Projet d’arrêté relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion

Consultation du 29/04/2020 au 21/05/2020 - 224 contributions

Les espèces exotiques envahissantes sont reconnues par la Convention sur la diversité biologique (CDB) comme la troisième cause de l’appauvrissement de la biodiversité mondiale. Elles sont favorisées par les perturbations et les pressions anthropiques (dégradation environnementale, commerce international, changement climatique…). Par leurs multiples impacts, elles menacent les espèces indigènes, les habitats naturels et les services rendus par les écosystèmes, mais également les activités économiques et la santé humaine.
Le droit applicable à ces espèces a connu ces dernières années des évolutions majeures.
Ainsi, le règlement (UE) n°1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes oblige, dans son article 6 § 2, les États-membres comptant des régions ultrapériphériques à adopter une « liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes dans chacune de ces régions ».
La France compte six régions ultrapériphériques, toutes situées dans les outre-mer : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, La Réunion et Saint-Martin.
Les espèces exotiques envahissantes « préoccupantes » feront l’objet des mesures prévues à l’article 7 du règlement, c’est-à-dire que leur introduction dans le milieu naturel et éventuellement, plus strictement encore, leur introduction sur le territoire national, leur transit sous surveillance douanière, leur détention, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur échange, leur mise en vente, leur vente et leur achat seront interdits.
Pour la mise en œuvre de cet article en droit français, et conformément aux articles L. 411-5 et L. 411-6 du code de l’environnement, les listes d’espèces exotiques envahissantes « préoccupantes » sont fixées par arrêté interministériel.
Ce projet de liste (espèces animales) a été élaboré par la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion, en lien étroit avec les acteurs locaux concernés. Cette démarche s’est inscrite dans le cadre des actions déjà engagées dans ce territoire pour lutter contre la présence d’espèces exotiques envahissantes : détermination des méthodes et sites de lutte, animation d’acteurs. Ce projet de liste a, avant d’être transmis au Ministère, été soumis au conseil scientifique régional du patrimoine naturel.
La présente liste concerne les espèces réglementées au titre de l’article L.411-6 du code de l’environnement, à savoir celles qui sont interdites d’introduction dans le milieu naturel, d’importation sur le territoire de La Réunion, de détention, de transport, d’utilisation, d’achat, de vente, d’échange.

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Commentaires

  •  avis très défavorable par NOËL le 18 ami 2020 à 14 h 10, le 18 mai 2020 à 12h19

    Eleveur d’oiseaux exotiques (estrildidés) depuis plus de 30 ans je trouve ce projet trop global. Il manque de clarté concernant les espèces. Je n’ai jamais vu de rapport détaillés les concernant et ceci est valable pour tous les autres concernés. Vouloir tout mettre dans le même panier est improductif et signe d’amateurisme et de méconnaissance sur le sujet.

  •  avis très défavorable par NOËL le 18 ami 2020 à 14 h 10, le 18 mai 2020 à 12h09

    Eleveur d’oiseaux exotiques (estrildidés) depuis plus de 30 ans, je trouve ce projet incompréhensible car basé sur aucune étude sérieuse sur les espèces précises dites envahissantes. IL est trop global de plus je n’ai jamais vu ces oiseaux dans la nature réunionnaise et même une espèce à complètement disparue le "ti-coq" (amandava amandava).Ceci est aussi valable pour les reptiles.

  •  avis défavorable, le 18 mai 2020 à 11h47

    à mon sens ,votre projet est trop large..cela ne tient pas compte de l’avis des éleveurs..certes certaines sous espèces doivent etre interdites car invasives mais pas il ne faut pas mettre tout dans le meme panier..je vois que des oiseaux tels que diamant à bavette, diamant mandarin, bec de corail, cordon bleu etc..seront interdits..ces oiseaux ne peuvent vivre dans la nature réunionnaise ( si vous en trouvez ,faites moi signe) et sont à la base de l’élevage à la Reunion ; donc j’en déduis qu"il n’ y a eu aucune consultation ou juste pour la forme..vous tuez l’ornithologie dans notre ile ,c’est ça mon avis..

