Projet de décret portant application des articles 10 et 15 de la loi n° 2018-202 du 26 mars 2018 relative à l’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024

Consultation du 14/05/2018 au 05/06/2018 - 8 contributions

Contexte :

La loi n° 2018-202 du 26 mars 2018 relative à l’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 prévoit plusieurs dispositions poursuivant comme objectif d’accélérer la réalisation des ouvrages indispensables à l’organisation de cet évènement.

Les articles 10 et 15 concernent plus particulièrement les dispositions d’urbanisme applicables aux projets de construction et d’aménagement.

En premier lieu, le deuxième alinéa article 10 prévoit, à partir du b de l’article L. 421-5 du code de l’urbanisme, un régime de dispense d’autorisation d’urbanisme et d’exonération du respect des règles de fond au bénéfice des constructions, aménagements et installations temporaires utilisés pour les Jeux.

L’article 10 fixe une durée maximale d’implantation de dix-huit mois et impartit aux maîtres d’ouvrage un délai de douze mois à compter de la fin de l’utilisation de la réalisation pour remettre les lieux en état. Aux termes de cet article, un décret doit préciser les durées d’implantation applicables en fonction des types de réalisations et selon leur localisation.

En second lieu, l’article 15 introduit un dispositif de permis de construire et d’aménager à « deux états », l’un provisoire et l’autre définitif, applicable aux constructions et aménagements appelés à évoluer immédiatement après la clôture des Jeux. Seront par exemple concernées les constructions composant le village olympique et paralympique, affectées le temps des Jeux à l’hébergement des athlètes et qui ont vocation, après la clôture de l’évènement, soit dans un délai court, à être transformées en logements, en commerces ou en bureaux. Le permis autorisera alors le projet dans ses deux phases. L’objectif recherché par le législateur est d’éviter la succession d’autorisations d’urbanisme alors que les évolutions des projets seront connues dès la phase de conception initiale.

Le projet de décret vise à rendre effectifs ces deux dispositifs.

Dispositif :

Le chapitre Ier du projet, relatif à l’application de l’article 10 précité, comporte un seul article fixant les durées maximales d’implantation dont bénéficient les réalisations temporaires.

La durée maximale de 18 mois prévue par la loi est ainsi réservée, d’une part, aux constructions, installations et aménagements situés dans le village olympique et paralympique, et, d’autre part, aux équipements sportifs et à leurs accessoires, parce que ces réalisations, conséquentes pour la plupart, nécessitent un temps de montage de plusieurs mois. Les équipements sportifs, ils seront par ailleurs utilisés lors de la phase préparatoire des Jeux (entraînements) et devront faire l’objet, au préalable, de tests destinés à vérifier leur conformité aux attentes des organisateurs.

Dans la mesure où la liste des réalisations temporaires est susceptible d’évoluer au cours des prochaines années, et qu’une nomenclature exhaustive des catégories de réalisations n’est pas nécessaire, la plupart des réalisations devant être implantées sur une même période (quelques mois avant l’ouverture des Jeux et jusqu’à leur clôture), le projet de décret ne retient qu’une autre durée spécifique, de huit mois, applicables aux zones de célébration et aux réalisations nécessaires à l’accueil de la presse.

Pour celles des réalisations qui ne relèveraient pas des catégories précitées, il est projeté de fixer une durée « par défaut » (hypothèse déjà rencontrée au premier alinéa de l’article R. 421-5 du code de l’urbanisme), de six mois, suffisante pour régir les réalisations de moindre importance (ex : aires de stationnement).

Enfin, et puisque le législateur a intégré un critère de localisation, le projet de décret minore les durées d’implantation lorsque les réalisations sont situées dans des secteurs faisant l’objet d’une protection au titre du code de l’environnement (sites classés ou en instance de classement) ou du code du patrimoine (sites patrimoniaux remarquables et abords des monuments historiques). L’objectif plus particulièrement poursuivi ici est la prise en compte, dans une logique analogue à celle qui sous-tend les articles R. 421-6 et R. 421-7 du code de l’urbanisme, des zones présentant un intérêt paysager ou patrimonial.

