargeables à la maison qui semblent s’apparenter à un « potentiel » de réduction, et non de réemploi. A nos yeux, ce type de dispositif contribue tout à la fois à une solution concourant à la réduction de matière plastique à usage unique (substituée par un contenant plastique réemployable) et à une solution de réemploi permettant au consommateur de réemployer le contenant indéfiniment au moyen d’une machine et de concentrés pour constituer ses boissons rafraichissantes.
Autres points d’intérêts pour BRF
Les ambitions de cette Stratégie, notamment autour du recyclage et de la réincorporation de matière recyclée, sont grandes et très liées à un enjeu crucial : celui de l’augmentation du gisement de matière recyclée, en termes de quantité et de qualité. Nous considérons que ces objectifs ne pourront être atteints sans la mise en place d’une consigne pour recyclage des emballages de boissons ; mécanisme qui a largement fait ses preuves dans plusieurs pays européens pour atteindre les objectifs de collecte de 90% à horizon 2029. La question de sa mise en place, soulevée par deux lois (Agec et Climat & Résilience), qui doit faire l’objet d’une étude d’impact environnementale et économique de la part des autorités compétentes, et qui est donc désormais plus qu’attendue par les acteurs souhaitant se conformer aux objectifs réglementaires de collecte, est à notre grand regret que très brièvement évoquée dans ce document (page 134). Si le « développement de la collecte séparée » est bien évoqué en page 9, il nous semble primordial de préciser quelle typologie de produits et quels mécanismes pourraient être envisagés. Ainsi, la consigne pour recyclage des emballages de boissons, sujet à part entière et ô combien clé pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par cette Stratégie, mériterait d’être abordée plus en détails dans ce document fondateur, et figurer par exemple aux pages 9 et 10, pages 16 et 178, page 136, page 169, ainsi que dans les fiches sectorielles concernées pour en poser les grands jalons et amorcer une réflexion.
Si BRF est aligné avec les ambitions d’augmenter la part de recyclé dans les emballages et a déjà pris des engagements en ce sens à travers l’Unesda, comme rappelé en préambule, nous considérons que toute injonction réglementaire en ce sens devrait être conditionnée à la disponibilité d’un gisement suffisant, en termes de quantité et de qualité. C’est un véritable prérequis pour pouvoir à terme imposer des quantités minimales de réincorporation de matière recyclée, au risque sinon de mettre certaines entreprises en difficulté faute de gisement suffisant. Rappelons également que les investissements nécessaires pour s’assurer de ce gisement suffisant et de qualité ne devraient pas être remis en cause à moyen terme, comme évoqué plus haut.
Les responsabilités des fédérations professionnelles soulevées dans la Stratégie sont nombreuses (pages 183 et suivantes). Si notre secteur y prendra toute sa part, il convient de rappeler que nous sommes soumis à l’observation des règles relatives au droit de la concurrence. De ce fait, il nous est notamment interdit de recommander l’adoption d’une solution plutôt qu’une autre.
Il nous semble enfin primordial de réalerter sur le nécessaire alignement des définitions retenues au niveau européen. Les questions liées à la transition écologique et les changements amorcés en conséquence par les entreprises sont trop importants pour qu’ils soient source d’instabilité juridique. A titre d’exemple, La définition de la recyclabilité n’est pas claire et plusieurs définitions y sont aujourd’hui données. Il serait souhaitable de prévoir une consultation spécifique sur ce sujet pour que les positions de chaque partie prenante puissent être prise en compte et que la définition retenue soit compréhensible pour tous et alignée au niveau européen.
Préambule
UNESDA-Soft Drinks Europe souhaite souligner en préambule que l’industrie européenne des boissons rafraichissantes est, de longue date, engagée dans la transition vers une économie circulaire, notamment en améliorant les caractéristiques environnementales des emballages de boissons gazeuses. Dans notre vision de l’emballage à l’horizon 2030, nous prenons plusieurs engagements de grande portée, allant bien au-delà de la législation européenne, notamment en ce qui concerne la recyclabilité et le contenu recyclé de nos emballages.
Nous sommes donc favorables aux initiatives du Gouvernement français autour de la Stratégie 3R visant à améliorer la durabilité et la circularité des produits. Toutefois, pour être efficaces, ces initiatives devraient toujours être soutenues par des règles et des définitions claires et harmonisées afin de garantir le bon fonctionnement du marché intérieur de l’UE. Elles devraient également toujours reposer sur des justifications scientifiques permettant de garantir un bénéfice environnemental et sur des études de faisabilité.
De ce fait, nous souhaitons souligner un certain nombre de points visant à améliorer la mise en œuvre effective de la Stratégie 3R afin de garantir l’atteinte de ses objectifs tout en préservant les investissements qui seront réalisés par l’ensemble de la chaine de valeur dans les années à venir.
La nécessaire reconnaissance du rôle de l’emballage circulaire pour l’atteinte des objectifs d’AGEC
UNESDA salue l’inclusion de la notion d’emballage circulaire (emballage recyclable et réincorporant un maximum de matière recyclée) au sein des fiches sectorielles, s’inscrivant en parfaite adéquation avec :
- la poursuite des objectifs de la loi AGEC et de la Directive SUP,
- les trajectoires de décarbonation françaises et européennes,
- la dynamique du plan France 2030 qui va consacrer la moitié de son budget aux projets de décarbonation et qui place le développement du recyclage dans ses priorités.
La prise en compte de cette notion nous semble toutefois nécessiter son inclusion dans la Stratégie globale, afin d’en définir les fondements et de confirmer son intérêt pour la poursuite des objectifs globaux de cette Stratégie.
De ce fait, il nous semble opportun de l’inclure :
- Partie 2.2.4.2, page 136 : au sein du paragraphe « inciter à l’incorporation de matière recyclée »
- Au niveau du résumé exécutif, page 10
- Dans le tableau récapitulatif repris pages 16 et 178, ainsi qu’en Annexe II (ligne recyclage, colonne 2030-2040).
Il nous semble en effet que chaque matériau et usage (unique ou réemploi) a ses avantages et ses inconvénients environnementaux. Dès lors, il conviendrait de privilégier, pour chaque situation, la solution la plus vertueuse. Le plastique, dès lors qu’il est bien trié et bien recyclé, a toute sa place dans ce mix (matériau fonctionnel et léger, permettant le recyclage en boucle fermé…). La bonne prise en compte de la notion d’emballage circulaire est donc clé et a toute sa place dans cette Stratégie. De plus, la reconnaissance de l’utilité de ce levier ne remet pas en cause les ambitions en termes de réduction et de réemploi.
Une meilleure prise en compte de la problématique liée aux injonctions réglementaires contradictoires
La problématique posée par l’existence d’injonctions réglementaires contradictoire est soulevée point 1.3.2, dernier paragraphe page 59 et point 2.5.2, page 175, paragraphe « La perspective de la fin de mise en marché des emballages en plastique à usage unique : un facteur de risque pour certains investissements ? ». Néanmoins :
- Si l’objectif de fin de mise sur le marché d’emballage SUP en 2040 est bien rappelé, il est également nécessaire de prendre en compte l’objectif de réduction de 50% de la mise en marché d’emballage SUP pour boissons à l’horizon 2030, risque supplémentaire à la pérennité des investissements pour l’amélioration du recyclage et de l’incorporation de matière recyclée.
- Si nous partageons le constat d’une augmentation des investissements dans le recyclage des bouteilles en PET (Encadré page 176), nous sommes en totale opposition avec la conclusion qui en est faite et qui indique que « cela démontre qu’une perspective de diminution à moyen/long terme ne remet pas nécessairement en cause la pertinence d’investir à court terme et massivement sur le recyclage ». Nous considérons à l’inverse que cette augmentation des investissements démontre plutôt une confiance des acteurs dans la pérennité des emballages en PET et rPET, du fait de leur intérêt économique et environnemental, lorsqu’ils sont bien triés et bien recyclés.
Pour conclure, les éléments avancés pour minimiser le risque qui pèse sur les investissements ne nous semblent pas suffisants pour garantir une visibilité satisfaisante à l’échelle industrielle et à répondre aux inquiétudes quant aux injonctions contradictoires d’AGEC. La compétitivité des filières de recyclage que promeut cette Stratégie et leur rendement est intrinsèquement liée à leur rentabilité et à la rentabilisation sur le long terme des investissements massifs qui y sont et y seront consacrés, ce qui ne pourra être possible si la Stratégie continue d’abonder dans le sens d’une interdiction des emballages circulaires à horizon 2040.
De plus, nous aimerions rappeler que l’article 18 de la Directive européenne de 2018 relative aux emballages et aux déchets d’emballages stipule que les États membres ne peuvent faire obstacle à la mise sur le marché, sur leur territoire, d’emballages conformes à la présente Directive. Toutefois, selon la loi AGEC, mêmes les emballages en plastique parfaitement circulaires seraient voués à disparaitre du marché européen.
Il nous semble enfin primordial de rester en cohérence avec la réglementation européenne afin de ne pas créer de distorsion de concurrence au sein du marché unique, notamment en ce qui concerne les définitions retenues. En ce sens, les bouteilles plastiques supérieures à 3L devraient être exclues des « plastiques à usage unique » conformément à la définition qui en est faite au niveau européen par la Directive (UE) 2019/904.
Une réintroduction du principe d’un meilleur bilan environnemental des solutions de substitution
UNESDA considère que toute substitution à un emballage SUP devrait être conditionnée à un bilan environnemental supérieur.
De plus, les problématiques liées à l’abandon des déchets et ses conséquences environnementales, réelles, doivent être nuancées compte tenu des ambitions de l’ensemble des parties prenantes en matière d’amélioration de la collecte et du recyclage. La problématique ici n’est pas liée à l’emballage en lui-même, mais à la gestion effective de sa fin de vie, qui devra nécessairement être améliorée pour répondre aux objectifs réglementaires. Ces améliorations à venir, en termes de collecte et de recyclage, devraient être prises en compte.
Nous partageons le fait que le rôle des secteurs est primordial dans l’étude des solutions de substitution et de leur pertinence environnementale. Néanmoins, la question de la prise en charge financière de la conduite d’études n’est absolument pas soulevée.
De plus, la question des conséquences en cas de bilan environnemental dégradé pour l’ensemble des solutions de substitutions envisagées n’est pas abordée dans cette Stratégie. Or, c’est une question qui nous semble fondamentale compte tenu des enjeux.
Un besoin d’objectifs mieux définis, reposant sur les futurs travaux de l’Observatoire du réemploi
Pour une mise en pratique optimale et sécurisée de la stratégie 3R, il est nécessaire de faire émerger une méthodologie commune, notamment en ce qui concerne le réemploi. Les définitions actuelles, lues strictement, sont aujourd’hui trop larges et mettent à mal certaines solutions possibles, notamment pour des emballages réemployables présentant une très faible part en usage unique (bouchon, capsule, étiquette, pochon interne des BiB…) (Point 1.4.2, page 65).
La création d’un Observatoire du réemploi, initialement prévu en 2021 et repoussé au 1er janvier 2022 mais toujours pas effectif, n’est évoquée qu’à une seule reprise dans la Stratégie (page 38) or, son rôle sera primordial dans la mise en œuvre des objectifs de réemploi et de réduction si bien qu’il devrait être mis en avant de manière plus équivoque dans la Stratégie.
De plus, sans méthodologie, il nous est impossible de nous positionner sur la possibilité d’atteindre les potentiels de réduction et de réemploi proposés, puisque nous ne savons pas quelles solutions entreront effectivement dans ces notions, ni comment elles seront comptabilisées. Pourtant, la Stratégie affiche à de nombreuses reprises des potentiels chiffrés dont nous ne comprenons pas les fondements objectifs (page 13, page 172, pages 241 et suivantes et pour l’ensemble des fiches sectorielles).
En outre, un besoin de clarification serait le bienvenu sur des solutions de « refill at home » ; comme les bouteilles réemployables et rechargeables à la maison qui semblent s’apparenter à un « potentiel » de réduction, et non de réemploi. A nos yeux, ce type de dispositif contribue tout à la fois à une solution concourant à la réduction de matière plastique à usage unique (substituée par un contenant plastique réemployable) et à une solution de réemploi permettant au consommateur de réemployer le contenant indéfiniment au moyen d’une machine et de concentrés pour constituer ses boissons rafraichissantes.
Autres points d’intérêts pour UNESDA
Les ambitions de cette Stratégie, notamment autour du recyclage et de la réincorporation de matière recyclée, sont grandes et liées à un enjeu crucial : celui de l’augmentation du gisement de matière recyclée, en termes de quantité et de qualité. Nous considérons que ces objectifs ne pourront être atteints sans la mise en place de systèmes de collectes efficaces et d’une garantie d’accès à la matière recyclée.
Si l’UNESDA est aligné avec les ambitions d’augmenter la part de matière recyclée dans les emballages et a déjà pris des engagements en ce sens, nous considérons que toute injonction réglementaire en ce sens devrait être conditionnée à la disponibilité d’un gisement suffisant, en termes de quantité et de qualité. C’est un véritable prérequis pour pouvoir à terme imposer des quantités minimales de réincorporation de matière recyclée, au risque sinon de mettre certaines entreprises en difficulté faute de gisement suffisant.
Tout objectif d’augmentation du contenu recyclé doit être conditionné par la disponibilité d’une quantité suffisante de matière recyclée et par les concepts de « circularité » et de « boucle fermée » promus par le plan d’action de l’UE en faveur de l’économie circulaire. En effet, avant même d’envisager d’introduire (ou d’augmenter) les objectifs de matière recyclée, il est essentiel d’évaluer sa disponibilité réelle. En outre, pour certains emballages (en contact avec les produits alimentaires), il ne s’agit pas de la disponibilité de n’importe quelle matière recyclée, mais de matière recyclée de qualité supérieure et bien définie, comme l’exigent les règles de sécurité alimentaire de l’UE et de l’EFSA.
Aujourd’hui, plusieurs études indiquent un niveau élevé de fuite de la matière recyclée nécessaire pour atteindre des objectifs plus élevés :
• Un rapport récent de l’ONG Zero Waste Europe (ZWE) montre que le système PET actuel en Europe a un niveau de fuite d’environ 75%. Les bouteilles présentent le meilleur niveau de circularité avec une moyenne de 17% de PCR (résine post-consommation) à partir de bouteilles réutilisées dans la fabrication de nouvelles bouteilles. Le reste est réutilisé dans d’autres catégories de produits tels que d’autres emballages ou les fibres. Il est ensuite perdu lorsque ces produits atteignent la fin de vie.
• La modélisation utilisée dans le rapport a montré qu’il n’y a pas assez de matériel pour permettre une circularité plus élevée. Le rapport estime qu’à l’avenir cela pourrait s’améliorer, mais cela repose sur l’hypothèse de donner la priorité au recyclage en boucle fermée (c’est-à-dire l’utilisation de rPET provenant de bouteilles pour boissons dans de nouvelles bouteilles pour boissons, par opposition à d’autres applications) pour assurer une circularité maximale.
• Des conclusions similaires sont reprises dans un autre rapport de PetCore, Plastics Recyclers Europe, Natural Mineral Waters Europe et UNESDA, qui conclut que la capacité de recyclage en Europe devra augmenter d’au moins un tiers d’ici 2029 pour permettre aux États membres de l’UE d’atteindre le taux de collecte de 90 % de l’UE et les objectifs obligatoires en matière de matière recyclée.
Dans ce contexte, nous recommandons fortement d’effectuer une analyse de la disponibilité actuelle et prévue du plastique recyclé (y compris le plastique recyclé de qualité alimentaire) et d’aligner les objectifs sur ce qui est réalisable. Nous pensons également qu’il est essentiel d’accorder à l’industrie des boissons non alcoolisées un « accès prioritaire » ou un droit de premier refus à la matière recyclée qu’elle met sur le marché et qui est collectée avec succès - sans un tel mécanisme, il existe un risque important de « downcycling » créé par l’utilisation de matière recyclée de haute qualité pour des applications non alimentaires (dans le textile par exemple) et un manque d’incitations pour d’autres secteurs en dehors de l’industrie des boissons à investir dans leur propre boucle de recyclage.
Il nous semble enfin primordial de réalerter sur le nécessaire alignement des définitions retenues au niveau européen. Les questions liées à la transition écologique et les changements amorcés en conséquence par les entreprises sont trop importants pour qu’ils soient source d’instabilité juridique. A titre d’exemple, la définition de la recyclabilité n’est pas claire et plusieurs définitions y sont aujourd’hui données. De plus, la définition de la recyclabilité sera adressée par la nouvelle Directive européenne sur l’emballage et les déchets d’emballage dont la publication est prévue en juillet 2022.
Il serait souhaitable de prévoir une consultation spécifique sur ce sujet pour que les positions de chaque partie prenante puisse être prise en compte et que la définition retenue soit compréhensible pour tous et alignée au niveau européen. Sans alignement, nous courrons le risque d’un assemblage de règles et définitions non harmonisées et porteuses de confusion pour l’industrie et les consommateurs.
Outre une potentielle dilution de l’effet des mesures mises en place, les divergences entre le niveau national et européen risquent de créer des obstacles à la libre circulation des marchandises et d’entraver la stabilité nécessaire aux entreprises pour investir davantage dans des solutions d’emballage circulaire.
