Consultation du public relative au Plan d’action pour la préservation des sols forestiers
Consultation du 25/02/2025 au 06/04/2025 - 188 contributions
Les sols forestiers remplissent des fonctions vitales pour la société : stockage de carbone, régulation du cycle de l’eau, réservoir de biodiversité et production de bois.
Assurer la bonne santé des sols est essentiel pour soutenir l’atténuation des effets du dérèglement climatique, préserver notre biodiversité et favoriser l’adaptation et la résilience de nos écosystèmes forestiers.
C’est pourquoi dans le contexte du dérèglement climatique, la préservation des fonctionnalités des sols forestiers constitue une priorité stratégique, collectivement identifiée comme telle lors des Assises de la forêt et du bois qui se sont conclues en mars 2022. Le Ministère chargé de l’environnement et de la forêt avec l’appui de l’ADEME, en association étroite avec les partenaires concernés a élaboré un plan d’action pour en assurer leur préservation.
Levier de la planification écologique, de la Stratégie nationale biodiversité 2030, de la Stratégie nationale bas Carbone et du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique, le plan pour la préservation des sols forestiers (PASF) fixe le cap à horizon 2030. Il identifie des actions prioritaires concrètes, pour maintenir les fonctionnalités des sols forestiers, réparties en 5 axes pour :
- Connaître et surveiller les sols forestiers ;
- Mobiliser le bois avec des pratiques et équipements à faible impact ;
- Former et sensibiliser sur la gestion durable des sols forestiers ;
- Accompagner économiquement les pratiques sylvicoles et les investissements matériels les plus vertueux ;
- Encadrer les facteurs de pressions dans les textes de planification forestière, les réglementations et les cahiers des charges.
Une consultation du public sur le projet de PASF est ouverte du 25 février au 6 avril 2025 inclus. Contribuez en donnant votre avis sur le présent site.
Commentaires
Madame, Monsieur,
Nature Comminges est une association agréée pour la protection de la nature et du cadre de vie en Haute-Garonne. Elle a toujours été soucieuse d’une bonne application du droit de l’environnement, en particulier la lutte contre l’étalement urbain, le mitage des espaces naturels et agricoles, la qualité des paysages, la préservation de la biodiversité et des écosystèmes qui relèvent de l’intérêt général.
L’association a notamment initié depuis 2014, la création de l’Observatoire des forêts commingeoises (élargi depuis à l’Observatoire des Pyrénées centrales en partenariat avec Nature en Occitanie), dans le but de protéger les vieilles forêts présentes sur le territoire, et d’œuvrer à une meilleure prise en compte des enjeux biologiques dans la gestion forestière. À ce titre, elle a mené des actions d’inventaires de vieilles forêts, de plaine notamment, des portés à connaissance d’espèces à enjeux identifiées lors de divers inventaires (modernisation des ZNIEFF de Midi-Pyrénées, inventaires Natura 2000), ainsi que des actions de sensibilisation menées auprès de divers publics (scolaire, universitaire, gestionnaires). Dans le cadre d’un partenariat avec l’INRA, elle a porté un travail de stage sur le potentiel de stockage de carbone dans les vieilles forêts pyrénéennes (Novembre 2019).
L’association participe à de nombreux suivis d’espèces (réseau ours brun, suivi et récolte d’indices de galliformes de montagne, participation au suivi du gypaète barbu, du milan royal et du vautour percnoptère).
Entre 2008 et 2009, Nature Comminges a représenté la fédération France Nature Environnement lors du lancement par le ministère de l’écologie de la phase de la rédaction de la Stratégie Nationale en faveur du Grand-tétras, confié à la LPO et à l’ONF. Conscients que s’engager dans cette voie n’est pas suffisant sans efforts ambitieux simultanés sur les autres facteurs limitants (contrôle sur les aménagements et les activités touristiques, gestion forestière, lutte contre le fractionnement des habitats), les membres de Nature Comminges s’efforcent d’agir au plus près du terrain pour croiser les données naturalistes et les programmes d’aménagements forestiers, établir des préconisations pour le tourisme nature (évoluant vers un tourisme 4 saisons), demander la mise en œuvre de la séquence ERC des aménagements touristiques en insistant sur l’importance de la restauration des habitats du grand-tétras au voisinage des domaines skiables.
À la lecture des principaux documents, l’association tient à émettre les remarques suivantes concernant le projet de plan d’action concernant les sols forestiers.
Nous nous permettons de citer une étude sur le potentiel de stockage de carbone dans les vieilles forêts pyrénéennes », réalisée par une étudiante de Master, en partenariat avec l’INRA et Nature Comminges.
Cette étude a pour objet le devenir des stocks de carbone de forêts anciennes du Haut Comminges (Haute-Garonne). Elle se compose d’une comparaison des stocks de carbone mesurés dans trois paires de forêts gérées et non gérées (i.e. vieilles forêts) réparties selon un gradient altitudinal dans les Pyrénées et d’une modélisation du devenir de ces stocks en Hêtraie pure sous plusieurs scénarios climatiques. Les stocks de carbone ont été mesurés selon une version adaptée des protocoles standards internationaux développés par l’infrastructure européenne ICOS. Les forêts non gérées abritent les stocks de carbone les plus élevés qui varient entre 265±13 et 544±24 tC.ha-1 , contre 193±22 et 419±21 tC.ha-1 en forêt gérée. Les stocks de carbone de la biomasse aérienne et dans le bois mort constituent la principale différence entre ces deux types de forêts (respectivement 85±4 à 254±12 tC.ha1 en forêt non gérée contre 106±3 à 167±9 tC.ha-1 en forêt gérée pour la biomasse aérienne, et 48±5 à 76±5 tC.ha-1 en forêt non gérée contre 8±2 à 17±4 tC.ha-1 en forêt gérée pour le bois mort). La modélisation des dynamiques de stockage du carbone dans deux des sites étudiés (hêtraies) sous deux scénarios climatiques (RCP 4.5 et RCP 8.5) a également montré que les forêts non gérées ont tendance à accumuler des stocks de carbone jusqu’à plus 150 ans tandis que la séquestration carbone in situ est artificiellement limitée dès l’âge de 80 ans par la gestion sylvicole. Cependant, la croissance des arbres dans le peuplement non géré est apparue comme étant limitée à long terme par le changement climatique et en particulier par l’augmentation de la fréquence de longues périodes de sécheresse. La modélisation proposée montre que la gestion sylvicole actuelle ne permettrait de limiter que marginalement les dégâts causés par les évènements climatiques extrêmes. Enfin, pour que l’exploitation de forêts anciennes reste neutre du point de vue atmosphérique l’utilisation des produits récoltés devrait compenser la diminution des stocks de carbone in situ par l’évitement d’émissions de carbone fossile selon un facteur de substitution supérieur à 1.
Dans cette mesure, notre association est favorable sur le principe à la fiche action n°2.2 (Plan d’action vieux bois et forêts subnaturelles), dans la mesure où il s’agit de mettre en œuvre des aires protégées pérennes correspondant à des secteurs de vieilles forêts.
Par contre, elle s’interroge sur la mise en œuvre de la mesure 1.2 concernant le renouvellement forestier ; en effet, la mise en œuvre de certaines essences (comme le sapin méditerranéen) ne doit pas remettre en cause la diversité génétique de certaines essences autochtones (comme le Sapin pectiné), alors que le réchauffement climatique devrait surtout affecter l’épicéa et peu les autres essences d’après des travaux en cours (Mr Piédalu). Le renouvellement forestier ne doit pas conduire à une exploitation par des méthodes radicales.
Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre considération distinguée.
Pour Nature Comminges
Guillaume Castaing (co-président)
Nous retenons, après une lecture attentive du plan d’action, qu’il semble globalement bien équilibré, avec une ambition forte et nécessaire pour la préservation des sols forestiers. Les pilotes envisagés sont pertinents.
Nous souhaitons faire remarquer que les PSE cités en action 4.3 devront nécessairement présenter un caractère additionnel pour qu’ils puissent se développer. Il faudra faire du lien avec les financements publics qui sont envisagés dans d’autres actions. Les financements publics/privés nous semblent à encourager à l’heure où les finances publiques ne sont pas infinies.
L’action 5.1 devra être présentée au CSGFD, ce qui nous semble effectivement nécessaire.
La SF se tient à la disposition des Ministères concernés pour contribuer aux réflexions et actions de ce plan d’action. Elle déploie depuis de nombreuses années des actions en vue de la connaissance (notamment un réseau très important de fosses pédologiques) et de la préservation (mise en oeuvre généralisée de parcours d’exploitation dédiés) des sols et pourra faire un retour d’expérience utile dans le cadre du pilotage des actions.
Nous reprenons ici l’intégralité du rapport rédigé par l’association SOS Forêt Dordogne.
A) Propos liminaires
L’avis de SOS Forêt Dordogne a été rédigé après lecture attentive du projet soumis à consultation du
public par le Ministère de la Transition Écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la
Pêche du 25/02/ au 06/04/2025.
Remarques générales
• Le choix même du sujet entraîne notre approbation : les sols forestiers sont en effet soumis à
rude épreuve par l’industrie forestière et ses machines lourdes, ses intrants, ses pratiques de
coupes à blanc.
• Que dès l’introduction, les propos de la ministre soient une reconnaissance du caractère
« fragile et non renouvelable » des sols forestiers est une avancée significative dans la lutte
contre l’industrialisation de la sylviculture et nous appuyons cette qualification.
• Il serait toutefois plus juste de sortir d’une représentation des services écosystémiques qui
placent une fois de plus la « nature » ou l’« environnement » au service de l’homme « maître
du vivant » et de replacer notre humanité à la place qu’elle devrait occuper, celle d’une
espèce parmi d’autres, aux qualités et connaissances spécifiques mais dont la vie est
tributaire de nombreuses interdépendances (et l’effondrement actuel et massif de
nombreuses espèces est à ce point particulièrement effrayant).
• Pour une véritable préservation rapide et sûre des sols forestiers, SOS Forêt Dordogne et les
autres associations qui luttent pour préserver les forêts ont une solution simple : interdire
dès à présent toute coupe rase industrielle en France1, en accompagnant les acteurs de la
filière et notamment les plus petites entreprises, dans leur désendettement et leur formation
continue, de façon à leur permettre de poursuivre leur métier de forestiers avec davantage
de technicité, de respect des forêts et en leur redonnant la fierté de leur métier : de
destructeurs de nos forêts, ils en deviendraient les accompagnateurs et jouiraient ainsi de la
reconnaissance de leurs concitoyens.
1 Hormis dans quelques cas de coupes sanitaires ; à l ‘heure actuelle trop de coupes rases interviennent au prétexte de
la pauvreté des peuplements ; or ce que le point de vue économique nomme peuplement pauvre peut être malgré
tout souvent corrélé à une riche biodiversité. Le remplacer par une plantation de résineux est à cet égard une
dégradation nette de la parcelle.