Ces minorations sont relativement variables pour tenir compte des contraintes techniques pesant sur l’implantation et de la durée d’utilisation des réalisations.

Les durées projetées sont ainsi les suivantes :

  • 14 mois pour les réalisations situées dans le village olympique et paralympique et les équipements sportifs ;
  • 6 mois pour les zones de célébration et les réalisations nécessaires à l’accueil de la presse ;
  • 3 mois pour les autres types de réalisations.

Il est précisé que le dispositif de dispense prévu à l’article 10 de la loi ne vaut que pour les autorisations d’urbanisme. Les autorisations connexes requises, par exemple, par le code de l’environnement et le code du patrimoine, devront, le cas échéant, être obtenues. La préservation de l’environnement et du patrimoine est donc garantie.

Le chapitre II, relatif à l’application de l’article 15, comporte six articles ayant pour objet de préciser les notions « d’état provisoire » et « d’état définitif », de définir les évolutions dont les projets peuvent faire l’objet et de procéder à une adaptation de plusieurs dispositions du livre IV du code de l’urbanisme relatives :

  • À la composition des dossiers de demande d’autorisation de manière à ce que les éléments inhérents au « double état » figurent dans certaines pièces jointes à ces demandes ;
  • Aux règles et formalités applicables à l’ouverture du chantier et à l’achèvement des travaux, pour tirer les conséquences de la réalisation du projet en deux phases.

Partager la page

Commentaires

  •  Prise en compte de tous les enjeux environnementaux, le 1er juin 2018 à 13h39

    Les JO sont controversés car ils sont couteux mais en même temps, ils peuvent avoir des retombées positives (nouveaux aménagements, etc.). Je ne suis ni pour ni contre.
    Par contre, il semble important de mettre en œuvre les chantiers nécessaires dans le respect des lois actuelles et dans le respect de l’environnement aux abords duquel des constructions vont avoir lieu.
    Les JO ne sont pas un projet d’utilité publique et doivent démontrer via les études d’impact nécessaires qu’ils ne conduiront pas à la dégradation de la qualité de l’eau, à la disparition d’habitats pour les espèces protégées, à la dégradation de milieux naturels ou d’espaces agricoles, etc.
    Des dérogations peuvent être apportées par certains textes de loi pour autoriser la compensation mais cette démarche doit être menée dans son intégralité et les étapes de démonstration de l’évitement et de la réduction des impacts ne doivent pas être négligées.
    Soyons irréprochables et montrons que la france sait respecter son environnement.

  •  patrick mercier, le 28 mai 2018 à 20h48

    Avec beaucoup de regret , je ne me réjouis pas de l’obtention sur Paris des Olympiades. Même si l’événement a un retentissement international , mondial important, son coût exorbitant devrait nous inciter à la plus grande prudence , sans compter les conséquences à subir vu la fréquentation , l’obligation d’accueil des délégations…
    Bref une nouvelle pollution et probablement un nouveau déficit qu’il faudra probablement combler …
    PM

  •  patrick mercier, le 28 mai 2018 à 20h26

    Nous ne sommes hélas qu’un ’’petit pays’’ . Il faudrait mieux traiter des problèmes qui nous concernent directement plutôt que de se lancer dans des manifestations qui se solderont obligatoirement par un déficit, dont nous devrions nous abstenir, et même aspirer à le combler…
    Modifier des textes ,pour favoriser ds infrastructures vouées secondairement à la destruction , et nous parler ensuite dans la bio diversité, de réduire nos impacts, de limiter l’artificialisation, de réduire notre consommation, on a l’impression que les ’dieux sont tombés sur la tête’’ . Il faudrait mieux s’occuper du problème de l’eau , du problème de l’agriculture, du problème de population plutôt qu’aller s’embarquer dans une galère dont la Cour des Comptes nous donnera , mais bien trop tard le montant du déficit, et les gabegies que l’événement a suscité. Il n’y a qu’à voir : la réunion en Amérique du Sud pour la décision et son budget … Une honte pour ceux qui sont dans la difficulté … Il y avait certainement d’autres interventions plus importantes pour notre pays , comme par exemple défendre notre patrimoine maritime, un des plus important de la planète…Regrets pour cette forme de grandiosité dont nous n’avons plus les moyens…PM