A propos d’UNESDA – Soft Drinks Europe
Fondée en 1958, UNESDA Soft Drinks Europe est une association bruxelloise représentant l’industrie européenne des boissons rafraichissantes. Ses membres comprennent à la fois des entreprises et des associations nationales de toute l’Europe produisant des boissons gazeuses et non gazeuses, des poudres, des thés glacés, des cafés glacés, des sirops, des boissons énergisantes et des boissons pour sportifs.
www.unesda.eu
M. & Mme Recyclage est un bureau d’étude spécialisé dans la fin de vie des déchets.
Il faut des objectifs clairs sur quelle part de réduction par interdiction et limitation, quelle part de réemploi, quelle part de substitution et quelle part de recyclage des emballages plastiques à usages uniques permettrait d’atteindre les 70% d’emballages plastiques jetables en moins sur le marché conformément aux attentes de décarbonation de l’industrie. Ce plan précis amènera un cadre légal qui lui seul pourra inciter financièrement les différentes parties prenantes à aller de l’avant, conserver des emplois et des savoir-faire tout en participant à la sobriété nécessaire (il ne s’agit donc pas de décroissance). Cela doit permettre aux acteurs de la grande distribution d’éviter de se ruer sur des solutions rapides de substituons de la matière quitte à mettre de côté les solutions de sobriété en contradiction avec la logique de gestion des déchets. Cela doit permettre aux transformateurs de plastique et aux recycleurs de planifier le développement de leurs outils industriel pour la substitution, ainsi que le développement ou le rachat d’entreprises du réemploi. À ce sujet une entreprise s’illustre déjà dans cette stratégie : Proplast (Impact).
> La production de plastique est ce qui émet le plus de GES dans la chimie.
Le plus gros poste d’émissions de GES (Gaz à effet de Serre) dans la chimie française est le vapocraquage du pétrole brut (27%) [1] pour le transformer en éthylène, par exemple, une des bases du plastique. 65%, donc 2/3 des produits de ce vapocraquage sont utilisés pour la production de plastique [2]. Les autres étapes associées à la production des plastiques (transformer l’éthylène en polyéthylène par exemple) représentent 8% des GES de la filière [1]. Il y a donc 17,5 + 8 = 25,5 %, un bon quart des émissions de GES de la filière chimie lié directement à la production des plastiques, auquel on peut rajouter grossièrement + 3% pour la production de composés chlorés (2% des GES) dont 65% servent à faire du plastique (principalement du PVC), le noir de carbone (2%) et les élastomères (1%).
[1] Feuille de route de décarbonation de la filière chimie du Conseil National de l’Industrie
[2] Mémo du Plan de Transition Sectoriel de l’Ademe pour la décarbonation du secteur chimie.
> Pour réduire les GES de la filière chimie, il a plein d’options à dérouler en même temps dont la réduction de la production des plastiques.
D’ici 2050, dans l’optique de drastiquement baisser les émissions de GES du secteur chimie de 80% et conformément à la stratégie nationale bas carbone (SNBC), parmi tous les moyens à mettre en place, il faut une part de sobriété (au moins 4MTCO2eq - soit 18%) et une part recyclage (au moins 2,4 MtCO2eq - 11%) [3]. La part de sobriété, au regard de l’importance du plastique dans les émissions de GES de la filière chimie se traduit directement par une baisse de production de plastique de 1/3 d’ici 2050 et non une stagnation ou une augmentation via les imports, comme c’est le cas en ce moment [4].
[3] Plan de Transformation de L’Économie Française (PTFE) pour l’industrie du Shift Project
[4] Analyses de la production de plastique, données sur la demande et les déchets de PlasticsEurope
> Pour réduire la production des plastiques, il faut diminuer les emballages jetables.
Le secteur de l’emballage représentant entre 40% et 45% de l’utilisation du plastique [4]. Réduire à la source la production d’emballages en plastique jetable est le plus impactant. Parmi tous les secteurs, c’est d’ailleurs celui qui s’y prête le mieux tant les alternatives sont nombreuses comme présentées dans la stratégie 3R. Avec 70% de réduction de l’emballage plastique à usage unique d’ici 2027 [3], on arrive à baisser les GES de la chimie de 7 et 8% sur les 18% attendus pour le volet sobriété.
> La Stratégie 3R ne clarifie pas assez la situation
En effet, en parallèle aux potentiels de réduction, le potentiel de recyclabilité de nos emballages en plastique jetables est prédit à 100% en 2025. Si les décrets à venir n’obéissent pas à la logique de réduction, puis de réemploi et enfin de recyclage, il existe un risque non négligeable de voir une réduction des émissions de GES pour la filière chimie suffisante pour la partie recyclage des plastiques (4 à 5% à envisager sur 11%), mais insuffisante pour la partie sobriété (7 à 8% à envisager sur 18%). Seulement voilà, un recyclage performant seul ne permettra pas de satisfaire les objectifs :
> Le recyclage des emballages en boucle fermée est impossible à cause des règles du contact alimentaire.
Une partie des plastiques issus du recyclage de nos emballages ménagers ne sont pas destinés à réintégrer la production d’emballages, mais à alimenter d’autres secteurs comme le bâtiment et l’automobile. Légalement recycler en boucle fermée les emballages aptes au contact alimentaire est impossible. (Exception faite pour les bouteilles en PET (polytéréphtalate d’éthylène)). Sans des installations de recyclage chimique opérationnelles et rentables, cette impossibilité légale ne doit pas être levée, car elle assure la protection des consommateurs face aux risques de migration de composés dangereux, retenus dans les plastiques et issus de leur précédente vie et du recyclage.
> Il faut toujours intégrer du plastique dit vierge, directement issu du vapocraquage.
On peut s’aventurer à faire quelques calculs grossiers : même en partant de l’hypothèse qu’une majeure partie des bouteilles en PET écoulées en France seront 100% issues de matière recyclée ( 300 000 t/an), qu’aucun emballage ne soit réemployé (pas de réduction par rapport aux chiffres présentés dans la Stratégie 3R) et qu’il n’y ait aucun changement de procédé. Il faut continuellement alimenter le marché de l’emballage apte au contact alimentaire avec au minimum 28% de matière vierge (820 000 t - 300 000 t = 520 000 t). Or, pour le moment, indépendamment du taux de collecte, toutes nos bouteilles ne sont pas recyclées. En effet, le recyclât issu de nos emballages plastiques est encore parfois de piètre qualité. En cause : le manque d’éco-conception des emballages en vue du recyclage et une modulation de l’éco-participation des éco-organismes n’incitant pas assez à éco-concevoir pour le recyclage.
> ⅔ de la réduction doivent venir du réemploi puis de la substitution de matériaux.
Le potentiel de réduction offert par les leviers réglementaires de la loi AGEC ne dépasse pas les 10% là où l’on attend une réduction de 70% en 2027 pour viser une décarbonation de 7 à 8% de la chimie. Au minimum 60% de la réduction des emballages en plastique jetable doit donc venir du réemploi puis de la substitution de matériaux (et non l’ordre inverse).
Reprenons ces leviers un par un :
1- L’interdiction des emballages en plastique jetable pour les fruits et légumes (article 77)
Selon la Stratégie 3R, 20 000 t/an de plastique servent à emballer les fruits et légumes. Avec l’interdiction d’une partie d’entre eux, il serait possible de réduire de 40% leur utilisation et donc d’entraîner une baisse de la production. Cette réduction représente 0,4% (0,4 x 20 000 x 100 / 1 847 000) de la consommation des plastiques pour l’emballage là où l’on attend une réduction de 70% en 2027 pour viser une décarbonation de 7 à 8% de la chimie.
2- L’interdiction des récipients en polystyrène expansé pour la restauration à emporter (article 77),
En attendant l’obligation de réemploi, les établissements utilisant des récipients en polystyrène expansé sont passés sur des récipients en polypropylène expansé qui ne sont toujours pas recyclés. Cette mesure est totalement inefficace face à l’obligation de réemploi à venir.
3- La réduction des bouteilles en plastique mises sur le marché (article 66).
D’ici 2030, l’objectif de réduction de la mise sur le marché de bouteilles en plastique est de 50%. Le potentiel de réduction mis en avant dans la Stratégie 3R pour 2025 est de 20% et celui de réemploi (en part de la réduction) est de 75%. Il pourrait donc y avoir jusqu’à 95% de réduction de l’usage du plastique jetable pour les bouteilles en plastique. Si cette réduction est contrainte à 50% en 2030, imaginons qu’elle soit à 35% en 2027, cela correspondrait à une baisse grossière de 120 000 tonnes de bouteilles de PET en moins (eau, soda, jus, lait) : 6,5% de l’usage du plastique dans l’emballage, là où l’on attend une réduction de 70% en 2027 pour viser une décarbonation de 7 à 8% de la chimie.
4- L’interdiction des films en plastique jetable entourant les publications de presse et publicitaires (article 78).
La Stratégie 3R ne permet pas d’identifier le pourcentage de réduction plastique associé à cette interdiction. Toutefois, les films étant très légers, on peut supposer que cette interdiction n’apportera pas de réduction significative.
> Les leviers réglementaires de la loi AGEC favorisant le reémploi ne sont pas assez précis.
La loi AGEC impose 10% d’emballages réemployables pour 2027 par rapport au nombre d’emballages jetables mis sur le marché (article 9), ainsi que l’obligation pour les établissements de restauration de servir dans des contenants réemployés dès 2022 (article 77). Ces réemplois fourniront directement les besoins de réduction de mise en marché d’emballages en plastique, mais comment traduire les pourcentages de réemploi en part effective de baisse de la production de plastique ? Parmi les solutions de réemploi, certains emballages jetables en plastique seront remplacés par des emballages réemployables en verre ou en métal et non en plastique. Certains remplaceront du verre jetable, ou des cartons plastifiés. En 2025, il faudrait donc un bilan par secteur (les mêmes que ceux de la Stratégie 3R, segmentant aussi la vente à emporter dans la restauration) sur le taux de retour et le nombre de réemplois des emballages plastiques / verre / métaux réemployés ayant remplacés des emballages en plastique jetable. Cela devrait permettre de déterminer la participation effective du réemploi aux objectifs de sobriété de la filière chimie et d’acter en conséquence pour ajuster la trajectoire de réduction.
> Contraindre certains secteurs à plus de réempoi aurait un impact significatif
Dans le cas où la réduction apportée par les leviers réglementaires existants favorisant le réemploi n’est pas suffisante, contraindre un type de contenant à un pourcentage de réemploi supérieur pourrait être efficace. Au regard de l’harmonisation nécessaire au réemploi et du volume de plastique jetable utilisé, certains secteurs sont plus susceptibles d’offrir une marge de progrès significative. Le réemploi contraint des bouteilles pour boissons peut amener au moins 19% de réduction sur les 60% manquants. Celui des emballages de transport rigide : 6%, celui des contenants pour liquides professionnels : 17%, etc. Si le potentiel de réduction présenté dans la Stratégie 3R ne s’accorde pas avec les besoins de réemploi, il convient dès à présent d’inviter les éco-organismes à privilégier les appels à projets qui permettent de soutenir financièrement des initiatives ciblant en priorité les domaines où le potentiel de réemploi est faible, mais dont l’impact est significatif.
> Là où un réemploi aurait un impact important, il entre en conflit d’usage avec le recyclage
Il conviendrait de ne pas provoquer des conflits d’usage entre le recyclage et le réemploi en favorisant la capacité des recycleurs à intégrer la chaîne de valeur du réemploi et non en privilégiant le recyclage, car la réduction passe avant. Le réemploi des emballages du secteur des produits laitiers pourrait participer au besoin de réduction à hauteur de 7% (sur les 60%). Le gouvernement aurait intérêt à très vite statuer sur le sort du recyclage du polystyrène dans l’emballage. Ne pas limiter son utilisation dans les emballages alimentaires et continuer d’attendre une potentielle solution qui n’existe pas encore à grande échelle après plus de 15 ans de développement de filières semble être à contre-courant des efforts à mener pour décarboner l’industrie de la chimie.
> Là où le réemploi aurait un impact important, il entre en conflit d’usage avec la substitution des matériaux.
Il conviendrait d’éviter que les objectifs de sobriété du secteur de la chimie ne se répercutent sur les secteurs du papier carton, du verre ou de l’acier, ce dernier étant aussi soumis à de gros enjeux de décarbonation et donc de sobriété. Le secteur papier-carton émet 12 x fois moins de GES que le secteur de la chimie. Une part non négligeable du besoin de réduction des plastiques jetables peut être transférée vers ce secteur pour conserver l’utilisation d’emballages jetables. Néanmoins, les plastiques restent indispensables en tant que matériaux-barrière et seront donc employés en complexe avec le papier-carton. En 2025, il faudrait donc un bilan par secteur (les mêmes que ceux de la Stratégie 3R, segmentant aussi la vente à emporter dans la restauration) sur le taux d’emballages complexes carton/plastique et leur proportion moyenne de plastique ayant remplacé des emballages en plastique jetable. Cela devrait permettre de déterminer la participation effective de la substitution de matière aux objectifs de sobriété de l’industrie et d’acter en conséquence pour ajuster la trajectoire de substitution.
> Là où le réemploi et le recyclage auraient un impact important, ils entrent en conflit d’usage avec d’autres moyens de décarbonation.
En parallèle à la sobriété et au recyclage, un des autres moyens les plus efficaces pour décarboner la filière chimie est de remplacer les chaudières à charbon par des chaudières à combustibles solides de récupération (CSR). Ces CSR contiennent une fraction de déchets plastiques non recyclée, le plastique brûlant bien. Les CSR ne devraient pas incorporer d’emballages plastiques (dans la limite de ce que la gestion des déchets permet) sous peine de miner les efforts de réduction, de réemploi et de recyclabilité nécessaires à l’atteinte des objectifs de décarbonation.
> Au sein même du recyclage il y aura des conflits d’approvisionnement de matière.
Il conviendrait de correctement équilibrer les objectifs de sobriété et de recyclage, car la réintégration de matière recyclée pour le contact alimentaire dépendra de futures installations de recyclage chimique. Pour être viables, ces dernières ont besoin d’un apport en déchets encore plus important que le recyclage mécanique qui peine déjà à s’approvisionner. Compter sur le recyclage chimique sans une amélioration du taux de collecte dans les années à venir engendre un risque de passer à côté des besoins de décarbonation à court terme (avant 2030). Il ne faut pas compter sur des technologies non matures à ce jour, car une partie de leur maturité vient de leur viabilité économique et non des détails techniques.
> Il manque des données conrètes pour justifier que les recharges souples jetables intègrent les solutions de réemploi.
Le réemploi inclut la vente de recharges (emballages primaires allégés) . Il faut alors tenir compte de toute la chaine d’approvisionnement : les emballages secondaires et tertiaires pour la logistique avant de conclure qu’une recharge participe au potentiel de réduction. À ce sujet, il manque des données essentielles (quantité de plastique utilisé pour protéger les recharges dans le transport, etc.) pour comparer correctement les émissions de GES entre l’emballage à remplacer et la recharge. En 2023, il faudrait une analyse comparative des impacts du remplacement par des recharges jetables incluant toute la chaine logistique. Même dans la littérature scientifique, les emballages secondaires et tertiaires ne sont pas correctement pris en compte.
> Le recyclage des complexes carton/plastiques dans la filière du recyclage du carton engendre une pollution plastique persistante non négligeable.
La substitution d’une partie du plastique par du carton au sein d’un emballage offre un potentiel de réduction, mais pose un problème de pollution. En effet, sur 22 repreneurs de déchets papier-carton accrédité Revipac, seules 2 sont capables d’extraire la fraction plastique (mélangée à l’aluminium) de la pate papier/carton. La stratégie 3R indique qu’il y aura une généralisation du recyclage de la fraction plastique : sur quoi se base-t-on pour avancer ça pour 2025 ? Quelle contrainte règlementaire pousse les entités de recyclage à modifier leur outillage industriel ? Aujourd’hui, rien ne permet de garantir que du plastique ne se retrouve pas en fraction dans la cellulose et dans les boues d’épuration qui peuvent finir en épandage. Parmi les solutions proposées dans la Stratégie 3R pour faciliter le démantèlement de la couche plastique lors du recyclage des papiers-cartons, il est fait mention de l’alcool polyvinylique : le PVOH (aussi appelé PVAl). Le PVOH hydrosoluble, “disparait” dans l’eau lors du recyclage, mais pose des problèmes de biodégradabilité, indépendament des allégations commerciales des principaux producteurs. En 2023, il conviendrait de dresser un bilan des articles scientifiques parus sur la biodégradabilité en milieu aqueux du PVOH et de faire des études avant de massifier l’utilisation de ce plastique au risque d’engendrer une pollution micro et nanoplastique en tentant de diminuer les émissions de GES. La stratégie 3R précise que le PVOH est une alternative pour les emballages carton sans film plastique, sauf que c’est un film plastique. Parmi les autres options pour les couches barrières en plastique au sein des briques, il est fait mention de la chromatogénie. À ce jour aucune unité de chromatogénie n’est opérationnelle en France.
> Le recyclage des emballages en bois est inexistant
Il est indiqué que la filière de recyclage des emballages en bois est en développement, ce qui est contredit par certains rapports issus des éco-organismes eux-mêmes. Sur quoi se base la Stratégie 3R ?