Avis de l’association SOS Forêt Dordogne sur le Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers, consultation février-avril 2025
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• Il faudrait pour cela une volonté politique forte et non un simple affichage : il est à craindre
que l’objectif 2030 soit à terme repoussé, comme on l’a vu pour l’accessibilité des bâtiments
aux personnes en situation en situation de handicap ou plus récemment pour la suppression
des plastiques dans les cantines scolaires ou les crèches.
B) Partie 1 : Pourquoi faut-il se mobiliser pour protéger les sols forestiers ?
1. Les sols forestiers : une ressource naturelle fragile et non renouvelable, support de services
systémiques fondamentaux (p6 à 8)
Si nous souscrivons à la majorité des arguments évoqués dans ce chapitre, nous nous étonnons que le terme
de forêt n’y soit pas défini ; le plan ne semble pas faire de différence entre plantations équiennes – qui sont
le plus souvent en France des monocultures de résineux – et forêts sinon naturelles, vieilles ou anciennes, du
moins mélangées en âge et en essences. Leur rôle dans la préservation de la qualité des sols comme de la
préservation du carbone est pourtant totalement différent !
Concernant la biodiversité, on sait à quel point elle diffère entre
• forêts mixtes et de feuillus qui abritent des espèces spécialisées dont le biotope est précisément celui-
ci
• et plantations de résineux qui ne sont susceptibles d’accueillir que des espèces généralistes, donc
capables de vivre dans différents milieux.
On sait également que les litières d’aiguilles se décomposent plus difficilement, acidifient les sols et ne
permettent que difficilement – et avec une extrême lenteur – un retour des feuillus sur des sols suffisamment
riches pour les accueillir. Il ne faut donc pas se tromper de forêt…
2. Les sols forestiers : un capital fragile entre évolution des pratiques et changement climatique (p9
à 12)
Nous souscrivons aux constats du paragraphe 2.1. et à l’origine anthropique des dégradations, dues à des
pratiques industrielles brutales pour nos forêts. Encore faudrait-il s’interroger sur l’origine – anthropique sans
nul doute – du dérèglement climatique que nous connaissons.
Nous partageons également les constats du paragraphe 2.2 et nous félicitons de la mise en cause explicite des
coupes rases : « Certaines pratiques comme la coupe rase suivie du travail du sol en plein pour préparer le sol
lors du renouvellement du peuplement peuvent favoriser la minéralisation rapide de la matière organique du
sol et donc de flux de CO2 associés vers l’atmosphère. » p11
En revanche, nous nous étonnons que le paragraphe 2.3. (La mécanisation fait partie aujourd’hui de la gestion
sylvicole et de l’exploitation forestière) ne soit pas, contrairement aux écrits précédents étayé par des
arguments scientifiques : nous faisons face ici à une affirmation brute, sans argumentation. Nous sommes
bien conscients qu’il serait difficile, dans notre monde actuel, de renoncer d’un seul coup à toute intervention
mécanisée dans nos forêts. Néanmoins, on peut faire une différence entre la pratique brutale de la coupe rase
et une gestion sylvicole en futaie irrégulière qui évitera le passage d’énormes engins. En outre, le recours à la
plantation, ici affirmé comme une évidence, nous paraît difficilement démontrable : dans le contexte du
dérèglement climatique actuel dont nul ne connaît l’évolution, toute prédiction s’apparente à jouer aux
apprentis sorciers.
Avis de l’association SOS Forêt Dordogne sur le Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers, consultation février-avril 2025
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3. Les outils actuels pour la connaissance et la préservation des sols forestiers (p13 à 17)
Pas de remarque particulière sur les paragraphes 3.1 et 3.2.
Nous souscrivons aux éléments évoqués dans le paragraphe 3.3 (Les différents outils existants et bonnes
pratiques associées), à savoir :
• limiter la surface du sol où circulent des engins : mise en place de cloisonnements
• éviter les périodes humides
• éviter de laisser les sols à nu : SOS Forêt Dordogne prône à cet effet la généralisation de la Sylviculture
Mélangée à Couvert Continu (SMCC ou futaie irrégulière ou encore futaie jardinée)
• éviter la récolte de feuillage (risque de déminéralisation du sol)
• laisser du bois mort au sol
• prendre en jeu les enjeux spécifiques liés aux ripisylves et aux zones humides.
Nous sommes en revanche réservés sur l’aspect « raisonné » de la préparation des sols, associée à la pratique
des coupes à blanc : en SMCC, point besoin de préparer le sol et de replanter (ou très rarement), la forêt y
pourvoit.
Malgré leurs limites et bien que réservés sur la politique actuelle de multiplication de chaufferies au bois et de
production massive de plaquettes, nous saluons l’existence des différents guides présentés, comme des
avancées vers des pratiques plus respectueuses du vivant.
4. Des politiques publiques dans lesquelles s’inscrit la nécessité d’un plan national ambitieux pour
mieux préserver les sols forestiers (p18 à 21)
Nous notons avec satisfaction la réaffirmation de l’objectif de non artificialisation des sols.
Nous souscrivons aux objectifs énoncés dans ce paragraphe mais nous attendons les mesures fortes et
concrètes qui pourraient leur donner une véritable efficacité, comme l’interdiction des coupes rases ou a
minima l’arrêt des aides aux propriétaires qui gèrent (ou laissent gérer par les ETF) leurs propriétés de
façon industrielle : nous préconisons de réserver toute aide publique à un engagement (vérifié par les
services de l’État, ce qui implique de doter les DDT du personnel suffisant) à gérer ses forêts en futaie
irrégulière (ou SMCC).
5. Une construction et une gouvernance du plan impliquant l’ensemble des acteurs concernés pour
que ses actions soient largement mises en œuvre (p22 à 23)
Pas de remarque particulière sur la stratégie d’élaboration du plan ou sur le suivi du plan, en revanche, nous
regrettons le manque de transparence de la partie financement qui ne fait état d’aucun budget chiffré.
6. L’ambition et les objectifs du Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers (p24 à 26)
Avis de l’association SOS Forêt Dordogne sur le Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers, consultation février-avril 2025
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Nous souscrivons aux enjeux majeurs définis page 24 : conserver l’intégrité physique, maintenir la fertilité
chimique des sols, sécuriser le puits de carbone forestier, maintenir la biodiversité, préserver le rôle de
régulation des sols forestiers dans le cycle de l’eau.
Notre avis sur les objectifs est plus nuancé.
• Nous sommes favorables aux objectifs :
o 1 : Maintenir, créer et respecter les cloisonnements ou pistes d’exploitation et promouvoir des
méthodes de débardage à faible impact
o 4 : Garantir la pérennité du couvert forestier en assurant sa reconstitution, favoriser le couvert
forestier continu notamment en zone de pente : SOS Forêt Dordogne prône cette gestion sur
l’ensemble des surfaces forestières
• Nous sommes en revanche réservés sur les objectifs :
o 2 : Raisonner le travail du sol avant plantation afin de limiter les effets du travail en plein ; il
prévoit en effet la poursuite de la stratégie sylvicole industrielle coupe rase/ replantation
o 3 : Maintenir sur place le feuillage et les souches, limiter et adapter la récolte de menus bois selon
la sensibilité des sols à l’export d’éléments minéraux : pour SOS Forêt Dordogne, s’il faut
maintenir sur place le feuillage et les souches, il faut aussi le faire pour les menus bois riches en
éléments minéraux.)
Pas de remarque particulière sur les axes généraux présentés p25.
C) Partie 2 : Passer à l’action pour préserver les sols forestiers
• Axe 1 : Connaître et surveiller les sols forestiers (p28 à 33)
La recherche est nécessaire et intéressante ; mais si elle doit se borner, faute d’action volontariste suffisante,
à enregistrer les dégradations, ce volet sera inutile … Il est à craindre que le dérèglement climatique
enclenché ne nous laisse que peu de temps pour inverser le cours des choses !
• Axe 2 : Mobiliser le bois avec des pratiques et équipements à faible impact (p34 à 40)
Même remarque que précédemment sur l’évaluation des pratiques.
En revanche, nous émettons un avis favorable au développement du débardage par câble (action 2.2, p37)
et au financement de la création d’une « formation des opérateurs câblistes, de l’accompagnement de la
structuration de la filière par la création d’une structure collaborative », à la mise en place d’un « soutien
économique à l’équipement ainsi que la réalisation d’une étude technico-économique pour évaluer les
bénéfices et les contraintes pour promouvoir le développement de ce mode de débardage alternatif », ainsi
qu’à l’action 2.3 . (p39) qui vise de la même façon à promouvoir le débardage à cheval : formation, soutien
économique à la filière, promotion de celle-ci auprès des utilisateurs.
• Axe 3 : Former et sensibiliser à la gestion durable des sols forestiers (p41 à 44)
Nous sommes favorables aux actions 3.1 qui visent à « mutualiser les connaissances sur les sols forestiers » et
à « développer la formation continue sur la qualité des sols forestiers et sensibiliser les acteurs dans le cadre
Avis de l’association SOS Forêt Dordogne sur le Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers, consultation février-avril 2025
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de la gestion durable des forêts » ainsi qu’à l’action 3.3 qui prévoit d’« élaborer un guide pour préserver les
sols dans les chantiers en situation de crise » : les crises décrites dans le document ne manqueront pas
d’advenir.
• Axe 4 : Accompagner économiquement les pratiques sylvicoles et les investissements matériels les
plus vertueux (p45 à 49)
On touche ici au nerf de la guerre sans lequel aucune amélioration ne sera possible. Cette partie du plan se
devra d’être volontariste et des mesures réglementaires devront être prises pour inciter régions et
départements à prendre ces objectifs en compte.
Les critères d’éco-conditionnalité doivent être strictement cohérents avec les connaissances scientifiques
actuelles et ne pas servir de poudre aux yeux pour que se poursuivent les pratiques industrielles actuelles.
Encore une fois, nous réaffirmons qu’une interdiction des coupes rases, assortie d’un accompagnement des
petites entreprises lourdement endettées nous paraît indispensable.
Concernant l’action 4.3 (p48) « Accompagner la mobilisation de fonds privés avec des paiements pour
services environnementaux forestiers pour les systèmes permettant une meilleure préservation des sols »,
nous regrettons que l’État se dessaisisse de sa responsabilité au profit de fonds privés. Dans ce domaine il
s’agit de défendre l’intérêt général. En abandonner la défense à des intérêts privés nous paraît voué à l’échec.
• Axe 5 : Encadrer les facteurs de pression dans les textes de planification forestière, les
réglementations et les cahiers des charges (p 50 à
La mise en cohérence des réglementations est évidemment de la première importance si l’on veut que les
objectifs visés soient réellement atteints. Quant à « conforter les systèmes de labellisation/certification des
ETF comme cadre d’engagement à des pratiques d’exploitation et de travaux respectueuses des sols » (action
5.4, p55), SOS Forêt Dordogne demeure circonspecte eu égard au peu de garanties réelles que ces
certifications représentent actuellement. Là encore, il s’agit d’un dessaisissement des prérogatives de l’État,
préjudiciables à l’intérêt général.
CONCLUSION
Fidèle à son engagement contre les coupes rases, contre l’enrésinement des massifs forestiers et
pour la préservation de la biodiversité, SOS Forêt Dordogne émet un avis assez favorable à ce Plan
d’Action pour la Préservation des Sols Forestiers, notamment concernant la promotion de
méthodes alternatives de débardage.