  •  Avis favorable, le 18 mai 2020 à 11h30

    La faune reunionnaise est fragile, il faut arrêter d’introduire des espèces enlever de leur écosystèmes. Pour éviter les fraudes, pourquoi pas simplifier et rendre gratuit les certificats douanier afin de faciliter le contrôle. Sinon un marché noir risque de prendre le dessus

  •  A is favorable , le 18 mai 2020 à 11h07

    Pensons à l’avenir de notre île à long terme, protégeons nos endémiques .

  •  avis favorable, le 18 mai 2020 à 10h24

    La multiplication des introductions d’espèces exotiques animales et végétales représente un danger pour nos écosystèmes. L’introduction d’espèces dans une île comme La Réunion est une menace grave pour son écosystème si fragile, qui peut subir des dommages irréversibles. La seule solution pour préserver notre bien commun est l’interdiction de l’introduction de ces espèces, avec dérogation au cas par cas.

  •  Avis favorable - Importance du dispositif pour la protection à long-terme de la faune et de la flore réunionnaise, le 18 mai 2020 à 10h01

    L’étude des invasions biologiques et de leur impact sur les faunes et flores locales ne date pas d’hier. Aujourd’hui, avec le recul, il semble inexplicable que des îles océaniques, particulièrement vulnérables aux invasions par des espèces exotiques, ne prennent pas toutes les mesures nécessaires pour endiguer le flot croissant d’introductions qui accompagnent l’augmentation des échanges internationaux. Par conséquent, ce dispositif, aussi contraignant qu’il puisse sembler a certains, va dans le bon sens et est une condition absolument nécessaire à la préservation à long-terme des espèces et des milieux de La Réunion.

  •  CONTESTATION DE L ARRETE, le 18 mai 2020 à 09h59

    nous sommes des protecteurs de la nature et des espèces animales
    en supprimant la vente de reptiles, d’oiseaux, de poissons
    pour certaines espèces c’est un marché parallèle qui se développera
    sans contrôle sanitaire
    un trafic pour beaucoup de gens irresponsables
    ces décisions prises souvent sans concertation avec les professionnels
    sont dommageables pour notre profession

  •  Favorable, le 18 mai 2020 à 09h32

    Je suis favorable à ce projet d’arrêté. La Réunion est dans une situation honteuse pour la conservation de la biodiversité. Il faut arrêté de se mentir et faire face à la situation. Bon nombre d’espèces ont disparus suite à l’introduction d’espèces exotiques envahissantes et non envahissantes. De nombreuses espèces, habitat, paysages sont encore menacés par le développement de ces espèces notamment végétales. Cet arrêté est nécessaire.A

  •  Avis favorable, le 18 mai 2020 à 08h31

    Les Espèces Exotiques Envahissantes sont une menace pour la biodiversité locale, et l’introduction toujours plus importante d’espèces exotiques dans le cadre de l’élevage ou du loisir est un problème majeur. Pour cette raison, je suis favorable à ce texte, dans le but de limiter l’importation d’espèces problématiques.