> La Stratégie 3R laisse trop d’angles morts
Il est indiqué que les emballages en polyéthylène (PE) souple disposent d’une filière de recyclage, cela ne tient pas en compte la taille des emballages et le degré d’encrage. Le PE souple peu encré est bien recyclé, pas le reste. Les chiffres avancés concernant le potentiel de recyclabilité ne semblent pas tenir compte de la taille des emballages, une partie non négligeable, trop petits pour le centre de tri est éliminée. Il conviendrait d’incorporer un potentiel de friabilité. Il n’est pas fait mention du risque de perturber le recyclage bouteille à bouteille avec la substitution d’un emballage mutli-couche autre qu’une bouteille par un emballage mono-matière en PET. Par exemple, les pots de yaourt en polystyrène,PS peuvent être remplacé par du PET, là où du PP serait mieux recyclé et ne viendrait par perturber le recyclage bouteille à bouteille. La stratégie 3R laisse trop de place à l’éco-conception des emballages en vue de réduire leur masse.
L’Alliance 7 tient à remercier les auteurs de la stratégie 3R et saluer la qualité des travaux menés.
Les fédérations sectorielles étant fortement invitées à engager des démarches pour formaliser des feuilles de route, l’Alliance 7 souhaite partager les enjeux de ses secteurs :
Recyclage : L’objectif de 100% mentionné dans le rapport pour toutes les catégories de produit est inscrit dans la législation par la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. L’Alliance 7 tient néanmoins à souligner les difficultés à surmonter pour certains emballages spécifiques pour atteindre cet objectif, qui sont d’ailleurs aussi mentionnées dans le rapport :
o Développement des nouvelles filières de recyclage, en particulier pour le PP souple. Le besoin existe également pour les produits en PET operculés pour lesquels des freins persistent pour trouver des solutions recyclables ;
o Définition de perspectives claires pour les industriels permettant d’apporter les garanties requises pour les investissements dans les lignes de production (au regard des deux échéances : 2025 et surtout l’interdiction des plastiques à usage unique en 2040) ;
o Captation des emballages dans les centres de tri, notamment des petits emballages.
Réemploi : les potentiels de réemploi définis dans les fiches sectorielles pour les catégories couvertes par l’Alliance 7 semblent cohérents avec les perspectives atteignables par ces secteurs, notamment par le réemploi des emballages industriels et commerciaux et la vente en vrac.. Ces pratiques demandent toutefois une phase d’expérimentation préalable afin de s’assurer que ces solutions répondent aux enjeux de sécurité sanitaire et de conservation.
Réduction : l’Alliance 7 formule plusieurs remarques et questions sur ce thème :
o Les ambitions chiffrées ne sont pas explicitées par des hypothèses de calcul pour justifier les tranches de potentiels affectées aux différents produits (<5%, 5 à 10%, 10 à 15%, 15 à 20%, etc.). En conséquence, ces ambitions sont à ce stade plutôt lues comme l’appréciation qualitative des consultants impliqués dans ce rapport sur la capacité plus ou moins forte des secteurs à engager des démarches de réduction et des efforts déjà fournis. Il serait donc souhaitable d’objectiver ces critères en présentant ces chiffres plutôt sous la forme d’un code couleur (vert à rouge par ex.) ou d’indicateurs non quantifiés (+, ++, +++) ;
o Quel(s) est/sont le/les élément(s) de référence et quelle prise en compte des résultats précédents ? L’Alliance 7 s’interroge sur la méthode de calcul d’une année à l’autre alors que la consommation de produits emballés en plastique a progressé pendant ces 3 ans, rendant l’objectif d’autant plus difficile à atteindre. Il serait ainsi judicieux d’adapter les ambitions en intégrant des hypothèses de consommation de plastiques sur ces 3 ans et par secteurs d’activité (en tenant compte de l’évolution de leurs conjonctures respectives sur cette durée). Il convient également de rappeler que la substitution vers un film souple recyclable peut induire une augmentation du poids de l’emballage afin d’assurer une même fonctionnalité et sécurité pour le produit emballé.
o Par ailleurs, les pouvoirs publics et les parties prenantes ne doivent pas pouvoir considérer, à ce stade, que les chiffres indiqués puissent servir de support à des éléments règlementaires contraignants ; ils n’ont en effet pas fait l’objet d’une étude d’impact précise ni d’éléments explications sur la méthodologie de quantification.
o Dans le cadre d’une réduction de plastique par substitution, les analyses d’impact environnemental doivent conditionner le choix des alternatives afin de ne pas se tourner vers des solutions présentant des « impacts environnementaux » plus importants.
AMORCE salue ce travail important d’analyse et de synthèse qui permet de donner une certaine lisibilité quant aux actions à mener mais craint que ces efforts ne soient pas récompensés par une mise en œuvre rapide et efficace.
En effet, le déploiement de cette stratégie 3R va se heurter aux limites suivantes :
- Les objectifs de la stratégie en comportent aucune valeur contraignante pour les metteurs en marché ainsi que les éco-organismes
- La difficulté de la coordination de la stratégie sans un éco-organisme responsable vis à vis des objectifs nationaux et de leur déclinaison dans les différents secteurs.
- L’absence d’éco-organismes dans le domaine des emballages industriels et commerciaux et des emballages de la restauration jusqu’en 2025.
- L’absence de moyens de contrôle et de sanctions des éco-organismes et des metteurs en marché en cas de non atteinte de leurs objectifs
- Les biais sur les notions de biodégradabilité, bioscourçage, recylabilité qui doivent être strictement encadrées pour éviter des dérives vers de nouveaux emballages que l’on ne saura pas recycler
- Le principe de substitution qui favorise plutôt un transfert de matériaux mais pas réellement de réduction des emballages de manière générale.
AMORCE fait donc les propositions suivantes :
1 - un encadrement de la production d’emballages à usage uniques mis sur le marché
Proposition 1 : AMORCE demande la création d’un organe indépendant de régulation des emballages mis en marché pour identifier :
- les résines recyclables et non recyclables
- Les usages inutiles et/ou excessifs
- Les critères des gammes de produits réemployables
- L’encadrement des solutions de substitution pour éviter de générer des emballages qui ne seraient pas triables et recyclables
Les données ci-dessus pourront faire l’objet de listes révisées annuellement avec des objectifs de réduction par décret ou arrêtés.
Proposition 2 : AMORCE la création de labels simples et harmonisés pour éclairer les consommateurs mais aussi des professionnels dans le choix des emballages plus vertueux. Les travaux création de ces labels devront être encadrés par l’ADEME et les pouvoirs publics à l’instar des travaux sur l’indice de réparabilité.
- Label « Réemploi » qui garantit les fonctions de réemploi de l’emballage, le respect des normes d’hygiène et la capacité à intégrer un dispositif logistique de réemploi
- Un « recycscore » à l’image d’un nutriscore ou d’un indice de réparabilité qui permet au consommateur (ménager ou professionnel) de faire un choix rapide et fiable. Il sera complémentaire de l’infotri.
2 - La définition d’objectifs contraignants et de moyens de coercition
La stratégie préconise d’inscrire les objectifs aux cahiers des charges des éco-organismes. AMORCE soutien également cette préconisation et demande des moyens de sanctions et de coercition.
1) Pour toutes les tonnes d’emballages que les collectivités éliminent, elles se voient appliquer la TGAP. A l’heure actuelle, l’éco-organisme n’est pas soumis à la TGAP pour les tonnes qui n’atteignent pas l’objectif de recyclage.
2) Les barèmes d’éco-contributions prévoient un système de bonus/malus sur certains emballages non recyclables et des emballages sans filière de recyclage.
Proposition 3 :
- Inscrire au cahier des charges des éco-organismes les objectifs de la stratégie 3R en % et en tonnes d’emballages par rapport à 2018
- Établir un premier jalon à fin 2022 à 10% de réduction des EPUU et 5% de réemploi des emballages
Proposition 4 :
- Assujettir les éco-organismes à la TGAP pour toutes les tonnes n’atteignant pas les objectifs de réduction, de réemploi et de recyclage.
- Fixer un barème d’éco-contribution fortement incitatif avec 100 à 500% de malus sur les emballages non recyclables ou ne disposant pas de filière de recyclage
- Évaluer l’efficacité d’éco-contribution par le suivi l’évolution des tonnages d’emballages malusés/bonussés mis en marché
- Pour le dispositif de déclaration des emballages excessifs cité dans la stratégie :
- Établir des critères cohérents avec la législation européenne et non suivi de sanctions
- Proposer que les avis soient suivis de sanctions administratives (barème des sanction et procédure d’application)
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à nos propositions.
Respectueusement.
Les entreprises du secteur de l’eau minérale naturelle sont pleinement engagées depuis de nombreuses années dans la transition écologique. Elles ont en effet à cœur d’agir sur l’activation de l’ensemble des leviers de la stratégie 3R pour accélérer les réponses aux enjeux de la transition écologique.
Le projet de Stratégie 3R soumis à consultation témoigne explicitement de la dynamique du secteur, nous nous en félicitons. En effet, le modèle dans lequel les minéraliers se sont engagés est régulièrement cité comme un exemple de réduction et de circularité.
Témoignant de sa pleine mobilisation, la MEMN a contribué en décembre 2021 à l’élaboration de la Stratégie 3R en menant un travail approfondi sur la base des données chiffrées et factuelles, en identifiant des objectifs réalisables avec les données actuelles, les leviers à activer pour aller plus loin et les besoins très précis et quantifiés pour y répondre.
Nous tenons à saluer la prise en compte, dans cette première phase de consultation, de certains éléments soulevés par notre secteur. Néanmoins, pour aboutir à une stratégie 3R à même de mobiliser l’ensemble des acteurs et de mettre en cohérence les défis environnementaux, sanitaires et économiques, il est indispensable de la compléter par les éléments prioritaires suivants.
Permettre les conditions favorables au développement de la circularité des emballages dont les bénéfices environnementaux sont mentionnés dans le projet de Stratégie 3R, en consacrant une place d’avenir, en 2040, aux emballages circulaires.
Le développement de l’incorporation de matière recyclée et plus largement des débouchés de matières premières issues du recyclage, couplé à un taux de collecte pour recyclage performant permet de substituer aux emballages à usage unique des emballages en plastique circulaires. Cette circularité est à favoriser car elle permet de compléter la stratégie destinée à réduire les déchets abandonnés via la mise en place d’une économie circulaire effective et, de ce fait, réduire les pollutions terrestres et marines, en y intégrant par ailleurs les nécessités de répondre aux enjeux de décarbonation. Les projets de décarbonation sont consacrés prioritairement par le plan France 2030 en représentant la moitié de l’enveloppe d’investissements disponibles. La circularité de l’emballage, par une décorrélation de plus en plus effective entre matière vierge et emballage, permet de contribuer à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone que la France et l’Union européenne ont adopté, avec une première étape de -55% d’émissions de CO2 dès 2030. En participant à la construction d’une industrie forte du recyclage, en accélérant les innovations, en renforçant la souveraineté de la France en approvisionnement de matière première recyclée, le développement des emballages circulaires s’inscrit dans la vision stratégique 3R française. Ils sont des emballages d’avenir qui s’intègrent dans un mix d’emballages diversifié.
Les ambitions de la Stratégie 3R, en termes de recyclage et d’incorporation de matière recyclée, ne peuvent aboutir sans une augmentation conséquente de la collecte pour recyclage du gisement. Or, aujourd’hui, la solution la plus efficace à court terme pour y parvenir est le déploiement de la consigne pour recyclage en concertation avec l’ensemble des parties prenantes. Cette nécessité devrait apparaître plus explicitement dans la Stratégie 3R.
Enfin, la circularité de la bouteille n’est possible que dans le cas d’une amélioration à l’accès au gisement en termes de coût. Compte tenu de la stagnation de la collecte pour recyclage et, dans le même temps, de l’augmentation de la demande en rPET par les industriels, le coût de cette matière est en constante évolution et atteint des seuils historiques. Il est urgent de prévoir une priorisation de l’accès au gisement RPET pour ce secteur à l’instar de ce qui a été entrepris par l’Espagne et l’Italie dans les textes réglementaires transposant en droit national les obligations d’incorporation prévues par la Directive SUP.
Valoriser la complémentarité des produits, en particulier les différentes catégories d’eaux, qui ne s’opposent pas mais répondent à un usage complémentaire et à des besoins spécifiques des consommateurs qu’il leur revient de qualifier.
L’eau minérale naturelle, l’eau de source et l’eau du robinet sont des eaux différentes, en termes de qualité, de nature même et de réglementation, leurs usages sont complémentaires. Il convient de laisser le choix au consommateur quant à son mode d’hydratation en fonction de ses besoins qu’il lui revient de qualifier. En effet, les eaux minérales naturelles et eaux de sources sont des eaux pures et naturelles qui ne subissent aucun traitement de désinfection, à la différence de l’eau du robinet (utilisée également dans le cadre de sa gazéification ou microfiltration) qui est rendue potable par traitement chimique.
La complémentarité se situe également sur les réponses que peuvent apporter certaines sources d’eau. La majorité des sites des EMN est qualifiée d’opérateur d’importance vitale. Ainsi, en cas de catastrophe climatique ou encore en cas de pollution des eaux de réseaux, les sites d’eaux minérales naturelles sont réquisitionnés pour apporter l’hydratation indispensable aux personnes concernées.
Prendre en compte, dans le potentiel et les besoins, l’absence, à date et à court terme, d’alternative à la bouteille d’eau minérale naturelle en plastique en mesure d’apporter un bénéfice environnemental global tout en soulignant les travaux de R&D destinés à identifier des solutions opérationnelles.
Toutes les entreprises d’eaux minérales naturelles ont fait preuve d’un engagement certain en matière d’allègement du poids des bouteilles et par conséquence, de réduction du plastique mis en marché. Cette avancée et le faible potentiel à l’avenir d’allègement sont soulignés par le projet de Stratégie 3R et nous le saluons.
L’atteinte de potentiel de réduction passe donc majoritairement par des alternatives à la bouteille en plastique. Or, toute substitution à un emballage en plastique à usage unique est conditionnée à un bilan environnemental positif par le décret 3R. La question des conséquences en cas de bilan environnemental dégradé pour l’ensemble des solutions de substitutions envisagées n’est pas abordée dans cette Stratégie.
A date, l’étude ACV réalisée par la MEMN et en cours de revue critique par le panel d’experts met en évidence l’absence de pertinence environnementale des autres contenants par rapport à la bouteille rPET (20%). Cette étude suivant un cadré référentiel reconnu doit être prise en compte.
Par ailleurs, les solutions pour aller plus loin dans la réduction restent basées sur des changements opérationnels, industriels majeurs en seulement 3 ans et très dépendants de l’acceptabilité incertaine du consommateur.
Notre secteur est pleinement mobilisé dans la recherche de leviers de décarbonation des solutions alternatives, dans une logique de complémentarité et de diversification, aux côtés des bouteilles circulaires.
Faute de solution opérationnelle à court terme et dans un climat réglementaire incertain concernant le déploiement à grande échelle du vrac, la filière ne peut s’engager à une réduction qui serait synonyme d’impact carbone plus élevé.
Consacrer le rôle central donné par la loi AGEC et Climat et Résilience à l’Observatoire du réemploi et de la réutilisation en fixant des potentiels envisagés par les acteurs concernés et calculés sur la base de données existantes et en prévoyant un ajustement sur la base des données produites par cet Observatoire.
La Stratégie 3R apporte des potentiels de trajectoire sans qu’aient été travaillées par l’Observatoire la méthodologie de calcul et la prise en compte des spécificités des secteurs. Les acteurs ne peuvent en effet apporter des potentiels de trajectoire qu’avec des données connues permettant de modéliser des trajectoires. Or, de nombreux potentiels sont fixés dans la stratégie 3R notamment en prenant en compte les emballages industriels et commerciaux sans que des données fiables existent.
Concernant le secteur de l’eau minérale naturelle, compte tenu de l’obligation d’embouteillage à source et du transport que cela induit, le déploiement à grande échelle du réemploi en circuit GMS n’est pas environnementalement pertinent à court terme. Il sera nécessaire d’activer les leviers de décarbonation qui incombent à un ensemble élargi de parties prenantes autres que la filière de l’eau minérale naturelle (autres secteurs et notamment le secteur des transports, parties prenantes du secteur boissons, distributeurs, Etat). C’est une des conditions fixées dans l’article 25 de la loi Climat et Résilience.
Par ailleurs, la construction de ce modèle repose sur un bouleversement total des modèles actuels, avec les investissements conséquents que cela engendre. Pour construire un modèle économiquement viable et industriellement solide, il sera nécessaire d’activer l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur et de s’assurer de l’acceptabilité pour le moment très incertaine des consommateurs.
Ouvrir la porte à la vente en vrac de l’eau minérale naturelle au regard de l’impulsion donnée par le Gouvernement sur son déploiement.
La MEMN salue l’identification de la vente en vrac en tant que « besoins » dans la fiche sectorielle des eaux plates et gazeuses. En revanche, en évoquant une impossibilité de vente en vrac, la Stratégie 3R est en contradiction avec l’impulsion donnée par le Gouvernement.
En effet, au regard de la dynamique portée par la loi AGEC, le Gouvernement souhaite que la vente en vrac de l’eau minérale naturelle puisse entrer désormais rapidement en expérimentation afin d’apporter à la Commission européenne les éléments permettant de faire évoluer son interprétation restrictive de la Directive « eau minérale naturelle ».
La Stratégie 3R est une opportunité pour le Gouvernement d’apporter un signal positif de l’application rapide des dispositions de la loi Climat & Résilience qui fixent un objectif de vente en vrac et encouragent les pouvoirs publics à expérimenter ce type de vente.
De plus, les mentions présentes dans le projet de Stratégie 3R sont également contradictoires avec l’esprit porté plus généralement par cette Stratégie destinée à ouvrir des portes vers des innovations, et non de les fermer.