En effet, si nous partageons globalement le diagnostic et soutenons un certain nombre de mesures
proposées, si le plan proposé met à juste titre l’accent sur la connaissance et l’étude des impacts des
pratiques forestières délétères ou vertueuses, les mesures effectives restent encore trop timides
pour impulser un véritable changement. Elles seront de peu d’effet si :
• les coupes rases réalisées avec de grosses abatteuses ne sont pas interdites comme en Suisse,
en Italie ou en Slovénie
Avis de l’association SOS Forêt Dordogne sur le Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers, consultation février-avril 2025
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• les effectifs des DDT et de l’ONF ne sont pas renforcés, au contraire de l’évolution de ces
dernières années
• les crédits de la recherche ne sont pas abondés, au contraire de ce qui se passe actuellement
dans les universités et les organismes de recherche publics français
• et si l’État tend à se dessaisir des leviers d’action pour les confier à des opérateurs privés.
St Germain du Salembre, le 27 mars 2025
Avis de l’association SOS Forêt Dordogne sur le Plan d’Action de Préservation des Sols Forestiers, consultation février-avril 2025
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Je m’exprime ici en ma qualité de :
• résident d’une commune de montagne (Hautes-Alpes),
• ingénieur forestier, à la retraite, avec une expérience montagnarde (O.N.F. - Service de Restauration des Terrains de Montagne de l’Isère pendant 11 ans),
• conseiller bénévole dans le domaine des risques naturels pour ma Ville de résidence,
• membre de la Société Alpine de Protection de la Nature – F.N.E. des Hautes-Alpes.
On ne peut que se réjouir de l’élaboration - puis de la mise en œuvre - d’un plan d’actions pour la préservation des sols forestiers.
Toutefois, ce plan m’amène à formuler, ci-après et au fil du texte, un certain nombre de remarques et de suggestions.
Remarque générale préliminaire sur le processus de consultation : il est extrêmement regrettable que dans cette consultation - comme par expérience dans la plupart des autres consultations nationales - les commentaires des citoyens soient sollicités sans qu’il soit indiqué comment - et par qui - lesdits commentaires seront analysés et valorisés et qu’il soit mentionné un quelconque retour (ex : rapport de type commissaire-enquêteur) en direction des contributeurs.
J’espère donc que tous les contributeurs auront un retour par rapport aux commentaires qu’ils ont formulés lors de cette consultation publique. En tout cas, je suis preneur d’un tel retour (adel : meriaux.pcom@bbox.fr).
PARTIE I « Le pourquoi du plan »
Chap.1
Sauf erreur de ma part, nulle part dans le texte de ce plan, ne figure une définition explicite du « sol forestier ». Je comprends qu’il s’agit d’un sol supportant - ou ayant supporté récemment (après incendie, défrichement, coupe rase, avalanche, …) - une forêt ?
Dans la figure 2, p.7, il est indiqué que l’estimation de la quantité de carbone stockée dans les sols forestiers en France métropolitaine est de 1,3 milliards de tonnes en 2021 et que ce chiffre est issu de « la surface forestière de 2015 ».
Ce chiffre est important et gagnerait à être réparti entre forêt publique et forêt privée. Il pourrait, en outre, servir d’indicateur(s) de suivi du plan : tous propriétaires confondus, distinction publics/privés.
Cette figure sous-entend la forte - et logique - corrélation entre surface forestière et surface de sols forestiers. Ceci mériterait d’être mieux mis en avant dans une définition idoine du « sol forestier », qui introduit deux corollaires faciles à comprendre pour le grand public et importants dans le contexte du changement climatique qui menace la santé de nos forêts tempérées :
. corollaire 1 : toute forêt existante vivante "abrite" - et protège - un sol forestier.
. corollaire 2 : on peut garantir la bonne santé - et la protection - d’un sol forestier par la bonne santé - et la pérennisation - de la forêt qu’il supporte.
Chap.2
2.1 Le dépérissement forestier est aussi à mentionner comme cause anthropique potentielle (par le biais du changement climatique) de dégradation des sols, notamment en montagne où une forêt fragilisée, malade ou mourante est susceptible de perdre sa fonction de protection contre les phénomènes d’érosion hydrique cités au 2.2 (perte de l’interception des gouttes de pluies torrentielles par les houppiers, mort des systèmes racinaires qui arment les sols, …).
La menace des « feux de forêts » est judicieusement mentionnée dans ce paragraphe. Je me permets d’insister sur le fait que, par le biais du changement climatique, le risque d’incendie s’amplifie pour les forêts d’altitude notamment de nos départements nord-alpins, et donc pour les sols qu’ils protègent. Il serait donc judicieux que le plan d’actions veille à diffuser et à promouvoir, à destination des propriétaires forestiers du centre et du nord du pays, les connaissances et pratiques en matière de prévention des feux de forêts, ainsi que de techniques de protection provisoire des sols et de replantation après incendie (cf. guide du forestier méditerranéen).
2.2 En forêt de montagne (sur pente plus ou moins forte), il convient de rajouter les phénomènes de glissement de terrain comme sources d’agression des forêts - et donc des sols - étant entendu qu’en général les surfaces de glissement sont trop profondes et échappent à l’effet d’armature des racines. En conséquence du changement climatique (cf. 2.1), on peut craindre que les phénomènes de glissement de terrain se multiplient en moyenne montagne tempérée, du fait de printemps plus humides et chauds, alors que l’évapotranspiration des arbres n’a pas redémarré et avec des effets possibles aggravants de fonte rapide du manteau neigeux.
Chap. 3
3.2 En lien avec le « corollaire 2 » énoncé ci-dessus (i.e. lien fort entre santé des forêts et protection des sols qui les supportent), il conviendrait de mentionner les réseaux de surveillance de la santé des forêts, notamment celui du Département de la Santé des Forêts (DSF) du Ministère de l’Agriculture. Ce réseau peut fournir un indicateur intéressant pour le suivi du présent plan d’actions : celui des surfaces de forêt en bonne santé, tous propriétaires confondus ou par type de propriétaire (public/privé).
3.3 Pour le cas des régions de montagne française, p.15 « pour prévenir le risque d’érosion », il est certes opportun de citer la politique R.T.M. qui a permis le reboisement de 300 000 ha de terrains dénudés, soumis à l’érosion à la fin du 19ième siècle, et donc la création d’autant de « sols forestiers ». Mais ne nous leurrons pas ! : l’essentiel des efforts de reboisement a été accompli à cette période (il y a donc plus de 100 ans), sur fonds publics, et la question qui inquiète maintenant - y compris vis-à-vis de la protection des sols forestiers que ces boisements ont créés - est de savoir si on va pouvoir régénérer ces peuplements, souvent mono-spécifiques (pins noirs d’Autriche) et réguliers, sans risquer des reprises d’érosion et dans le contexte inquiétant du changement climatique. Certes, ces forêts sont publiques (anciennes séries domaniales RTM), mais leur gestionnaire O.N.F est un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC) auquel l’Etat demande régulièrement des comptes en termes de recettes fructueuses et de dépenses parcimonieuses (rappel : l’O.N.F . a perdu 40% de ses personnels fonctionnaires en 20 ans !) - Etat qui est peu enclin à financer les inévitables (sur)coûts de gestion des forêts RTM, en général non rentables au sens technico-économique si l’on ne tient pas compte de leur(s) fonction(s) de protection vis-à-vis de l’érosion (et donc des sols …), des avalanches et des chutes de blocs.
Dans ce contexte montagnard, ce n’est pas tout de « reboiser les terrains nus » (c’est fait pour l’essentiel, nous l’avons vu !) : il est nécessaire aujourd’hui d’assurer la pérennisation des forêts installées et, si nécessaire, de faire évoluer leur mode de gestion vers la « futaie irrégulière » (futaie jardinée, futaie par paquets, …) - la pratique de gestion la plus efficiente vis-à-vis de la protection contre les risques de naturels de montagne. Il me semble que c’est ce que recommandent les guides techniques dédiés à la forêt de montagne, dont celui mentionné dans le plan « Guide des sylvicultures de montagne pour les Alpes du sud françaises ». On peut regretter, à ce propos, que le présent plan n’aborde pas la question des modes de gestion forestière à recommander, notamment en montagne.
Chap. 4
La citation p. 19 : « Cependant, en protégeant une composante de l’environnement autre que le sol, ou en préservant un usage supporté par le sol, certaines règles de droit conduisent indirectement à une protection du sol (Hermont, 2017) » est à appliquer, dans la stratégie du présent plan, par l’affichage d’un objectif résolu de protection des forêts, notamment de montagne (qui me semblent les plus menacées).
A ce titre, une coordination plus explicite du présent plan avec d’autres dispositifs salutaires existants mérite d’être affichée : je pense à celle pertinemment citée p.20 de « feuille de route Forêt-Bois » de la planification écologique « France Nation Verte ».
Chap. 5
5.1 Un immense regret : aucune association nationale reconnue de défense de l’environnement (FNE …) ou de la forêt (Semeurs de forêts, …) n’a semble-t-il été associée à l’élaboration du plan. Il est simplement évoqué des « ONGs », sans que leur nom soit précisé.
En outre, il n’aurait pas été choquant que des institutions propres aux territoires de montagne soient également associées : par exemple, l’Association Nationale des Elus de Montagne (ANEM) pour les forêts – et sols forestiers – communales/communaux.
5.2 Une lacune « abyssale » dans tout le plan : aucun montant de financement, aucune somme en euros n’est mentionnée, ni en recettes, ni en dépenses. Seules sont mentionnées des sources potentielles de financement. Je me permets donc de douter sérieusement de la solvabilité de ce plan …
5.3 De même que pour le 5.1 (élaboration du plan), il est à regretter qu’aucune association nationale reconnue de défense de l’environnement ou de la forêt soit associée à la gouvernance et au suivi du plan. Lesdites associations pourraient, en outre, être des relais pédagogiques pertinents de communication et d’explication du plan d’actions, en direction du grand public, des scolaires, des randonneurs (le court-circuitage des sentiers par certains randonneurs favorise l’érosion des sols …).
Chap. 6
Je suis d’avis de placer l’objectif 4 « Garantir la pérennité du couvert forestier en assurant sa reconstitution, favoriser le couvert forestier continu notamment en zone de pente » en priorité 1, notamment en zone de montagne. Pour le suivi de cet objectif, les indicateurs surveillant la santé des forêts seraient pertinents, comme je l’ai déjà suggéré.
PARTIE II « Plan d’actions »
Remarque préliminaire : ce plan d’actions devrait être coordonné avec un plan de protection - voire de développement - des forêts françaises, avec l’objectif d’a minima maintenir le niveau actuel de stockage de carbone en France permis par les forêts et leurs sols – voire de l’augmenter.
Remarques par AXE en lien avec mes observations ci-dessus formulées sur la partie I du plan :
. AXE 1
Il me paraît indispensable de coordonner la surveillance des sols forestiers avec la surveillance de la santé des forêts, et leur protection.