  •  Avis très favorable, le 18 mai 2020 à 08h00

    Enfin une avancée positive dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, ce que nous demandions depuis longtemps.
    Les écosystèmes insulaires (particulièrement ceux des îles océaniques) sont infiniment plus sensibles aux invasions biologiques que les écosystèmes continentaux ; c’est pourquoi ils doivent faire l’objet d’une législation appropriée en matière d’importations d’espèces. Si l’outre-mer français (à l’exception de la Guyane) est de loin beaucoup plus touché par ce problème que la Métropole, la Réunion arrive en tête des DOM-TOM, devant la Polynésie, et loin devant la Nlle-Calédonie ou les Antilles, quant à la gravité du problème.
    Les commentaires que je peux lire sur l’opposition à cet arrêté dénotent de la par de leurs auteurs, soit l’ignorance, mais bien souvent la mauvaise foi ou l’égoïsme.
    Je ne parlerai pas des espèces invasives animales introduites de longue date alors que l’on méconnaissait leur impact sur la biodiversité. Ne mentionnons que les animaux qui ses sont acclimatés ces 2 ou 3 dernières décennies alors que l’on avait déjà une bonne appréciation de ces dangers : Travailleur à bec rouge, tortue de Floride, Pleco (poisson nettoyeur), Pomacea (escargot aquatique considéré comme une des espèces les plus invasives au Monde) et je ne parle que des plus nocives. Sans compter les nombreux oiseaux et autres animaux que l’on rencontre çà et là depuis une vingtaine d’année et qui fort heureusement n’ont pas réussi, pour l’instant à s’acclimater (furets, écureuils, divers reptiles…). Les éleveurs "sérieux" ne s’amusent pas bien sûr à relâcher volontairement dans la nature les animaux qu’ils possèdent, mais sont-ils pour autant à l’abri d’un accident. J’ai durant 20 ans habité près d’un parc et y ai observé une bonne douzaine d’espèces de perruches et perroquets échappés de cage, dont un ara bleu foncé (s.d. un ara hyacinthe) ; je doute fort que le propriétaire d’un tel oiseau, d’un prix fort élevé (protégé d’ailleurs), l’ait laissé volontairement s’échapper.
    J’ajouterai que cet arrêté n’est pas le fruit de seuls législateurs dictatoriaux, installés dans leurs bureaux, seulement désireux de restreindre les libertés individuelles, mais qu’il résulte d’un travail de longue durée, élaboré par des acteurs locaux, possédant une bonne connaissance des milieux naturels de a Réunion, des menaces qui pèsent dessus et des enjeux de leur conservation.
    La Nlle-Zélande et l’Australie, pays énoemément confrontés au problème des espèces invasives, ont depuis longtemps édicté des lois selon lesquelles tout est interdit à l’importation sauf ce qui est permis. Ces pays sont ils plus bêtes que nous? Sont ils des états totalitaires.
    Je précise par ailleurs qu’il faut savoir parfois, non pas renoncer à sa passion, mais la limiter, quand la conservation de la biodiversité est en jeu.
    Je conclurai par une remarque personnelle et tant pis si j’en choque certains. J’observe les oiseaux à la jumelle dans leur milieu naturel et dénie aux amateurs d’oiseaux de cage le droit de se définir "ornithologues".

  •  Favorable, le 18 mai 2020 à 07h35

    Plus que jamais la protection de la biodiversité passe par un changement de comportements. On ne peut pas continuer d’oublier que nous avons des responsabilités.
    C’est en important n’importe quoi que le dodo n’existe plus.
    Ni une bière ni des peluches peuvent remplacer l’espèce originale.

  •  Avis défavorable pour cette loi, le 18 mai 2020 à 07h30

    Bonjour éleveur principalement de diamant mandarin depuis plusieurs années (avec plusieurs titre de champions a mn actif ) je suis vraiment conte avec votre loi qui circule actuellement vous en disant que c des espèces envahissante pour nôtre île ( île de là Réunion) et ben non je peut vous dire que un diamant dans la nature sur notre île ben il ne vas pas pouvoir vivre longtemps deja en terme de nourriture et de cohabitation avec les autre espèce déjà présent sur notre île.

  •  Favorable, le 18 mai 2020 à 07h10

    La multiplication des introductions d’espèces exotiques animales et végétales représente un danger pour nos écosystèmes dont nous sommes extrêmement dépendants. Le principe doit être la prévention. Aussi, au vu des conséquences potentiellement désastreuses, nous ne pouvons courir le risque de découvrir a posteriori le caractère dangereux d’une espèce.
    Compte tenu des enjeux pour notre île, pour notre propre survie, comme pour la biodiversité mondiale tant notre île regorge d’espèces vivantes et d’habitats naturels uniques au monde et à l’échelle des temps géologiques, cette approche d’interdiction préalable et de dérogation
    d’espèces au cas par cas selon la démonstration de la non-dangerosité est la seule efficace pour protéger notre bien commun.

  •  Favorable, le 18 mai 2020 à 06h30

    Un projet fondamental afin de tenter de contrôler la propagation des EEE et les menaces qu’elles entraînent.

  •  Favorable sur le fond, le 18 mai 2020 à 06h17

    Il était temps !Le texte est ouvert, les exceptions argumentées sont prévues.

  •  Protégeons nos écosystèmes vulnérables, le 18 mai 2020 à 05h24

    La multiplication des introductions d’espèces exotiques animales et végétales représente un danger pour nos écosystèmes. Nous devons préserver ce que nous avons de précieux. Aussi, au vu des conséquences potentiellement désastreuses, nous ne pouvons courir le risque de découvrir a posteriori le caractère dangereux d’une espèce.
    De plus la vie d’un être n’appartient qu’a lui même, de ce fait la commercialisation d’un animal dans un but lucratif ou pour son bon vouloir est un non sens.