S’inscrire en cohérence avec les textes européens notamment sur le périmètre couvert par la Directive SUP.
Le projet de Stratégie 3R énonce à la page 59 que « les bouteilles à usage unique supérieures à 3L, qui n’entrent pas dans le périmètre de la Directive SUP, sont couvertes ». Cette mention est en effet contraire au droit européen, en particulier à la Directive (UE) 2019/904 et aux lignes directrices afférentes qui excluent expressément les récipients pour boissons d’un volume supérieur à 3L ainsi que les récipients pour aliments non destinés à une consommation immédiate (incluant notamment les grands formats ainsi que les formats multi-portions). Les entreprises évoluent dans un marché européen. L’alignement entre les textes européens et nationaux est primordial pour la visibilité réglementaire et, de ce fait, la capacité à investir des entreprises notamment dans la transition écologique. Les cas de surtranspositions nuisent à la compétitivité de notre économie, ce qui a un impact significatif sur la capacité à investir. Il est crucial de ne pas surtransposer les dispositions du cadre européen afin de ne pas créer de distorsion de concurrence au sein du marché unique de l’UE. Il est à rappeler que les grands formats ne sont pas des formats destinés à une consommation nomade. C’est ce raisonnement qui avait conduit le législateur européen à exclure ce format de la définition d’un SUP. Par ailleurs, une telle inclusion serait incohérente avec la valorisation de développement des grands formats.
De manière générale, l’évolution qu’implique la transition écologique sur les modèles économiques qu’il reste aujourd’hui à trouver pour passer de projets pilotes à des projets d’échelle devrait être davantage traité par la Stratégie 3R, en tenant compte également de l’acceptabilité incertaine des consommateurs. La Stratégie 3R devrait également traiter de la répartition des coûts liés à la transition écologique tout au long de la chaîne de valeur, jusqu’au consommateur final.
Le plastique demeure un sujet éminemment sensible et politique. Incarnation par excellence du progrès au 20ème siècle et de la modernité, il fait aujourd’hui l’objet d’une profonde remise en cause à l’échelle internationale. Au cours de la dernière décennie, il est devenu la marque de la mauvaise gestion des déchets et d’une pollution visible et mondialisée. Tandis que ce matériau était pointé du doigt, de notre côté, nous étions déjà convaincus au niveau de Valorplast que le recyclage des emballages plastiques ménagers était un modèle d’avenir. Partout et à tous les niveaux, une mobilisation collective et un remarquable esprit d’innovation se sont mis en action. De part et d’autre, les responsabilités sont prises et Valorplast s’en réjouit.
>> VALORPLAST agit pour bâtir une filière de recyclage des emballages plastiques ménagers pérenne, rentable et transparente.
Notre entreprise a ainsi pour missions de :
- assurer la reprise des flux de plastiques collectés et triés par les collectivités dans le cadre de la Garantie de reprise Filière,
- développer durablement le recyclage en identifiant notamment des débouchés à haute valeur ajoutée pour tous les emballages plastiques,
- favoriser l’écoconception des emballages plastiques en vue d’assurer leur recyclabilité.
VALORPLAST pilote le recyclage de près de 50% du gisement national d’emballages ménagers et en tant qu’accélérateur de l’économie circulaire, a réussi à recycler 70 % de ces emballages en France et 30 % en Europe proche. Dans cette même logique, VALORPLAST est pleinement engagé dans le déploiement de l’extension des consignes de tri auprès des collectivités françaises. Les flux d’emballages plastiques ménagers issus de ce nouveau dispositif ont représenté 71 % des tonnages repris et recyclés par VALORPLAST.
Nous souhaitons souligner le caractère très ambitieux de la stratégie 3R, et nous saluons l’énorme travail de consultation et de synthèse qui a été réalisé pour la production de ce document et de ces annexes sectorielles.
Dans ce même esprit de co-construction, Valorplast mobilise tout son potentiel de créativité et d’innovation pour impulser de nouvelles solutions et transformer cet impératif de changement en opportunité pour les plastiques, mais aussi pour l’ensemble des acteurs de ce dispositif. Si cette stratégie a été construite en impliquant de nombreuses parties prenantes, nous regrettons que dans les plans d’actions proposés, la diversité du nombre de parties prenante soit réduite. Nous appelons à une réelle co-construction des plans d’action sans oublier d’impliquer les fabricants d’emballage, les fabricants de résines, les recycleurs, et les repreneurs.
>> Concernant les emballages ménagers :}}}
Nous pensons que l’enjeu prioritaire à adresser est l’urgente nécessité d’accélérer les efforts et les moyens pour augmenter le taux de collecte des emballages ménagers : dans les zones urbaines denses, dans les lieux accueillant du public, dans la rue, etc. Il faut réfléchir aux dispositifs pertinents pour booster le geste de tri tout en respectant le rôle et l’implication de l’ensemble des parties prenantes qui se sont impliquées notamment financièrement dans le développement des filières de recyclage du plastique, notamment les Collectivités Territoriales. Chacun doit endosser son rôle et ses responsabilités sur le sujet. A titre d’exemple, il nous parait primordial que les éco-organismes mettent des moyens conséquents pour atteindre les objectifs de collecte en hors foyer.
Valorplast appuie l’urgente nécessité d’accélérer l’extension des consignes de tri ainsi que le développement de technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle. Nous souhaitons en outre attirer l’attention sur un enjeu qui nous semble insuffisamment analysé dans le cadre de la stratégie 3R : le déploiement d’un schéma tri en deux étapes, avec une étape de tri simplifié et une étape de surtri, risque d’avoir pour conséquence une diminution du taux de captage des emballages en plastique lors des étapes de tri. En effet, à chaque étape de tri, des pertes difficilement réductibles interviennent et peuvent atteindre jusqu’à 10% du gisement collecté. Ainsi nous appelons à une réelle concertation de l’ensemble des parties prenantes pour définir les schémas de tri permettant d’optimiser à la fois le taux de captage, les coûts de tri pour les collectivités et l’approvisionnement en matières recyclées pour les régénérateurs. Ces schémas de tri doivent être adaptés en fonction des possibilités de chaque collectivité.
Sur la définition de la recyclabilité et l’analyse du caractère effectivement recyclable d’un emballage, Valorplast s’est impliqué depuis le début en tant que membre fondateur du COTREP pour qu’une information claire et objective soit disponible au plus large public. Nous pensons qu’il est primordial de continuer de s’appuyer sur les instances reconnues comme le COTREP pour ces questions, qui travaille en coordination avec ses homologues européens.
Valorplast salue la multiplication des aides pour développer le recyclage des plastiques. Ces aides restent très majoritairement, si ce n’est pas exclusivement, dédiées ou liées à des investissements industriels. Or bien souvent, le développement de filières de recyclage n’est pas limité que par les investissements initiaux mais par les coûts liés au fonctionnement lorsque les seuils de rentabilité en termes d’approvisionnement ne sont pas encore atteints : transport, logistique, préparation, achat matière première sont alors des postes qui nécessitent d’être aidés. Nous attirons donc l’attention sur la nécessité de développer également un panel d’aides permettant de couvrir ces étapes.
Partout et à tous les niveaux, une mobilisation collective et un remarquable esprit d’innovation se sont mis en action pour développer le recyclage des plastiques. De nombreux projets émergent, pour le recyclage mécanique, pour le recyclage chimique, et Valorplast s’en réjouit. Valorplast appuie la grande nécessité de donner de la visibilité long terme aux différentes parties prenantes impliquées pour que les investissements puissent émerger. Nous savons qu’il est urgent d’accélérer dans la création des filières de recyclage innovantes et de proximité. Pour y parvenir, chez Valorplast, nous croyons que la coopération des acteurs concernés et la mise en commun de leurs expertises est la meilleure solution. A titre d’exemple, un plan d’action a ainsi été initié sous l’impulsion de nos équipes, du secteur des produits laitiers représenté par SYNDIFRAIS, de nombreuses entreprises utilisatrices d’emballages en polystyrène et soutenues par CITEO, afin que tous puissent unir leurs savoir-faire et identifier les prérequis nécessaires à la mise en place d’une filière de recyclage du polystyrène (PS) en France.
Nous pensons que seule une approche concertée pourra permettre le développement de filières de recyclage, et nous appelons à conserver cet esprit de collaboration au sein de la filière de recyclage des emballages plastiques. Le besoin de sécurisation des approvisionnements, y compris pour voir émerger des technologies de recyclage chimique, ne doit pas avoir pour conséquence de déstabiliser les acteurs historiques de la reprise des emballages plastiques. Une concurrence libre et saine est la clé d’une industrie en bonne santé.
Il est dans l’ADN de Valorplast, depuis près de 30 ans, d’œuvrer opérationnellement à la création de filières de recyclage innovantes et de proximité.
Aujourd’hui, fort de ses engagements tenus, Valorplast souscrit pleinement à la nécessité d’accélérer l’implantation de sites industriels de recyclage sur le territoire national. Au-delà d’un plan de relance économique ambitieux, c’est l’urgence environnementale et l’intérêt général que nous portons aussi ici.
Néanmoins, il est impératif pour Valorplast que cette accélération se fasse dans le respect des contrats de reprise déjà établis avec les collectivités, les repreneurs, les unités de surtri et les recycleurs, et ce dans le respect des règles de la concurrence pour la reprise des déchets d’emballages plastiques ménagers.
>> Concernant les emballages industriels et commerciaux :}}}
Valorplast confirme la difficulté actuelle d’avoir un bilan complet et exhaustif des quantités d’emballages industriels et commerciaux collectés, réemployés ou recyclés, au global et par secteur. C’est pourquoi nous travaillons, avec l’appui de nos actionnaires Elipso et Plastics Europe, sur une initiative volontaire dans le cadre de notre filiale TWIICE. Cette initiative est en avance de phase par rapport à la mise en place de la REP car nous estimons qu’il est urgent de mieux connaitre le gisement et les enjeux spécifiques liés aux emballages industriels et commerciaux en plastique pour pouvoir développer leur recyclage. La mise en place d’actions après la mise en place de la filière REP en 2025 ne permettra pas d’atteindre les objectifs de la stratégie 3R sur le périmètre DEIC. Or, les résines mises en œuvre dans les emballages industriels et commerciaux sont principalement des polyoléfines (PEBD, PEHD, PP) et de PSE, susceptibles techniquement d’être mieux recyclées qu’elles ne le sont aujourd’hui. Une action coordonnée en amont est donc nécessaire pour développer leur collecte séparée et leur recyclage.
Les performances de recyclage des emballages industriels et commerciaux des autres matériaux que les plastiques sont globalement satisfaisantes et alignées sur les objectifs 2025 voire 2030. Pour les plastiques, la marche est encore haute. Au regard des spécificités de chacun des matériaux d’emballages, des actions ciblées sur les plastiques doivent être menées. La réflexion sur la structuration de la future REP doit prendre en compte ces besoins spécifiques : par exemple mise en place d’éco-organismes spécialisés pour le plastique ? Comment déployer des solutions opérationnelles de collecte qui viennent en complément de ce qui existe déjà (REP Mixte Financière et opérationnelle) ?
La question centrale sur le périmètre des emballages industriels et commerciaux porte sur l’obligation de tri à la source. Le cadre réglementaire actuel n’est pas suffisamment incitatif, il semble donc nécessaire de le retravailler dans la perspective de la future filière REP sur les DEIC.
Nous vous remercions pour ce projet de stratégie qui offre donc une première image des enjeux que ces objectifs 3R de la loi AGEC soulèvent avec notamment, les difficultés de mise en œuvre qu’ils engendrent, les défis technologiques et organisationnels qu’il convient de relever, les besoins d’investissements que cela va nécessiter pour tendre vers ces objectifs et plus généralement des risques et opportunités pour les différents acteurs.
S’agissant plus particulièrement de la fiche sectorielle jouet et puériculture, nous souhaitons attirer votre attention sur plusieurs points :
Tout d’abord la FJP n’a pas été sollicitée lors de ces travaux de concertation qui se sont déroulés entre septembre 2021 et janvier 2022. En effet la FJP n’a été informée que début janvier 2022 de ces travaux (de façon non officielle via une autre fédération), soit à la fin de ces travaux. Malgré cette absence de concertation avec notre fédération, nous nous sommes quand même rapprochés spontanément du cabinet en charge de ces travaux qui nous a présenté mi-janvier la fiche sectorielle déjà établie sans notre contribution. A noter aussi que la fiche sectorielle présentée était une fiche sectorielle exclusivement « Jouet » et n’incluait pas le secteur de la puériculture contrairement à la version présentée lors de la réunion du 28 janvier 2022 (lancement de la consultation des parties prenantes).
Nous comprenons que cette stratégie indique les marges de progrès sectorielles. Il nous semble donc important que ces tendances soient au plus près de la réalité du terrain en ce qui concerne nos secteurs et cela au regard des enjeux futurs. Aussi afin de bien comprendre comment les potentiels 3R de cette fiche ont pu être établi, pensez vous possible de nous préciser la méthode, les sources qui ont été utilisées, mais aussi les parties prenantes de nos deux filières Jouet et Puériculture qui auraient pu été interrogées pour aboutir à l’établissement de cette fiche ?
Pour le « R » de recyclabilité, nous remarquons que l’ensemble des secteurs ont un potentiel assigné à 100% et donc laisse penser que tous les secteurs confondus ont une marge de progrès de 100% à réaliser. Aussi nous pensons que le terme « Objectif » pour ce « R » serait plus approprié que le terme « Potentiel » dans le tableau récapitulatif page 13.
Toujours sur ce tableau page 13, il pourrait être intéressant de rajouter une colonne sur les valeurs nominales d’emballages plastique mis sur le marché par secteur et cela dans la perspective du gisement total. Ainsi on se rendrait mieux compte de la contribution des mises en marché par ces secteurs.
De notre côté, nous constatons au regard des premiers échanges avec certains de nos adhérents sur cette fiche que la réponse peut être très variée vis-à-vis de cette stratégie 3R. Par exemple certains sont déjà au « 0 » emballage plastique, d’autres sont déjà sur du 100% plastique recyclable pour les emballages plastiques nécessaires à la protection de leurs produits. Certains incorporent déjà de la MPR. La difficulté est par contre reconnue dans le réemploi des emballages. Ces quelques exemples montrent qu’il n’y a pas une approche unique, et mettent aussi en avant nos interrogations face aux potentiels indiqués dans cette fiche sectorielle Jouet et Puériculture.
Si la concertation est bien clôturée, vous comprendrez donc que la FJP ne peut à ce stade autoriser l’utilisation de son logo sur ce document officiel qui n’a pas été élaboré en concertation avec notre fédération.
Nous regrettons évidemment de ne pas avoir été sollicité lors de cette 1ère étape de concertation car ce sujet est évidemment très important pour la filière « jouet-puériculture ».
C’est pourquoi, nous restons à votre entière disposition pour revoir cette fiche sectorielle dans le cadre des futurs travaux de révision de cette stratégie nationale.
Contribution de l’association Pack en transition.
Notre cercle d’échanges et de réflexion regroupe des associations de consommateurs, des metteurs en marché, des industriels de l’emballage, éco organisme, écoles, … et nous abordons cet sujet en vision globale et systémique.
Notre contribution sera courte et tournée vers l’avenir.
1. Il est impératif de tenir compte du rôle de l’emballage dans la diminution du gaspillage alimentaire ( ou autre produit sensible ).
2. L’axe fondamental est de travailler sur le JUSTE EMBALLAGE, qu’elle que soit sa matière.
3. La protection du consommateur et de l’environnement sont les bases de la réflexion.
4. Les approches dogmatiques que ce soit dans le monde du déchet ou ou dans les approches « anti » ne contribuent qu’à faire reculer le monde.
5. L’augmentation du recyclage de TOUS les matériaux nécessaires. Le traitement des déchets fermentescibles l’est tout autant.
6. le recyclage des matériaux les plus simples à recycler a permis à la filière de gagner de l’argent facilement. Il est temps maintenant de mettre cette filière au service de la société et de la contraindre à recycler tous les matériaux en incitant les producteurs de matériaux à simplifier leur formulation en vue d’un recyclage optimal (pour une conservation juste des produits).
7. La filière des bio déchets doit être soutenue, en intégrant la possibilité d’y adjoindre des matériaux dont nous sommes certains de la compostabilité et qui sont trop légers pour être trier. En particulier, des objets qui faciliterait la collecte des bio déchets.
8. La très haute qualité de la recherche française, financée en grande partie par l’État français, nous a permis de découvrir des matériaux alternatifs de bonne performance. En particulier dans le monde des biotechnologies, sont apparus des matériaux d’origine renouvelable, recyclables et compostables en fin de vie. Ces matériaux doivent faire partie des alternatives possibles.
9. La solution unique n’a jamais été un pari gagnant.
10. Nous ne ferons jamais aussi bien que la nature, mais tentons de nous en inspirer et de nous en approcher.
L’AFCB (ex club Bio-plastiques), association représentant la filière des nouvelles matières biosourcées et compostables de l’amont agricole à la distribution en passant par la production et la transformation des résines, déplore que le projet de stratégie 3R ne propose qu’une réponse partielle, réductrice et dommageable aux enjeux posés par les plastiques.
Réduction et réemploi : indispensables mais pas toujours réalisables
Si les visées de réduction et de réemploi des emballages semblent relever du « bon sens », il faut toutefois souligner qu’elles ne peuvent suffire à atteindre les objectifs de la loi AGEC de fin de mise en marché de plastique à usage unique à horizon 2040.