. AXE 2
J’approuve résolument ces actions qui soutiennent le débardage par câble, notamment en montagne. Cette technique fait ces preuves dans les pays étrangers et nous la pratiquions encore en Isère dans les années 1980, grâce des ouvriers spécialisés, notamment pour desservir des chantiers de Restauration des Terrains en Montagne (approvisionnement de matériaux pour la correction torrentielle).
AXE 3
Il est à regretter que cet axe ne prévoie pas d’actions :
• pour la promotion des modes de gestion forestière les plus protecteurs de la santé et de la résistance des forêts (futaie irrégulière, futaie jardinée, futaie par bouquets, …), notamment en montagne ou en zones de pente ;
• pour la promotion des techniques prudentes de gestion permettant d’irrégulariser et de diversifier les peuplements forestiers existants (futaies régulières, taillis vieillissants, etc.), en particulier en montagne ;
• pour la sensibilisation du grand public, des scolaires, des randonneurs, … A ce titre, les associations de défense de l’environnement pourraient être des relais intéressants.
AXE 4
Cet axe 4 « économique » m’amène à formuler mes principales critiques vis-à-vis de ce plan d’actions :
• il n’y a aucun chiffrage précis (i.e. sommes en euros) du coût des actions promues (dépenses) et des financements escomptés (recettes) ;
• très peu d’objectifs sont exprimés en termes de chiffre(s) à atteindre ;
• il manque un affichage du principal objectif-cible à atteindre : i.e. maintien ou accroissement à la hauteur de xxx milliards de tonnes de carbone stockés dans les sols forestiers français, à l’horizon de xxx années.
Gérer ou pérenniser la forêt en montagne représente un coût qui risque de croître fortement avec les effets du changement climatique (maladies, hausse des agressions physiques, …) et qui ne sera jamais compensé par les recettes liées à la vente des bois. De nombreuses forêts de montagne assurent une fonction de « service public » en protégeant les sols, et, souvent, les enjeux humains contre les risques naturels (érosion, ravinement, chutes de blocs ou avalanches). Aussi, toute action de défense de ces forêts devrait bénéficier de financements publics dont il serait logique qu’ils proviennent de la taxe carbone (part de la TICP).
On ne peut que regretter que l’élaboration de ce plan n’ait pas conduit à esquisser une Analyse Coûts-Bénéfices (A.C.B.) telle qu’elle est pratiquée maintenant couramment dans les Plans d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI).
Appliquée à la protection des forêts de montagne et des sols forestiers, une démarche A.C.B viserait à évaluer de manière objective, et la plus précise possible :
• les dépenses d’investissement liées à la mise en œuvre du plan et aux mesures d’entretien/préservation des forêts ou des sols ;
• le montant des bénéfices environnementaux attendus, d’une part en matière d’enjeux humains préservés (protection « locale » contre les risques naturels, en montagne) et d’autre part, en termes de quantité de carbone stockée au bénéfice de notre planète, en vue de la lutte contre le changement climatique.
CONCLUSION :
Ce plan « sols forestiers » constitue une réelle avancée et on ne peut que s’en réjouir.
Il conviendrait que ce plan insiste plus sur le lien fort entre bonne santé des forêts et préservation des sols forestiers, et sur les conséquences de ce lien vis-à-vis des actions à entreprendre en forêt : gestion prudente et raisonnée, irrégularisation des peuplements, etc.
Je suis plus réservé quant à la solvabilité du plan d’actions, en l’absence regrettable d’éléments concrets d’évaluation des dépenses induites et des financements mobilisables, qui mériteraient, au moins en partie, de provenir de la taxe carbone. En outre, les objectifs affichés pour le suivi des actions sont rarement exprimés sous forme de chiffre(s) à atteindre.
Enfin, on peut fortement regretter que ce plan ne propose pas d’actions visant à encourager les modes de gestion forestière les plus résistants (i.e. futaies irrégulières) face aux aléas climatiques, hydrométéorologiques ou sanitaires, étant entendu que les coupes rases mériteraient d’être interdites sur les versants pentus de montagne puisqu’elles sont susceptibles d’y altérer la fonction de protection de la forêt vis-à-vis des aléas naturels pouvant impacter des enjeux humains : ravinements, chutes de blocs ou de pierres (interception des blocs par le couvert forestier) ou avalanches (fixation de la neige dans les zones de départ).
Avis défavorable
Non à un énième plan que nous ne pourrons pas faire respecter sur le terrain, faute de moyens.
L’application des règles et réglementations existantes suffit à la protection des sols forestiers. Les propriétaires forestiers sont sérieux et compétents.
L’argument du réchauffement climatique est incongru dans le contexte de cette consultation.
La question est ailleurs : coupe-rase, méthodes de travail, définition de la "forêt".
Il faut :
*** arrêter la coupe rase,
*** modifier les méthodes de débardage : travailler avec des hommes et des bêtes… et du matériel léger.
*** Remettre en avant la notion de « FORÊT PRIMAIRE » permettant ainsi aux sols forestiers de se régénérer naturellement.
Pour sauvegarder la qualité des forêts et de leur biodiversité une extension des zones où l’activité économique liée au bois serait restreinte peut être proposée, voir une extension des parcs naturels.
En contrepartie, encourager la sylvie culture en regagnant du terrain dans des zones goudronnées pouvant être réduites (parkings et certaines zones urbaines désaffectées, verticalisation), penser à la gestion de la ressource en bois dans les zones urbaines.
Il manque deux points majeurs dans cette proposition :
1- Incitations à développer les "cloisonnements" qui permettent de canaliser le parcours des engins forestiers (cf. recommandations Guide Pratic’sols). Des aides aux diagnostics et à la création/entretien des cloisonnements nous semblent indispensables, comme nous l’avions proposé dans une fiche action qui n’a pas été retenue. Ne pas inclure le développement de cette bonne pratique dans ce plan serait une erreur incompréhensible.
2- Précisions sur les actions prioritaires, le calendrier et le financement dans le temps des actions proposées. En effet, toutes les actions n’ont pas la même ampleur : certaines sont majeures… d’autres beaucoup plus limitées. Pourquoi les mettre au même niveau. La priorisation n’apparait pas et pénalise la compréhension de l’ambition du document.
Outre ces deux remarques majeures, les actions prévues dans l’axe 3 ne sont pas à la hauteur des enjeux de sensibilisation des professionnels. Il manque une partie dédiée à la sensibilisation aux enjeux proposant de réelles alternatives opérationnelles.
Les parties 2 et 3 mériteraient des précisions ou des nuances selon les différentes situations (pente, type de sol, seuils de surface…).
La proposition de Plan va cependant dans le bon sens et comporte certaines actions très intéressantes (développement des connaissances 1.2, travaux du réseau national 2.1, communauté d’échanges 3.1, réflexions sur les indemnisation d’arrêts de chantiers 4.2, …).
Nous saluons la sortie du Plan d’action pour la préservation des sols forestiers, qui constitue une avancée nécessaire pour la protection des forêts françaises. Les sols, réservoirs majeurs de biodiversité, jouent en effet un rôle fondamental dans le maintien des fonctionnalités écologiques forestières, le cycle de l’eau et la séquestration du carbone , enjeux que nous vous avions déjà invités à prendre en compte dans le rapport Forêts françaises en crise à travers la recommandation 18 : « Appuyer la filière pour qu’elle mette en œuvre une exploitation à moindre impact de façon à ménager la qualité des sols forestiers, facteur clé de résilience. »
Cependant, malgré notre soutien pour ce plan d’action, nous tenons à signaler que les propositions d’axes d’amélioration, que nous avons fait remonter lors de la consultation sur le projet de plan dans le cadre du Comité Spécialisé Gestion Durable des Forêts, n’ont malheureusement pas été prises en compte. Nous réitérons dans le présent document ces recommandations, en plus de nouvelles liées aux évolutions du texte apparues dans sa version finale.
1. MIEUX CIBLER ET ENCADRER LES IMPACTS DE LA MECANISATION ET DES PRATIQUES INTENSIVES, NOTAMMENT LIES AUX COUPES RASES
Si la première partie du Plan d’Action, « Pourquoi faut-il se mobiliser pour la préservation des sols forestiers ? », met en avant l’importance des sols forestiers et les services qu’ils rendent, l’analyse des facteurs de dégradation reste cependant lacunaire.
L’érosion des sols est ainsi uniquement attribuée au climat et à la pente, alors que l’un des principaux facteurs de dégradation – les coupes rases – n’est pas mentionné. Ces coupes ne sont évoquées que sous l’angle de la perte de matière organique, et encore, par le seul biais d’une minéralisation plus rapide, ce qui est insuffisant. De même, l’impact des plantations monospécifiques de résineux sur l’acidification des sols est peu mis en avant, alors qu’il est largement documenté.
Les pertes de biodiversité des sols sont également insuffisamment abordées : les effets des plantations monospécifiques, des coupes rases, des herbicides et du changement climatique ne sont pas traités, malgré l’existence de nombreuses études sur le sujet.
Par ailleurs, le recours à la mécanisation de l’exploitation, ainsi que le recours à la plantation pour le renouvellement des forêts, sont présentés comme une fatalité qui serait justifiée par le changement climatique, alors qu’aucun consensus scientifique ne permet de vérifier cette assertion. Or, pour atteindre ses objectifs, le Plan d’Action doit viser à raisonner et encadrer la mécanisation et les pratiques intensives.
En complément de la nécessaire réduction des impacts, nous soulignons la nécessité d’une véritable intégration des enjeux de restauration des sols, en cohérence avec le futur Plan National de Restauration de la Nature. Nous réitérons ainsi notre demande d’inclure le développement de méthodes de restauration des sols dans le futur AAP de recherche-action (action 1.2) prévue par le Plan d’action.
2. INTEGRER UNE REFLEXION PLUS GLOBALE POUR PROMOUVOIR UNE SYLVICULTURE RESPECTUEUSE DES SOLS
Nous saluons la mise en valeur des outils techniques et bonnes pratiques existants dans la première partie du plan. Cependant, celui-ci ne propose pas une réflexion globale sur les modèles sylvicoles qui permettraient d’assurer une véritable préservation des sols.
En effet, l’expression « encourager une gestion sylvicole respectueuse des sols » revient à plusieurs reprises, mais sans que les implications concrètes de cette gestion ne soient détaillées. La conduite qui est faite des peuplements forestiers doit pourtant être au cœur de la préservation des sols, afin d’éviter les impacts en amont, plutôt que de simplement chercher à en réduire les effets lors de l’exploitation. Pour cela, il est essentiel de :
- Favoriser la sylviculture mélangée à couvert continu,
- Limiter les plantations, en particulier monospécifiques,
- S’interroger sur l’introduction d’espèces exotiques et, plus généralement, sur la migration assistée.
Si le Plan d’Action mentionne bien le couvert forestier continu dans ses objectifs (partie 1.6), il ne prévoit aucune mesure dédiée pour en assurer le développement. De plus, l’indicateur retenu – « Surface de forêt reconstituée après sinistre » – est insuffisant. Nous proposons à ce titre d’ajouter un second indicateur plus pertinent : « Surface occupée par les peuplements à majorité de tiges issues de semences de hauteurs variées » (indicateur 1.1.3.a de gestion durable).
