Projet d’arrêté abrogeant l’arrêté du 30 avril 2020 modifié précisant les modalités d’épandage de boues issues du traitement des eaux usées urbaines pendant la crise de covid-19
Consultation du 20/12/2022 au 10/01/2023 - 22 contributions
Dès le début de l’épidémie de covid-19, plusieurs études ont mis en évidence la présence d’ARN viral du SARS-COV 2 dans les eaux usées. Cela a conduit l’Etat à interroger l’ANSES sur les risques de propagation du virus via l’épandage des boues d’épuration urbaines sur les sols agricoles. Sur la base de ses recommandations, l’Etat a conditionné, via l’arrêté du 30 avril 2020, l’épandage de boues sur les sols agricoles à leur hygiénisation préalable.
Face aux difficultés (techniques, financières…) inhérentes à la mise en œuvre de ces fortes restrictions d’épandage et sur la base des conclusions d’une étude conduite par le LNE, un nouvel avis de l’ANSES a été sollicité fin 2020. Ce dernier a conduit à introduire de nouvelles possibilités d’épandage (arrêté modificatif du 20 avril 2021). Ainsi, depuis mai 2021, il est notamment possible d’épandre des boues ayant fait l’objet d’un traitement par chaulage, séchage solaire ou digestion anaérobie, suivi d’une période de stockage minimale (sous réserve que le traitement ait montré son efficacité, en abattant d’au moins 4 log la concentration des boues en coliphages somatiques).
Concernant les boues industrielles contenant des eaux usées domestiques, les dispositions applicables sont inchangées depuis avril 2020 : celles-ci peuvent notamment être épandues si l’épandage se fait par des techniques limitant la formation d’aérosols et après une certaine durée de stockage.
Malgré ces nouvelles possibilités d’épandage, les contraintes restent fortes notamment pour les collectivités rurales, à la fois sur les plans technique et financier. Par ailleurs, les difficultés à trouver un débouché pour les boues sont susceptibles d’impacter de plus en plus fortement, d’une part, le fonctionnement des stations d’épuration et donc d’avoir des conséquences sanitaires et environnementales potentiellement plus dommageables que l’épandage des boues qu’elles produisent et, d’autre part, les moyens financiers des collectivités pour l’exercice, dans de bonnes conditions, de leur compétence assainissement (réduction de la capacité d’investissement par exemple).
Enfin, un parangonnage réalisé par le réseau européen auprès de 7 pays européens (Italie, Espagne, Portugal, Suède, Royaume-Uni, Pologne et Allemagne) met en avant qu’aucun des pays consultés ne semble avoir pris de mesures spécifiques du fait de l’épidémie parce que les traitements requis avant épandage (notamment hygiénisation) permettent de prévenir un risque de propagation du virus (Portugal, Espagne…) et/ou parce que les Etats ont estimé qu’aucune preuve scientifique documentait clairement que le COVID-19 se transmettait par la voie fécale-orale et donc via les boues (seules des traces de matériel génétique apparaissent dans l’eau mais celles-ci ne présentent pas de capacité infectieuse) (Royaume Uni, Suède) …
L’ensemble des éléments ci-dessus ainsi que la trajectoire descendante de l’épidémie qui a conduit à lever en France l’essentiel des restrictions sanitaires, ont amené les ministères de la transition écologique, de la santé et de l’agriculture à s’interroger sur le maintien des mesures restrictives prises concernant l’épandage des boues.
Ceux-ci ont saisi le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) afin de recueillir son expertise et son avis sur la question de la gestion du risque du virus du SARS COV 2 lié à ces pratiques d’épandage. Dans son avis rendu en novembre 2022, le HCSP recommande de reconsidérer les traitements complémentaires d’hygiénisation des boues des stations d’épuration des eaux usées liés au SARS-CoV-2 et de ne pas maintenir les mesures restrictives d’épandage des boues, actuellement en vigueur.
L’arrêté soumis à consultation abroge l’arrêté du 30 avril 2020 modifié et lève l’ensemble des restrictions relatives à l’épandage de boues.
Commentaires
Parce que notre devoir est de préserver notre environnement et d’éviter les contaminations en gardant un jugement fiable, pour nos parents, nos enfants et nous.
Que n’aurait-on dit si, dans la période critique de la propagation virale, un principe de précaution n’avait pas été institué ?
Au moins maintenant il existe un avis clair, indépendant, étayé sur les risques de contamination virale du Sars-COV2 : il n’existe pas.
Les installations de traitement de boues d’épuration urbaine, les multiples stockages de boues liquides issues des petites agglomérations et/ou des sites industriels recueillant leurs eaux vannes ou celles de l’agglomération voisine ont des contraintes à respecter.
Abattre les coliphages d’un log4 est juste le symbole que les boues sont hygiénisées et que notamment E.Coli est absent.
N’est-ce pas ce qui est normalement demandé en dehors de toute pandémie ?