  •  Avis très favorable, le 18 mai 2020 à 04h02

    Bonjour,
    Cet arrêté semble aller dans le bon sens et pourrait constituer une avancée importante pour protéger la biodiversité de l’île de la Réunion.
    Il serait bon que chaque commentateur précise sa profession, car certains acteurs du secteur (par exemple les éleveurs et/ou commerçants d’animaux vivants)ont fortement intérêt à bloquer toutes formes de restrictions de leur commerce. Ils pourraient s’accaparer la consultation publique et donner l’impression qu’un nombre important de gens sont défavorables à ce décret. En réalité, il s’agit plus probablement d’un petit nombre de gens très mobilisés contre, car très impliqués économiquement par ce décret. On le comprend aisément. Mais il faut aussi comprendre que l’intérêt économique de quelques uns ne devrait pas nuire à l’intérêt du plus grand nombre. Il y a aussi un coût économique à la préservation de notre patrimoine naturel et ce coût est payé par la collectivité. Ce patrimoine naturel constitue une richesse pour tous les réunionnais, aujourd’hui et pour nos enfants à l’avenir. Où est l’intérêt du plus grand nombre? Tâchons de garder cette question à l’esprit au moment de prendre des décisions.

  •  La détection et la lutte précoce, pierres angulaires de la lutte contre les EEE, le 17 mai 2020 à 20h19

    Ce projet d’arrêté arrive à point nommé pour tenter de faire face aux menaces que sont les espèces introduites sur le territoire réunionnais.
    La Réunion a connu un taux d’extinction d’espèces animales parmi les plus importants du monde. Nous avons été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la valeur universelle et exceptionnelle des Pitons Cirques et Remparts en matière de paysages mais aussi de biodiversité unique sur laquelle pèse des menaces importantes. L’ensemble de la communauté scientifique s’accorde à dire que l’introduction de nouvelles espèces sur des territoires insulaires comme La Réunion constitue la principale cause de perte de biodiversité. Au delà du risque de perturbation inter espèces, de la compètition alimentaire ou territoriale et de la dissémination des EEE végétales, le risque sanitaire est également très important. Nombre d’espèces animales introduites peuvent être porteuses de zoonoses, qui si elles dont transmises à certaines espèces locales critiquement menacées, pourraient être absolument dévastatrices. Les moyens mises en œuvre pour ka lutte contre les espèces exotiques envahissantes à La Réunion, ne se justifient en partie que si l’on mène également une politique restrictive d’introduction dans le but de ne pas avoir sans cesse de nouvelles espèces à gérer. La Réunion compte déjà un certain nombre d’espèces végétales envahissantes parmi les plus virulentes au monde mais le pire pourrait encore arriver. Faut-il prendre fe risque ? Non.
    Des projets de réintroduction d’espèces disparues à partir de taxons génétiquement très proches et présents dans les îles Mascareignes, seraient complètement impossible sans l’éradication d’EEE animales qui peuvent directement les impacter.
    C’est le cas de la perruche à collier ( Psittacula krameri) qui causent et a causé des dégâts importants sur d’autres territoires insulaires comme La Réunion. Depuis de nombreuses années une réflexion est menée pour réintroduire la perruche verte (Psittacula eques eques), disparue sur l’île. L’espèce la plus proche ( Psittacula eques) a été sauvée à Maurice et bénéficie d’un programme de conservation ambitieux. Laisser la perruche à collier proliférer sur l’île serait directement préjudiciable à cette possible réintroduction et à l’espèce mauricienne.

    Cet arrêté est donc souhaitable et nécessaire.

  •  Avis non favorable, le 17 mai 2020 à 19h59

    "le règlement (UE) n° 1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes oblige, dans son article 6 § 2, les États-membres comptant des régions ultrapériphériques à adopter une liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes dans chacune de ces régions."
    Ce qui est fondamental à retenir d’un point de vue juridique, c’est que selon article 288 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, le règlement présente des caractéristiques qui lui sont propres et qui sont différentes des autres actes (directives, décisions, recommandations ou avis / classification issue du traité de Lisbonne de 2007) : Il est une norme précise qui se suffit à̀ elle-même.
    Le règlement est, en particulier, très différent de la directive qui lie tout Etat membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à̀ la forme et aux moyens.