Le développement d’une sylviculture douce respectueuse de l’écosystème, tout particulièrement par la sylviculture mélangée à couvert continu, doit faire l’objet de mesures dédiées.
3. ACTIVER DE MANIERE AMBITIEUSE LES LEVIERS REGLEMENTAIRES, EN PARTICULIER POUR ALLER AU-DELA DE LA SIMPLE INCITATION
L’axe 5 du Plan d’Action « Encadrer les facteurs de pression dans les textes de planification forestière, les réglementations et les cahiers des charges », constitue un levier essentiel pour atteindre les objectifs annoncés. Afin que cette volonté ne reste pas une déclaration de principe, il est indispensable que les nouveaux dispositifs d’aides soient conditionnés à la prise en compte de la préservation des sols forestiers, plutôt que de se limiter à encourager cette prise en compte.
En pratique, la prise en compte des sols dans les documents de planification forestière ne doit pas se limiter aux seuls documents-cadres, contrairement à ce que prévoit actuellement l’action 5.2 – « Poursuivre la prise en compte des sols dans les documents cadres de planification forestière (DRA, SRA, SRGS) ». Cette nécessité était d’ailleurs clairement ressortie lors des échanges préparatoires au Plan d’action de 2022-2023.
Nous proposons ainsi d’ajouter une action ou une sous-action dédiée à l’évolution des documents de gestion, afin d’y intégrer :
- Un diagnostic des sols,
- Les mesures prévues dans le cadre de la gestion pour protéger leur intégrité physique, leur qualité chimique et leur biodiversité.
Afin de garantir une mise en œuvre effective, nous recommandons une formulation plus opérationnelle de l’action 5.2 :
« Ainsi, au fur et à mesure de leur renouvellement, les documents cadres forestiers seront améliorés pour prendre davantage en compte les enjeux de préservation de la biodiversité et de qualité des sols et des eaux, en intégrant des prescriptions dédiées et en suivant leur application dans les documents de gestion lors de leur approbation et du suivi de leur mise en œuvre par les propriétaires et gestionnaires. »
Les indicateurs associés pourraient être les suivants :
- Cadrage technique national complété,
- Nombre de documents cadres intégrant un diagnostic des sols forestiers,
- Nombre de documents cadres intégrant les dernières préconisations sur la préservation des sols forestiers.
Enfin, la transposition de la Directive RED3 représente un levier majeur de la préservation des sols forestiers. L’article 29(6) de cette directive indique en effet qu’il faut :
- “Éviter la récolte des souches et des racines”,
- “Éviter la récolte sur les sols vulnérables”,
- Ainsi qu’une “obligation d’utiliser des systèmes d’exploitation forestière qui réduisent au minimum les incidences négatives sur la qualité des sols y compris le tassement des sols”.
Au regard des enjeux de la Directive, et dans sa rédaction actuelle, le plan d’action est donc trop peu prescriptif. Pour garantir sa compatibilité avec la Directive RED3, nous recommandons d’ajouter au plan d’action les préconisations suivantes, sous la forme d’actions ou de sous-actions dans l’axe 2 :
- Interdire le dessouchage ou la récolte de racines après toute coupe, sauf pour des raisons sanitaires constatées par une autorité compétente (encadrement réglementaire par RED3),
- Interdire le labour des sols forestiers,
- Limiter la circulation des engins forestiers sur un réseau de piste dont la superficie ne peut excéder 20% de la superficie forestière totale,
- Interdire la récolte d’arbres entiers, exceptés dans les cas de la récolte d’une première éclaircie ou lors d’une ouverture de cloisonnement,
- Interdire la récolte de menus bois et branches dont le diamètre est inférieur à 7 centimètres.
Nous proposons également que le plan d’action mette en place une cartographie des sols vulnérables pour s’aligner avec la Directive RED3 qui indique que la récolte sur sols vulnérables doit être évitée. En effet, si la Directive ne prévoit pas en tant que tel le développement d’une cartographie des sols vulnérables, il nous semble cohérent que ce plan d’action soit le moteur d’une cartographie des sols vulnérables.
Ainsi, il est nécessaire que le plan d’action indique clairement, sous la forme d’une sous-action de l’action 5.1, que chaque Programme Régional de la Forêt et du Bois devra développer sa propre cartographie des sols vulnérables, à l’aide d’un protocole national commun à toutes les régions. Ces cartographies serviront de base pour intégrer dans chaque Plan Simple de Gestion, une cartographie des sols vulnérables en annexe, définissant les zones où l’exploitation forestière doit être évitée. Cette proposition s’appuie sur l’action 4 de la mesure 22 de la Stratégie Nationale Biodiversité (SNB) : « expérimenter dans la perspective de sa généralisation, l’ajout d’une annexe cartographique aux plans simples de gestion, identifiant les éléments d’intérêt écologique à préserver ».
Nous regrettons d’ailleurs que le travail de transposition de la Directive RED 3 soit désormais réalisé dans un groupe fermé du comité stratégique de la filière bois, où aucune ONGE n’est présente, et simplement soumis à consultation pour avis du Conseil supérieur de la forêt et du bois.
En conclusion, nous tenons à rappeler l’importance pour l’avenir des forêts françaises de ce Plan d’Action pour la préservation des sols forestiers. Nous appelons à le rendre plus ambitieux, afin de contribuer efficacement à la préservation des écosystèmes et restons disponibles pour échanger et accompagner la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent document.
La France compte 59 Parcs naturels régionaux répartis sur toutes les régions y compris dans les outre-mer (Martinique et Guyane). Couvrant plus de 16% de la surface du territoire, ces espaces sont des aires protégées et contribuent de manière significative à l’objectif national de couvrir la France de 30% d’aires protégées à l’horizon 2030 ainsi qu’à ces objectifs internationaux.
Selon l’article R333-1 du Code de l’Environnement, nous rappelons, que les Parcs Naturels Régionaux, ont cinq missions principales, parmi lesquelles on retrouve :
- la protection et la gestion du patrimoine naturel, culturel et paysager
- l’aménagement du territoire
- le développement économique et social
- l’accueil, l’éducation et l’information
- l’expérimentation, l’innovation.
40% de la surface des zones de protections fortes (hors cœur de Parcs nationaux) sont dans le Parcs naturels régionaux. Mais au-delà des espaces protégés réglementairement, le premier objectif sur ces territoires emblématiques est de trouver des modes de développement permettant de préserver et de valoriser les patrimoines naturels et paysagers et cela peut passer par de l’expérimentation. La préservation de ces espaces passe également par la mise en cohérence des politiques publiques avec les chartes des Parcs naturels régionaux.
La forêt couvre 45% des PNR contre 30% en France Hexagonale et Corse. 2, 28% des forêts des PNR sont couvertes par une protection forte (ZPF). C’est près du double de la moyenne nationale.
Les espaces forestiers sont à la croisée des enjeux économiques, environnementaux et sociaux. Et cela s’exprime particulièrement dans ces territoires pour lesquelles les attentes en matière de qualité de gestion sont plus fortes.
La question de la préservation des sols forestiers est une priorité et nous saluons l’élaboration de ce plan national. Les Parcs naturels régionaux et plus globalement les aires protégées doivent y être spécifiquement mentionnés au regard des objectifs de préservation mais également pour le rôle de territoires « laboratoires » qu’ils peuvent jouer.
AXE 1 : CONNAÎTRE ET SURVEILLER LES SOLS FORESTIERS
Action 1.1 Surveiller les sols forestiers
Afin de démultiplier la collecte de données sur les sols forestiers et ainsi d’apporter une finesse de l’état des sols, nous proposons d’élargir les acteurs et réseaux identifiées (RQMS, RENECOFOR, IFN) au réseau des PNR. L’objectif est d’identifier les parcs ayant déjà mis en place des démarches similaires, en particulier ceux qui ont développé des réseaux de points d’inventaire et qui pourraient venir alimenter ces bases de données. A titre d’exemple, il serait possible d’ajouter des données pédologiques aux placettes permanentes déjà présentes dans certains parcs, en s’appuyant sur les protocoles développés.
Action 1.2 À l’appui d’un appel à projet national, développer les connaissances sur les fonctionnalités des sols forestiers et les impacts des changements globaux et activités humaines sur les sols forestiers
Les Parcs naturels régionaux sont des territoires qui ont vocation à porter des expérimentations et des travaux de recherche.
Sur les sujets forestiers, la Fédération des Parcs fait notamment partie du Comité des Parties Prenantes du PEPR FORESTT et plusieurs Parcs sont investis dans des programmes de recherche.
La Fédération des Parcs peut donc relayer au sein du réseau des Pnr les besoins de la recherche scientifique pour disposer de territoires d’expérimentation et de sites pilotes.
Action 1.3 Organiser et valoriser les données pédologiques forestières
Les PNR peuvent être identifiés comme des acteurs clés ou proposer des sites pilotes au sein de leur territoire. En effet, les PNR sont des territoires d’expérimentation et peuvent donc s’inscrire dans cette action.
AXE 2 : MOBILISER LE BOIS AVEC DES PRATIQUES ET ÉQUIPEMENTS À FAIBLE IMPACT
Action 2.1 Structurer un réseau national sur la mécanisation forestière, pour évaluer ensemble les performances des outils de mécanisation et diffuser les bonnes pratiques associées
Les bonnes pratiques dans la mécanisation forestière est un sujet particulièrement prégnant dans les parcs naturel régionaux et plus globalement dans les aires protégées. A la croisée des enjeux de performance économiques, écologiques et sociales, les pratiques doivent être exemplaires dans ces espaces. Ce n’est pas toujours le cas et cela peut générer de nombreuses tensions, notamment avec les usagers. Nous recommandons que le plan national identifie ces espaces comme prioritaires pour la diffusion et la mise en œuvre des bonnes pratiques.
Nous tenons à souligner l’importance du partage de ces bonnes pratiques, notamment à travers les guides mis en avant dans le cadre de l’action : Pratic’sols et Gerboise.
Dans l’esprit de la sous action 2.2.2, il nous semble essentiel d’apporter un accompagnement et un soutien aux entreprises d’exploitation forestières locales. En effet, ces entreprises font face à des défis liés à la saisonnalité de leur activité, aux conditions climatiques et à un contexte social particulier. Beaucoup sont des micro-entreprises portant des investissements importants, pouvant entrainer une pression sur le volume d’activité nécessaire à leur amortissement. En conséquence il est parfois difficile pour ces entrepreneurs d’accéder à des formations sur les enjeux de préservation des sols et de la biodiversité ou simplement de modifier leurs pratiques (utilisation de petits matériels, …) au risque de ne pas atteindre l’équilibre économique. Il est donc crucial, à notre sens, de mieux accompagner ces entreprises. Des solutions, expérimentations allant dans ce sens pourraient être envisagées comme la création de coopératives d’activités et d’emploi ou d’autres formes d’entreprises coopératives permettant de réduire les investissements individuels et de mutualiser les coûts.