En effet, il n’est pas toujours possible de s’affranchir d’un emballage de type « plastique » dans la mesure où celui-ci garantit un certain nombre de critères indispensables à la préservation du contenu. Il peut ainsi s’agir d’assurer l’imperméabilité ainsi que d’autres fonctions barrières (ex : anti UV) qui permettront d’allonger la durée de vie du produit, notamment dans le cas de denrées alimentaires. Dans ce contexte et bien que légitime, l’objectif de réduction ne pourra s’appliquer dans tous les domaines. A titre d’exemple et comme souligné dans la stratégie (page 13), certains secteurs comme ceux de la viande, de la charcuterie (5 à 10% dans ce cas précis) et du poisson ne dépasseront pas 5% de potentiel de réduction d’emballage.
Il en va de même pour la question de la réutilisation et du réemploi. Ainsi, pour les secteurs précités, le potentiel de réemploi ne dépasse pas 5% pour des raisons évidentes d’hygiène et de praticité. Il semble ainsi difficile de s’affranchir de tous les emballages plastiques à usage unique (rappelons ici que le papier servant à emballer viandes et poissons est lui-même plastifié afin d’en garantir l’imperméabilité). Par conséquent et en dépit du développement de la vente en vrac et des efforts conjoints réalisés par les industriels et consommateurs, la réduction et le réemploi (p 13-14-15) ne participeront qu’insuffisamment à atteinte des objectifs de la Loi.
Recyclage : le fossé entre réalité et objectifs
Par conséquent, la pierre angulaire du projet de stratégie demeure le recyclage et plus particulièrement le recyclage mécanique, en cohérence avec l’objectif gouvernemental du 100% de plastique recyclé à horizon 2025. La présente stratégie évalue par ailleurs le potentiel de recyclabilité de l’ensemble des emballages mentionnés (p13-14 et 15) à 100%, sans toutefois se prononcer sur leur « recyclabilité effective ». En effet, dans l’absolu, tout emballage plastique est recyclable bien que la mention « recyclable » sur les produits ne signifie que trop rarement « recyclé ». Aujourd’hui en France, les bouteilles et flacons sont les emballages plastiques les plus recyclés. En dehors de ces applications, le reste des emballages (représentant 58% du total) n’est pas recyclé à plus de 8%. 30 ans après la loi de 1992, à l’origine de la création d’Eco-Emballage (devenu CITEO), la France se situe à l’avant-dernière position des pays européens dans ce domaine. En sus d’un effort conséquent qui devrait être consenti (tri à la source, massification des flux, modernisation des centres de tri), la stratégie devrait également prendre en considération les autres modes de recyclage existants : organique (compostage avec ou sans méthanisation), ou à venir (chimique), afin de les inscrire dans une complémentarité nécessaire au regard des limites du recyclage matière des plastiques. Pour rappel, la définition contenue dans l’article L. 541-1-1 du code de l’environnement précise que le recyclage doit être défini comme toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins.
A l’exemple des plastiques souillés par de la matière organique (les biodéchets), il n’est pas toujours possible de recycler les emballages pour des raisons techniques, économiques et environnementales. Ces emballages, pourtant essentiels, sont aujourd’hui enfouis en décharge ou incinérés, donc non recyclés, et devront demain nécessairement trouver une voie de valorisation pour atteindre les objectifs fixés par la France et l’Europe.
Quid des alternatives ?
En ce sens, il est regrettable que la loi AGEC et la présente stratégie fassent complètement l’impasse sur les alternatives crédibles et existantes, à savoir les polymères biosourcés compostables pourtant au nombre des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat. Pour rappel, ces matières aux caractéristiques dites « plastiques » n’ont pas vocation à se substituer à l’ensemble des plastiques conventionnels. Elles ont, en revanche, une utilité pour certains emballages difficilement recyclables car souillés par de la matière organique en proposant une fin de vie vertueuse par valorisation conjointe avec les biodéchets. A ce sujet, la « Revue des normes sur la biodégradabilité des plastiques » réalisée par l’ADEME souligne la robustesse des normes de biodégradation en vigueur et confirme bien l’aptitude de bioassimilation effective de ces matières dites « plastiques ». Ces produits garantissent donc un retour au sol de qualité de la matière et permettent d’éviter la contamination des composts par les plastiques conventionnels, ce qui pose aujourd’hui un problème majeur aux agriculteurs.
En excluant ces alternatives, la présente stratégie conduit au remplacement des plastiques à usage unique par d’autres matériaux dont le bénéfice environnemental n’est pas avéré et surtout susceptibles de présenter un risque pour la santé. A titre d’exemple, et bien qu’ils soient favorablement accueillis par les consommateurs en raison de leur « naturalité » présumée, les produits en bambou sont épinglés par la commission européenne en raison des produits chimiques dangereux qu’ils contiennent. Soulignons par ailleurs l’absence de normes les concernant pour de telles utilisations.
Disqualification des polymères biosourcés compostables
La présente stratégie disqualifie de facto les matières « plastiques » biosourcées compostables, aux motifs quelles ne contribueraient pas aux objectifs de réduction et ne disposeraient pas de filière opérationnelle de recyclage. S’il est vrai que la directive Européenne SUP intègre dans sa définition juridique des plastiques les résines biosourcées et biodégradables compostables, il convient de souligner que certains pays de l’UE, comme l’Italie, prennent toujours en compte leur utilité. Du fait du large développement du recyclage organique des biodéchets, l’Italie prévoit une exemption pour certaines applications compostables lorsqu’il n’est pas possible de recourir au réutilisable et que ces alternatives contribuent à limiter la présence des plastiques conventionnels dans les composts. En effet et notamment dans certaines conditions qui permettent la collecte des déchets en circuits fermés (cantines, festivals, etc.), l’utilisation de produits compostables, collectés et valorisés conjointement avec les biodéchets permet d’optimiser le recyclage (organique) des contenus et des contenants. En ce sens, et dans le cadre d’applications ciblées précédemment citées (emballages souillés par de la matière organique et donc non recyclés mécaniquement), ces alternatives concourent à l’atteinte des objectifs de la stratégie 3R. Le nécessaire développement de la valorisation des biodéchets induit par la directive Déchets, la LTECV et récemment la loi AGEC à horizon 2023, implique une accélération du déploiement des filières de recyclage organique en France, pays très en retard sur le sujet. Il est regrettable que la question du recyclage organique soit totalement absente de la présente stratégie alors qu’au regard des échéances et objectifs fixés, une prise en compte conjointe est indispensable (2023 pour les biodéchets et 2025 pour le recyclage des plastiques).
AFAÏA est le syndicat professionnel des acteurs de la filière des supports de culture (terreaux, substrats), paillages, amendements organiques, engrais organiques et organo-minéraux, et biostimulants. Représentant plus de 90 metteurs en marché de matières fertilisantes et intrants innovants des cultures végétales durables, AFAÏA remercie les autorités compétentes pour ce projet de décret relatif à la stratégie pour la réduction, la réutilisation, le réemploi, et le recyclage des emballages en plastique à usage unique.
Nos adhérents fournissent les marchés du grand public et de l’agriculture, avec des produits généralement conditionnés en sacs plastique, mais aussi en bidons pour les fertilisants liquides, en big bags pour les marchés professionnels.
Après consultation de nos membres, nous souhaitons, en tant que syndicat professionnel, être impliqués dans la mise en œuvre du plan d’actions de la stratégie 3R.
En effet, les acteurs de cette filière ont besoin d’être intégrés dans cette démarche pour atteindre la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique, en 2040.
Prévue par l’article 7 de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020, la stratégie 3R (réduction, réemploi, recyclage) pour les emballages en plastique vise à déterminer les mesures sectorielles ou de portée générale nécessaires pour atteindre les objectifs 3R d’ici à 2040, dans la perspective de fin de mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040.
Zero Waste France attendait des précisions opérationnelles quant à la mise en œuvre des objectifs 3R.
A cet égard, elle s’inquiète de la récurrence de mesures proposant des « engagements volontaires » et autres objectifs non contraignants qui restent trop légers pour garantir la bonne atteinte des objectifs 3R. Outre le fait que Zero Waste France aurait souhaité l’introduction dès le départ de mesures de contrôles et de sanctions en cas de non-atteinte des objectifs, la stratégie actuelle repose sur un cadre trop peu contraignant là où les engagements volontaires ont déjà largement montré leurs limites (effets d’annonce pas suffisamment suivis d’effets en général). A titre d’exemple, il est plus qu’étonnant de faire reposer la réduction des emballages plastiques industriels et commerciaux uniquement sur des engagements volontaires jusqu’à 2025 alors que ce secteur représente près de la moitié des emballages plastiques mis en marché en France.
Par ailleurs, la stratégie confère de nombreuses responsabilités et prérogatives aux éco-organismes de la filière emballages ménagers et aux fédérations professionnelles du secteur. Si ces attributions de rôle ‘pilote’ se justifient d’un point de vue opérationnel, elles interrogent toutefois l’association puisque d’une part le système de gouvernance actuel des éco-organismes ne leur permet pas de s’extraire des considérations liées aux intérêts (notamment économiques) des metteurs en marchés ; d’autre part, il sera difficile de garantir une coopération transversale entre les acteurs économiques d’un même secteur. De l’aveu même du MEDEF dans sa contribution à ce projet de décret, des freins importants (“les règles du droit à la concurrence, le besoin de sécurité des données et le secret industriel”, en bref le cadre de la compétitivité et de la concurrence) menacent le travail sectoriel nécessaire à l’élaboration des feuilles de routes sectorielles. Finalement, la coopération entre acteurs risque de rester limitée et de mener à des données, objectifs et résultats tronqués ou insuffisants à terme pour atteindre les objectifs 3R. Zero Waste France attend des précisions quant à l’encadrement des autorités de concurrence et autres organismes de l’État de ce processus clé de la stratégie permettant de sécuriser ce point.
L’association insiste également sur l’importance de rationaliser l’attribution des financements dans le respect de la hiérarchie des modes de traitement des déchets : le recyclage ne doit plus être privilégié par rapport à la réduction et au réemploi. La structure même de la stratégie (quatre axes du plan d’action sur dix sont consacrés à la chaîne du tri et du recyclage), traduit bien la réalité des priorités en France actuellement, tout comme les investissements et soutiens aux filières effectués récemment. En additionnant les fonds existants issus du plan France Relance, du Fonds économie circulaire, du 4e Plan d’investissement d’avenir et du Plan France 2030, il apparaît que plus de 600 millions d’euros ont été versés pour le développement du recyclage et l’incorporation de matière recyclée, contre seulement 78 millions d’€ dédiés à la réduction, le réemploi et la réutilisation. Il est essentiel d’axer les travaux de diagnostic de besoins d’investissements et d’enjeux de déploiement prioritairement dans les champs de l’écoconception et du réemploi avant de débloquer ensuite les financements nécessaires au développement de ces filières (estimée vaguement pour le réemploi dans une fourchette de 1 à 2,3 milliards d’€ par la présente stratégie).
En ce qui concerne la gouvernance, le suivi et l’évaluation, Zero Waste France regrette un cadre trop peu contraignant pour garantir la bonne atteinte des objectifs. Elle insiste sur le besoin de transparence fondamental vis-à-vis du public quant aux résultats et manquements des secteurs dans les délais prévus.
Le secteur de la distribution, conscient de son impact et de sa responsabilité, mène bon nombre d’actions en faveur de la protection de l’environnement. Les acteurs s’engagent dans le respect des réglementations et au-delà. Des plans de réemploi et de réduction des emballages ainsi que des plans de valorisation des déchets sont opérationnels depuis de nombreuses années.
La gestion logistique des flux de produits implique l’utilisation importante d’emballages industriels et commerciaux. La distribution s’est organisée depuis plusieurs dizaines d’années pour réduire l’usage des EIC, les écoconcevoir en vue du recyclage et pour favoriser leur réemploi, ce qui conduit les magasins à atteindre, voire dépasser, les objectifs de recyclage des DEIC, pour tous les emballages (y compris professionnels), fixés par la directive européenne.
La stratégie nationale 3R, outil nécessaire pour lutter contre la pollution plastique, représente une opportunité pour renforcer une dynamique collective entre les distributeurs, les industriels et l’ensemble des partenaires commerciaux, pour améliorer les performances 3R de l’ensemble des acteurs et préparer au mieux la fin du recours aux plastiques à usage unique d’ici 2040.
Les plans quinquennaux qui suivront à partir de 2025 devront être dans la continuité de ce premier plan 2021-2025, de manière à permettre les investissements nécessaires pour atteindre l’objectif de la fin des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040.
La liste des axes de travail repris dans le « Volet 3-Plans d’actions » du document nous semble exhaustive.
Nous comprenons que le calendrier doit s’inscrire dans le plan quinquennal 2021-2025 et mettrons tout en œuvre pour contribuer à son atteinte. Néanmoins, les échéances annoncées dans la stratégie nous paraissent courtes, tenant compte de l’ambition des mesures et des actions qu’il nous faudra renforcer pour les atteindre.
Il nous paraît important d’élargir les responsabilités pour motiver toutes les parties prenantes à générer des initiatives collaboratives en remplaçant les « / » par la mention « et/ou » et mentionner « l’ensemble des parties prenantes » pour chaque mesure.
S’agissant des fiches sectorielles relatives aux EIC (p.96 à 101) du document de travail, il conviendrait de préciser les références et modalités de calculs qui ont abouti à la quantification des potentiels de réduction, de réemploi, de recyclabilité/recyclage et de réincorporation de matière recyclée. Nous disposons de peu d’indicateurs actuellement et il nous est difficile d’évaluer le niveau d’ambition que représentent les potentiels chiffrés dans le document.
L’axe 5 – accélérer l’augmentation de la collecte – permettra notamment d’améliorer la traçabilité des EIC en vue de la future REP qui entrera en vigueur en 2025. De nombreuses actions sont déjà menées et la majeure partie des DEIC sont valorisés. L’enjeu majeur d’ici à 2025 est la mise en place d’indicateurs de suivi.
S’agissant de l’axe 10 – gouvernance, suivi évaluation – le document ne mentionne pas le rôle de l’Observatoire du Réemploi et son articulation avec les différentes parties prenantes. Son rôle semble pourtant déterminant pour la mise en œuvre de la stratégie et mériterait d’être précisé.
Pour accompagner le déploiement de cette stratégie, il conviendra de soutenir et d’accompagner financièrement les filières qui mettent en place des expérimentations permettant de vérifier l’opérationnalité des solutions, leur impact environnemental et les investissements nécessaires à leur généralisation. Une coordination sera nécessaire pour massifier les données et prioriser les besoins d’investissements.
La remarque faite page 111, concernant la filière papier-carton au cours des 15 dernières années, doit être précisée car l’évolution de la filière emballage papier-carton est clairement différente de l’évolution globale telle que décrite et mériterait d’être décrite sachant que l’affirmation de l’existence de dysfonctionnements historiques à dépasser nécessite, soit d’être corrigée, soit d’être explicitée.
Les enjeux transversaux : Le caractère recyclable et la recyclabilité doivent être traités de manière transversale et de façon harmonisée à l’échelle européenne, sans que cela ne signifie nécessairement qu’un emballage donné soit recyclable dans tous les pays compte tenu des contraintes organisationnelles des systèmes de recyclage à mettre en place.
La définition d’emballages recyclables est difficilement compatible avec une date cible sans que des engagements des acteurs (metteurs en marché, fabricants de matériaux et d’emballages et recycleurs finaux principalement) de mettre en place le système de « reprise » et de recyclage de ces emballages nécessaire à la performance de recyclage requise ne soient pris. Le système de recyclage doit être le symétrique du système de réemploi, assurant le contrôle de la réutilisation de la matière de l’emballage au terme d’un premier cycle d’utilisation sans qu’il soit nécessaire que cette réutilisation soit effectuée pour le même usage. En effet, ce qui compte c’est le fait que cette réutilisation se traduise bien par l’évitement de la production de matière neuve. L’exigence d’une réutilisation à l’identique est de nature à limiter la rotation et la performance du système. Il convient cependant de veiller à éviter le « downcycling ».
La définition du décret sur l’information du public ne couvre pas de par son objet les emballages industriels et commerciaux. Elle fait référence à un dispositif de collecte mis à disposition de la population nécessaire pour les emballages destinés aux consommateurs. Pour les emballages industriels et commerciaux soumis au décret 7 flux et à des obligations de valorisation par le détenteur, il y a à préciser une obligation de recyclage, les circuits de collecte existant. Contrairement aux emballages ménagers, les EIC sont généralement un flux homogène de déchets aux caractéristiques comparables. Les EIC bien séparés ne nécessitent souvent qu’un tri de correction et non un tri séparatif sur le modèle des centres de tri des emballages plastiques ménagers. Il est important de ne pas considérer les flux d’EIC comme des flux ayant vocation à rejoindre les flux d’emballages ménagers, cette jonction se réalisant séparément à l’étape du recyclage final, les qualités des deux flux étant souvent différentes en termes de pureté.
Il convient de distinguer le caractère recyclable de la recyclabilité qui mesure le degré d’aptitude au recyclage par référence au taux de réemploi de la ou des matières constitutives de l’emballage. Le caractère recyclable est défini par la définition des emballages recyclables.
