Projet d’arrêté autorisant à titre expérimental dans le département des Landes l’emploi de chevrotines pour le tir du sanglier, en battues collectives, et pour la période se terminant le 31 mai 2023
Consultation du 21/07/2022 au 10/08/2022 - 3488 contributions
Par lettre du 5 mai 2022, la fédération départementale des chasseurs des Landes a demandé à l’Etat la prolongation de l’expérimentation permise dans le département des Landes par l’arrêté du 14 septembre 2018 autorisant à titre expérimental dans le département des Landes l’emploi de chevrotines pour le tir du sanglier, en battues collectives pour la période qui s’est terminée le 1er juin 2022.
L’arrêté permettra l’emploi de la chevrotine pour la chasse aux sangliers en battues collectives avec un nombre minimal de sept participants. En outre, seules les chevrotines comprenant vingt-et-un grains, dont le diamètre des grains est compris entre 6,20 mm et 6,30 mm et sans billes d’acier, pourront être employées. Il est précisé également que lors du tir, la distance entre le tireur et l’animal ne devra pas excéder quinze mètres.
L’emploi de la chevrotine au cours des battues collectives devra être renseigné sur un registre spécial par le responsable de la battue. Un bilan des prélèvements, accompagné d’analyses, en termes d’efficacité et de sécurité de la mesure devra être transmis aux services de l’Etat.
Dans son rapport final d’avril 2022, la fédération départementale des chasseurs des Landes a précisé que 15 276 sangliers ont été tués sur la période 2018/2021 dont 52% à la chevrotine. Il est constaté également une accélération de l’augmentation des prélèvements sur chaque période d’autorisation de la chevrotine en lien possible avec l’augmentation de la population de sangliers. En l’espèce, la fédération considère que la chevrotine demeure la munition la plus efficace pour le prélèvement d’un sanglier.
En conséquence, il est proposé d’autoriser, par arrêté, à titre expérimental dans le département des Landes l’emploi de chevrotines pour le tir du sanglier, en battues collectives pour une nouvelle période qui se terminera le 31 mai 2023. Cette durée est conforme au dernier alinéa de l’article 4 de l’arrêté du 1er août 1986 relatif à divers procédés de chasse, de destruction des animaux nuisibles et à la reprise du gibier vivant dans un but de repeuplement.
Ce projet a fait l’objet d’un vote favorable lors du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage (comité consultatif rassemblant des représentants de chasseurs, des acteurs scientifiques et associatifs) du 20 juillet 2022.
La synthèse de la consultation du public, les motifs de la décision seront publiés en bas de page, ainsi que les textes publiés au Journal officiel de la République française.
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Commentaires
Depuis quelques années, les chasseurs Landais ont, à l’instar de leurs homologues Corses, l’autorisation de chasser le sanglier à la chevrotine.
Rappelons que cette munition fut bannie nationalement en 1972. Les chasseurs d’alors l’utilisaient à grande échelle et avaient parfaitement constaté sa dangerosité et son inefficacité. Les récits des anciens à ce sujet font froid dans le dos.
Concernant le premier point, rappelons que les « grains », c’est-à-dire les gros plombs qui composent son chargement, sont extrêmement sujets aux ricochets. Faible vitesse, faible densité de section, forme ronde… Voilà trois raisons techniques tout à fait objectives et documentées. Chaque cartouche en contient entre 9 et 21, libérés à chaque coup de fusil et ayant chacun sa trajectoire propre. Au surplus, chaque grain peut connaître non pas un, mais deux, trois, quatre ricochets.
Concernant son efficacité, on est en plein cœur de la question de la souffrance animale. Oui, des milliers de sangliers sont chaque année tués par chevrotine ; mais cette munition est lamentablement moins efficace qu’une balle de carabine. La précision est en-dessous du médiocre, l’énergie cynétique contenue dans un grain est comparable à celle d’une balle de .22 long rifle. Bien entendu, les grains de chevrotine sont incapables de « travailler » dans le corps de l’animal comme le ferait une balle de carabine qui bénéficie d’une structure complexe justement conçue pour cela. C’est pourtant la clef pour permettre une hémorragie abondante, seule à même d’assurer une mort certaine dans les meilleurs délais.
A la vue de ces deux aspects, continuer d’autoriser l’emploi de ces munitions totalement archaïques revient à endosser de lourdes responsabilités tant en matière de sécurité de que respect des animaux. On imagine très bien, à la vue de ce qui s’est passé la saison passée lors des deux accidents de chasse, en Ille-et-Vilaine ainsi que dans le Cantal, ce qu’il pourrait advenir si un promeneur venait à être tué ou blessé par chevrotine : l’administration l’ayant autorisée se retrouverait solidairement clouée au pilori par les médias et l’opinion publique.
Je sais combien le lobbying du monde de la chasse est parfois puissant… Ainsi que la démagogie de certains de ses dirigeants qui profitent bien des lacunes béantes des électeurs. Mais ce n’est pas en laissant perdurer des expédients périmés, dangereux et choquants que vous lui rendrez service. C’est un ancien président des Jeunes Chasseurs de France qui vous l’écrit ici.