    Ce projet n’est donc absolument pas conforme au règlement n° 1143/2014 du 22 octobre 2014. En effet, dans le projet actuel, on évoque quasi-systématiquement des classes, des ordres, des familles ou genres et non une liste précise d’espèces comme stipulé expressément dans le règlement européen. Si on inverse les choses, cela revient, dans les faits, à faire une liste positive avec le peu d’espèces restantes. Il nous semble que ça n’est pas ce qui est demandé.

    Même si le règlement n° 1143/2014 considère que « les espèces faisant partie d’un même groupe taxinomique ont souvent des exigences écologiques similaires et peuvent présenter des risques similaires, il convient, le cas échéant, d’autoriser l’inscription de groupes taxinomiques d’espèces sur la liste de l’Union. », ce principe ne peut pas s’appliquer au niveau de la classe ou de l’ordre, très rarement au niveau de la famille et rarement au niveau du genre qui regroupe des espèces qui ont souvent des besoins très différents.

    Prenons l’exemple de l’ordre des squamates ou squamata (10 078 espèces !), nous avons des espèces de lézards ou de serpents qui vivent dans des milieux désertiques, humides ou tempérées. En terme alimentaire, certaines sont herbivores, d’autres insectivores (certains serpents le sont) ou carnivores, là aussi avec des préférences alimentaires très différentes (petits mammifères, oiseaux, lézards, escargots, grenouilles ou autres serpents pour les espèces ophiophages). En matière de reproduction, les besoins peuvent aussi être très différents avec une hydrométrique ou des températures très variables pour des espèces ovovivipares ou ovipares. Le seul critère du « espèces grimpant aux arbres » évoqué dans l’avis du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ne suffit pas à déterminer si une espèce est invasive et préoccupante ou pas et l’impact qu’elle peut avoir : est-elle diurne ou nocturne ? Préfère-t-elle des températures fraiches ou chaudes ? Quel est son régime alimentaire ? Est-ce une espèce prédatrice ? Que mange-t-elle ? Bien d’autres questions peuvent se poser.

    C’est pourquoi le règlement précise que : « Les critères régissant l’inscription sur la liste de l’Union constituent le principal instrument de mise en application du présent règlement. Pour garantir une utilisation efficace des ressources, ces critères devraient également garantir que, parmi les espèces exotiques envahissantes potentielles connues à ce jour, celles dont les effets néfastes sont les plus importants figureront sur la liste. La Commission devrait présenter au comité institué par le présent règlement une proposition de liste de l’Union fondée sur ces critères dans l’année suivant l’entrée en vigueur du présent règlement. Lorsqu’elle propose la liste de l’Union, la Commission devrait informer ledit comité de la manière dont elle a pris en compte ces critères. Il convient que lesdits critères comportent une évaluation des risques, conformément aux dispositions applicables en vertu des accords pertinents de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs aux restrictions touchant au commerce des espèces. »

    Autre constat, les conditions géographiques (multitude de milieux différents en fonction de l’altitude), climatiques (été chaud et hiver plus froid qu’en région équatoriale avec des remontées froides de l’antarctique), hydrologiques (quasi-totalité des rivières à sec durant l’année sauf durant les cyclones ou le débit peut être très violant) et physicochimiques de l’eau de l’île de la Réunion (étangs en bord de mer avec des remontées salines rendant l’eau fortement minéralisée) ne permettent pas à l’ensembles des espèces des classes, ordres, familles et genres mentionnés dans le projet d’arrêté de pouvoir prospérer sur ce territoire. Avec une telle diversité de biotopes et une grande différence de températures, de pluviométrie ou d’hydrométrie, il est forcément nécessaire d’être précis sur les espèces réellement envahissantes avec un caractère préoccupant et exclure les autres.

    Nous avons, dans nos eaux, les espèces indigènes suivantes : Anguilla marmorata, Anguilla mossambica, Anguilla bicolor bicolor, Kuhlia rupestris, Eleotris fisca, Eleotris mauritianus, Awaous nigripinnis, Glossogobius giurus et Stenogobius polyzona.
    Toutes ces espèces sont carnivores et de nature à empêcher la prolifération des poisson exotiques de couleur vive (la plupart des poissons d’aquarium). Le « Tilapia », espèce exogène et prédatrice, est également présente en très grand nombre dans nos étangs. Si des espèces exotiques adultes arrivaient à échapper à cette prédation naturelle et parvenaient à se reproduire, les alevins n’auraient aucune chance de survie.