Cette définition, qui s’appuie sur l’existence nécessaire d’un système complet efficace qui accepte les emballages pour les recycler, devrait comporter un engagement de reprise et de recyclage sur le modèle de celui qui a été mis en place lors de la création de l’éco-organisme Emballages ménagers pour les filières industrielles « traditionnelles »et qui garantit que tous les emballages de leur industrie mis en marché sont garantis d’être repris et recyclé s’ils sont collectés et triés et ceci dans des conditions transparentes.
Le critère, qui prévoit que les processus de recyclage doivent produire une quantité de matière recyclée à hauteur de 50% du déchet collecté, introduit l’efficacité du système de tri laquelle est différente selon les emballages ménagers et n’a pas nécessairement de rapport avec la recyclabilité d’un emballage. Ce critère devrait s’apprécier par rapport à la seule performance du recyclage final, 50% de la masse de l’emballage collecté et trié.
Bien entendu, la notion d’emballage doit être précisée ainsi que l’unité fonctionnelle.
Fixer à 95% la quantité de matière récupérée et réutilisée, comme le prévoit l’option 1 de la commission européenne c’est analyser l’emballage à travers le prisme déformant de l’emballage simple qu’est la bouteille plastique, en ignorant la réalité de la grande masse des emballages qui associent des unités différentes de matériaux différents au sein de l’UVC ou dans la construction du matériau de structure.
Tous les composant ne sont pas nécessairement mineurs.
Un emballage devrait être recyclable si collecté et trié, la majorité de la masse de son corps principal est réutilisée, sous condition de son acceptation par engagement de la filière industrielle et des recycleurs finaux.
La mesure de la recyclabilité contribuera à l’amélioration de celle-ci et du rendement de l’opération de recyclage avec pour objectif de tendre vers un taux optimisé prenant en compte la performance environnementale globale de l’emballage par rapport à des solutions concurrentes.
Il est important de prendre en compte le caractère profondément différent de la question de la recyclabilité et du recyclage pour les emballages plastiques et les autres emballages traditionnels.
Les emballages traditionnels sont fabriqués sur la base d’un matériau extrait des RN et non pas sur une combinaison de substances chimiques de départ donnant des « matériaux » aux caractéristiques différentes, dont le recyclage en mélange est à ce jour difficile voire impossible, ce qui conduit à des problèmes de séparation compliqués dans le flux collecté des emballages plastiques et des conditions de prise en charge exigeantes pour le recyclage final des différents flux plastiques.
La logique recyclage tout comme la logique contact alimentaire sont des logiques différentes pour les emballages traditionnels et les emballages plastiques, de même que les logiques de collecte et de tri sont différentes entre les emballages ménagers et les emballages industriels et commerciaux. La REP EIC ne saurait être une copie conforme de la REP emballages ménagers.
La question des petits emballages doit être approchée en termes de quantités et tonnages d’une part (impact RN) et problématique des formats en lien avec le gaspillage alimentaire. Un arbitrage est nécessaire en prenant en compte bien entendu la nécessaire valorisation de leur matière (valorisation énergétique).
Commentaires sur fiches sectorielles.
Les fiches sectorielles sont incomplètes et orientées principalement sur des « améliorations » des emballages plastiques, l’axe substitution a été totalement négligé comme en atteste l’usage d’un triangle qui aurait dû être un carré intégrant la substitution tout particulièrement s’agissant des EIC. C’est d’autant plus regrettable qu’il existe souvent des solutions disponibles et facilement accessibles et très au-delà de celles qui sont citées (les intercalaires palettes).
Les fiches consacrées aux EIC, sont très insuffisantes et conçues sur une vision emballages ménagers en ignorant des catégories entières d’EIC.
Il convient de faire un état des lieux du monde de l’EIC et de préciser ce dont il est question. Le travail de cartographie réalisé par l’Ademe avec les secteurs professionnels pourrait apporter une contribution majeure. A certains moments, le rapport exclut les emballages logistiques sans préciser ce dont il s’agit et alors que des emballages de regroupement (inclus ?) sont des emballages logistiques. Il est nécessaire de partir de la définition des EIC qui sont des emballages utilisés par des professionnels et dont les détenteurs en fin de vie sont des professionnels.
Ces emballages peuvent avoir des caractéristiques comparables à des emballages ménagers, ainsi d’emballages de pièces automobiles utilisées par un garage (EIC) qui peuvent être vendues directement aux consommateurs y compris par des circuits spécialisés et plus généralement les emballages de tous les équipements utilisés par des entreprises de services intervenant sur des chantiers y compris domestiques (électriciens, plombiers, etc,..). Sont également des EIC, tous les emballages de produits intermédiaires et fournitures utilisés par l’industrie et l’artisanat. Les détenteurs finaux de ces emballages qui ne se limitent pas à des caisses de regroupement mais concernent aussi des emballages spécifiques adaptés aux produits (ex : moteurs, ailes de voitures,..) ne sont pas détenus en fin de vie par la grande distribution(25% des déchets d’emballages EIC).
Dans le secteur industriel, le réemploi est déjà très développé et par ailleurs les flux de produits emballés s’inscrivent souvent dans des circuits internationaux.
Dans ces fiches, il est fait référence à des engagements sectoriels ou individuels, ceci mériterait d’être précisé, s’agit-il d’engagements sur des résultats ou des engagements marquant des directions ?
Enfin, s’agissant de l’intégration de recyclé, le PET est évoqué très largement sans que soit posée la question de la disponibilité de ce matériau recyclé et les conditions d’accès à celui-ci pour les différents secteurs utilisateurs placés dans des conditions économiques différentes.
La fiche e-commerce évoque les EIC alors que ces emballages n’existent pas vraiment dans la réalité car on ne palettise pas les emballages du e-commerce.
Des solutions en carton sans plastique existent et peuvent être mises en œuvre facilement. Il faut noter qu’un tiers de ces emballages en carton sont réutilisés dans le cadre de l’économie collaborative (ReCommerce cf. Etude CIteo). Enfin, attention à la démarche emballages inutiles pour les produits déjà emballés car ils n’ont pas toujours été conçus pour un transport non palettisé, la question du vol doit également être intégrée.
Quant au vide et sa réduction, attention au fait que ce vide peut avoir une fonction de protection laquelle par ailleurs ne consomme pas de matière.
La fiche « poissons », des caisses marée pour poissons existent mais possèdent une limite liée aux exigences de la chaîne de froid ‘moindre efficacité que caisses en PS expansé).
Fiche fruits et légumes : substitution directe sans recours au plastique est possible (nb : Un milliard de barquettes fruits et légumes peuvent être remplacées par une solution sans plastique sans difficulté).
Fiche « boissons alcoolisées », les BIB sont recyclables, la consigne de tri étant de séparer les deux éléments, qui sont aisément séparables, chacun étant recyclé dans sa filière existante, sachant qu’à défaut le BIB sera accepté par la filière emballage papier carton, la poche plastique ne posant aucune difficulté dans le process de recyclage.
Fiche EIC Souples : Des solutions concurrentes des plastiques souples existent : ex sacs ciment et autres.
Fiches restauration : la loi climat Obligation d’utiliser de la vaisselle réemployable ou recyclable pour la vente à emporter en restauration collective à partir de 2025
Crée en 1992, COFEPAC (Comité Français de l’Emballage Papier Carton) réunit toutes les organisations de l’industrie de l’emballage « papier-carton » :
- COPACEL (producteurs de pâtes, papiers et cartons)
- Carton Ondulé de France (cartons ondulés)
- Fédération Française du Cartonnage et Articles de Papeterie (cartonnages, sacs)
- Alliance Carton Nature (emballages pour liquides alimentaires)
- UNFEA (Union Nationale des Fabricants d’Étiquettes et Adhésifs)
- REVIPAC (en qualité de membres associés)
- Club MCAS (en qualité de membres associés)
Aujourd’hui COFEPAC représente près de 650 entreprises pour un effectif de 31 000 salariés et un chiffre d’affaires consolidé de 6,2 milliards d’euros.
Le document « stratégie 3 R » rédigé dans le cadre d’une stratégie visant les produits en plastique et l’usage du plastique porte en fait quasi exclusivement sur les emballages qui représente plus de 50% des usages.
Un document qui a vocation à devenir la référence.
Il fait une recension quasi complète des différentes questions relatives aux emballages en général et de ce fait concerne tous les emballages dans la mesure où il est susceptible de jouer le rôle de document général de référence. Il convient par conséquent d’être particulièrement attentif aux concepts et définitions utilisés et de veiller à respecter les définitions qui figurent ou vont figurer dans le code de l’environnement, s’agissant de la prévention, du réemploi, du recyclage, de la vente en vrac,…
Une stratégie « emballages plastiques » à vocation globale.
Cette stratégie plastique 3 R s’inscrit dans une stratégie européenne et dans une stratégie plastique à usage unique en lien avec la directive SUP à laquelle elle fait de nombreuses références.
Elle a pour ambition de traiter à la fois des emballages ménagers et des emballages industriels et commerciaux.
Elle a pour objet de traduire en actes et en trajectoires le décret 3 R qui a fixé des objectifs généraux aux politiques à engager sans que ceux-ci n’aient de caractère contraignant.
Un document et une stratégie à clarifier.
Le périmètre de cette stratégie présentée comme orientée vers une lutte contre les emballages plastiques à usage unique s’est trouvé élargi par le recours dans le paragraphe 1.4.2 d’une définition singulière de la notion d’emballages plastiques, tout emballage contenant du plastique, indépendamment de la quantité et de la fonction qu’il joue dans l’emballage.
Cette définition entre en conflit avec la logique de celle qui est utilisée dans la directive emballages et déchets d’emballage qui demeure la directive « cadre ». La directive SUP étant une lex specialis, elle donne des dérogations à la première directive dans son périmètre bien précis celui des emballages plastique à usage unique tels qu’elle le définit et non pas au sens courant du vocable. Elle est de ce fait en conflit avec celle de la REP, avec la position du JRC sur le rôle de la proportion d’un matériau pour sa désignation.
Il est urgent de lever les ambigüités en précisant pour le moins qu’un emballage plastique s’entend d’un emballage dont le matériau constitutif comporte du plastique dans sa masse (composite au sens technique) ou en couche difficilement séparable.
Il serait également indispensable de préciser que, conformément à la définition européenne de plastique, des produits à base de polymères ne sont des plastiques que s’ils sont susceptibles d’être un matériau de structure car de ce fait les vernis ne sont pas des plastiques (comme les encres nommément exclues n’en sont pas).Ces clarifications sont importantes car elles conditionnent en partie la mise en œuvre de solutions visant à réduire l’usage du plastique qui demeure l’objectif principal de la stratégie.
Contrairement au niveau européen, la notion d’usage unique n’est pas définie et semble reposer sur le sens commun, là où la directive SUP a pris la précaution de préciser le sens qu’il convenait de donner à cette notion et la manière de l’interpréter dans le cadre de celle-ci.
En effet, l’usage unique d’un produit ne signifie pas nécessairement moindre efficacité environnementale et gaspillage de matière en comparaison du réemploi et de la réutilisation. Un emballage pris en charge par un dispositif en garantissant le recyclage aura dans de nombreux cas de figure une efficacité plus grande, sa matière (et c’est de cela qu’il s’agit) étant réutilisée, évitant de ce fait sa destruction impliquant son remplacement et un prélèvement sur les ressources naturelles avec les impacts environnementaux associés à la transformation de la ressource naturelle en matière de base. L’efficacité de l’utilisation de la matière est liée à son mode de réutilisation et à la vitesse de celle-ci d’où le rôle essentiel des taux de rotation, l’efficacité de cette réutilisation étant affectée par la flexibilité de celle-ci (contraintes de réemploi versus contraintes de recyclage).
Il est donc nécessaire que soit définie la notion d’usage unique et précisé ses liens avec réemploi et recyclage afin de garantir les bases de la démarche efficace et des choix judicieux dans lesquels les comparaisons de solutions et de systèmes d’emballages à niveau d’efficacité comparable ont toutes leur place et ceci de préférences aux approches ACV produits dont les limites sont désormais reconnues sous l’effet des approches d’économie circulaire.
Une stratégie centrée sur les emballages ménagers et leur problématique.
Malgré l’affirmation selon laquelle la stratégie concerne tous les emballages « plastiques », il faut constater qu’elle s’intéresse presque exclusivement aux emballages qui terminent leur vie chez les particuliers-consommateurs et aux emballages des produits de grande consommation. Les emballages des biens intermédiaires n’ont pas été intégrés dans la réflexion sachant que de nombreux tableaux précisent que les emballages de regroupement ne sont par ailleurs pas intégrés.
Or, les emballages industriels et commerciaux ne se limitent pas à ceux qui sont présents au sein des chaînes logistiques d’acheminement des produits vers les consommateurs via la distribution (moins de 30% des déchets non dangereux non minéraux du commerce (donc y compris les déchets organiques) terminent leur vie dans la grande distribution selon l’INSEE. En effet à ceux-là il faut ajouter les EIC des autres secteurs – industrie manufacturières, services, etc …). Si le réemploi est déjà très largement en place au sein des systèmes logistiques industriels il n’en reste pas moins que des emballages « à usage unique », qui seront recyclés, y sont présents. Ces emballages s’insèrent dans des chaînes logistiques internationales et leur traitement en fin de vie doit être approché au niveau international.
L’affirmation selon laquelle des chaînes logistiques faciliteront le réemploi néglige le fait que les chaînes d’approvisionnement des plates formes logistiques sont différentes de celles qui assurent la collecte des emballages usagés pour leur recyclage (contraintes et destinations différentes,..).
Il est nécessaire que l’étude des emballages EIC soit développée et leurs spécificités en termes de produits, d’usages et d’acteurs, intégrées au moment où la REP EIC va être mise en chantier en France et en Europe.
Une stratégie 3R qui néglige la substitution comme moyen de réduire l’usage du plastique.
Sans doute en lien avec les ambigüités au niveau des définitions, l’analyse des substitutions possibles est peu développée comme en témoigne le fait que ni les tableaux ni les diagrammes en triangle présents dans les fiches sectorielles ne comportent de colonnes « substitution ».
Il conviendrait d’évaluer la substitution « facile », en évaluant les produits à base de fibreux concurrents directs des emballages plastiques à fonctionnalités comparables (sacs, sachets, calages, bols, caisses de regroupement, …) qui subissent la concurrence d’emballages plastiques aux prix artificiellement bas du fait de l’absence d’internalisation des coûts cachés évoqués par ce document, lesquels sont souvent d’origine lointaine.
En effet tous les substituts ne nécessitent pas l’utilisation d’une pellicule de plastique pour remplir les exigences fonctionnelles mais tous sont recyclables et recyclés, leur matière réutilisée.
Contrairement aux inquiétudes exprimées dans ce document, notamment dans le paragraphe 2.2.3.1 partie sur les papiers/cartons, l’ajout de plastique n’affecte pas le caractère recyclable de l’emballage de substitution. Il n’y a pas de réels problèmes techniques de recyclage de ces produits lesquels en toute hypothèse ne représenteront jamais une quantité importante au sein du dispositif de recyclage (nb : Plus de 3 millions de tonnes en France de capacités de recyclage d’emballages à base de papier-carton et plus de 50 000 KT en Europe). Si la partie plastique n’est pas recyclée, elle est néanmoins sous contrôle et gérée de façon responsable. La question du recyclage des emballages papier-carton est sans rapport avec la question des emballages plastiques, tout comme la question du respect des exigences du contact alimentaire.
Les emballages à base de papier-carton sont dans leur très grande majorité recyclé (taux de recyclage 92%) et intègrent en moyenne 80% de fibre recyclée. Le matériau recyclé est parfaitement utilisable au contact des aliments secs et bien entendu des emballages de regroupement ou des emballages secondaires et naturellement des emballages non alimentaires.
Des solutions existent déjà pour apporter des fonctionnalités sans usage de plastique mais ont des difficultés à s’imposer sur des marchés où règne encore la recherche du prix le plus bas. Bien entendu, comme signalé dans le rapport, des innovations se développent et vont se développer.
Les emballages fibreux, une solution de substitution.
Les enjeux sont clairement définis avec cependant quelques précisions nécessaires :
- La réduction de poids est à prendre en compte en tenant compte par exemple de l’alourdissement que peut entraîner l’usage du recyclé dans le papier-carton. La question sous-jacente est celle de la masse de matériau « vierge » issu d’un prélèvement sur les RN et des impacts du matériau (papier versus plastique).
- La recyclabilité est un sujet transversal qui doit être traité pour tous les emballages et tous les matériaux. Il faut rappeler que les solutions d’emballage sont en concurrence entre elles. La plupart d’entre elles sont recyclables à l’exception d’emballages plastiques. La substitution ne doit pas être entravée par la limitation des contraintes et la limitation de l’internalisation.
Le caractère recyclable est à différencier de la recyclabilité qui se réfère à un degré d’aptitude au recyclage. La priorité au monomatériau est à préciser car il convient d’abord de définir plus précisément l’« emballage » lequel comporte généralement différents éléments (corps principal et éléments associés) qui peuvent être aisément séparables et conformément à l’article 17 de la loi AGEC devraient l’être , chacun suivant sa filière de recyclage permettant ainsi de maximiser le recyclage. Il convient ensuite de prendre en compte le fait qu’au-delà des emballages « simples » type bouteilles, les exigences de l’emballage conduit à une solution plus technique combinant éventuellement des éléments de matériaux différents (ex : paquets de gâteaux), solution qui permet au-delà des fonctionnalités le recyclage maximal en comparaison d’une solution monomatériau qui, s’il était possible, pourrait n’être pas recyclable.