Action 2.2 Développer le débardage par câble, mode d’exploitation à faible impact
Le débardage par câble permet d’apporter des alternatives intéressantes à l’usage d’engins lourds dans les parcelles forestières. Des expériences ont été conduites dans nos territoires, sur des espaces sensibles.
L’utilisation du câble pour l’exploitation forestière permet également d’exploiter des peuplements qui n’ont pas ou ont été peut exploités sur une très longue période. Or ces zones peuvent présenter des enjeux écologiques et paysagers très importants. Nous attirons donc votre attention sur la nécessité de réaliser un diagnostic écologique préalable, afin d’identifier ces zones sensibles et d’éviter d’accentuer la pression sur des forêts à forte richesse écologique.
Action 2.3 Promouvoir des modes d’exploitation alternatifs à faible impact
Nous souhaitons mettre en avant la promotion du débardage à cheval. Cette pratique particulièrement bénéfique pour la préservation des peuplements est à encourager notamment sur les sols les plus sensibles et dans des milieux naturels à fort enjeu de préservation
En ce qui concerne les modes d’exploitation alternatifs, on peut également citer le cheval de fer qui pourrait être développé dans certaines zones à enjeux même s’il est moins vertueux que le débardage à cheval.
AXE 3 : FORMER ET SENSIBILISER SUR LA GESTION DURABLE DES SOLS FORESTIERS
Action 3.1 Créer un centre de ressources numériques et une communauté d’échanges sur les sols forestiers
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Action 3.2 Développer la formation continue sur la qualité des sols forestiers et sensibiliser les acteurs dans le cadre de la gestion durable des forêts
Les parcs peuvent jouer un rôle clé dans l’organisation de formations, en collaboration avec les interprofessions. Cela s’inscrit dans des initiatives déjà menées par les parcs, comme le projet SOBIOFOR, porté par trois PNR (Boucles de la Seine Normande, Normandie Maine et Perche) de 2021 à 2022. Ce projet a été conçu en partenariat avec la DRAAF pour sensibiliser à la préservation des sols et de la biodiversité forestière. Parmi les actions réalisées, on retrouve : La promotion et l’appropriation d’outils existants pour la préservation des sols, tels qu’INSENSE, GERBOISE, Pratic’ sol, Prosol, et l’application numérique FOREVAL ; La formation et la sensibilisation des entreprises de travaux forestiers à la sensibilité des sols ; Des actions de sensibilisation du grand public sur la gestion forestière.
Action 3.3 Élaborer un guide pour préserver les sols dans les chantiers en situation de crise
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AXE 4 : ACCOMPAGNER ÉCONOMIQUE LES PRATIQUES SYVICOLES ET LES INVESTISSEMENTS MATÉRIELS LES PLUS VERTUEUX
Action 4.1 Prendre en compte la préservation des sols dans les dispositifs d’aides sylvicoles
L’éco conditionnalité sur la prise en compte des sols et concernant l’accès aux aides publics nous semble être une piste intéressante.
Action 4.2 Étudier l’opportunité des arrêts de chantiers sylvicoles et la faisabilité des mesures d’adaptation
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Action 4.3 Accompagner la mobilisation de fonds privés avec des PSE forestiers pour les systèmes permettant une meilleure préservation des sols
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AXE 5 : ENCADRER LES FACTEURS DE PRESSIONS DANS LES TEXTES DE PLANIFICATION FORESTIÈRE, LES RÉGLEMENTATIONS ET LES CAHIERS DES CHARGES
Action 5.1 Renforcer la préservation des sols forestiers au travers de la transposition concertée de la directive RED3
Nous recommandons de mieux encadrer la pratique du dessouchage qui devrait selon nous être interdite dans les aires protégées.
De même, dans le cadre d’action bois énergie, la récolte d’arbres entiers soulève des préoccupations. L’évacuation complète de la biomasse d’une parcelle appauvrit le sol en matière organique et en minéraux, ce qui remet en question la durabilité de la capacité de production des sols à long terme. Nous encourageons vivement à généraliser les recommandations de l’ONF, qui préconise d’arrêter la récolte à un diamètre de 7 cm. En laissant les bois de moins de 7 cm de diamètre sur la parcelle, cela permet de restituer de la matière organique au sol et de préserver sa fertilité.
Action 5.2 Poursuivre la prise en compte des sols dans les documents cadre de planification forestière (DRA, SRA, SRGS).
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Action 5.3 Améliorer la préservation des sols en analysant et proposant des clauses pour les contrats de vente et le suivi des chantiers
Nous soutenons pleinement cette action. Les PNR peuvent jouer un rôle clé dans la sensibilisation des propriétaires et peuvent activement contribuer à la réussite cette démarche.
Action 5.4 Conforter les systèmes de labellisation/certification des ETF comme cadre d’engagement à des pratiques d’exploitation et de travaux respectueuses des sols.
Les parcs peuvent également jouer un rôle d’accompagnement dans la mise en œuvre de cette action.
FNE Provence Alpes Côte D’Azur salue la démarche, qui s’est fait de manière participative, de consacrer un plan d’action pour la préservation des sols forestiers qui constituent en effet une composante essentielle intégrée à la forêt laquelle ne pourrait exister et fonctionner sans eux. Voici quelques remarques/contributions :
• Il est souhaitable que l’élaboration du PASF, qui s’inscrit dans la continuité des Assises du bois et de la forêt comme l’un des leviers d’action de la planification écologique, de la stratégie nationale biodiversité 2030, de la stratégie nationale bas carbone et du plan national d’adaptation au changement climatique, puisse percoler aux différentes échelles territoriales.
• Présentation et objectifs : La reconnaissance de la complexité des mécanismes et du besoin de préserver la fonctionnalité des sols forestiers est également à louer. Des milieux naturels en bonne santé, et résilients face aux dérèglements climatiques, sont en effet de précieux alliés et le plan les décrit avec précision. Cependant, à la lecture des premières pages, les premiers mots qui ressortent du plan et de sa note de présentation sont « ressources » et « services ». Bien qu’il soit juste de reconnaitre tous les bénéfices que nos sociétés tirent des sols pour la production de bois ainsi que pour le climat et le cycle de l’eau, nous rappelons que les sols sont avant tout un support de vie. Bien que le contexte (dans la note de présentation du plan) rappelle la nécessite de préserver cet écosystème et de favoriser sa résilience, le concept de sol vivant en est absent. Lutter contre l’érosion de la biodiversité qui est malheureusement à l’œuvre et s’accélère, y compris à cause de la fragmentation des habitats, la modification de l’usage des sols et la surexploitation des ressources (qui sont, à souligner, d’origine humaine), devrait être un objectif davantage valorisé dans ce plan d’action pour la préservation des sols.
• L’identification des facteurs de dégradation dans la suite du document évoque bien les effets sur la biodiversité, bien qu’il y ait un manque de connaissance sur le sujet qu’il est prévu de pallier dans l’axe 1. Quels indicateurs de biodiversité peuvent être envisagés/adaptés aux sites en gestion et intégrés au présent plan (à défaut d’inventaires complets qui peuvent être couteux, l’Indice de biodiversité potentielle pourrait être mobilisé) ?
• Nous appelons à prendre en compte les autres compartiments biologiques de la forêt qui sont en connexion avec le sol : promouvoir la préservation du bois mort au sol, promouvoir de la diversité dans le choix des essences plantées, bannir les coupes rases (pour l’exploitation de bois ou projets ENR)…
• Un autre levier à activer, de manière tout aussi transversale, serait de mobiliser/ favoriser/ accompagner/ renforcer les outils de protection des milieux naturels et forestiers (cf. stratégie nationale pour les aires protégées (SNAP) pour un réseau cohérent d’aires protégées terrestres et marines d’au moins 30 % de l’ensemble du territoire national d’ici 2030 et, dont au moins 10 % en protection forte.) : réserves naturelles, réserves biologiques, APPB…
• En écho avec notre propos introductif nous rappelons la nécessité de préserver le sol en tant qu’habitat ainsi que les espèces qu’il abrite en forêt : sols forestier riche en humus, bois mort, réseau mycellium, invertébrés, insectes saproxylliques… Grâce au réseau de sites forestiers en libre évolution (FRENE, avec l’ONF et FNE + partenaires locaux), qui constitue un vecteur de concertation locale avec les différents acteurs.
• Il serait opportun que l’ensemble des sols puisse bénéficier de mesures de préservation non seulement pour leur potentiel de services qu’ils nous rendent (sols riches pour l’agriculture, sols tampons pour les risques d’inondation…) mais aussi pour préserver la biodiversité (trame verte, bleue et brune !)
• La publication d’un document stratégique spécifiquement dédié aux sols forestiers constitue une avancée majeure, que l’association Francis Hallé pour la forêt primaire salue. En effet, trop souvent négligé dans les politiques de gestion forestière, le sol est pourtant un élément clé des écosystèmes forestiers. Ce plan a le mérite de mettre en lumière ce compartiment essentiel de l’écosystème forestier, auquel les acteurs de la filière bois doivent porter une attention particulière, en raison des responsabilités liées à l’impact concret de leurs choix de gestion. La qualité des sols sera déterminante pour « la forêt de demain ». Comme le souligne Marc-André Selosse : « Le sol est un patrimoine, et notre responsabilité est de le préserver et de le transmettre aux générations futures. »
• Le plan d’action dresse un état des lieux des enjeux, des menaces et des processus en cours, tout en recensant les outils existants et en analysant les besoins. Il identifie une multitude de politiques publiques susceptibles de contribuer à la préservation des sols et propose des leviers pour concilier protection des sols et exploitation forestière, tout en posant cette dernière comme un objectif majeur. Des actions concrètes sont proposées, bien intégrées dans les dispositifs existants de mobilisation des acteurs, en prolongement de leurs initiatives actuelles.
• Cependant, il convient de souligner l’absence d’indicateurs relatifs aux effets réels sur les sols des mesures. L’AFHFP suggère l’IBP (Indice de Biodiversité Potentielle). Il s’agit d’un des outils d’évaluation de la biodiversité les plus simples d’utilisation et les mieux vulgarisés en France depuis 2008 . Il aurait été intéressant d’intégrer cet indice dans le document stratégique pour envisager de :
• mieux l’adapter à la structure des massifs et à certaines régions naturelles très spécifiques ;
• le transformer en outil de suivi de la biodiversité "visible", en tous cas comparable ;
• le rendre obligatoire en annexe des documents de gestion forestière (Plans d’aménagement, SRGS, PSG, CBPS…) ;
• et l’adjoindre aux engagements liés à la certification forestière (FSC, PEFC)
• Le plan fait appel au concept de "santé des sols", mais il serait pertinent d’en poser une définition claire dans le cadre de ce document. Par exemple : « La santé des sols peut se définir comme la capacité d’un sol à fonctionner sur le long terme comme un système vivant, en harmonie avec son environnement, tout en respectant les limites de l’écosystème. » (Dictionnaire d’agroécologie de l’Inra, 2017).