  •  En quoi le non respect des règles devient une exception justifiable pour l état plus que n’importe quel non respect , le 25 mai 2018 à 20h50

    Je trouve qu’en cette période, où l état, via le préfet, ne supporte aucun écart à la loi en ce qui concerne les projets, tout aussi importants et bien plus pérennes,sur la zad de notre dame des landes, il est bien mal venu que ce même état se donne le droit de modifier la loi quand ça l arrange : la loi ne serait donc pas toujours la loi…?

  •  Une évolution utile, mais sous conditions !, le 24 mai 2018 à 11h28

    Les évolutions du code de l’urbanisme et de l’environnement prévues pour permettre un urbanisme transitoire adapté aux Jeux Olympiques 2024 correspondent pleinement aux besoins de cet événement. Mais pas uniquement ! Le besoin d’un urbanisme "moins définitif" et "moins figé" est en train de se diffuser assez largement dans notre société. L’urbanisme transitoire, la réversibilité des bâtiments, leur évolutivité, leur capacité à être déconstruits pour ne créer aucun déchet et laisser des sites propres sont des questions de plus en plus prégnantes qui se posent pour de nombreux projets d’aménagement. Alors pourquoi limiter aux Jeux Olympiques 2024 ces évolutions juridiques du code de l’urbanisme ?

    Concernant le permis de construire à "deux états", pourquoi le contraindre à un état provisoire puis un état définitif ? L’évolution permanente des besoins et des usages réinterroge la dimension figée du bâti. Au regard de ces nouveaux usages, il faut gagner en souplesse. Alors, pourquoi ne pas réfléchir à des permis de construire dans lesquels la destination des bâtiments serait en permanence provisoire ?

    Dans cette même logique, il est primordial que les temps d’instruction des dossiers soient proportionnels à la durée d’implantation des bâtiments. Aujourd’hui, que les bâtiments soient pérennes ou temporaires, les temps d’instruction sont identiques et bien souvent incompressibles. Or cette temporalité unique est un frein de taille qui fragilise les acteurs de l’urbanisme transitoire, d’autant plus quand ceux-ci respectent les mêmes normes que celles imposées aux bâtiments pérennes.

    Afin que cette démarche puisse être crédible et durable, il faut, comme tout Droit, y opposer des Devoirs. L’accroissement des projets d’urbanisme transitoire / temporaire et le souhait que ces derniers bénéficient de procédures adaptées risquent de dégrader leurs impacts environnementaux et la production de déchets. C’est en quoi il apparaît primordial que l’urbanisme transitoire soit conditionné à une gestion responsable des déchets. Ceci doit être une contrepartie indispensable à ces projets d’un nouveau genre qui allient agilité, réponse aux besoins et responsabilité environnementale.

  •  Environnement = Vie, le 22 mai 2018 à 21h17

    Je me réjouis de l’obtention à Paris des jeux olympiques 2024. Pour autant, ces jeux, comme tout projet d’intérêt national ne justifient pas de prendre, de surcroît en urgence, des mesures législatives et réglementaires réduisant les procédures habituelles, notamment en matière d’études d’impact sur l’environnement.

    Merci de veiller à la préservation de notre environnement et donc de notre vie.

  •  Jeux olympiques de 2024, le 15 mai 2018 à 11h24

    Je ne vois rien à redire sur ce projet.

  •  Jeux olympiques et règles de droit, le 14 mai 2018 à 22h17

    On peut se réjouir de l’obtention à Paris et dans sa région des jeux olympiques 2024. Pour autant, ces jeux, comme tout projet d’intérêt national ne justifient pas de prendre, de surcroît en urgence, des mesures législatives et réglementaires réduisant les procédures habituelles, notamment en matière d’études d’impact sur l’environnement (pour ce qui concerne les nouveaux sites et leurs installations) et de participation de la population