    Nous avons donc deux questions : A-t-on retenu les espèces dont les effets néfastes sont les plus importants pour la Réunion ? Sur quelle évaluation des risques s’est-on appuyé pour retenir les classes, ordres, familles et genres à interdire pour notre île ?

    Il est à noter que dans l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain, il est fait mention, en annexe, d’une liste d’espèces clairement identifiées. Les seules exceptions portent sur les genres de tortue Chrysemys spp, Clemmys spp, Graptemys spp, Pseudemys spp et Trachemys spp, même si on mentionne aussi l’espèce Trachemys scripta, et la famille des Sciuridae. Ces regroupements sont sans doute justifiés par des études scientifiques (elles sont nombreuses pour les tortues dites « de Floride »). Pour le reste, il faudrait procéder selon le même principe pour le projet concernant l’île de la Réunion. La règle reste l’espèce et les regroupements taxonomiques l’exception.

    Ensuite, il faut également être précis sur la définition même d’une espèce exotique envahissante préoccupante.

    Selon la définition du règlement n° 1143/2014 qui a une valeur normative, une espèce exotique envahissante préoccupante pour un État membre est « une espèce exotique envahissante autre que les espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union, pour laquelle un État membre considère, en s’appuyant sur des données scientifiques, que les effets néfastes de sa libération et de sa propagation, même s’ils ne sont pas pleinement démontrés, sont lourds de conséquences pour son territoire, ou une partie de celui-ci, et requièrent une action au niveau de l’État membre concerné ».

    Il ne faut donc par faire les choses par idéologie, mais bien en s’appuyant objectivement sur la définition claire « des espèces exotiques envahissantes préoccupantes » du règlement. A ce sujet, nous nous interrogeons : sur quelles études scientifiques propre à l’île de la Réunion s’est-on appuyé pour placer ces ordres, classes, familles ou genres entiers dans la catégorie des invasifs préoccupants ?

    Sur ce point précisément, et en effectuant des recherches sur les « espèces » mentionnées dans ce projet (base de données sur les espèces exotiques envahissantes en Outre-Mer de l’UICN / liste du Centre de ressources espèces exotiques envahissantes dont la coordination et l’animation sont assurées par l’UICN France et l’Office français de la biodiversité / site internet du GEIR (Groupe Espèces Invasives de La Réunion) / liste rouge des espèces menacées en France de l’UICN et du MNHN - faune de La Réunion / etc.), nous avons des interrogations.

    En effet, impossible de trouver une quelconque information sur le caractère invasif et préoccupant à la Réunion d’une famille de poisson d’eau douce comme les Characidae (1 122 espèces dont 300 régulièrement commercialisées et jamais observées dans les eaux réunionnaises) ou les Aplocheilidae. C’est la même chose pour la plupart des autres familles…

    Autre cas incompréhensible pour l’ordre des Pelecaniformes (les pélicans), L’espèce Pelecanus rufescens
    (nous ne savons pas s’il s’agit bien de celle-ci puisque nous n’avons aucune précision dans le projet d’arrêté) a été observée, selon nos sources, de manière exceptionnelle à l’île de la Réunion (au moins une donnée fiable en 1997) (Putelat, Probst & Lépissier, 1998). L’individu repéré est venu par ses propres moyens, probablement à partir de populations naturelles de Madagascar. Dans ce cas, nous ne sommes absolument pas dans le cas d’une espèce invasive introduite par l’homme puisque l’espèce est venue par ses propres moyens, et nous sommes encore moins dans le cas d’une invasion préoccupante car le dernier cas d’observation fiable porte sur un seul individu, il y a 23 ans.

    Cela confirme qu’il y a un vrai problème de fond avec ce projet qui ne s’appuie pas sur des données factuelles pourtant abondantes sur le sujet.

    Si le règlement européen oblige à établir une liste d’espèces invasives et préoccupantes avec, préférentiellement, ce niveau de détail (c’est-à-dire l’espèce), c’est qu’il y a une bonne raison. Les regroupements par classe, ordre, famille ou genre sont l’exception et non la norme. Cette raison a été comprise en France métropolitaine. Pourquoi ne le serait-elle pas dans les RUP et, plus particulièrement, à la Réunion dans le cas présent.