• Toutefois, la fonction principale des sols mise en avant reste celle de support de croissance de la végétation, dans une optique de production de bois. Pourtant, l’étude citée dans le plan (Anthony et al., 2023) souligne que « la richesse des sols serait largement sous-évaluée, puisqu’ils pourraient abriter jusqu’à 60 % de la biodiversité mondiale. »
• De même, de par l’importance qu’elles ont pour le cycle de l’eau et pour la biodiversité, et compte tenu de la sensibilité très élevée de leurs sols aux interventions mécaniques, les zones humides mériteraient une prise en compte spécifique au sein des différentes actions du plan afin de garantir la préservation des services qu’elles assurent.
• Bien que le texte reconnaisse les impacts des pratiques de gestion et de récolte sur la dégradation des sols, la section 2.1 pourrait être plus explicite sur l’impact global des activités humaines. Par exemple, le plan mentionne les sécheresses prolongées, les températures extrêmes dues au changement climatique et les conséquences des feux de forêt, sans préciser que ces phénomènes sont largement d’origine humaine. Le consensus scientifique sur le réchauffement climatique attribué aux activités humaines est bien établi depuis plus de 15 ans, et 90 % des départs de feux de forêts sont causés par l’activité humaine (IGN-ONF).
• L’Association regrette que le volet "connaissance des sols forestiers" se concentre exclusivement sur les sols sous "gestion forestière", sans prendre en compte l’étude des forêts en libre évolution, ni l’évolution des sols forestiers sans intervention humaine. Il serait pertinent de développer les études des sols dans les réserves forestières intégrales anciennes, telles que les RBI de Fontainebleau.
• Les sols et leur couverture végétale forment un écosystème interdépendant, et il est tout aussi important de considérer les effets de la couverture végétale sur la santé des sols. À aucun moment dans le plan cette dimension n’est identifiée comme menace (par exemple, les plantations monospécifiques à haute densité) ni comme levier (par exemple, la diversification des essences, la gestion des plantes de sous-bois et leur impact sur l’activité biologique des sols). En outre, les termes "feuillus", "résineux", "conifères" et "monospécifique" sont absents du texte, et la mention du bois mort comme levier pour le maintien de l’activité biologique et la fertilité des sols. En somme, il manque une notion évidente : celle du rôle de la structure et de la nature de la couverture végétale - et de l’environnement en général- sur le déterminisme de la santé des sols.
• En ce qui concerne l’alignement des financements publics avec les objectifs du plan, il est impératif que les dispositifs de financement, tels que France 2030 ou le Fonds pérenne pour le renouvellement forestier, intègrent dans leurs cahiers des charges des pratiques de préservation des sols forestiers. Ces bonnes pratiques sont détaillées dans le rapport de l’ADEME sur la forêt et les usages du bois dans l’atténuation du changement climatique, qui recommande, par exemple, de privilégier la préparation localisée des sols pour les plantations plutôt que de travailler le sol en plein. Les travaux du GIP-Ecofor et du laboratoire ECODIV, portant sur la gestion durable et la biodiversité des sols forestiers, devraient également être pris en compte.
Dans le détail des actions, on peut formuler les suggestions suivantes :
Au sein des actions 1.1, « Surveiller les sols forestiers », les réseaux de surveillance devraient inclure un sous-réseau identifié de parcelles en libre évolution, dans des situations suffisamment diversifiées de type de sol et de zones climatiques, afin de disposer de points de référence sur la santé des sols auxquels comparer les sols sous exploitation forestière.
Dans la finalité de l’axe 1, « connaître et surveiller les sols forestiers », le volet connaissance est en partie porté par les actions 1.3 « Organiser et valoriser les données pédologiques forestières » avec en particulier l’exploration des possibilités de cartographie ‘fine’ des stations forestières par cartographie des sols par modélisation statistique (CSMS). Une autre approche plus classique pourrait convenir à certains territoires peu renseignés, à l’échelle de massifs forestiers, particulièrement quand les données de base sont insuffisantes pour développer une CSMS. Elle s’appuie sur une méthodologie éprouvée qui a été déployée pour traiter de problématiques agronomiques, celle des secteurs de références1, qui pourrait être déclinée pour des problématiques forestières. Cette approche pourrait être déployée par exemple dans le cadre de la révision de planifications forestières (action 5.2).
Dans le cadre de l’action 1.3, « Organiser et valoriser les données pédologiques forestières », ce plan et son importance stratégique sont une occasion majeure de progresser sur la question du statut juridique des données descriptive des sols. Ces données sont en effet attachées à un bien privé. En France, à ce jour, le sol est considéré comme « contribuant au patrimoine naturel », et pas comme un élément constitutif de ce patrimoine, comme l’eau : le statut juridique des données sur les sols reste ainsi en tension entre règlement RGPD, droit de propriété, … et une utilité publique indéniable de donnée relative à l’environnement. Cette question est souvent soulevée par les gestionnaires de BDD qui n’ont pas la capacité de la surmonter. De par la fragilité juridique qu’il créée pour les bases de données, ce statut mal défini constitue actuellement un frein à la valorisation de celles-ci au bénéfice de la collectivité, que ce soit pour des questions agronomiques, forestières ou d’aménagement. Cet obstacle à l’usage des données pour un bénéfice collectif doit être levé.
L’action 4.1 « Prendre en compte la préservation des sols dans les dispositifs d’aides sylvicoles » comme l’action 5 « Encadrer les facteurs de pressions dans les textes de planification forestière, les réglementations et les cahiers des charges », visent à renforcer la prise en compte de l’enjeu sol dans les différents dispositifs d’encadrement et d’accompagnement de la filière forêt-bois. Concrètement, un certain nombre de ces dispositifs devraient être renforcés par la demande d’une identification systématique des types de sol sur les parcelles concernées et de leur état, selon un cahier des charges à définir.
En plus d’obliger à une prise en compte concrète des caractéristiques locales des sols dans les projets soutenus, cette demande contribuerait à un enrichissement des BDD concernant les sols forestiers mobilisables dans les actions de l’axe 1
Bien sûr, cette exigence doit être accompagnée d’une part par la montée en puissance de la formation de formateurs référents qualité des sols forestiers (action 3.2) ; d’autre part par le développement d’outils d’aide spécifiques à l’identification des sols forestiers, à l’image de ce qui se développe dans le domaine agricole et agronomique avec la démarche Typterres2 et l’outil nomade IDTypTerres3 (à insérer par exemple dans les développements d’outils envisagés dans l’action 1.2).
Eléments de bibliographie :
- Lagacherie, P., Laroche, B., 2013. Les secteurs de référence. http://147.100.179.105/gissol/fiches_pdf/fiches_SR_2013.pdf
- Laroche, B., Degan, F., Koller, R., Scheurer, O., Bouthier, A., Moulin, J., Sauter, J., Ducommun, C., Fort, J.-L., Maillant, S., Party, J.-P., Renouard, C., Saby, N., Bertouy, B., 2020. TYPTERRES Vers une typologie agronomique partagée. EGS 27, 241–255.
- https://sols-et-territoires.org/projets/idtypterres
Contribution à la consultation publique
de Franck Neycenssac, Docteur Es Sciences,
concernant le Plan d’Action pour la Préservation des Sols Forestiers (PASF).
A) Introduction
Le choix même du sujet entraîne mon approbation :
les sols forestiers sont en effet soumis à rude épreuve par l’industrie
forestière et ses machines toujours plus larges ou lourdes, ses intrants,
ses pratiques de coupes à blanc.
Que les propos de la ministre soient une reconnaissance du caractère
« fragile et non renouvelable » des sols forestiers est une avancée
significative dans la lutte contre l’industrialisation de la sylviculture
et j’appuye cette qualification.
Il serait toutefois plus juste de sortir d’une représentation des services
écosystémiques qui placent une fois de plus la « nature » ou l’« environnement »
au service de l’homme « maître du vivant » et de replacer notre humanité à la
place qu’elle devrait occuper : celle d’une espèce parmi d’autres,
aux qualités et connaissances spécifiques mais dont la vie est tributaire
de nombreuses interdépendances (et l’effondrement actuel et massif de
nombreuses espèces est à ce point particulièrement effrayant).
Pour une véritable préservation rapide et sûre des sols forestiers, il y a
une solution simple : interdire dès à présent toute coupe rase en France,
en accompagnant les acteurs de la filière et notamment les plus petites
entreprises,dans leur désendettement et leur formation continue, de façon à
leur permettre de poursuivre leur métier de forestiers avec davantage de
technicité, de respect des forêts et en leur redonnant la fierté de leur métier :
de destructeurs de nos forêts, ils en deviendraient les accompagnateurs et
jouiraient ainsi de la reconnaissance de leurs concitoyens.
Hormis dans quelques cas de coupes sanitaires ; trop de coupes rases interviennent
au prétexte de la pauvreté des peuplements ; or ce que le point de vue économique
nomme "peuplement pauvre" peut être malgré tout souvent corrélé à une riche
biodiversité. Le remplacer par une plantation de résineux est à cet égard
une dégradation nette de la parcelle.
B) Mon analyse du projet de PASF
Partie 1 : Pourquoi faut-il se mobiliser pour protéger les sols forestiers ?
1. Les sols forestiers : une ressource naturelle fragile et non renouvelable,
support de services systémiques fondamentaux
Je souscris à la majorité des arguments évoqués dans ce chapitre, cependant le
terme de forêt n’y est pas défini ; le plan ne semble pas faire de différence
entre plantations équiennes, qui sont le plus souvent en France des
monocultures de résineux, et forêts sinon naturelles, vieilles ou anciennes,
du moins mélangées en âge et en essences. Leur rôle dans la préservation de
la qualité des sols comme de la préservation du carbone est pourtant
totalement différent !
Concernant la biodiversité, on sait à quel point elle diffère entre
•forêts mixtes et de feuillus qui abritent des espèces spécialisées
•et plantations de résineux qui ne sont susceptibles d’accueillir que des espèces
généralistes, donc capables de vivre dans différents milieux.
On sait également que les litières d’aiguilles se décomposent plus difficilement,
acidifient les sols et ne permettent que difficilement, et avec une extrême
lenteur, un retour des feuillus sur des sols suffisamment riches pour les
accueillir. Il ne faut donc pas se tromper de forêt…
2. Les sols forestiers :
un capital fragile entre évolution des pratiques et changement climatique
La coupe rase suivie du travail du sol pour "le préparer" lors du renouvellement
du peuplement favorise la minéralisation rapide de la matière organique du
sol et donc de flux de CO2 associés vers l’atmosphère.
Les premieres dizaines de centimètres sous le sol qui abritent un mycélium
différent de celui en profondeur et la majorité de l’endofaune se retrouvent
dégradés et en moindre capacité : - d’absorber les précipitations - de résister
aux températures élevées pendant l’ensoleillement dans les périodes de canicule.
Le paragraphe 2.3 du projet de PASF ne remet pas en cause les usages mécanisés.
C’est pourtant l’origine de nombreuses destructions.
Néanmoins, on peut faire une différence entre la pratique brutale de la coupe
rase et une gestion sylvicole en futaie irrégulière qui évitera le passage
d’engins toujours plus gros ou hauts ou larges ou lourds qui détruisent les
sentiers, chemins de pierres et les haies de bordure.