Et c’est ce qui est réalisé en utilisant du lait de chaux, sans aucun danger de manipulation, dans les stations de boues liquides : apport en citerne, mélange homogène, analyse, épandage local d’une boue urbaine ou mixte chaulée plus fluide. Un dosage bien analysé, un temps de contact contrôlé, une mise en œuvre aisée et rapide sans être obliger d’investir dans des infrastructures lourdes et couteuses.
L’hygiénisation est un préalable réglementaire à l’épandage des boues avec 2 résultats lors de l’utilisation de chaux : désodorisation et hygiénisation.
Deux requis, l’un réglementaire pour notre avenir, l’autre facilitant l’acceptation du citoyens, qui permettent d’apporter des nutriments et de la structure aux sols tout en diminuant les intrants chimiques.
Oui l’hygiénisation est obligatoire et oui il serait utile de ne pas y déroger.
Donc en dehors de toute polémique et pandémie, rappelons-nous qu’a minima l’arrêté de 94 exige l’hygiénisation et que le futur socle commun en agriculture ira plus loin pour toutes les origines de boues à l’épandage.
L’épandage de boues brutes était et demeure :
1- La filière la plus économique pour les collectivités, donc pour les ménages. En période de lutte pour le maintien du pouvoir d’achat, cela a du sens de rétablir l’épandage ;
2- La filière la moins émettrice de gaz à effet de serre, puisque les boues sont généralement épandues à proximité des stations d’épuration elles même réparties sur le territoire français. En période de lutte contre le réchauffement climatique, cela a du sens de rétablir l’épandage ;
3- La filière dotée de la plus grande traçabilité possible (analyses de boues, de sols avant/après épandages, bilan de fumure, contrôles des services de l’État), la plus contrôlée et donc la plus respectueuse de l’environnement. En cette période de protection des ressources en eau, cela a du sens (contrairement aux idées reçues des boomers qui n’ont pas connu les règles actuelles) de rétablir l’épandage ;
4- La principale filière d’économie d’engrais chimiques (ressources fossiles) dont on rappelle que les formules azotées sont produites à partir de gaz et les formules phosphorées extraites de mines à phosphates à l’étranger. En cette période de lutte pour la sécurisation alimentaire stratégique de la France, cela a du sens de limiter notre dépendance aux pays tiers ;
5- La filière proposant le plus grand retour économique aux territoires en termes d’activité et d’emploi. En cette période de crise économique, cela a du sens de rétablir les épandages ;
6- La filière la plus circulaire, la plus en circuit court et la moins gourmande en carburants. En cette période de crise énergétique, cela a du sens de rétablir les épandages.
Tous ces points ne sont contrebalancés par aucun contre argument, celui du risque covid étant écarté (heureusement car sinon, tous les professionnels de l’assainissement seraient en covid continuellement).
Et en réponse à ceux qui pensent qu’il était possible d’épandre en période de covid, je dirais qu’il est tout aussi possible d’aller sur la lune. À force de mettre des contraintes sur une filière on parvient à la supprimer sans avoir à subir les reproches de l’interdiction pure et simple.
En tant que représentant d’une entreprise de déshydratation, je me permets de signaler qu’un retour en arrière brutal sera aussi absurde que la publication brutale et sans consultation du décret de avril 2020, interdisant l’épandage des boues liquides.
En effet, suite à la publication du décret d’avril 2020, les sociétés spécialisées dans "l’hygiénisation" ont été contactées par mail par une cellule du ministère de l’environnement afin de savoir si, en France, nous étions en mesure d’assurer le traitement de toutes ces boues.
Nous avions répondu que, en l’état au moment de la demande, non. La question posée alors était la suivante : êtes vous prêt à investir pour y répondre? Réponse : Oui.
Nous avons donc investit afin de permettre l’hygiénisation de ce volume conséquent de boues.
Il serait aujourd’hui catastrophique pour les sociétés de petites tailles de faire machine arrière brutalement. Les investissements sont lourds et pas encore amortis.
Je propose donc que, si le texte prévoyant un retour à l’épandage des boues liquides devait être validé, un délai de mise en application devrait être pris en compte afin de ne pas entraîner à la faillite les petites entreprises. Ce délai pourrait être à étudier mais je pense que 3 ans serait un minimum.
Enfin l’abrogation de cet arrêté qui n’a été mis en place que sur la base du principe de précaution. Cette réglementation prise dans l’urgence et par précaution imposait des techniques de traitement lourdes et coûteuses pour le budget des communes et sans aucune justification d’un point de vue sanitaire et environnemental
L’avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommande en octobre dernier de ne pas maintenir les mesures restrictives d’épandage des boues liées à l’épidémie de COVID-19, actuellement en vigueur. Les études scientifiques prouvent également la non-survie du virus dans les eaux usées et à fortiori dans les boues.
Il convient de noter que la valorisation matières des boues issues des stations d’épuration restent la solution le plus économique et une démarche éco responsable au travers la transformation des déchets organiques en matières fertilisantes nécessaires à la croissance des plantes et à la vie des sols.
Je suis donc totalement favorable à l’arrêté abrogeant l’arrêté du 30 avril 2020 modifié précisant les modalités d’épandage de boues issues du traitement des eaux usées urbaines pendant la crise de covid-19