Le rapport demande, dans le tableau 3.4, l’établissement d’un protocole d’évaluation et de certification de la recyclabilité des emballages. Ce protocole existe déjà pour les emballages ménagers au niveau français, en collaboration entre les filières et l’éco-organisme et fait l’objet de travaux européens. Un protocole équivalent pourra être mis en place pour les EIC au moment de la mise en place de la REP ad hoc.
- L’impact environnemental ou plutôt l’efficacité environnementale doit être pris en compte mais en intégrant la dimension épuisement des ressources naturelles qui semble omise et les impacts liés au passage de la ressource naturelle au matériau.
Au-delà des emballages 100% papier-carton directement substituables en compétition avec des emballages plastiques bénéficiant de l’absence d’internalisation des coûts dits cachés et qui sont souvent importés en dehors de l’Europe, il existe des emballages n’utilisant pas de plastique en capacité de répondre aux fonctionnalités techniques (nb : la visibilité du produit n’étant pas nécessairement une fonction technique comme l’ont montré certains développements d’emballages ex : steaks hachés), et ne concerne généralement que les emballages ménagers.
Quant aux emballages fibreux, qui comporteraient du plastique par nécessité fonctionnelle, ils sont recyclables disposant d’une véritable filière assurant leur reprise et leur recyclage effectif.
Si le rendement en termes de réutilisation de leur matière est bien entendu plus faible que pour un monomatériau, leur recyclage garanti doit être intégré dans la comparaison avec des solutions plastiques ne disposant pas d’une filière assurant effectivement la réutilisation de la matière. Si, parfois, il existe une perspective de construction de celle-ci, elle est relativement lointaine et non garantie, sa viabilité économique étant à démontrer en l’absence d’engagements financiers des acteurs pour en assurer le fonctionnement, lequel doit impérativement pour assurer une parfaite internalisation des coûts, être supporté par les emballages concernés faute de limiter les substitutions possibles.
- Les avancées présentées comme des préalables pour une substitution dans le domaine des emballages nécessitant des barrières sont à considérer avec des nuances. :
Il existe déjà des solutions à recenser.
Concernant le passage de la 2D à la 3D, présenté comme une innovation nécessaire dans le paragraphe 2.2.3.1 partie sur les papiers/cartons, il est utile de rappeler que la plupart des emballages papier-carton sont en 3 D après montage et leurs formes peuvent être adaptées. La part des emballages souples est modeste en tonnage et concerne principalement le ménager.
La proposition de réaliser dans ce même paragraphe un état des lieux complets des travaux, des études ou avancées techniques sur la « fonctionnalisation de la fibre et cela au niveau européen (voire mondiale) pourrait contribuer à accélérer les mutations.
- Le besoin d’assurer l’aptitude au contact alimentaire n’est pas une exigence nouvelle à laquelle les emballages à base de papier-carton sont soumis. Les fabricants délivrent régulièrement les attestations de conformité imposées par la réglementation française, tant pour l’emballage des denrées alimentaires que pour les aliments des animaux (feed and food). Le contact alimentaire concerne tant le contact physique direct qu’indirect (phase gazeuse). Contrairement à des informations fréquemment relayées, la fabrication de matériau et d’emballages en papier-carton destinée à entrer au contact des aliments est encadrée et contrôlée, les emballages en papier carton doivent satisfaire à des exigences garantissant leur inertie.
Les emballages papier-carton sont différents des emballages plastiques. Contrairement à ces derniers leur matériau n’est pas le résultat de la combinaison chimique de substances de départ produisant un matériau qui n’est pas présent dans la nature. Fabriquer un emballage papier-carton c’est partir d’un matériau extrait de la nature puis apporter des adjuvants (encres, colles, autres matériaux) contrôlés. C’est d’ailleurs cette caractéristique particulière qui a conduit pour les plastiques à un encadrement européen des substances autorisées et leurs conditions d’emploi. Cette logique historique des listes positives, régulièrement modifiées est en voie d’abandon car difficilement compatible avec la mondialisation, au bénéfice d’une obligation de résultat imposée aux fabricants. C’est cette logique qui s’applique en France et se développe en Europe.
La profession s’est dotée d’un centre d’expertise spécialisé, le Club MCAS qui depuis plus de 25 ans accompagne les entreprises, réalise des études, publie des recommandations sous le contrôle d’un laboratoire de référence, le laboratoire MCAS du CTP. L’aptitude au contact alimentaire impose l’inertie de l’emballage (hors cas des emballages actifs et intelligents), absence de migration des substances « dangereuses ». Ce contrôle des migrations diffère selon les types de contact, la nature des aliments, les conditions d’emploi des emballages, le type d’emballage,..
Le matériau recyclé peut être utilisé dans cette fabrication et satisfaire aux exigences d’inertie. Toutefois, cet emploi est limité dans le cas des contacts humides et gras. La politique engagée pour mieux contrôler l’usage de certaines substances chimiques dans des produits adjuvants utilisés dans les filières de l’industrie du papier carton pourrait contribuer à la sécurisation de la boucle de recyclage emballage.
L’affirmation selon laquelle les papiers cartons recyclés ne sont pas aptes au contact alimentaire, présente en page 110 du rapport, est inexacte et doit être supprimée. Les emballages contenant du recyclé peuvent satisfaire les exigences d’inertie et s’adapter à leur emploi dans une large catégories d’emballages.
S’agissant de la question des capacités et du tissu industriel évoqués dans le paragraphe 2.2.3.1 page 111.
Les sous-capacités signalées pour la cellulose moulée concernent aussi le carton plat, la majorité du carton, transformé en emballages principalement ménagers, est importé. Quant au contrôle étranger, s’il est globalement réel, il n’est pas aussi développé au niveau de la fabrication d’emballages en carton plat et dans le domaine du souple, de même qu’ils comportent de nombreuses PMI et TPI familiales.
Un éclairage sur le secteur des fabricants d’emballages est nécessaire. Leur rôle est notamment complètement occulté quand le rapport identifie comme axe d’action, dans le tableau 3.8, de former les fédérations professionnelles, les entreprises accompagnantes et les metteurs en marché à l’éco-conception des emballages. Les fabricants d’emballages fabriquent tout type d’emballages (du primaire au tertiaire) pour tous les secteurs d’activité et tous les circuits de distribution. Ils ont acquis une grande connaissance des besoins clients et ont pu, au fil des années et l’exploitation de milliers de données, développer des modèles comportementaux des emballages pendant leur cycle de vie. Ainsi, ils ont acquis une grande connaissance des besoins clients et un savoir-faire sur mesure qui leur permet de proposer le juste emballage pour leur produit, le tout en respectant leurs diverses contraintes (techniques, logistiques, environnementales, …). Ce sont les acteurs centraux du conseil (de nombreux clients ne disposent pas de services packaging et achètent des emballages « sur étagère ») et de l’engineering pour proposer des systèmes d’emballage propres à chaque ligne de conditionnement et chaque circuit de distribution, élaborés pour satisfaire de nombreuses contraintes : conditions et variations climatiques, manutentions et mécanisation, palettisation, stockage, transport, circuits de distribution, promotion, traçabilité, usages (ouverture, mise à plat), gestion de la fin de vie…
Cette offre sur mesure s’est toujours adaptée aux nouveaux besoins des secteurs clients et aux exigences de la société en matière de développement durable : développement du recyclage, éco-conception des emballages, accompagnement de l’essor du e-commerce, amélioration de l’expérience client, adaptations aux nouveaux modes de distribution. SUITE …
Commentaires de Cofepac (Industrie de l’Emballage Papier-Carton) Sur le projet de décret 3R
L’ensemble des organisations rassemblant les entreprises qui fabriquent les matériaux et emballages à base de papier-carton ainsi que celles qui les recyclent (soit le secteur leader de l’emballage ménager, industriel et commercial en France) sont disposés à participer à la mise en place de la stratégie 3 R : ils considèrent en effet que leurs solutions d’emballages et celles qu’ils pourront développer demain contribuent efficacement aux objectifs de réduction de production et de consommation de plastiques.
Un potentiel de l’ordre de 200.000 tonnes semble ainsi atteignable, via :
Une substitution immédiate par des produits papier-carton déjà existants et présentant un fort taux de collecte et de recyclage effectif.
En complément, une substitution par des produits contenant une forte part de papier-carton et une faible part de plastique, elle-même sujette à des réductions progressives à venir, et également recyclables.
Ceci sans compter les progrès de la R&D permettant d’apporter les fonctions barrières nécessaires, ce qui libérerait un potentiel bien plus important de substitution conduisant nos organisations à appeler à l’intensification du soutien aux efforts de R&D des organismes nationaux et des entreprises.
Pour atteindre les objectifs 3R, il apparaît donc nécessaire que le texte réglementaire, soumis à consultation, intègre réellement la dimension de substitution, ce qui n’est pas le cas en l’état (voir nos commentaires détaillés).
La participation active à 3R suppose également qu’une clarification et une stabilisation du cadre réglementaire soient faites, en particulier que la définition utilisée pour définir un emballage à usage unique en plastique ne soit pas limitée à celle de la Directive SUP, laquelle vise le champ très spécifique des déchets sauvages et susceptibles de créer des pollutions marines, là où la stratégie 3R concerne l’ensemble du secteur de l’emballage, ménager et industriel. La définition de référence utilisée pour 3R devrait plutôt être celle de la directive « cadre » Emballages et Déchets d’Emballages, en cohérence avec celle de la REP, des matériaux et objets destinés au contact alimentaire, et de la position du JRC sur le rôle de la proportion d’un matériau pour sa désignation.
Il convient également que les actions à mettre en place selon les différents axes décrits dans les documents soient évaluées à l’aune de la performance et l’efficacité environnementale, conformément aux règles applicables à la hiérarchie de la gestion des déchets, laquelle prévoit des dérogations possibles, le but supérieur recherché étant « le meilleur résultat global sur l’environnement ».
Nos associations rappellent en effet que les ACV ne sont pas seulement un outil d’aide à la décision, mais bien un moyen reconnu par le droit européen de justifier une dérogation à l’ordre de priorité comme cela est clairement écrit au §2 de l’article 4 de la Directive déchets de 2008, lequel stipule que « lorsqu’ils appliquent la hiérarchie des déchets visée au paragraphe 1, les États membres prennent des mesures pour encourager les solutions produisant le meilleur résultat global sur le plan de l’environnement. Cela peut exiger que certains flux de déchets spécifiques s’écartent de la hiérarchie, lorsque cela se justifie par une réflexion fondée sur l’approche de cycle de vie concernant les effets globaux de la production et de la gestion de ces déchets. » À cette fin, nos associations recommandent que l’ACV cumule plusieurs critères, dont : le respect des normes ISO 14040 et 14044 par un professionnel compétent et indépendant du prescripteur, la certification par un tiers, la qualité primaire des données pour les points chauds du système étudié, et une approche système (et non produit contre produit) permettant d’appréhender la réalité de l’unité fonctionnelle : un point d’autant plus important lorsque l’analyse porte sur les performances comparées des emballages réemployables lesquels nécessitent un système logistique et de sanitation spécifique, dont l’impact environnemental doit être pris en compte.
Concernant l’appréciation de l’impact sur la biodiversité, il doit être souligné qu’il n’existe à date pas de consensus sur la méthodologie permettant de caractériser cet impact et sur les bases de données utilisables : la biodiversité n’est pas encore une catégorie d’impact susceptible d’être évaluée en conformité aux standards ISO 14040 et 14044. Nos associations appellent donc à un travail des parties prenantes pour clarifier et normaliser les conditions d’étude de cette catégorie d’impact afin qu’elle puisse être effectivement prise en compte.
La stratégie concerne aussi les emballages industriels et commerciaux que l’industrie du papier- carton domine très largement et qui représentent 80% de ces emballages en tonnages, avec un taux de recyclage de 93%, un taux d’intégration de recyclé de l’ordre de 85%. Les documents soumis à consultation négligent ce secteur, considérant une part limitée d’emballage EIC, ceux qui servent à la mise à disposition des biens de consommation aux particuliers, et assimilant pour une large part ces emballages aux emballages ménagers alors qu’il s’agit d’une chaîne d’approvisionnement mondiale. Une révision de cette partie est indispensable.
Enfin orienté emballages ménagers plastiques, le dossier fait une approche des questions de recyclage et de contact alimentaire simplifiée sous l’angle des plastiques et leur problématique spécifique. Les autres matériaux disposent de véritables filières de recyclage établies avec des performances élevées lesquelles sont en capacité de recycler efficacement leurs emballages mis en marché. Ils ont déjà adapté leurs conditions de réception pour faciliter le recyclage final, la collecte et le tri, travaillent au niveau de leurs fabricants à éco-concevoir leurs emballages sachant que pour les emballages ménagers, un engagement de reprendre et recycler leurs emballages a été pris mis en œuvre et appliqué avec succès depuis plus de 20 ans.
Il est indispensable que les actions concernant les emballages plastiques ne perturbent pas les dispositifs de collecte et tri et ne les complexifient pas. La bonne mise en œuvre du principe d’internalisation des coûts cachés constitue un impératif à respecter, car c’est un bon moyen d’inciter à la bonne gestion environnementale des emballages plastiques et bien entendu d’éviter que les autres emballages qui peuvent être des solutions ne financent en particulier au sein des REP, les actions mises en œuvre pour résoudre les problèmes de recyclage des emballages plastiques.
Dans tous les cas, nos associations soutiennent l’accroissement de l’efficacité de la collecte (notamment hors secteur ménager et secteur industriel), la modernisation des centres de tri (via l’usage de l’IA et le tri des petits formats d’emballages) et celle des infrastructures afin d’améliorer les performances et volumes de recyclage.
Les commentaires détaillés sont fournis dans un document séparé.
POLYVIA qui représente près de 3.400 entreprises, majoritairement des TPE/PME employant 126.000 collaborateurs, salue la consultation sur le projet de Stratégie 3R et reconnait que le document et l’ensemble des fiches sectorielles représentent une somme de travail conséquente réalisée en lien avec l’ensemble des parties prenantes de la filière des emballages plastiques en France. Le résultat nous apparait comme relativement consensuel et nous apprécions la démarche pragmatique au service du juste emballage plastique et du développement de l’économie circulaire des plastiques.
Vous trouverez ci-après nos commentaires sur le projet de Stratégie 3R (SN3R) :
>> En premier lieu, nous remarquons que le document fait principalement référence aux metteurs en marché (33 occurrences dans le texte) et très peu aux autres acteurs de la chaîne de valeur de l’emballage plastique représentés par les producteurs de matières plastiques (1 occurrence), les plasturgistes (1 occurrence) et les recycleurs (3 occurrences) qui jouent un rôle majeur dans l’offre de matériaux et en tant qu’apporteurs de solutions. Nous pensons donc nécessaire que la SN3R redonne sa vraie place à ces acteurs pour qu’ils soient pleinement associés aux groupes de travail de la SN3R et à sa gouvernance.
>> Compte tenu de l’ampleur des dispositions de l’article 7 de la loi AGEC dont découle la SN3R, et face aux défis de la transition que ces disposions impliquent, nous regrettons l’absence d’une étude d’impact qui aurait permis à l’ensemble des acteurs concernés d’apprécier les véritables enjeux industriels, organisationnels et financiers de la SN3R.
>> Afin de ne pas « réinventer la roue », nous regrettons également l’absence d’un benchmark européen, voire mondial (Etats-Unis, Canada, Japon, Corée du sud…), des bonnes pratiques « 3R » déjà mises en place dans certains pays. Une évaluation de la transposition de ces bonnes pratiques au contexte français aurait certainement permis d’identifier certaines opportunités et d’éventuels freins au déploiement de la SN3R.
>> Comme nous l’avons souligné, la SN3R propose une photographie très complète de la situation de chaque filière/secteur (cf. les 42 fiches sectorielles), mais compte tenu de l’ampleur de la tâche à accomplir, il nous semble illusoire de pouvoir traiter dans les délais impartis de l’ensemble des sujets en même temps au risque de démultiplier les travaux de même nature, d’éparpiller les ressources et finalement de ne pas aboutir à de véritables solutions. Nous pensons donc nécessaire de prioriser les actions et de favoriser la transversalité des solutions entre les différentes filières tout en tenant compte des efforts déjà engagés depuis plusieurs années par certains acteurs (cf. les actions de réduction et de recyclage dans le secteur des bouteilles pour boissons).
Une action de priorisation possible serait de traiter les emballages industriels et commerciaux (EIC) à partir de 2025, date à laquelle une REP spécifique sera mise en place. L’éco-organisme en charge de cette filière pourra alors produire des données qui aujourd’hui existent peu sur les EIC (les mises en marché, les taux de recyclage, de réemploi par type d’emballage, par filière, par résine, etc.) et qui sont absolument nécessaires à la conduite des actions prévues par la SN3R.
>> La SN3R pourrait être l’occasion de mettre en œuvre des expérimentations de certaines solutions afin d’en évaluer la performance environnementale réelle et de s’assurer que ces solutions répondent bien à l’attente des consommateurs. Ces expérimentations permettraient de valider les coûts et de prioriser les investissements.