    Nous demandons d’éviter les surenchères inutiles, sans pour autant se jeter dans l’insouciance ou l’irresponsabilité. Comme toujours pour légiférer, il s’agit d’avoir le ton juste.

    Concrètement, il faut être plus précis et respecter le règlement européen en précisant les espèces et ne pas céder à la facilité en englobant des classes, ordre ou famille entière dont les espèces ont très peu de choses en commun.

    Un autre exemple : la crevette Neocaridina heteropoda var. Red a été observée en 2018 dans la Rivière du Mât (l’une des rares rivières en eau toute l’année), ayant probablement été lâchée dans la nature. La population observée était très importante. Dans ce cas, pas de problème car cette espèce correspond bien à la définition. Mais alors, il faut bien mentionner l’espèce « Neocaridina heteropoda » dans l’arrêté et pas autre chose.

    La sagesse voudrait que l’on retienne uniquement les espèces effectivement envahissantes comme celle-ci. Evitons d’inscrire ou de retranscrire dans ce projet une crainte hypothétique ou la peur collective pour une classe ou une famille (les reptiles, les araignées, etc.).

    A l’inverse du cas de Neocaridina heteropoda, le fait de retrouver 4 spécimens de telle espèce, ou pire, de tel genre dans l’année ne constitue pas un caractère envahissant préoccupant même si les médias peuvent s’en émouvoir. Il s’agit souvent d’abandons par des propriétaires dépassés qu’il est possible d’éviter en exigeant le certificat de capacité dans les RUP pour les espèces et genres demandant certaines connaissances particulières. On supprime ainsi les achats impulsifs et irréfléchis d’un animal dont on ignore tout. Il est à noter que beaucoup de dispositions existent déjà dans l’arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non-domestiques. Les choses vont plutôt dans le bon sens. Encore faut-il que ceux qui passent leur certificat de capacité à la Réunion ne soient pas plus limité en termes d’espèces que ceux qui le passent en métropole.

    En effet, le certificat de capacité peut être utilisé dans le cadre de l’application de ce règlement qui prévoit que « Grâce aux mesures prises en vertu du présent règlement, les États membres peuvent imposer des obligations aux détenteurs ou aux utilisateurs d’espèces exotiques ».

    A l’autre bout de la chaine, il nous appartient aussi d’organiser une filière de récupération de ces animaux pour éviter qu’ils ne finissent dans nos espaces naturels, même en petit nombre. Les membres du collectif Réunion biodiversité vont s’organiser en ce sens : Kensy Aquarium récupérera les poissons (poissons rouges, « pleco », cichlidés divers, etc.) auprès des particuliers qui souhaitent s’en séparer, l’association Reptiles 974 se chargera des reptiles. Il existe déjà des associations qui ont les structures adaptées pour récupérer les oiseaux exotiques.

    Nous souhaitons également mettre en avant l’une des particularités de la population réunionnaise. Celle d’avoir toujours aimé s’occuper des animaux. Cette tradition ne disparaîtra pas parce qu’on aura interdit toutes les importations d’animaux exotiques. Nous souhaitons vous alerter sur ce point car nombreux seront ceux qui irons prélever dans la nature les animaux qu’ils ne pourront plus se procurer autrement, peu importe l’espèce : oiseaux (bec rose, Cardinal, espèces endémiques), poissons (guppy, bouche ronde, etc.) et reptiles (lézards verts/Phelsuma endémiques ou non) avec les conséquences que l’on peut imaginer sur le milieu. Pour d’autres, se sera simplement le recours au marché noir et aux trafics en tout genre. Si on veut garder un contrôle sur la vente d’animaux, il faut que l’acquisition d’espèces non invasives reste légale.

    D’un point de vue économique, le règlement européen indique, comme précisé plus haut, que « celles (les espèces) dont les effets néfastes sont les plus importants figureront sur la liste » et « Il convient que lesdits critères (de sélection des espèces) comportent une évaluation des risques, conformément aux dispositions applicables en vertu des accords pertinents de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatifs aux restrictions touchant au commerce des espèces ». En apportant cette précision le règlement reconnait qu’il y a toute une activité commerciale autour de la vente d’animaux de compagnie (poissons d’aquarium, oiseaux, rongeurs et reptiles), dont font partie les animaux exotiques. Nous regrettons que ce point ait été ignoré dans le projet d’arrêté concernant l’île de la Réunion. Nous ne sommes pas opposés à interdire de la vente les espèces réellement invasives avec un caractère préoccupant. Néanmoins, le choix de ces espèces doit se faire dans le cadre d’une réelle concertation et en s’appuyant sur une véritable évaluation des risques.