En outre, le recours à la plantation y est affirmé comme une évidence,
j’ai pu constater que toutes les jeunes pousses non protégées plantées en
monocultures de résineux sont mortes pendant l’été 2021 et pour ceux qui
avaient immédiatement replanté (en retouchant des primes pour la plupart)
ce fut la répétition été 2022.
3. Les outils actuels pour la connaissance et la préservation des sols forestiers
• la limitation de la surface du sol où circulent des engins par la mise en place
de cloisonnements est indispensable mais non suffisante.
•éviter les périodes humides
•éviter de laisser les sols à nu par la généralisation de la Sylviculture
Mélangée à Couvert Continu (SMCC ou futaie irrégulière ou encore futaie jardinée)
•prendre en compte les enjeux spécifiques liés aux ripisylves et aux zones humides.
La "préparation" des sols me paraît d’un profonde absurdité, en SMCC, point besoin
de préparer le sol et de replanter (ou très rarement), la forêt y pourvoit.
Malgré leurs limites et bien qu’opposé la politique actuelle de multiplication de
chaufferies au bois et de production massive de plaquettes, je salue l’existence
des différents guides présentés, qui permettent de ne pas oublier les pratiques
respectueuses du vivant.
Quant à ce que nous disaient les spécialistes du bois : "la pire chose qu’on puisse
faire avec du bois…c’est de le brûler !" cela semble bien oublié… et les
projets industriels de faire des "biocarburants" avec du bois sont encore pire !
4. Des politiques publiques dans lesquelles s’inscrit la nécessité d’un plan
national ambitieux pour mieux préserver les sols forestiers
Je note avec satisfaction la réaffirmation de l’objectif de non artificialisation
des sols.Mais il ne va pas assez loin : un sol appauvri comme les sols forestiers
podzolisés par les plantations de résineux mettent en échec toute tentative
d’inversion des dérèglements climatiques et de retour à une qualité d’air
compatible avec la santé :
- moins d’oxygène produit le jour
- moins de captation et d’élimination des polluants
- pas de stockage d’eau ni de carbone en profondeur
- moins de vie en profondeur
- moins de capacité d’absorber les pluies
- température au sol plus élevée l’été
- moindre résistance aux incendies
Je propose un nouvel objectif :
" non artificialisation et non appauvrissement des sols"
Je souscris aux objectifs énoncés dans le paragraphe 4 du projet de PASF.
mais j’attends des mesures fortes et concrètes pour leur donner une véritable
efficacité : - interdiction des coupes rases ou a minima l’arrêt des aides aux
propriétaires qui gèrent (ou laissent gérer par les ETF) leurs propriétés
de façon industrielle - réserver toute aide publique à un engagement, vérifié,
à gérer ses forêts en futaie irrégulière (ou SMCC).
5. Une construction et une gouvernance du plan impliquant l’ensemble des acteurs
concernés pour que ses actions soient largement mises en oeuvre
L’implication réelle de tous les acteurs concernés pour l’élaboration du PASF
est en effet souhaitable ; Y compris les établissements scientifiques, ONG
et associations trop souvent non écoutées voire court-circuitées dans les
différents débats. Par exemple la participation des laboratoires de l’INRAe,
France Nature Environnement, la confédération paysanne, le RAF, Canopée,
la SEPANSO et SOS Forêt Dordogne me paraît indispensable.
6. Ambition et objectifs du PASF (p24 à 26 du projet)
Je souscris aux enjeux majeurs définis page 24 : conserver l’intégrité
physique, maintenir la fertilité chimique des sols, sécuriser le puits de
carbone forestier, maintenir la biodiversité, préserver le rôle de
régulation des sols forestiers dans le cycle de l’eau.
Mon avis sur les objectifs est plus nuancé.
• Je suis favorable aux objectifs :
o1 : Maintenir, créer et respecter les cloisonnements ou pistes d’exploitation
et promouvoir des méthodes de débardage à faible impact
o4 : Garantir la pérennité du couvert forestier en assurant sa reconstitution,
favoriser le couvert forestier continu notamment en zone de pente c’est un
minimum ! Merci d’élargir cette gestion sur l’ensemble des surfaces forestières !
• Je suis en revanche très réservé sur les objectifs :
o2 : Raisonner le travail du sol avant plantation afin de limiter les effets
du travail en plein ; il prévoit en effet la poursuite de la stratégie
sylvicole industrielle coupe rase/ replantation !
o3 : Maintenir sur place le feuillage et les souches, limiter et adapter la
récolte de menus bois selon la sensibilité des sols à l’export d’éléments minéraux.
C)Partie 2 : Passer à l’action pour préserver les sols forestiers
•Axe 1 : Connaître et surveiller les sols forestiers (p28 à 33)
La recherche est nécessaire et intéressante ; mais si elle doit se borner,
faute d’action volontariste suffisante, à enregistrer les dégradations,
ce volet sera inutile … Il est à craindre que les dérèglements climatiques
ne nous laissent que peu de temps pour inverser le cours des choses !
•Axe 2 : Mobiliser le bois avec des pratiques et équipements à faible impact
Promouvoir le débardage à cheval (formation, soutien économique à la filière,
promotion de celle-ci auprès des utilisateurs) me paraît indispensable !
Un objectif de 100% de débardage à cheval sur les forêts gérées par l’ONF
en 2030 permettrait d’assurer le développement de cette filière.
•Axe 3 : Former et sensibiliser à la gestion durable des sols forestiers
Je suis favorable aux actions 3.1 qui visent à « mutualiser les connaissances
sur les sols forestiers » et à « développer la formation continue sur la
qualité des sols forestiers et sensibiliser les acteurs dans le cadre de la
gestion durable des forêts » et je propose de l’amender en citant le volet le
plus indispensable et le moins connu : Le vie dans les sols, la vie dans les
sols bruns avec des forêts de feuillus à feuilles caduques dans les premières
dizaines de mètres de profondeur.
•Axe 4 : Accompagner économiquement les pratiques sylvicoles et les
investissements matériels les plus vertueux (p45 à 49)
Concernant l’action 4.3 (p48) « Accompagner la mobilisation de fonds privés
avec des paiements pour services environnementaux forestiers pour les
systèmes permettant une meilleure préservation des sols », je regrette que
l’État se désaisisse de sa responsabilité alors que tout au long de
l’histoire de France, il l’a assumé.
•Axe 5 : Encadrer les facteurs de pression dans les textes de planification
forestière, les réglementations et les cahiers des charges
Les certifications et labels existants présentent quelques bonnes intentions
mais peu de garanties de respect des sols.
Les plans régionaux, notament celui de Nouvelle Aquitaine en présente encore moins.
La plupart des plans de gestion que j’ai pu consulter dans ma région sont
lénifiants. Un meilleur encadrement de ces textes en amont est donc effectivement
necessaire. Il ne sera efficace qu’avec le conseil et le contrôle des activités
sur le terrain d’un organisme indépendant (l’OFB par exemple).
CONCLUSION
Le plan proposé met à juste titre l’accent sur la connaissance et l’étude des
impacts des pratiques forestières délétères ou vertueuses, les mesures effectives
restent encore trop timides pour impulser un véritable changement.
Elles seront de peu d’effet si :
- les coupes rases réalisées avec des abatteuses ne sont pas interdites comme en
Suisse, en Italie ou en Slovénie
- les machines ne sont pas limitées en poids, largeur, hauteur (9 jours de coupure
des lignes téléphoniques chez moi en 2024). (D’autres pays ont pris des mesures
efficaces par exemple l’import d’engins forestiers et de tronçonneuses a été
interdit par le SriLanka).
- le travail physique n’est pas plus valorisé en France.
- les haies d’arbres ou arbustes ne sont pas mieux protégées.
- les effectifs des DDT et de l’ONF ne sont pas enrichis avec des personnels diplômés,
au contraire de l’évolution de ces dernières années.
- les crédits de la recherche ne sont pas abondés, au contraire de ce qui se passe
actuellement dans les universités et les organismes de recherche publics français.
Saint-Martial d’Albarède, Avril 2025
On continue à endommager gravement les sols, malgré PEFC et tout ce qui a été fait (guide Prosols etc..).
On ne peut espérer vouloir respecter les sols aux prix actuels de débardage. Mais aussi, on ne peut espérer changer profondément les habitudes avec les surfaces actuelles à gérer : le quotidien trop saturé de voleurs de temps, de procédures etc.. etc.. ne laisse que peu d’espoir et assure de beaux jours au "comme d’hab".
Il faudrait respecter les sols (..), sensibiliser, faire un rappel, une réunion, un protocole etc.. : BASTA ! IL FAUT !! et tout de suite. Un grand forestier disait :
"LES SOLS, CE MINCE EPIDERME VIVANT ET TRES FRAGILE SANS LEQUEL IL N’Y AURAIT PAS DE VIE SUR LA TERRE FERME" .
L’équation est :
Prix déb. avec respect sols réel et généralisé= surcoût notable.
Mais ce surcout ramené au produit bois fini : infinitésimal !
Très bien vu les mesures câble aérien.
Bien vu aussi les mesures EAf (énergie animale forestière). Les 2 sont associables dans certains cas : diminution de lignes de câble à installer.
Oui, oui, l’EAf peut débarder de grands volumes avec un surcoût moins élevé qu’on ne pense. Et si EAf intégrée dans une gestion forestière bien pensée des cloisos exp +/- 40 m suffisent : permet un réseau de cloisos discret et de préserver de la surf productive.
Le machinisme forestier sur roues est cause des dommages (en tout respect pour les fabricants et entreprises utilisatrices !). IMPORTANT : de (très rares) skidders à chenilles existent, sont très efficaces, les cloisos sont empruntables même sur stations sols sensibles et une partie de nos hivers h°. Oui, oui : des skidders chenillés avec treuils et grue ! Un peu de surcoût, mais du bois d’oeuvre mis à dispo de la filière en mois d’hiver : svp, arrêtons de raisonner en seuls surcoûts du seul segment "débardage" !!
J’ai connu un inventeur qui, conscient de notre problématique "respect des sols forestiers" était prêt à se lancer dans la fabrication d’engins de débardage chenillés (oui, oui : un assemblage en France !). Il a renoncé devant le constat : les entreprises potentiellement acheteuse (les ETF - entreprises de travaux forestiers) sont des clients pauvres… . Un directeur d’usine en plasturgie, ancien commercial de la filière bois (et heureux de l’avoir quittée) me disait : "on ne peut pas gagner d’argent dans la filière bois". Propos corroborés par le rapporteur d’une loi forestière fin années 90 qui disait "la trop forte concentration dans l’aval de la filière bois bloque les marges en amont".
Il y a dans ces fondamentaux qui se perpétuent, marchés du bois mondialisés obligent, un vrai obstacle sur le chemin d’une exploitation forestière qui respecte les sols et rémunère les gens.
DIRIGEABLES? ne connais pas, mais sur le constats de surcouts ramenés produits bois finis limités : nos sols, nos forêts françaises en valent peut-être la peine?
En conclusion : il faut urgemment passer à une volonté d’aboutir.
Prioriser les sols sur tout le reste.