>> Avec la SN3R, nous avons à faire à une stratégie franco-française. A cet égard, nous demandons que les mesures adoptées au niveau national n’entrainent pas de distorsion de concurrence et qu’elles s’articulent avec les politiques européennes, s’agissant notamment de la révision à venir de la directive européenne relative aux emballages et aux déchets d’emballages. ;
>> La SN3R se doit d’être neutre vis-à-vis du plastique, or certaines expressions à l’encontre de ce matériau mettent à mal la crédibilité du document :
o Page 5 - « Cette perspective qui vise à sortir du tout plastique dans l’emballage » : rappelons que la SN3R ne vise pas à supprimer les plastiques dans l’emballage mais cible uniquement les emballages à usage unique.
o Page 17 - Le « 7ème continent » est évoqué, or les experts expliquent que le 7ème continent n’existe pas. Il s’agit plus d’une image utilisée par les ONG environnementales et les médias.
o Page 25 - « une croissance colossale du matériau » : il s’agit-là d’un jugement de valeur. Il faudrait plutôt parler d’une croissance continue.
o Page 28 – « Il pourrait y avoir en 2050 plus de plastique dans les océans que de poissons » : il s’agit là aussi d’un slogan et non pas d’un fait scientifique. Cette allégation reposerait sur une étude qui n’a jamais été publiée.
>> Selon la SN3R, les acteurs économiques doivent répondre au double objectif contradictoire de tendre vers 100% de plastique recyclé en 2025 et de mettre fin aux emballages plastiques à usage unique en 2040 ce qui fait peser sur eux un risque sur certains investissements à réaliser. En effet, le premier objectif doit se traduire par des investissements massifs en unités de recyclage, quant au second il se traduira par une diminution dans le temps du gisement de déchets plastiques qui doit justement alimenter ces usines de recyclage. L’équation économique est de ce fait insoluble.
La SN3R illustre bien la difficulté soulevée par cette double injonction (extrait de la page 65) : « Les emballages en plastique recyclable ou recyclé ne contribuent donc pas aux objectifs de réduction et de réemploi de cette stratégie, bien qu’ils jouent un rôle indispensable pour les objectifs de recyclage, en facilitant le recyclage et en stimulant la demande en matière recyclée. »
Afin de sortir par le haut de cette situation, POLYVIA propose d’introduire la notion d’emballage circulaire qui est citée dans les documents (p81 de la SN3R et p34 des fiches sectorielles) en la précisant. Le développement de l’incorporation de matière recyclée et plus largement des débouchés de matières premières issues du recyclage, couplé à un taux de collecte des déchets d’emballages plastiques pour recyclage performant permet aux emballages d’être circulaires. Cette circularité est à favoriser car elle permet de contribuer à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone que la France a adoptés. Les projets de décarbonation sont portés par le plan France 2030 (cf. le dossier de presse « 1er Comité France 2030 » du 01/02/2022) qui y consacre la moitié de ses investissements et qui vise « à sécuriser les filières du plastique et des métaux ». En participant à la construction d’une industrie forte du recyclage, en accélérant les innovations, en renforçant la souveraineté de la France en approvisionnement de matière première, le développement des emballages circulaires s’inscrit dans la vision stratégique de la France et doit faire partie intégrante de la SN3R.
>> La SN3R doit permettre de s’assurer de la performance environnementale et sanitaire des solutions alternatives qui seront mise en œuvre en substitution des emballages plastiques à usage unique sur la base d’études privilégiant l’analyse du cycle de vie. A cet égard, l’ADEME a récemment publié sa méthodologie « Cadre de Référence - ACV comparatives entre différentes solutions d’emballages » qui doit devenir en quelque sorte le « juge de paix » de la SN3R.
>> Le décret 3R (n° 2021-517 du 29/04/2021) indique que « parmi les alternatives aux emballages en plastique à usage unique, les metteurs sur le marché veillent à choisir celles qui disposent d’une filière de recyclage opérationnelle […] et permettent une réduction des impacts environnementaux, y compris sur la biodiversité, appréciée en privilégiant une analyse du cycle de vie comparée par rapport aux impacts de l’emballage en plastique à usage unique auquel ces alternatives se substituent ». La SN3R précise que les impacts sur la biodiversité sont mal pris en compte dans les approches ACV (page 161). Nous pensons donc nécessaire de développer une méthodologie d’évaluation des impacts sur la biodiversité, travaux qui pourraient être menés par l’ADEME en collaboration avec le Centre technique industriel de la plasturgie et des composites (IPC).
>> La possibilité du retour à l’aptitude au contact alimentaire du plastique recyclé a fait ses preuves depuis de nombreuses années (cf. le cas du PET en recyclage mécanique). Le recyclage chimique permet d’ores et déjà d’élargir l’offre de résines recyclées aptes pour les emballages alimentaires et cosmétiques (polystyrène, polyéthylène et polypropylène). Nous souhaitons souligner que la substitution du plastique par d’autres matériaux comme le papier/carton ne permet pas toujours le retour à l’alimentarité des matières recyclées ce qui oblige à recourir systématiquement à de la matière vierge ce qui du point de vue environnemental est une aberration.
>> Concernant le réemploi, nous pensons que le chiffrage effectif des objectifs de réemploi, les conditions de mise en œuvre, les modalités de financements publics et le calendrier d’application doivent être déterminés dans le cadre de l’Observatoire du réemploi et de la réutilisation. Il est également nécessaire de travailler à la standardisation des emballages et à l’élaboration d’une méthodologie de calcul commune pour le réemploi. Du point de vue opérationnel, un modèle économique du réemploi est à construire (pas à reconstruire comme il est mentionné en page 87 de la SN3R) notamment avec la mise en place d’une filière spécifique chargée de la collecte, du lavage, et de la remise en service tout en laissant la possibilité aux opérateurs de développer des innovations dans le respect des règles sanitaires et de sécurité du consommateur notamment en ce qui concerne la vente en vrac.
>> Innover pour substituer le plastique par d’autres (§ 2.2.3 de la SN3R) : en page 117, il est écrit « l’enjeu est à la réduction du nombre de résines employées par les industriels pour assurer leur recyclabilité opérationnelle ». Sur ce point, nous ne sommes pas d’accord. En effet, l’enjeu est bien d’avoir des filières de recyclage opérationnelles pour toutes les résines utilisées, mais cela ne nécessite pas forcément de réduire le nombre de résines. Par ailleurs, une telle injonction représente un frein à l’innovation de nouvelles résines plastiques offrant de meilleures performances du point de vue environnemental, économique et technique que les résines actuelles : résines biosourcées vs pétrosourcées, ayant de meilleures propriétés barrière et nécessitant moins de matière pour les mêmes performances, etc.
Nous saluons l’intérêt et la précision des travaux réalisés pour l’élaboration de la Stratégie 3R et leur utilité pour faire face à l’urgence environnementale et répondre aux objectifs de décarbonation fixés en France et en Europe. C’est effectivement en réunissant toutes les parties prenantes que nous pourrons trouver les meilleures solutions environnementales.
1. Objectif de réemploi
• Page 90 (2.2.2.1)
L’objectif de réemploi (20% de réduction dont la moitié par recours au réemploi et à la réutilisation) prévue par le décret 3R pour le 1er janvier 2025 doit, pour réduire les impacts environnementaux, rester national. Il est, dans le cas de l’industrie des eaux embouteillées, difficilement compatible avec les considérations environnementales, industrielles et économiques : le réemploi pour l’eau ne peut en effet se concrétiser qu’au travers d’un contenant en verre.
La substitution de contenant en PET par des contenants en verre n’est pas, au regard des impératifs environnementaux, une solution viable. Sa fabrication demande une consommation d’énergie supérieure à celle à la bouteille en PET, fabriquée sur place et qui évite, dans le cas de l’embouteillage de bouteilles en verre, le transport amont de bouteilles vides qui représenterait jusqu’à 58 fois plus de camions sur les routes.
Le texte impose de fait une mutation structurelle, dans un délai restreint, que des TPE/PME ne pourront entreprendre pour avoir des sites de production avec des lignes de conditionnement à la fois en PET et en verre. Il est à noter que les sites de production sont monomatériau et ont réalisé des investissements importants depuis des décennies pour améliorer le processus d’embouteillage, réduire notamment les pertes en eau et la consommation énergétique, et alléger les bouteilles. Les outils industriels pour embouteiller l’eau dans des bouteilles en PET ne sont pas transposables à du conditionnement en verre.
Le réemploi implique également, dans le cas où les performances cibles ne seraient pas atteintes d’ici 2023, un dispositif de consigne prévu par la loi AGEC (article 66). Nous soulignons ici que le développement de cette solution alternative ne pourra pas se faire sans une adhésion des consommateurs via une acceptabilité prix décente. En effet, le pouvoir d’achat – « la vie chère » - est un sujet que les Français évoquent massivement et spontanément.
Or, l’impact psychologique et réel du prix pourrait également dissuader le consommateur d’acheter le produit en raison d’un pouvoir d’achat contraint par cette consigne. Plusieurs estimations évoquées du prix de la consigne reviendraient à plus que doubler le prix affiché à l’achat de certaines bouteilles.
La consignation nécessite également pour le consommateur de dédier un espace spécifique au stockage des emballages vides intacts, en complément de ses poubelles d’ordures ménagères et de tri sélectif pour les emballages non consignés (carton, métaux, plastiques…). Des études pointent que le manque de place est parfois mis en avant par certains consommateurs pour expliquer leur non adhésion au geste de tri.
En outre, la consigne peut être source de confusion pour le consommateur, qui risque de diminuer son effort de tri sur les emballages non consignés.
Sans méthodologie de calcul et prise en compte des spécificités des secteurs, il est impossible pour les acteurs de se positionner sur la possibilité d’atteindre des potentiels de réduction et de réemploi proposés. Les acteurs ne peuvent en effet apporter des potentiels de trajectoire qu’avec les données connues aujourd’hui. Or, de nombreux potentiels sont fixés dans la stratégie 3R (page 13, page 172, pages 241 et suivantes et pour l’ensemble des fiches sectorielles) sans qu’il y ait d’éléments objectifs complets.
2. Emballages circulaires
• Pages 136, 137, 138 (2.2.4.2)
Pour le bon déploiement de la stratégie nationale 3R, nous considérons qu’une réflexion approfondie sur l’utilité ou non d’un emballage en plastique et la capacité de pouvoir le remplacer ou non par un matériau avec les mêmes bénéfices en termes de préservation de la santé, de durabilité et de souplesse d’utilisation doit être menée.
A ce propos, il convient de rappeler que la bouteille en PET représente actuellement la meilleure alternative environnementale, de par son bilan carbone, en tant qu’emballage circulaire de bouteilles à bouteilles, pour plusieurs raisons :
- Il s’agit de l’un des emballages les plus matures pour atteindre une circularité complète (emballage d’avenir pour prendre en compte à la fois les attendus de l’esprit de la Directive SUP et de la loi AGEC (biodiversité) et les trajectoires de décarbonation de la France et de l’Union européenne)
- 100% recyclable (bouteille et bouchon)
- Majoritairement collectée séparément pour être recyclée (signal fort et un accélérateur d’innovation en faveur du recyclage et de l’incorporation de matière recyclée)
- Majoritairement recyclée pour un même usage (bouteilles à bouteilles) concernant le PET clair qui est un matériau réutilisé en boucle fermée. Une filière qui fait figure d’exemplarité dans les filières de recyclage du plastique.
Les emballages circulaires viennent en complément des démarches de prévention, de réduction des déchets, de réemploi, lorsqu’il existe une filière de collecte et de recyclage opérationnelle en France (cas du schéma bouteilles à bouteilles).
Demande d’ajustement au Point 2.2.4 – page 138
En conclusion et ouverture de la partie « inciter à l’incorporation de matière recyclée », proposer la rédaction suivante :
« Le développement de l’incorporation de matière recyclée et plus largement des débouchés de matières premières issues du recyclage, couplé à un taux de collecte pour recyclage performant permet aux emballages d’être circulaires. Cette circularité est à favoriser car elle permet de compléter la stratégie destinée à réduire les déchets abandonnés et, de ce fait, les pollutions terrestres et marines, en intégrant les nécessités de répondre aux enjeux de décarbonation. Les projets de décarbonation sont consacrés prioritairement par le plan France 2030 qui y consacre la moitié de ses investissements. La circularité de l’emballage permet de contribuer à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone que la France et l’Union européenne ont adoptés. En participant à la construction d’une industrie forte du recyclage, en accélérant les innovations, en renforçant la souveraineté de la France en approvisionnement de matière première, le développement des emballages circulaires s’inscrit dans la vision stratégie de la France. Ils sont des emballages d’avenir qui s’intègrent dans un mix d’emballages diversifié. »
3. Recyclage mécanique
• Pages 142 (2.2.4.2) et 200 (3.7)
Nous considérons que le recyclage chimique doit être un complément au recyclage mécanique, et non venir en concurrence ou en substitution. Pour ce faire, il importe de définir les matières entrantes pour chaque méthode :
- Recyclage mécanique : le PET est très bien recyclé en mécanique, de bouteilles à bouteilles pour un même usage, avec un excellent bilan carbone par rapport aux solutions coûteuses de recyclage chimique ;
Le recyclage mécanique fonctionne quant à lui très bien pour des objets constitués d’un seul polymère (PET) et permet même un recyclage pour des usages identiques (cas du PET clair). Il doit rester la voie préférentielle lorsque la collecte et le tri sont aisés à mettre en œuvre : il génère des recyclats de haute qualité et a une faible consommation énergétique.
Les bénéfices environnementaux liés à la substitution de la matière vierge excèdent généralement l’impact environnemental que représentent la collecte, le tri, le transport et le recyclage, alors que les coûts de ces opérations peuvent être plus que compensés par les revenus potentiels de la vente des produits recyclés sur le marché.
- Recyclage chimique : les solutions ne sont pas encore matures et nécessitent du développement. Cette solution est plus énergivore et doit couvrir en priorité les matières actuellement non recyclées ou difficiles à recycler, et venir en complément du recyclage mécanique, pour valoriser des plastiques complexes (i.e emballages multicouches).
Tendre vers un objectif de recyclage de 100% des plastiques à l’horizon 2025 et imposer en même temps une réduction de 50% du nombre de bouteilles en plastique à usage unique pour boisson mises sur le marché d’ici à 2030, avant une interdiction des emballages plastiques à usage unique à 2040, est un double défi contradictoire. Contrairement à ce qui est mentionné dans l’encadré page 176, la perspective de diminution à moyen/long terme n’offre pas suffisamment de garanties vis-à-vis de la rentabilité des investissements nécessaires pour accélérer le recyclage des plastiques.
L’augmentation actuelle des investissements dans le recyclage des bouteilles en PET démontre plutôt une confiance des acteurs dans la pérennité des emballages en PET et rPET, du fait de leur intérêt environnemental et économique, lorsqu’ils sont bien triés et bien recyclés. Cette confiance est à consolider avec les signaux positifs de la notion d’emballage circulaire.
4. Réduction
• Page 161 (2.4)
Les objectifs de réduction de 50 % d’ici 2030 du nombre de bouteilles en plastique à usage unique mises sur le marché (article 66 de la loi AGEC) et de fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040 (article 7) et la mise en place d’alternatives aux plastiques à usage unique doivent être conditionnés à la garantie d’un bénéfice environnemental à travers des analyses de cycle de vie.
Parmi les alternatives à trouver aux emballages en plastique à usage unique, en plus de trouver une solution ayant une meilleure performance carbone, il est fondamental de prendre en compte, dans une logique d’intérêt général, les enjeux de sécurité sanitaire, d’hygiène, de consommation d’eau, et de recyclabilité.
Les objectifs de réduction fixés par la loi AGEC constituent des obstacles pour les industriels qui investissent massivement pour améliorer le recyclage d’emballages qui, à moyen terme, seraient voués à disparaître. Il nous semble de fait important de prendre en compte les avancées déjà réalisées par certaines filières dans la réalisation d’objectifs 3R et de rappeler la nécessité d’établir des objectifs globalisants par filière.
L’objectif de réduction ne doit pas porter individuellement sur les acteurs qui innovent depuis des décennies pour accélérer l’économie circulaire 100% française et l’écoconception (bouchon solidaire, incorporation de matière recyclée, allègement et circularité de l’emballage), et répondre aux besoins et aux attentes des consommateurs pour une consommation responsable.
Dans le cadre de l’embouteillage de l’eau, il n’existe aucun résultat précis et comparé des impacts environnementaux des différentes alternatives d’emballages au PET : il est un matériau apte à la qualité contact alimentaire, chimiquement inerte, qui ne contient ni bisphénol A, ni phtalate et qui a été approuvé et validé par les agences de sécurité alimentaire des aliments.
Le PET est aujourd’hui majoritairement collecté pour recyclage, et reste la meilleure alternative (prix compétitif, poids, format optimisé pour le transport, gestion de fin de vie optimale, incorporation de PET recyclé grâce à une filière française du recyclage circulaire exemplaire, efficiente et opérationnelle).
La stratégie 3R est un défi pour nos modes de consommation qui appelle à repenser l’ensemble de la chaîne de valeur du plastique. Nous bénéficions, avec l’économie circulaire, d’un levier essentiel pour construire et imaginer le plastique autrement.
Il ne s’agit pas de supprimer tous les plastiques mais de rationaliser leurs usages en les réservant aux applications où leurs performances leur confèrent une nette supériorité (ex. PET) vis-à-vis des autres matériaux (verre, alu, briques multicouches) dans le souci d’un bilan environnemental favorable.
Limiter la capacité de production des bouteilles en PET signifie priver les consommateurs de la possibilité de bénéficier d’un confort et d’une sécurité abordables et durables, et restreint le choix d’une hydratation saine et sûre, selon leurs exigences de qualité alimentaire, de salubrité publique, de sécurité sanitaire et besoins de santé.