    On ne doit pas jeter le bébé avec l’eau du bain sous prétexte de vouloir trop bien faire dans le domaine de la biodiversité. Le trop est parfois l’ennemi du bien.

    Cette RUP est déjà fortement touchées par le chômage avec un taux proche de 25% et tout interdire, sans discernement, entrainerait inévitablement des fermetures d’animaleries et de grossistes avec d’importantes suppressions d’emplois. Au vu de la crise post-covid19 qui s’annonce dans tout le pays, c’est aussi un élément à prendre en compte.

    Le secteur des animaux de compagnie représente sur notre île :
    <span class="puce">-  Une trentaine d’établissements (animaleries, jardineries, importateurs, grossistes et éleveurs) employant plus de 200 personnes, sans compter les emplois indirects liés à cette activité (transitaires, transporteurs, compagnies aériennes, etc.),
    <span class="puce">-  Un chiffre d’affaires annuel entre 150 et 200 millions d’euros,
    <span class="puce">-  Une TVA collectée pour l’Etat entre 13 et 17 millions d’euros,
    <span class="puce">-  Une somme estimée entre 3 et 5 millions au titre de l’octroi de mer réinjectée dans notre économie locale.
    Ne nombreux investissements et de lourds emprunts bancaires ont également été réalisés ces dernières années par les professionnels. Ce projet d’arrêté met en péril la totalité de la filière.

    Nous tenons également à préciser que les grossistes et animaleries de l’île de la Réunion n’ont pas tous officiellement été conviés à participer à la phase amont de consultation du projet. De plus, le peu de professionnels présents ont fait des remarques qui n’ont pas été prises en compte. Il n’y a donc pas eu de réelle concertation globale sur le projet.

    POUR CONCLURE :

    La liste des espèces envahissantes doit être précise et porter uniquement sur des espèces clairement identifiées (aspect juridique incontournable et obligatoire). Le principe de précaution propre à la France devrait être traité par l’obligation du certificat de capacité (l’outil doit être appliqué convenablement à la Réunion).

    L’esprit de cet arrêté nous semble verser dans une mode de la peur aveugle à l’égard d’une catégorie de personnes en culpabilisant non pas les auteurs de lâchers d’espèces invasives (problématique déjà traitée par l’arrêté́ du 9 février 2018 relatif à̀ la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion), mais les possesseurs d’animaux exotiques ou de Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) dans leur ensemble. C’est omettre que la très grande majorité des possesseurs de ce type d’animaux ne sont pas des irresponsables face aux impératifs écologiques et surtout négliger que tous ne sont pas réductibles à n’être que des possesseurs de nouveaux animaux dits de compagnie, mais pour un nombre non négligeable des passionnés qui contribuent à élever des espèces rares et à accumuler des informations très importantes sur les conditions d’élevage et de maintenance. Grâce à ces passionnés des espèces peuvent être sauvées de l’oubli ou sauvées tout court (car considérées comme peu sympathique par beaucoup) et continuer d’exister autrement que dans les seuls ouvrages spécialisés.

    La conservation ex situ s’accompagne d’une participation croissante à la protection des espèces rencontrées en terrariophilie. Certains de ces éleveurs sont regroupés dans le monde associatif, par exemple au sein de l’European Studbook Foundation, la Deutsche Gesellschaft für Herpetologie und Terrarienkunde (DGHT) ou la Fédération francophone pour l’élevage et la protection des tortues (FFEPT).

    De même, l’oiseau Spinus cucullatus (Tarin rouge du Venezuela) est classé en annexe A du règlement (CE) n° 338/97 du Conseil relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce depuis 1996 en tant qu’espèce menacée. Un élevage massif par les amateurs a permis de le classer en annexe X (autorisation de commerce et d’élevage) du règlement n° 865/2006 pour les spécimens nés en captivité.

    Dans l’état actuel, nous formulons un avis défavorable au texte présenté car réalisé sans concertation, ne respectant pas le cadre juridique du règlement européen, trop réducteur (simplification abusive) et inexacte quant aux espèces invasives et réellement préoccupantes.

    H G

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